34 | La Lettre du Sénologue • n° 51 - janvier-février-mars 2011
CONGRÈS
RÉUNION
misées sont en cours (essai Mindact). Par ailleurs, la
question pertinente est celle de l’apport réel comparé aux
données de l’examen anatomopathologique standard
réalisé dans un laboratoire performant.
Les tumeurs surexprimant HER2
Les lésions T1ab, HER2+ de bon
pronostic existent-elles ?
Il s’agit d’une problématique rare en RCP, mais qui pose
une réelle difficulté dans la mesure où les différents
consensus ne l’abordent pas. La surexpression de HER2
est un facteur de mauvais pronostic pour les lésions
T1, y compris les lésions T1ab. Ainsi, dans l’étude de
Press (1997), le risque de récidive à 5 ans est de 20 %,
et de 30 % à 10 ans pour des patientes non traitées.
Ces résultats sont confirmés par deux études rétros-
pectives du MD Anderson. Pour cette population, on a
l’impression d’une diminution de l’impact pronostique
de l’expression des récepteurs hormonaux. L’utilisation
du trastuzumab est fréquente pour les lésions T1b. Ainsi,
une publication concernant les données du registre
de Californie porte sur les lésions T1ab, traitées sur 2
périodes : 2000-2004 et 2005-2007. Les courbes de
survie spécifique sont statistiquement différentes pour
la première période et superposables pour la seconde,
durant laquelle l’utilisation du trastuzumab s’était
généralisée. On mesure ainsi l’impact pronostique de
l’utilisation de l’anti-HER2 dans cette sous-population.
Pour le sous-groupe T1a, la littérature ne permet pas
de conclure, du fait notamment des faibles effectifs
des différentes études rétrospectives.
Comment améliorer la performance
des traitements anti-HER2 ?
Le trastuzumab, anticorps humanisé anti-HER2 , a
incontestablement modifié l’histoire des tumeurs qui
surexpriment ou amplifient HER2 , et ce en situation
métastatique comme en situation adjuvante. Il a été
montré que le trastuzumab réduit de plus de 50 % le
risque de décès à un an pour les tumeurs métastatiques,
rendant ainsi le pronostic comparable à celui des tumeurs
HER2– ; toutefois la différence disparaît au-delà de 24
mois (Danwood, 2010), ce qui soulève la problématique
du traitement de relais quand apparaît cet échappement.
De nombreuses études in vitro ont précisé les diffé-
rents mécanismes de résistances acquises au tras-
tuzumab, mais les données in vivo manquent. Pour
augmenter l’index thérapeutique, deux directions
peuvent être envisagées : l’addition ou la substitu-
tion des thérapies anti-Her entre elles, mais aussi
avec d’autres thérapies ciblées. Il est évident que les
anticorps monoclonaux et les inhibiteurs de tyrosine
kinase (ITK) ne doivent pas être mis en opposition
mais sont plutôt à considérer comme étant complé-
mentaires. Les protocoles d’association de thérapies
ciblées seront plus facilement réalisables si l’une
d’elles est un anticorps globalement mieux toléré.
Les cancers du sein triple-
négatifs et basal-like
En pratique, la reconnaissance de ces deux phénotypes
de tumeurs du sein repose sur les données morpholo-
giques et immuno-phénotypiques. Les lésions triple-
négatives se caractérisent par l’abscence d’expression
des récepteurs aux estrogènes et à la progestérone
et l’abscence de HER2 . Leur grade histologique est
souvent élevé ; il s’agit de tumeurs agressives avec un
taux de récidive à 3 ans élevé, qui touchent surtout
la femme jeune. La fréquence varie entre 10 et 17 %.
Parmi les lésions triple-négatives, on identifie les
tumeurs basal-like (BL), appelées ainsi car elles expri-
ment des gènes retrouvés dans les cellules basales
myoépithéliales normales du sein. Elles représentent
10 à 15 % des cancers infiltrants. À ce jour, il n’existe pas
de consensus international pour définir ce sous-type
BL. Peut être considérée comme BL une tumeur de
phénotype triple-négatif qui exprime les cytokératines
de haut poids moléculaire 5, 6 ou 14 et/ou l’EGFR
ou c-kit. Il n’y a pas de seuil strictement défini pour
reconnaître une tumeur positive pour les cytokéra-
tines (de 1 à > 10 %). Il s’agit de tumeurs de grade 3,
à fort index mitotique, avec une large plage centrale
de nécrose et un important infiltrat lymphocytaire
périphérique. Ces cancers ont une grande instabilité
génomique (grande fréquence des mutations de p53
et PTEN). Les tumeurs survenant dans un contexte de
mutation BRCA1 sont de type BL dans 85 % des cas et
partagent les caractéristiques génomiques, transcrip-
tomiques et morphologiques des tumeurs sporadiques
BL. Dans environ 30 % des cas sporadiques, le gène
BRCA1 peut être dérégulé (par exemple phénomène
de méthylation du site promoteur) et perdre de ce
fait sa fonctionnalité. On définit ainsi un phénotype
BRCAness. Les cellules tumorales présentent une alté-
ration des systèmes de réparation des lésions de l’ADN
et sont particulièrement dépendantes du système de
réparation des cassures simple brin mettant en jeu
l’enzyme PARP1 (poly [ADP-ribose] polymerase). Ces
tumeurs doivent donc être très sensibles aux inhibiteurs
de PARP. Des études prometteuses sont en cours. ■
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