En ce qui concerne le ganglion sentinelle, J.Y. Bobin a rappelé
qu’il n’y a pas de technique standard tant pour le site d’injection
que pour le volume du traceur, la dose de radio-colloïde, la qua-
lité de la sonde, l’épaisseur des coupes (500, 250 ou 200 microns)
ou la place de l’immunohistochimie (IHC). En France, on com-
mence à observer une utilisation en routine de la technique du
ganglion sentinelle malgré un contrôle de qualité parfois insuf-
fisant. Il n’y a pas d’évaluation (en particulier du taux de
deuxième chirurgie). J. Jacquemier a évoqué les nombreuses
questions qui sont encore sans réponse dans le cadre de cette
nouvelle technique : faut-il réaliser un examen extemporané ?
Par empreinte ou par grattage (durée 20 mn : cette technique per-
met le diagnostic extemporané des micrométastases ganglion-
naires deux fois sur trois) ? L’extemporanée est validé en cyto-
logie, il n’y a pas de faux positifs et elle permet de ne réaliser
que 14 % de deuxième chirurgie (au lieu des 30 % habituels).
Quelle technique d’échantillonnage utiliser ? Si on réalise des
coupes de 4 microns sur un ganglion de 5 mm, seul 0,01 % du
volume du ganglion est analysé. La technique habituellement
retenue réalise 10 niveaux de coupe espacés de 200 microns et
l’IHC n’est appliquée qu’aux ganglions négatifs. Que faire des
micrométastases qui ne sont pas retrouvées par la technique stan-
dard ? Quelle est la place de la RT-PCR ? Il est important de
standardiser rapidement l’analyse anatomopathologique du gan-
glion sentinelle.
F. Penault-Llorca a rappelé les critères du consensus de 1999
concernant le compte-rendu anatomopathologique d’un carci-
nome canalaire in situ : il doit comporter les paramètres histo-
logiques (type architectural, nécrose et grade nucléaire), la dis-
tribution des lésions (multicentrique ou multifocale), la taille des
lésions, les marges et les limites de l’exérèse chirurgicale
(encrage des berges). Si les marges sont positives, il est impor-
tant de préciser le nombre de foyers et le type d’envahissement
(minime < 1 mm, focal de 1 à 15 mm et étendu > 15 mm), les
micro-invasions (1 ou plusieurs foyers inférieurs à 2 mm).
K. Clough a rappelé que le traitement conservateur est réalisé
dans 56 % des CIC (78 % des CCI). La chirurgie doit être réglée,
de la “sous-peau” au pectoral (pas de “boulectomie”). En plus
de la démarche thérapeutique, la chirurgie doit être envisagée
d’un point de vue esthétique : l’oncoplastie du sein traité permet
une extension des traitements conservateurs (poids moyen de la
tumorectomie 200 g, CIC jusqu’à 10 cm). La plastie de symé-
trisation peut être réalisée lors du premier temps opératoire.
D’autre part, devant un diagnostic de CIC, il est possible de réa-
liser une mastectomie avec conservation de l’étui cutané (mêmes
résultats à 5 ans), sans conservation de la plaque aréolo-mame-
lonnaire (7 % d’envahissement sous-aréolaire dans les séries de
mastectomies). B. Cutuli aévoqué le problème des CIC des
femmes jeunes : chez les femmes de moins de 40 ans, on observe
30 % de récidives locales (avec ou sans radiothérapie) et on sait
que les récidives locales invasives (soit la moitié des récidives
locales) entraînent des métastases dans 12,6 % des cas. Le nou-
vel index de Silverstein inclut l’âge.
A. Lesur a largement repris les conséquences endocriniennes
et gynécologiques du tamoxifène et de l’hormonothérapie
adjuvante chez les femmes non ménopausées : l’enregistre-
ment en cours de 300 femmes non ménopausées sous tamoxi-
fène va nous apporter des informations quantitatives sur ces effets
secondaires, et en particulier sur l’apparition de kystes ovariens,
ainsi que sur l’estradiolémie, qui reste particulièrement élevée,
avec des conséquences difficiles à évaluer à l’heure actuelle.
Les orateurs ont rappelé les acquis du traitement néoadjuvant :
celui-ci représente une alternative thérapeutique au traitement
chirurgical non conservateur des tumeurs mammaires volumi-
neuses (il n’est pas délétère en termes de survie pour les patientes
et permet, dans plus de la moitié des cas, une chirurgie conser-
vatrice par la suite). E. Luporsi a insisté sur un point fonda-
mental : le traitement néoadjuvant représente un modèle idéal
pour l’étude de la biologie des tumeurs, et notamment pour la
recherche de facteurs prédictifs de réponse aux médicaments. Il
permet d’étudier des marqueurs de résistance, des variations
d’expression de protéines qui sont la cible des traitements...
L’auteur nous a invités à participer aux essais thérapeutiques en
cours et, surtout, a-t-elle ajouté, “il faut réfléchir biologie et non
plus drogues” dans la construction des futurs essais, afin de pou-
voir espérer prescrire un jour un traitement adapté au profil bio-
logique des tumeurs. F.Penault-Llorcaa souligné que des nou-
velles techniques de biologie sont applicables sur des
prélèvements de cytologie ou de microbiopsies moins invasifs
pour les patientes. Enfin, la difficulté d’évaluation de la réponse
aux traitements néoadjuvants a été discutée : l’apport des moyens
d’imagerie moderne a été évoqué par C. Maestro. L’intérêt de
l’IRM, susceptible notamment de modifier l’approche chirurgi-
cale secondaire grâce à une meilleure appréciation des volumes
résiduels et de la multifocalité, et celui du TEP, susceptible de
prédire précocement la réponse à la chimiothérapie ou à l’hor-
monothérapie, doivent être évalués dans des essais thérapeu-
tiques prospectifs.
L’actualité du traitement adjuvant a fait l’objet d’exposés et
de discussions. Les résultats de l’étude ATAC après une médiane
de suivi de 47 mois ont été rapportés en détail par J.P. Guas-
talla. Il a été rappelé que ces résultats, obtenus avec l’anastro-
zole, ne peuvent en aucun cas être extrapolés aux autres inhibi-
teurs de l’aromatase, que l’anastrozole n’a pas en encore obtenu
d’AMM en adjuvant en France et que, conformément au consen-
sus de l’ASCO 2002, cette molécule doit pour l’instant être réser-
vée aux situations de contre-indication relative ou absolue au
tamoxifène. L’effet délétère de l’anastrozole sur la minéralisa-
tion de l’os, principal point négatif, devrait pouvoir être prévenu
par les biphosphonates de nouvelle génération. La chimiothéra-
pie adjuvante est encore le sujet de nombreuses interrogations
sans réponse. Faut-il exclure les tumeurs de grade 1 des traite-
ments adjuvants par chimiothérapie ? Si l’on considère que le
FEC constitue le traitement de référence en France, doit-il être
dosé de la même manière selon que les patientes présentent ou
non un envahissement ganglionnaire axillaire ? La réponse est
oui sur le plan fondamental, mais a-t-on le droit de prendre le
même risque de toxicité pour des patientes à faible risque que
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La Lettre du Sénologue - n° 19 - janvier/février/mars 2003