La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 4 - septembre 2006
Cancers bronchiques
Cancers bronchiques
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Figure 6.
Méta-analyse des chimiothérapies comportant cis-
platine ou carboplatine.
Figure 7.
Méta-analyse regroupant des études comparant une
monothérapie ou une association comportant du docétaxel à
des alcaloïdes de la pervenche.
Une autre méta-analyse présentée par J.Y. Douillard (abstract
7034) a réexaminé les données individuelles de sept études
comparant une chimiothérapie comportant du docétaxel (seul
ou en association avec gemcitabine, cisplatine ou carboplatine)
à un alcaloïde de la pervenche (vinorelbine ou vindésine seules
ou en association) [figure 7]. Cette étude démontre un bénéfice
significatif en matière de survie globale et de toxicité (neutropé-
nie, neutropénie fébrile, événements indésirables graves [EIG]
grade 3 ou 4) en faveur de l’utilisation du docétaxel.
TRAITEMENTS ANTIANGIOGÉNIQUES
Le facteur de croissance VEGF est un élément clé pour la forma-
tion des néovaisseaux ; son hyperexpression a été observée dans
de nombreux types de tumeurs et associée à la progression de
la maladie. L’inhibition du VEGF est donc une cible thérapeu-
tique potentielle. L’année dernière ont été présentés les résul-
tats d’une étude randomisée de phase III (ECOG 4599) [11]
incluant 878 carcinomes non épidermoïdes de stade IIIB ou
IV. La randomisation a comparé paclitaxel et carboplatine à la
même chimiothérapie associée à un anticorps monoclonal, le
bévacizumab. L’addition de bévacizumab à la chimiothérapie
se traduisait par un effet majeur sur la survie, avec une aug-
mentation très significative de la survie globale et de la survie
sans progression. Cette étude avait consacré le bévacizumab
comme la première thérapeutique ciblée ayant démontré son
intérêt en première ligne thérapeutique en association avec
la chimiothérapie dans les phases avancées de CBNBC. C’est
aussi la première fois que la médiane de survie des patients
traités pour un stade IIIB/IV dépasse 12 mois.
Une autre approche complémentaire de l’utilisation d’anticorps
anti-VEGF est de cibler les facteurs de l’angiogenèse avec de
petites molécules (ZD6474, sorafenib, sunitinib malate) agis-
sant en particulier sur le VEGF, mais ayant aussi à des degrés
divers une action sur d’autres cibles, telles que l’EGFR.
Plusieurs études concernant des médicaments ayant une acti-
vité antiangiogénique ont été présentées (abstract 7000-7002).
Il s’agit de trois études de phase II, dont une randomisée. Les
résultats de ces études sont encourageants (tableau II) et
conduiront à une évaluation en phase III de ces médicaments.
Les toxicités principales de ces médicaments sont la cavitation
de la tumeur et les hémorragies, auxquelles ont doit ajouter
l’HTA, qui est quasi constante. Il est à noter tout particuliè-
rement que la cavitation des tumeurs est un facteur de risque
d’hémoptysie et que, d’autre part, celle-ci pose des problèmes
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matière de chimiothérapie. Une controverse existe sur le sel de
platine à utiliser, le choix hésitant entre le cisplatine, dont l’admi-
nistration est complexe, et le carboplatine, plus simple d’admi-
nistration, mais aussi plus onéreux, et dont le spectre de toxicité
est principalement hématologique. Aucune étude n’a vraiment
comparé ces deux médicaments, et des points de vue tranchés
concluent à l’équivalence ou à la moindre efficacité du carbopla-
tine par rapport au cisplatine. Une méta-analyse des données
individuelles de 9 études randomisées comportant un groupe de
patients traités par cisplatine et un groupe traité par carbopla-
tine a été présentée cette année (abstract 7011) [figure 6]. Cette
méta-analyse totalisant un effectif de 2 968 patients démon-
tre un avantage en réponse (odds-ratio = 1,37 ; p < 0,001). En
revanche, il n’y a pas d’avantage en survie globale (odds-ratio =
1,07 ; p < 0,101), mais les associations comportant un médi-
cament de chimiothérapie de génération récente associé au
cisplatine et d’autre part les tumeurs non épidermoïdes bénéfi-
cient davantage du cisplatine que du carboplatine. Cette étude
conforte le sentiment de ceux qui considéraient le cisplatine
comme un peu plus efficace que le carboplatine ; d’autre part,
les résultats sont globalement superposables à ceux de la méta-
analyse publiée par Hotta (10) et réalisée à partir des données
publiées de cinq études randomisées.
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