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International Conference on Etymology. Villa Kérylos (Beaulieu/mer). 18-­‐19 March 2016
Elsa Bouchard, Université de Montréal ([email protected])
Étiologie linguistique et discours théologique d’Hésiode à Platon
texte 1 : Hésiode Théog. 142-145
οἱ δ' ἤτοι τὰ µὲν ἄλλα θεοῖς ἐναλίγκιοι ἦσαν,
Ils étaient en tout semblables aux dieux,
µοῦνος δ' ὀφθαλµὸς µέσσῳ ἐνέκειτο µετώπῳ·
sauf qu’un seul œil se trouvait au milieu de leur front.
Κύκλωπες δ' ὄνοµ' ἦσαν ἐπώνυµον, οὕνεκ' ἄρά σφεων Ils portaient le nom approprié de Cyclopes, parce qu’il se
trouvait sur leur front un œil unique et tout rond.
κυκλοτερὴς ὀφθαλµὸς ἕεις ἐνέκειτο µετώπῳ·
texte 2 : Hésiode Théog. 190-200
[…] ἀµφὶ δὲ λευκὸς
À l’entour une blanche
ἀφρὸς ἀπ' ἀθανάτου χροὸς ὤρνυτο· τῷ δ' ἔνι κούρη écume jaillissait de la chair immortelle. Une jeune fille s’y
ἐθρέφθη· πρῶτον δὲ Κυθήροισι ζαθέοισιν
forma. D’abord, elle s’approcha de la divine Cythère, et de
ἔπλητ', ἔνθεν ἔπειτα περίρρυτον ἵκετο Κύπρον.
là parvint ensuite à Chypre baignée des flots.
[…] τὴν δ' Ἀφροδίτην
κικλήσκουσι θεοί τε καὶ ἀνέρες, οὕνεκ' ἐν ἀφρῷ
[…] « Aphrodite »
l’appellent les dieux et les hommes, car c’est dans l’écume
θρέφθη· ἀτὰρ Κυθέρειαν, ὅτι προσέκυρσε Κυθήροις· qu’elle fut formée ; ou « Cythérée », car elle toucha Cythère,
Κυπρογενέα δ', ὅτι γέντο περικλύστῳ ἐνὶ Κύπρῳ· « Cyprogénée », car elle naquit à Chypre baignée des eaux,
ἠδὲ φιλοµµειδέα, ὅτι µηδέων ἐξεφαάνθη.
ou « Philommédée », parce qu’elle est issue de mêdea.
texte 3 : Hésiode Théog. 203-206
ταύτην δ' ἐξ ἀρχῆς τιµὴν ἔχει ἠδὲ λέλογχε
µοῖραν ἐν ἀνθρώποισι καὶ ἀθανάτοισι θεοῖσι,
παρθενίους τ' ὀάρους µειδήµατά τ' ἐξαπάτας τε
τέρψίν τε γλυκερὴν φιλότητά τε µειλιχίην τε.
Telle est, depuis le début, l’honneur qu’elle a obtenu,
sa part parmi les hommes et les dieux immortels :
les babils de jeunes filles, les sourires, les tromperies,
le doux plaisir, l’union sexuelle et la douceur.
texte 4 : Hésiode Travaux 79-82
ἐν δ' ἄρα φωνὴν
θῆκε θεῶν κῆρυξ, ὀνόµηνε δὲ τήνδε γυναῖκα
En elle
le héraut des dieux plaça une voix et nomma cette femme
Πανδώρην, ὅτι πάντες Ὀλύµπια δώµατ' ἔχοντες Pandôre, car tous ceux qui tiennent les demeures olympiennes
δῶρον ἐδώρησαν, πῆµ' ἀνδράσιν ἀλφηστῇσιν.
(lui? en?) firent un présent, fléau pour les hommes travailleurs.
texte 5 : Phérécyde B1 DK
Ζὰς µὲν καὶ Χρόνος ἦσαν ἀεὶ καὶ Χθονίη· Χθονίηι δὲ ὄνοµα ἐγένετο Γῆ, ἐπειδὴ αὐτῆι Ζὰς γῆν γέρας διδοῖ.
Zas et Khronos furent de tout temps, ainsi que Chthoniê ; mais Chthoniê prit le nom de Gê lorsque Zas lui offrit
la terre en présent d’honneur.
texte 6 : Phérécyde B4 DK
Φερεκύδην δὲ πολλῶι ἀρχαιότερον γενόµενον Ἡρακλείτου µυθοποιεῖν στρατείαν στρατείαι παραταττοµένην καὶ τῆς µὲν
ἡγεµόνα Κρόνον ἀποδιδόναι, τῆς ἑτέρας δ' Ὀφιονέα, προκλήσεις τε καὶ ἁµίλλας αὐτῶν ἱστορεῖν, συνθήκας τε αὐτοῖς
γίγνεσθαι, ἵν' ὁπότεροι αὐτῶν εἰς τὸν Ὠγηνὸν ἐµπέσωσι, τούτους µὲν εἶναι νενικηµένους, τοὺς δ' ἐξώσαντας καὶ νικήσαντας
τούτους ἔχειν τὸν οὐρανόν.
Il dit que Phérécyde, qui fut de loin l’aîné d’Héraclite, raconte des histoires sur une armée dressée contre une
autre, et que l’une était commandée par Kronos [Khronos ?], l’autre par Ophionée. Et il rapporte leurs défis et
leurs duels, et leur entente voulant que les adversaires qui tomberaient dans Ôgênos seraient les vaincus, et que
ceux qui les y auraient poussés et seraient vainqueurs obtiendraient le ciel.
texte 7 : Phérécyde B2 DK
κἀπειδὴ τρίτη ἡµέρη γίγνεται τῶι γάµωι, τότε Ζὰς ποιεῖ φᾶρος µέγα τε καὶ καλὸν, καὶ ἐν αὐτῶι ποικίλλει Γῆν καὶ Ὠγηνὸν
καὶ τὰ Ὠγηνοῦ δώµατα.
Lorsqu’arrive le troisième jour du mariage, Zas fabrique une grande et belle robe et la décore avec Gê, Ôgênos
et les demeures d’Ôgênos.
texte 8 : Etienne de Byzance, Ethnika 706.17-707.3, s.v. Ὠκεανός
ὁ ποταµὸς ὁ περιέχων τὴν γῆν. […] ἐκλήθη δ' οὕτως παρὰ τὸ ὠκέως νάειν, ὅ ἐστι ῥεῖν.
Le fleuve qui entoure la terre. […] On l’appelle ainsi du fait de « se déplacer vite », i.e. couler.
texte 9 : Cornutus Compendium §17 p.30.18-31.2
Ὠκεανὸς δέ, καθ' ὃν ἀνύεται ἐν τάχει [cf. ὠκέως] […]· Τηθὺς δέ, καθ' ἣν ἐπὶ µιᾶς καταστάσεως (cf. τιθέναι ?) χρονίζει.
Ôkeanos, par qui le mouvement est rapide ; […] Têthys, par qui les choses durent en restant dans le même état.
Bibliographie sélective
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