
364 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIII - n° 11 - décembre 2009
Le traumatisé crânien:
pronostic
MISE AU POINT
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des références bibliographiques
sur www.edimark.fr
Références
bibliographiques
Pour de nombreux auteurs, et sous réserve que le
GCS soit mesuré hors sédation et chez un patient
non intubé, on peut considérer qu’un score bas (< 6)
associé à une mydriase bilatérale est corrélé à un
fort taux de mortalité ou d’évolution vers un état
végétatif chronique (13).
Comme indiqué plus haut, l’âge influence l’évolution
après TC. Pour de nombreux auteurs, le pronostic des
sujets âgés est moins bon et certaines études suggèrent
que cette liaison se renforce au-delà de 50 ans (14).
La durée de l’amnésie post-traumatique (APT) est
considérée comme l’un des meilleurs facteurs pronos-
tiques du statut cognitif à long terme. L’APT est définie
comme “la période suivant le TC pendant laquelle le
patient est confus, incapable de s’orienter, de mémo-
riser des événements courants, avec troubles de l’orien-
tation, amnésie antérograde et amnésie rétrograde”.
L’APT est donc évaluée chez les patients sortis du coma
et elle est utile pour la prédiction du pronostic à long
terme. Elle peut être qualifiée selon la classification de
B. Jennett et G. Teasdale, de “très légère” lorsqu’elle
est inférieure à 5 minutes à “très sévère” lorsqu’elle
dépasse 4 semaines (15). Des questionnaires standar-
disés ont été proposés pour la quantifier, comme le
Galveston Orientation and Amnesia Test (16).
L’association à d’autres traumatismes osseux ou
viscéraux grève, bien sûr, le pronostic vital immédiat
et fonctionnel à long terme et est à considérer pour
chaque patient.
Facteurs pronostiques radiologiques
La valeur prédictive de l’IRM est plus forte que celle
de la TDM, car elle permet de détecter les lésions
axonales diffuses et les lésions du tronc cérébral. Sont
considérés comme étant de mauvais pronostic (17) :
»la profondeur des lésions : corps calleux, noyaux
gris centraux, hippocampe, mésencéphale, partie
dorso-latérale du tronc cérébral ;
»le nombre de lésions supérieur à 3 ;
»
l’association de plusieurs types de lésions céré-
brales : lésions axonales diffuses, hématomes.
Le développement récent de nouvelles séquences
d’IRM (diffusion, transfert magnétique, spectro-
scopie) devrait élargir la place de cet examen dans
la phase précoce.
Facteurs pronostiques neurophysiologiques
Les examens neurophysiologiques à la phase aiguë ou
subaiguë d’un TC n’ont pas clairement fait la preuve
de leur utilité. La conférence de consensus organisée
par la Société française de médecine physique et
réadaptation (SOFMER) en 2001 a accordé un grade
de recommandation “C” aux propositions suivantes
(17) :
»
les potentiels évoqués sensoriels et moteurs
sont utiles pour identifier le locked-in syndrome et
le mutisme akinétique ;
»l’enregistrement de potentiels évoqués cognitifs
chez un patient dans le coma serait prédictif du réveil
dans les jours qui suivent. En phase chronique, ils
peuvent fournir des arguments en faveur de capacités
conscientes résiduelles.
Autres facteurs pronostiques
À la phase aiguë, plusieurs facteurs d’agression céré-
brale secondaire sont corrélés au pronostic vital
post-TC, comme l’hypotension artérielle systé-
mique, l’hypoxémie et l’hypercapnie. Dans la série
de R.M. Chesnut, l’association d’un TC et d’un état
de choc est responsable d’une mortalité de 65 %
(18). Un monitoring multimodal peut être utile pour
guider la thérapeutique à la phase aiguë, intégrant
le doppler transcrânien, la pression intracrânienne
(PIC), la saturation veineuse jugulaire en oxygène
(SvJO
2
), la pression tissulaire en oxygène (PtIO
2
) et
le glucose parenchymateux mesuré par microdialyse
cérébrale (19).
Conclusion
Si tous les indicateurs épidémiologiques semblent
montrer une inflexion de l’incidence annuelle des
TC en France, attribuée en particulier aux récentes
mesures de répression routière, ils restent néan-
moins un problème majeur de santé publique, à
l’origine d’incapacités physiques et cognitives à
long terme. Les séquelles cognitives, parfois isolées
ou prépondérantes, constituent un handicap “invi-
sible” qu’il faut savoir évaluer, car son retentisse-
ment social, familial et professionnel est souvent
important.
Le pronostic à court et à long terme peut être
estimé dans les premiers jours suivant un TC, grâce
à des indices de sévérité cliniques, radiologiques
et neurophysiologiques. Toutefois, en dehors des
cas extrêmes, la sévérité initiale du TC n’est pas
forcément corrélée à l’évolution, alors que le profil
de récupération durant les premiers jours ou les
premières semaines est déterminant. ◾