La Lettre du Rhumatologue - n° 269 - février 2001
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dans l’étude EPIDOS, les femmes ayant un T score inférieur
à – 2,5 ont présenté en 3 ans 16 fois plus de fractures que celles
ayant un Tscore “normal”, c’est-à-dire supérieur à – 1. Sur le
plan thérapeutique, l’étude FIT-2, développée chez des
femmes ostéoporotiques non encore fracturées et traitées par
l’alendronate, et une étude toute récente, menée chez des
femmes âgées traitées par le risédronate, ont montré qu’une
densité minérale osseuse fémorale abaissée était prédictive
d’un effet antifracturaire significatif de ces médicaments.
C
ette utilité bien démontrée de l’ostéodensitométrie pour faire
face à l’énorme problème de santé publique que représente
dès aujourd’hui l’ostéoporose
a été reconnue en 1998 par la
Communauté européenne,
puis par la Task Force on
Osteoporosis de l’Organisa-
tion mondiale de la santé qui
ont recommandé la pratique
et le remboursement de l’exa-
men chez tous les sujets pré-
sentant des facteurs de risque
de fracture. En France, la
situation est particulière car
les autorités sanitaires et la
Caisse d’Assurance maladie
n’ont pour l’instant tenu
aucun compte de ces recom-
mandations de la Commis-
sion européenne et de l’OMS,
alors même que la pratique de
l’ostéodensitométrie s’est lar-
gement développée dans
notre pays qui, en nombre d’appareils par million d’habitants,
arrive en 5eposition parmi les pays d’Europe. En effet, plus
de 550 absorptiomètres à rayons X sont opérationnels, déte-
nus pour plus de 80 % d’entre eux par des médecins radiolo-
gistes qui n’ont jamais sollicité ni l’inscription à la nomen-
clature, ni le remboursement de l’ostéodensitométrie, et qui
pratiquent à son égard des honoraires libres paraissant leur
convenir, mais qui pénalisent indiscutablement les patients les
moins fortunés, du fait de l’absence de remboursement. Les
syndicats de rhumatologues, bien que ces derniers détiennent
le reste du parc des ostéodensitomètres, n’ont guère montré
plus d’empressement à plaider pour un remboursement de
l’examen. Associée à l’absence de remboursement des médi-
cations anti-ostéoporotiques lorsqu’elles sont prescrites avant
la fracture (bisphosphonates, raloxifène), cette situation de
non-prise en charge de l’ostéodensitométrie par l’Assurance
maladie contribue à faire de l’ostéoporose une maladie dont
le diagnostic et le traitement sont réservés à une certaine
classe sociale. Imaginerait-on de telles restrictions appliquées
au dosage de la cholestérolémie ou à la mammographie ?
L
e temps paraît venu pour la France de sortir d’une situa-
tion anormale et malsaine sur le plan de l’égalité d’accès
aux soins, et de décider – sans prolonger davantage le délai
par la consultation de nouveaux comités d’experts, qui ne
feront que redécouvrir la réalité scientifique internationale –
de s’aligner sur la plupart des pays développés et de prendre
en charge pour les sujets à risque un remboursement modeste
de l’ostéodensitométrie, cette pratique étant alors assortie
d’un contrôle de qualité des mesures, et du compte-rendu
de l’examen. La liste des facteurs de risque peut donner lieu
à discussion, bien qu’un consensus émanant des rapports de
l’OMS, de la Commission européenne, de la Fondation inter-
nationale contre l’ostéopo-
rose et du Groupe de recher-
ches et d’information sur les
ostéoporoses (GRIO) se soit
déjà dégagé. Ces instances
recommandent, en effet, une
ostéodensitométrie chez les
sujets des deux sexes ayant
un antécédent de fracture
par fragilité, une ménopause
précoce, un âge supérieur à
65 ans sans mesure préven-
tive de la perte osseuse
depuis la ménopause, une
hérédité maternelle de frac-
ture de hanche, des antécé-
dents de corticothérapie,
une carence calcique, une
hypovitaminose D, une hy-
perparathyroïdie primitive,
un besoin de suivi thérapeu-
tique annuel ou bisannuel pour une ostéopathie fragilisante
traitée.
Le remboursement par l’Assurance maladie du dosage des
marqueurs biochimiques du remodelage osseux, acquis
depuis environ deux ans, contraste étonnamment avec la
non-prise en charge actuelle de l’ostéodensitométrie dont
l’utilité clinique individuelle est au moins aussi bien établie
que celle de ces marqueurs.
L
a France, que l’OMS a distinguée récemment comme la
nation ayant le meilleur système de soins du monde, doit
rejoindre au plus vite les 14 pays européens qui rembour-
sent déjà totalement ou partiellement l’ostéodensitométrie
par absorptiométrie biphotonique à rayons X (Allemagne,
Autriche, Danemark, Finlande, Grande-Bretagne, Grèce,
Italie, Liban, Pays-Bas, République tchèque, Slovaquie,
Suède, Suisse, Turquie).
Les fracturés de l’an 2025 méritent dès aujourd’hui que l’on
s’occupe d’eux ! ■
ÉDITORIAL
L’ostéodensitométrie fémorale :
la mieux validée pour la prédiction du risque fracturaire