ISSN 1141-4685 Prix 1,14
Prévention :
prenons les devants !
DossIER
Revue de la Mutuelle Centrale des Finances
Juillet 2007 no141
page 6 PréventION
Malgré ses 16 000 victimes annuelles, le cancer colorectal reste méconnu du
grand public. Un dépistage précoce pourrait pourtant sauver des milliers de vies.
Le test, conseillé à partir de 50 ans, doit être généralisé d’ici à la fin de l’année.
ôté pile, il y a les chiffres : d’une
précision clinique, accablants.
Ils révèlent que le cancer du côlon,
ou cancer colorectal, est le deuxième en
termes de mortalité, avec près de 16 000
décès pour 36 000 nouveaux cas par an.
Il s’agit du troisième cancer le plus fréquent
chez l’homme, après ceux du poumon et de
la prostate, et du deuxième chez la femme,
après celui du sein.
Côté face, il y a la méconnaissance du public.
Et l’inertie, qui a longtemps prévalu chez
les pouvoirs publics. Une enquête récente(1)
montre que seulement 18 % des Français
citent spontanément le cancer colorectal
parmi les cancers qui “font peur”.
Plus grave : quatre Français sur cinq ignorent
qu’après un dépistage précoce, les malades
peuvent être soignés efficacement et
débarrassés de cette maladie. “Tandis que si
on laisse traîner les choses, un patient sur deux
décède dans les cinq ans”, note le Dr Jean
Guerrardi, médecin généraliste à Marseille.
Les facteurs
de risque
Le cancer du côlon se développe
généralement à partir d’un polype,
également appelé adénome, qui évolue
et devient pathogène. Si la tumeur est
traitée à temps, alors qu’elle est encore
superficielle, le taux de survie à cinq ans
dépasse les 90 % ! “Nous avons besoin
d’une politique volontariste de prévention,
estime Jean Guerrardi. Cela passe par le
dépistage systématique des populations
à risque.”
Ces populations sont connues. La présence
de polypes bénins, l’hérédité – le fait
qu’un cancer ait déjà été diagnostiqué
dans la famille proche – et surtout l’âge
des individus, sont des critères
déterminants. Marginale avant 40 ans,
l’incidence de la maladie augmente
fortement après 50 ans.
Les autorités sanitaires, malheureusement,
ont mis du temps à réagir. Alors que l’utilité
du dépistage est connue et avérée depuis
1994, le dispositif de prévention –
testé depuis cinq ans – ne sera étendu
à l’ensemble du pays qu’à la fin 2007 !
Il touchera alors tous les Français ayant
atteint la cinquantaine.
Un test homologué
En pratique, comment cela va-t-il se passer ?
Tous les hommes et les femmes âgés de 50
à 74 ans se verront proposer par courrier un
test homologué (Hémoccult II®) qui permet
de détecter des traces de sang invisibles
dans les selles.
Pour l’obtenir, chaque assuré devra
se rendre chez son médecin traitant.
Si celui-ci juge que ce test est approprié
à la situation personnelle de son patient,
il lui remet le matériel nécessaire en lui
expliquant les modalités d’utilisation.
“Il s’agit de prélever sur trois selles
consécutives un fragment, de la taille
d’un petit pois, qu’il faut déposer sur
une plaquette, explique le Dr Guerrardi.
C
Cancer du côlon :
l’importance d’un dépistage généralisé
Les limites du test Hémoccult II®
Le test Hémoccult II®, basé sur la recherche d’un saignement occulte dans les selles,
a fait la preuve de son efficacité… et de ses limites.
De nombreux praticiens lui reprochent de ne pas être suffisamment sensible : il ne
permet pas de détecter les adénomes (polypes susceptibles de dégénérer en cancer)
si ceux-ci ne saignent pas.
“Or, explique le Dr Jean Guerrardi, la détection de ces polypes est essentielle :
leur ablation par voie endoscopique permet de prévenir le cancer.”
Un nouveau test est actuellement à l’essai aux Etats-Unis. Les premiers résultats sont
prometteurs : 91 % des cancers, mais aussi et surtout 82 % des polypes précancéreux
ont été détectés par cette méthode.
Si le haut degré de fiabilité de ce test est confirmé, son utilisation pourrait à la fois
améliorer la prévention de la maladie et réduire le nombre de coloscopies pratiquées
chaque année !
C. P.
L’ostéodensitométrie :
pour vérifier
la
santé
des
OS
La maladie
L’ostéoporose est une maladie des
os, caractérisée par la survenue
d’un tassement vertébral ou d’une
fracture pour un choc minime. Elle
se traduit à l’examen radiologique
d’ostéodensitométrie par une
masse osseuse basse et des
altérations de la microarchitecture
de l’os. Souvent appelée
“épidémie silencieuse”, elle ne
se manifeste par aucun signe ou
douleur. En France, trois millions
de femmes ménopausées sont
atteintes de cette maladie qui peut
être à l’origine de situations de
dépendance.
L’examen
L’ostéodensitométrie est un
examen radiologique. Le patient
est allongé tandis qu’un tube
émettant un faisceau de rayons X
faiblement dosé se déplace
lentement au-dessus de lui. Le
radiologue mesure l’atténuation
subie par ce faisceau après sa
traversée des tissus osseux
de deux zones où se produisent
le plus souvent les fractures :
la colonne vertébrale et la hanche.
Plus l’os est dense, donc riche en
calcium et solide, plus le faisceau
de rayons X est atténué.
Qui est concerné ?
L’ostéodensitométrie est
prescrite par le médecin traitant
essentiellement aux femmes vers
l’âge de la ménopause, qu’elles
prennent ou non un traitement.
Elle est fortement conseillé aux
personnes qui présentent des
facteurs de risque d’ostéoporose :
mère atteinte, corpulence menue,
tabagisme, long traitement à la
cortisone, ménopause précoce…
L’analyse des résultats
“L’examen donne des résultats
très précis sur le degré de
décalcification, donc le risque
de fracture, explique le Dr Lucien
Assous, radiologue parisien.
C’est ce qu’on appelle le Z-score,
qui donne la différence entre la
mesure réalisée chez l’individu et
la moyenne des sujets du même
groupe d’âge.
Les traitements
Les médecins disposent d’un
arsenal de traitements
spécifiques à l’ostéoporose.
Quant aux THS (traitements
hormonaux substitutifs), dont
le bénéfice est controversé,
seules 20 % des Françaises
ménopausées les utilisent
aujourd’hui. La décision de
leur prescription est laissée
à l’appréciation au cas par cas,
par le gynécologue ou le
médecin traitant, du rapport
bénéfice/risque.
La prévention
Le capital osseux se construit
dès l’enfance. Il est important
de consommer suffisamment de
calcium, présent principalement
dans le lait et les produits laitiers,
et d’avoir une bonne hygiène
de vie avec une activité physique
régulière. Un apport en calcium
et en vitamine D peut être
prescrit pour corriger un déficit,
notamment chez les plus âgés.
Cette plaquette est ensuite envoyée
à un laboratoire d’analyses.”
Lorsque le test est négatif, la personne est
invitée à le renouveler deux ans plus tard,
sauf si certains signaux d’alerte
apparaissent dans l’intervalle. “En cas
de présence de sang dans les selles,
de troubles du transit, de douleurs
abdominales ou d’amaigrissement
inexpliqué, il faut consulter tout de suite”,
insiste Jean Guerrardi. Lorsque le test
est positif, le généraliste prescrit une
coloscopie pour confirmer ou infirmer
la suspicion de lésion cancéreuse.
Le choix du traitement, si celui-ci s’avère
nécessaire, dépend du stade et de la
localisation de la tumeur. Le chirurgien
procède généralement à l’ablation du
segment du côlon concerné, en s’efforçant
de préserver l’essentiel de l’organe.
Cette intervention est souvent associée
à des séances de radiothérapie.
“Le dépistage organisé est fait pour éviter
d’en arriver à l’étape du bloc opératoire,
indique le Dr Guerrardi. Mais pour qu’un tel
programme soit efficace, il faut que
le taux de participation des patients
sollicités dépasse 50 %. Cela suppose
que les assurés soient informés et
sensibilisés.”
Cédric Portal
(1) Ces chiffres ont été présentés par l’Institut national du
cancer (Inca) lors de la Semaine nationale contre le cancer
colorectal qui s’est déroulée fin mars dernier.
L’ostéodensitométrie permet de mesurer la densité osseuse et d’évaluer le
risque d’ostéoporose, maladie à l’origine de fractures. Cet examen est prescrit,
dans la plupart des cas, aux femmes, à l’âge de la ménopause.
Pour en savoir plus :
Sur le dépistage organisé du
cancer colorectal dans votre
département, connectez-vous
sur le site de l’Institut national
du cancer (Inca) :
www.e-cancer.fr. Vous pouvez
aussi consulter le site de la
Ligue contre le cancer
(www.ligue-cancer.asso.fr) pour
connaître les coordonnées du
comité le plus proche de votre
domicile ou appeler Cancer Info
Service au 0 810 810 821.
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