222 | La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XV - n° 5 - septembre-octobre 2012
Points forts
»La rectopexie antérieure laparoscopique est une technique sûre et efficace, avec une morbidité faible,
un taux de récidive bas (< 5 %) et un risque de constipation postopératoire peu élevé.
»
La chirurgie robotique a une place grandissante mais aucune étude n’a à ce jour démontré son bénéfice.
»
Il n’y a pas de consensus sur le choix entre la voie abdominale ou périnéale mais la voie abdominale
doit être privilégiée car elle permet une diminution des récidives.
Mots-clés
Prolapsus du rectum
Rectocèle
Rectopexie antérieure
laparoscopique
Qualité de vie
Highlights
»
Laparoscopic rectopexy is
a safe and effective proce-
dure with low morbidity and
recurrence rates, inducing low
postoperative constipation rate.
»
Robotic surgery is more and
more used but to date, none
study is available to show
benefit.
»
There is no consensus
comparing abdominal and
perineal approaches for rectal
prolapse. Abdominal surgery
could be proposed leading to
very low recurrence risk.
Keywords
Rectal prolapse
Rectocele
Laparoscopic ventral
rectopexy
Quality of life
des complications sur orifice de trocart (éventration
et hématome) [1]. Dans notre expérience portant
sur 33 patients opérés, il n’y a eu aucune compli-
cation peropératoire, et un seul patient (3 %) avait
dû être converti en laparotomie du fait d’adhérences
postopératoires (résultats non publiés).
➤
Le second avantage de cette technique
concerne les résultats pour la récidive à long
terme. Le taux rapporté dans la littérature varie
entre 0 et 15 % (4). Dans l’étude de A. D’Hoore et
al., ce taux était de 5 %, avec un recul médian de
5 ans (1). Dans notre expérience chez 33 patients
opérés, avec un recul moyen de 3,5 ans, nous avons
montré que le taux de récidive était de 6 %. Enfin,
selon la Cochrane Library, il n’y a pas de différence
entre la technique de rectopexie antérieure et la
technique classique avec dissection plus large du
rectum (5).
➤
Mais le principal atout de cette intervention
réside dans le risque très faible d’induction ou
d’aggravation de la constipation postopératoire.
En effet, l’inconvénient majeur de la technique de
rectopexie conventionnelle (type Orr-Loygue), qui
consiste en une mobilisation complète et circon-
férentielle du rectum, est d’induire ou d’aggraver
une constipation (risque de 30 à 50 %). La cause
reste peu claire, mais il semble que le risque de
constipation postopératoire soit essentiellement
lié à la mobilisation complète du rectum, qui
induit une dénervation complète (6). À l’inverse,
la rectopexie antérieure réalise une dissection a
minima du rectum, c’est-à-dire seulement de sa face
antérieure jusqu’au plancher des muscles releveurs
de l’anus en préservant les ligaments latéraux. Cette
chirurgie limitée va donc permettre une améliora-
tion de la continence anale chez près de la moitié
des patients et, surtout, une amélioration postopé-
ratoire de la constipation dans plus de 80 % des cas
et une constipation de novo dans moins de 15 %
des cas (1, 6).
En résumé, la rectopexie antérieure constitue une
véritable avancée chirurgicale vers l’intervention
idéale, à la fois facile sur le plan technique, réalisable
par voie laparoscopique, sûre et efficace, avec un
taux très bas de récidive (< 5 %) et un risque faible
d’aggravation de la constipation et de constipation
de novo.
Place de la chirurgie robotisée
Toujours en matière de technique chirurgicale, la
chirurgie robotique occupe une place croissante,
particulièrement en urologie. De la même façon, la
chirurgie colorectale et, en particulier, la chirurgie
des troubles de la statique pourrait bénéficier de
l’aide du robot du fait de l’étroitesse de l’espace de
travail (pelvis) et de la nécessité (même à l’heure de
l’agrafage mécanique par des clips résorbables) de
suturer la prothèse au rectum et au promontoire.
Plusieurs études ont évalué l’approche robotique
dans cette chirurgie (7). Tous les auteurs soulignent
les avantages qu’offre le robot en termes de qualité
optique et de vision en 3D sur à la laparoscopie. De
plus, il faut souligner l’ergonomie des instruments
et l’aisance avec laquelle les mouvements sont
réalisés, ce qui conduit à une réduction significative
de la courbe d’apprentissage en cas d’utilisation
du robot par rapport à la laparoscopie. L’exemple
principal est celui de la suture réalisée avec beau-
coup de facilité à l’aide du robot, poussant certains
chirurgiens à revenir aux sutures systématiques
dans les rectopexies assistées par robot alors qu’ils
avaient recours aux agrafes en laparoscopie.
À l’inverse, le robot présente plusieurs faiblesses.
Ainsi, on peut lui reprocher, pour le moment, le
manque de sensation tactile et l’absence de retour
de force ainsi que le coût très élevé de l’achat du
matériel, mais aussi du matériel consommable pour
chaque intervention, alors qu’aucune étude n’a pu
démontrer actuellement un réel bénéfice en termes
de résultats opératoires et de récidive à long terme.
En pratique, il n’est pas encore admis que la chirurgie
robotisée apporte un bénéfice en termes de résultats
opératoires et de coûts, bien qu’elle constitue une
avancée sur le plan purement technique.
Prolapsus rectal
et résultats factuels
Plusieurs interventions ont été décrites dans la prise
en charge chirurgicale du prolapus rectal extériorisé,
qui peuvent schématiquement se diviser entre la
voie abdominale (rectopexie) et la voie périnéale
(intervention de Delorme ou d’Altemeier).