Chirurgie plus élevé d’occlusions (3,1 % versus 2,5 %) ainsi que d’éventrations (9,2 % versus 8,6 %) après laparotomie, sans différence significative (10). Une proportion importante (28 %) des éventrations survenaient sur les orifices de trocart, et non pas du site d’extraction de la pièce opératoire. Par ailleurs, les patients convertis avaient un risque supérieur, par rapport à ceux ayant subi une laparoscopie ou une laparotomie, en termes d’occlusions (6 % versus 2 % versus 2,3 %) et d’éventrations (11 % versus 7,4 % versus 8,6 %). H. Ohtani et al. ont montré que le taux de morbidité global à long terme était signifi cativement plus bas après laparoscopie (OR = 0,31 [0,14-0,67] ; p = 0,003), mais il n’existait pourtant pas de différence entre les 2 groupes en termes d’éventrations et d’occlusions. ■ EVIDENCE-BASED MEDICINE 2. Lujan J, Valero G, Hernandez Q et al. Randomized clinical trial comparing laparoscopic and open surgery in patients with rectal cancer. Br J Surg 2009;96(9):982-9. 3. Jayne DG, Thorpe HC, Copeland J et al. Five-year follow-up of the Medical Research Council CLASICC trial of laparoscopically assisted versus open surgery for colorectal cancer. Br J Surg 2010;97:1638-45. 4. Kang SB, Park JW, Jeong SY et al. Open versus laparoscopic surgery for mid or low rectal cancer after neoadjuvant chemoradiotherapy (COREAN trial): short-term outcomes of an open-label randomised controlled trial. Lancet Oncol 2010;11(7):637-45. 5. Van der Pas MH, Haglind E, Cuesta MA, Fürst A, Lacy AM et al. Laparoscopic versus open surgery for rectal cancer (COLOR II): short-term outcomes of a randomised, phase 3. Lancet Oncol 2013;14(3):210-8. 6. Aziz O, Constantinides V, Tekkis PP et al. Laparoscopic versus open surgery for rectal cancer: a meta-analysis. Ann Surg Oncol 2006;13(3):413-24. 7. Ohtani H, Tamamori Y, Azuma T et al. A meta-analysis of the short- and long-term results of randomized controlled trials that compared laparoscopy-assisted and conventional open surgery for rectal cancer. J Gastrointest Surg 2011;15(8):1375-85. 8. Huang MJ, Liang JL, Wang H et al. Laparoscopic-assisted versus open surgery for rectal cancer: a meta-analysis of randomized controlled trials on oncologic adequacy of resection and longterm oncologic outcomes. Int J Colorectal Dis 2011;26(4):415-21. 9. Panis Y, Maggiori L, Caranhac G et al. Mortality after colorectal cancer surgery: a French survey of more than 84,000 patients. Ann Surg 2011;254(5):738-44. 10. Taylor GW, Jayne DG, Brown SR et al. Adhesions and incisional hernias following laparoscopic versus open surgery for colorectal cancer in the CLASICC trial. Br J Surg 2010;97(1):70-8. Références bibliographiques 1. Ng SS, Leung KL, Lee JF et al. Long-Term Morbidity and Oncologic Outcomes of Laparoscopic-Assisted Anterior Resection for Upper Rectal Cancer: Ten-Year Results of a Prospective Randomized Trial. Dis Colon Rectum 2009;52(4):558-66. Questions non résolues » Le bénéfice de la laparoscopie en termes de diminution de la morbidité tardive (morbidité pariétale et adhérences intraabdominales) doit être confirmé par des études à long terme. » L’impact de la conversion en laparotomie doit être précisé en termes de morbidité opératoire et de résultats oncologiques. Anastomose iléo-anale et infertilité Laura Beyer-Berjot, Stéphane Berdah, Marseille. L a coloproctectomie totale avec anastomose iléo-anale (AIA) est une intervention réalisée le plus souvent chez l’adulte jeune, de manière prophylactique. Ses conséquences fonctionnelles, notamment sur la fertilité féminine (FF), sont donc à considérer avec soin. Le taux d’infertilité après AIA par laparotomie varie beaucoup d’une série à l’autre (de 17 % à 93 %) du fait de plusieurs facteurs : définition de l’infertilité (globale ou à 1 an), indication opératoire (rectocolite, polypose ou autre), âge des patientes, faibles effectifs de certaines études. Malgré ces variations, toutes les études montrent une FF inférieure à celle de la population générale, et 3 méta-analyses abondent dans ce sens, avec une infertilité de 43 % à 63 % et un risque relatif de 3,2 à 3,9 (tableau, p. 54) [1-3]. L’AIA était donc jusqu’à présent contre-indiquée de manière relative chez la femme jeune désireuse de grossesse. Ce qu’il faut retenir La fertilité féminine (FF) est diminuée après anastomose iléo-anale (AIA) quand elle est réalisée par laparotomie. L’AIA laparoscopique est associée à une meilleure FF que l’AIA par laparotomie. La FF semble conservée après AIA laparoscopique. Une AIA peut être proposée aux femmes en âge de procréer en cas d’atteinte rectale (rectite, microrectie) ou de dysplasie/cancer, mais la voie d’abord laparoscopique doit être privilégiée. Deux études prospectives récentes ont cependant remis en question cette attitude en évaluant l’infertilité après AIA laparoscopique. S.A. Bartels et al. ont comparé 27 tentatives de grossesse après AIA laparoscopique et 23 après AIA par laparotomie (4). La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue • Vol. XVII - n° 1 - janvier-février 2014 | 53 EVIDENCE-BASED MEDICINE Chirurgie Tableau. Taux d’infertilité après anastomose iléo-anale par laparotomie (méta-analyses) et laparoscopie. Méta-analyses Année Patientes (n) Voie d’abord Étiologie Tentatives de grossesse (n) Infertilité (%) Comparaison A. Waljee et al. (1) 2006 481 Laparotomie RCH + PAF – 48 RR = 3,2/PG J. Cornish et al. (2) 2007 650 Laparotomie RCH + PAF – 43 – S.G. Rajaratnam et al. (3) 2011 1 076 Laparotomie RCH + PAF 457 63 RR = 3,9/PG S.A. Bartels et al. (4) 2012 112 Laparoscopie RCH + PAF 27 26 FF > laparotomie (p = 0,023) L. Beyer-Berjot et al. (5) 2013 63 Laparoscopie RCH + PAF 15 27 ≃ PG (p = 0,397)* * Population de patientes appendicectomisées. FF : fertilité féminine ; PAF : polypose adénomateuse familiale ; PG : population générale ; RCH : rectocolite hémorragique ; RR : risque relatif. niveau de preuve 1/2 Niveau de preuve : AIA par laparotomie : 1 (méta-analyse) AIA par laparoscopie : 2 (étude comparative non randomisée, étude de cohorte) Il existait une FF supérieure dans le groupe laparoscopie (p = 0,023). Dans la seconde étude, portant sur 63 patientes opérées par laparoscopie, le taux d’infertilité était de 27 %, et il n’existait pas de différence de fertilité postopératoire avec des patientes ayant eu une appendicectomie (p = 0,397) [5]. Cette meilleure préservation de la fertilité peut s’expliquer, d’une part, par la diminution des adhérences pelviennes après AIA laparoscopique et, d’autre part, par la technique de dissection pelvienne, qui, en l’absence de dysplasie/cancer, est réalisée au Questions non résolues » La coloproctectomie totale avec anastomose iléo-anale est-elle responsable d’une infertilité féminine postopératoire ? » Peut-on proposer cette intervention aux femmes en âge de procréer ? contact du rectum, respectant ainsi l’anatomie tuboovarienne (en particulier les fossettes ovariennes). En cas d’atteinte rectale (rectite, microrectie) ou de dysplasie/cancer, l’AIA peut donc être réalisée, y compris chez la femme jeune, mais la voie d’abord ■ laparoscopique doit être privilégiée. Références bibliographiques 1. Waljee A, Waljee J, Morris AM, Higgins PD. Threefold increased risk of infertility: a meta-analysis of infertility after ileal pouch anal anastomosis in ulcerative colitis. Gut 2006;55(11):1575-80. 2. Cornish J, Tan E, Teare J et al. A meta-analysis on the influence of inflammatory bowel disease on pregnancy. Gut 2007;56(6): 830-7. 3. Rajaratnam SG, Eglinton TW, Hider P, Fearnhead NS. Impact of ileal pouch-anal anastomosis on female fertility: meta-analysis and systematic review. Int J Colorectal Dis 2011;26(11):1365-74. 4. Bartels SA, D’Hoore A, Cuesta MA et al. Significantly increased pregnancy rates after laparoscopic restorative proctocolectomy: a cross-sectional study. Ann Surg 2012;256(6):1045-8. 5. Beyer-Berjot L, Maggiori L, Birnbaum D et al. A total laparoscopic approach reduces the infertility rate after ileal pouch-anal anastomosis: a 2-center study. Ann Surg 2013;258(2):275-82. Réhabilitation précoce en chirurgie colorectale Frédéric Bretagnol, Suresnes. Ce qu’il faut retenir Les programmes de réhabilitation précoce permettent de diminuer significativement le risque de complications postopératoires et la durée d’hospitalisation en chirurgie colorectale programmée. Il semble que les programmes de réhabilitation précoce pourraient améliorer les résultats opératoires après chirurgie colorectale laparoscopique. Des recommandations françaises sur la réhabilitation précoce après chirurgie colorectale programmée sont en cours de publication. 54 | La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue • Vol. XVII - n° 1 - janvier-février 2014 L es programmes de réhabilitation précoce (RP), ou Fast Track Surgery pour les Anglo-Saxons, correspondent à une prise en charge multimodale du patient et de son environnement pendant toute la période péri-opératoire (pré-, per- et post-), avec, comme objectif le retour le plus rapide possible du patient à son état physique et psychique préopératoire. La chirurgie colorectale se prête particulièrement à l’application de tels programmes, avec un taux moyen de mortalité de 4 % et une morbidité globale non négligeable de 35 %. Par ailleurs, le développement de la laparoscopie en chirurgie colorectale a