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●L’obtention d’un résultat positif impose de rechercher une non-
stérilisation tumorale ou une reprise évolutive par des biopsies
dirigées, aidées par l’examen clinique, une imagerie morpholo-
gique ciblée et une endoscopie sous anesthésie générale.
L’absence de confirmation par les examens cliniques, radiolo-
giques et histopathologiques rend nécessaire une surveillance
rapprochée, environ tous les mois, et un nouvel examen par TEP-
scanner quatre mois après le précédent ; la diminution de la fixa-
tion étant hautement rassurante, l’inverse permet d’affirmer à
coup sûr la présence de tissu tumoral.
Ces faux positifs sont malheureusement fréquents et représen-
tent un facteur limitant de cet examen. Ce nombre trop impor-
tant de faux positifs sera certainement diminué considérablement
par l’utilisation de traceurs plus spécifiques des cellules tumo-
rales comme la fluorocholine ou la fluorothymidine.
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●L’obtention d’un résultat négatif correspond à l’absence de
fixation sur le site tumoral et sur le corps entier. Ce résultat néga-
tif précoce permet de s’affranchir, chez un sujet traité par radio-
thérapie dont les tissus sont très modifiés, d’un examen endo-
scopique sous anesthésie générale avec biopsies dans l’année qui
suit la réalisation de la TEP initiale.
Mais, en aucun cas, et cela est important, il ne faut s’affranchir
de la surveillance régulière, tous les deux ou trois mois pendant
deux ans, du fait du risque d’apparition de métastases cervicales,
générales, ou de cancer métachrone. En effet, sur ces différentes
régions, un résultat négatif à l’examen par TEP n’a pas la même
valeur qu’un examen négatif sur le site tumoral initial.
➤
➤Dans les adénopathies métastatiques prévalentes, qui repré-
sentent moins de 1 % de tous les patients ayant un cancer des
voies aérodigestives supérieures, la recherche du site initial est
difficile et reste le véritable enjeu du bilan d’extension. Malgré
les biopsies systématiques sous anesthésie générale et l’utilisa-
tion de l’imagerie morphologique, le site primitif n’est mis en
évidence que dans 20 % des cas environ. La TEP trouve ici tout
son intérêt, mais son rendement diagnostique reste quand même
variable selon les séries, la fourchette allant de 8 à 40 %, avec
moins de 20 % de détection par la TEP.
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➤Une place doit être réservée à l’utilisation de la TEP dans les
cancers thyroïdiens différenciés “agressifs”.
Cet examen est utile pour dépister l’évolution vers une dédiffé-
renciation de certains cancers thyroïdiens différenciés, chez des
sujets gardant une thyroglobuline élevée sous Thyrogen®à dis-
tance d’un traitement chirurgical complet suivi d’une irradiation
métabolique par I-131 éventuellement répétée.
La TEP peut mettre en évidence des foyers de cancers dédiffé-
renciés locorégionaux ou à distance, risquant d’être inapparents
à la scintigraphie à I-131 en raison de l’évolution histopatholo-
gique du cancer.
Ces progrès diagnostiques si enthousiasmants ne doivent pas nous
masquer les problèmes liés à cet examen d’imagerie nucléaire.
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●Il est notablement irradiant. La Société française de radiologie
et la Société française de médecine nucléaire ont publié un guide
des usages des examens d’imagerie médicale en 2005, transpo-
sant en droit français la directive n° 97-43 Euratom. Le décret
d’application de mars 2003 des ordonnances datant de 2001 a
modifié le code de santé, rendant obligatoire, pour les médecins
qui demandent ou qui réalisent des examens d’imagerie utilisant
des rayonnements ionisants, l’application des principes fonda-
mentaux de justification des actes et de l’optimisation des pra-
tiques. Ainsi, les TEP-scanners sont classés en catégorie 4 (exa-
mens les plus irradiants), c’est-à-dire délivrant au patient plus de
10 mSv par examen. Ce fait doit être connu et impose le discer-
nement dans l’indication et, évidemment, dans la répétition de
cet examen.
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●Cet examen est cher : il coûte 1 100 euros.
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●Il n’est pas facile d’accès en France, car il existe seulement un
peu moins de 40 appareils TEP et huit cyclotrons, qui monopo-
lisent la fabrication du 18FDG, dont la demi-vie courte impose la
présence des centres cliniques à moins de deux heures de route
de ces centres de fabrication.
Rapportés à leur population respective, la Belgique, l’Allemagne
et, évidemment, les États-Unis ont un nombre de centres d’exa-
men TEP beaucoup plus important qu’en France.
In cauda venenum. Ne rêvons pas éveillés. Dans notre pays, où
la dette publique totale était de 1 000 milliards d’euros au 31 août
2005, soit environ 66 % du PIB, peut-on espérer un comblement
du retard sur les autres pays dans ce domaine et la poursuite de
cette belle aventure de la clinique et de l’imagerie, alors que tous
les moyens sont mis en œuvre dans les structures de santé pour
réduire coûte que coûte les dépenses ?
Vivant à crédit dans le domaine des dépenses de la santé comme
dans les autres domaines, avons-nous encore les moyens de nos
ambitions et de nos désirs légitimes d’amélioration constante de
la prise en charge des patients qui se confient à nous ?
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ÉDITORIAL
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no300 - septembre-octobre 2005