La Lettre du Cardiologue - n° 322 - décembre 1999
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menter dans les groupes 3 et 4 ; en revanche, le temps de décé-
lération mitral, le temps de relaxation isovolumique et le rapport
S/D du flux veineux pulmonaire augmentaient du groupe 1 au
groupe 2 pour diminuer à nouveau dans les groupes 3 et 4. Au
contraire, l’onde Em avait une distribution unimodale et dimi-
nuait du groupe 1 (16 ± 3,8 cm/s) au groupe 2 (7,5 ± 2,2 cm/s)
pour rester basse dans le groupe 3 (7,6 ± 2,2 cm/s) et dans le
groupe 4 (8,1 ± 3,5 cm/s). L’onde Em était le paramètre le plus
performant pour distinguer les sujets normaux des patients ayant
une dysfonction diastolique.
Conclusion. La vitesse de déplacement protodiastolique de l’an-
neau mitral en DTI (Em) est abaissée en cas de dysfonction dias-
tolique et, contrairement aux indices traditionnels de fonction
diastolique, n’a pas tendance à se normaliser quand la précharge
augmente. Le paramètre Em serait donc particulièrement utile
pour distinguer un flux mitral normal (Em normale) d’un
flux mitral pseudo-normal (Em abaissée).
B. Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil
ABSTRACTS
.../...
Assessment of diastolic function by tissue Doppler echocar-
diography : comparison with standard transmitral and pul-
monary venous flow.
Farias C.A., Rodriguez L., Garcia M.J., Sun J.P., Klein A.L.,
Thomas J.D.
●
J Am Soc Echocardiogr 1999 ; 12 : 609-17.
Le choc cardiogénique complique 7 % à 10 % des infarc-
tus du myocarde (IDM) et s’accompagne d’une mortalité
de 70 % à 80 %. Cette étude randomisée évalue l’impact de la
revascularisation myocardique précoce par angioplastie ou pon-
tage sur le devenir de ces patients à haut risque. Trois cent deux
patients présentant un choc cardiogénique dû à une défaillance
ventriculaire gauche dans les suites d’un IDM aigu sont rando-
misés entre revascularisation précoce (152 patients) et traitement
médical (150 patients) visant à stabiliser le patient sans exclure
une procédure éventuelle de revascularisation plus tardive, au
moins 54 heures après la randomisation. Une contrepulsion par
ballon intra-aortique a été proposée pour 86 % des sujets de chaque
groupe. Le critère de jugement principal est la mortalité à
30 jours et, en seconde intention, la mortalité à 6 mois.
La majorité des IDM est de localisation antérieure et le choc sur-
vient en moyenne 5,6 heures après l’IDM. Pour le groupe revas-
cularisation précoce, l’angioplastie de première intention concerne
64 % des patients et la chirurgie de pontage aorto-coronaire 36 %
des patients. La mortalité à 30 jours ne diffère pas significati-
vement entre les deux groupes : 46,7 % pour le groupe revas-
cularisation précoce et 56 % pour le groupe prise en charge médi-
cale, p = 0,11. Les patients revascularisés précocement ont une
mortalité plus élevée lors des deux premiers jours, alors que les
patients traités médicalement en première intention ont un risque
uniforme tout au long de la première semaine. Les patients revas-
cularisés ont une mortalité à 30 jours de 45,3 % en cas d’angio-
plastie contre 42,1 % en cas d’intervention de pontage. À 6 mois,
la mortalité est inférieure pour le groupe revascularisé pré-
cocement (50,3 % vs 63,1 %, p = 0,027), et ce résultat semble se
maintenir sur les rapports préliminaires à 12 mois. Une seule
variable analysée interagit significativement avec la nature du trai-
tement sur la mortalité à 30 jours et à 6 mois : l’âge inférieur ou
supérieur à 75 ans (tableau).
Conclusion
Le choc cardiogénique constitue l’une des complications les plus
redoutées à la phase aiguë d’un IDM.
Même si une différence absolue de 9 % tend à avantager l’option
interventionnelle, cette étude randomisée ne parvient pas à
mettre en évidence un gain significatif en termes de survie à
30 jours en proposant une revascularisation myocardique pré-
coce en dépit de délais d’intervention très rapides (en moyenne,
après la randomisation, 0,9 heure pour l’angioplastie et 2,7 heures
pour le pontage aorto-coronaire). Le sous-groupe bénéficiant le
plus de la revascularisation précoce est représenté par les sujets
de moins de 75 ans.
À plus long terme (6 et 12 mois), la survie est améliorée par la
revascularisation précoce, sans doute en relation avec une limita-
tion de la dysfonction myocardique.
C. Adams, CH Argenteuil
Revascularisation précoce lors de chocs cardiogéniques sur infarctus du myocarde
Early revascularization in acute myocardial infarction compli-
cated by cardiogenic shock.
Hochman J.S., Sleeper L.A., Webb J.G. et coll. for the SHOCK
investigators
●
N Engl J Med 1999 ; 341 : 625-34.
Revascularisation Traitement RR*/p
médical
Mortalité à 30 jours
Total 46,7 % 56 % 0,83/0,11
Âge < 75 ans 41,4 % 56,8 % 0,73/0,02
Âge 75 ans 75 % 53,1 % 1,41/0,16
Mortalité à 6 mois
Total 50,3 % 63,1 % 0,80/0,027
Âge < 75 ans 44,9 % 65 % 0,70/0,002
Âge 75 ans 79,2 % 56,3 % 1,41/0,09
Tableau. Mortalité à 30 jours et 6 mois en fonction de la randomisation
et de l’âge.
*RR:risque relatif.