du rein métastatique (8). Les cellules dendritiques sont
recueillies à partir du sang périphérique d’un donneur non
apparenté. Les cellules tumorales sont obtenues soit à partir de
la tumeur primitive, soit des métastases. Les cellules hybrides
sont générées en deux étapes successives : les cellules dendri-
tiques et les cellules tumorales sont d’abord alignées les unes
en face des autres par électrophorèse ; puis la fusion est réa-
lisée grâce à une électroporation permettant d’obtenir de 15 à
20 % de cellules hybrides. Deux injections par voie sous-
cutanée de cellules hybrides irradiées étaient pratiquées à
6 semaines d’intervalle, à proximité des ganglions inguinaux.
En cas de non-progression, le patient recevait une injection
sous-cutanée tous les 3 mois. Six patients ont présenté une
réponse objective (4 réponses complètes et 2 réponses par-
tielles) sur des sites pulmonaires, ganglionnaires, osseux ou
des tissus mous. Trois des quatre patients présentant une
réponse complète l’ont été après seulement deux injections.
Aucune rechute n’a encore été observée chez les quatre
patients entrés en rémission complète. La médiane de suivi des
patients est de 13 mois. La toxicité a été minimale (fièvre et
douleurs au niveau des sites métastatiques). La réponse immu-
nitaire serait plus spécifiquement dirigée contre l’antigène
Muc1 exprimé dans 82 % de ces tumeurs rénales.
RRÉÉSSUULLTTAATTSS DDEESS TTRRAAVVAAUUXX DDEE RR..CCHHIIDDLLSS EETT AALL..
L’effet thérapeutique des allogreffes de cellules souches héma-
topoïétiques dans les leucémies repose sur deux principes. Il
s’agit, d’une part, de l’effet cytotoxique du conditionnement
myéloablatif et, d’autre part, de l’effet thérapeutique de la
réaction du greffon contre la leucémie (GVL) ou contre la
tumeur (GVT). Malheureusement, cette réaction GVT est éga-
lement associée à une réaction du greffon contre l’hôte (GVH),
véritable maladie auto-immune. Récemment, de nombreux
efforts ont été développés pour rendre ces conditionnements
moins myéloablatifs, mais toujours immunosuppresseurs, afin
de permettre la greffe de la moelle du donneur. L’effet ainsi
escompté est surtout une réaction GVT.
R. Childs a rapporté, l’année dernière, le cas d’un patient pré-
sentant un cancer du rein métastatique, traité par chimiothéra-
pie de type myéloablative avec greffe de moelle allogénique,
en rémission complète après constitution d’une moelle chimé-
rique (9).
R. Childs et al. présentent une série actualisée de 19 patients
néphrectomisés, prétraités pour la plupart par cytokines (10).
Les patients, après avoir reçu un conditionnement par endoxan
+ fludarabine ± globuline antithymocytaire, recevaient une
moelle d’un donneur HLA identique pour 17 patients et pour
deux autres patients, il existait une incompatibilité sur un locus
HLA. Tous les patients recevaient de la ciclosporine pour évi-
ter une GVH. La ciclosporine était arrêtée dès que possible en
post-greffe en l’absence de rejet de moelle. Par ailleurs, les
patients qui ne présentaient pas une moelle chimérique ou une
réponse thérapeutique, ont reçu des perfusions de lymphocytes
T du donneur, une fois tous les mois jusqu’à un maximum de
trois perfusions. En termes d’efficacité thérapeutique,
10 patients (53 %) ont obtenu une réponse objective (3 RC et
7 RP) sur des sites pulmonaires, médiastinaux, ganglionnaires,
osseux, surrénaliens et sous-cutanés. La réponse objective
n’était observée qu’après constitution d’une moelle chimérique
et retrait de la ciclosporine (8 cas/10). Le délai médian de
réponse était de 4 mois (1-8 mois) après la greffe. Le seul fac-
teur prédictif de réponse était une GVH de grade 2, 3 ou
4 (p = 0,005) ; cependant un patient en rémission complète à
831 jours n’a pas présenté de GVH. Deux patients sont
décédés de complications de la greffe de moelle allogénique
(une septicémie et une GVH de grade 4). Ce traitement semble
très intéressant, mais il ne peut être proposé qu’à des patients
dont la maladie est lentement évolutive (espérance de vie supé-
rieure à 6 mois) et qui ont dans leur fratrie un membre compa-
tible, en raison des délais d’apparition des régressions tumo-
rales.
CCOONNCCLLUUSSIIOONN
Ces résultats démontrent l’intérêt qu’il y a à stimuler le
système immunitaire du patient présentant un cancer du rein
métastatique, soit par les hybridomes (cellules dendritiques
d’un donneur et cellules tumorales du patient), soit par greffe
de moelle allogénique après traitement immunosuppresseur.
Ces résultats doivent être confirmés sur un plus grand nombre
de patients. Les techniques de fusion cellulaire doivent être
améliorées pour espérer obtenir de meilleurs taux de réponses
thérapeutiques. Enfin, ces traitements représentent une
avancée spectaculaire en cancérologie. Ils pourraient être
applicables à d’autres types de tumeurs solides. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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La Lettre du Cancérologue - volume X - n° 2 - mars/avril 2001