Figure 2. Schéma de l’essai HOG LUN 01-24 (7).
Docétaxel 75 mg/m2/3 sem. × 3
Variables de stratification
PS 0-1 versus 2
IIIA versus IIIB
RC versus non-RC
RCT : radio-chimiothérapie ; RT : radiothérapie ; RC : réponse complète.
Observation
RCT
Cisplatine 50 mg/m2 i.v. J1, J8, J29, J36
Étoposide 50 mg/m2 i.v. J1-J5 et J29-J33
RT concomitante 59,4 Gy (1,8 Gy/fr)
Randomisation
540 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 10 - décembre 2009
Résumé
Grâce aux résultats des essais publiés ces dernières années, la radio-chimiothérapie associée ou non à la
chirurgie s’est imposée comme standard thérapeutique dans les CBNPC localement évolués. Elle consiste en une
irradiation, en fractionnement conventionnel, des volumes initialement envahis (sans irradiation médiastinale
prophylactique), associée à un doublon à base de cisplatine, sans chimiothérapie d’induction ni de consolidation.
L’avenir est à l’intégration de thérapies ciblées dans la stratégie thérapeutique.
Les toxicités limitantes de la radiothérapie sont essentiellement liées au volume d’irradiation. Toute économie
de marge entre le CTV (
Clinical Target Volume
ou volume cible anatomo-clinique) et le
Planning Target
Volume
(PTV) doit être encouragée pour éviter d’aboutir à un volume trop important: les contentions
personnalisées et l’irradiation en blocage inspiratoire sont des moyens intuitifs et efficients pour optimiser
l’irradiation des cancers bronchiques.
Mots-clés
CBNPC
Radio-chimiothérapie
Blocage inspiratoire
Highlights
Over the recent years, published
data have shown that chemora-
diation with or without surgery
is a standard of care of locally
advanced NSCLC, consisting of
an involved-field radiatherapy,
conventionally fractionated, in
association with a cis-plati num
based chemotherapy doublet
concurrently, without any
induction or consolidation
chemotherapy regimen. In
the near future, the integra-
tion of target therapies will
be evaluated prospectively in
clinical trials. Limiting toxicities
of chemoradiation is essentially
correlated to the volume of the
target. Any technique allowing
smaller margines between the
CTV (Clinical Target Volume)
and the PTV (Planning Target
Volume) must be encouraged
in order to avoid excessive treat-
ment volumes: immobilization
devices and deep-inspiration
breathhold radiation techniques
are intuitive means to optimize
a chemoradiotherapy in the
context of NSCLC.
Keywords
NSCLC
Chemoradiation
Deep-inspiration breathhold
chimiothérapie concomitante à la radiothérapie sont
jugés décevants, et l’utilisation de cette association
en routine est remise en question.
L’essai HOG-LUN 01-24 (7), qui inclut 243 patients,
apporte quant à lui un élément de réponse sur la
chimiothérapie de consolidation. L’étude compare
une radio-chimiothérapie strictement concomitante
(61 Gy et 2 cycles de cisplatine 50 mg/m² à J1, J8,
J29, J36 + étoposide 50 mg/m² à J1-J5 et J29-J33) à
la même radio-chimiothérapie suivie d’une chimio-
thérapie de consolidation par docétaxel (75 mg/ m²,
J1 = J22, 3 cycles) [figure◆2]. Là encore, après un suivi
médian de 41,6 mois, les résultats en termes de survie
globale (tableau◆I) sont similaires entre les 2 bras
de l’essai (médiane : 23,2 mois versus 21,2 mois ;
p = 0,882). On constate par ailleurs la survenue de
toxicités de grade 3 à 5 en cours de chimiothérapie
de consolidation (10,9 % de neutropénies fébriles, et
9,6 % de pneumopathies), 28,8 % des patients ont été
hospitalisés au cours de la chimiothérapie de conso-
lidation (contre seulement 8,1 % dans le bras obser-
vation). Les auteurs concluent que la chimiothérapie
de consolidation apporte une toxicité significative
mais n’augmente pas la survie globale des patients.
Les conclusions de ces deux essais de phase III sont
donc cohérentes : le standard thérapeutique pour les
stades III inopérables est une radio-chimiothérapie
strictement concomitante.
Intégration des thérapies ciblées
à la radio-chimiothérapie
L’intégration des thérapies ciblées aux radio-chimio-
thérapies concomitantes des stades III inopérables
relève encore du domaine de l’expérimentation :
l’addition de ces principes actifs à la radio-chimiothé-
rapie est intuitive et laisse espérer une amélioration
de son efficacité, aussi bien en termes de contrôle
local que de diminution du risque de métastases.
Cependant, on redoute également une potentia-
lisation des effets indésirables de la radiothérapie,
et peut-être même l’absence de synergie en termes
d’efficacité antitumorale. En effet, le premier essai
randomisé publié sur le sujet a produit des résul-
tats surprenants, avec un effet délétère du gefitinib
sur les chances de survie des patients traités (8) :
l’essai de phase III SWOG 0023 compare radio-
chimiothérapie concomitante (61 Gy et 2 cures de
cisplatine/étoposide) puis consolidation par docé-
taxel (3 cycles) suivies de gefitinib en traitement
d’entretien, versus placebo. Avec un suivi médian
de 27 mois, les résultats en termes de survie globale
mettent en évidence que les patients recevant le
placebo ont une meilleure médiane de survie que
les patients recevant le gefitinib (35 mois versus
21 mois ; p = 0,025). La toxicité observée en termes
Tableau I. Induction ou consolidation versus radio-chimiothérapie strictement concomitante : résultats en termes de
survie globale.
Essai Traitement Survie médiane Survie à 3 ans
CALGB 39801
(366 pts)
[6]
RCT exclusive 66Gy
Chimio-induction ➙ RCT 66Gy
12 mois
(p=0,3)
14 mois
19%
(p=0,2)
23%
HOG LUN 01-24
(243 pts)
[7]
RCT exclusive 61Gy
RCT 61Gy ➙ chimio-consolidation
23,2 mois
(p=0,882)
21,2 mois
26,1%
(p=0,883)
27,1%
RCT: radiochimiothérapie; pts: patients.