Tumeurs urologiques
Tumeurs urologiques
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVII - n° 1-2 - janvier-février 2008
était de 39 % en cas d’atteinte ganglionnaire (versus 76 %). La
survie était significativement plus élevée en cas de N+ ≤ 5 (50 %
versus 13 %, p < 0,002). La survie, en revanche, était identique
chez les patients avec une atteinte au-delà de la bifurcation.
Sujets âgés, importance du PS (performance status)
L’analyse rétrospective d’une cohorte consécutive de 152 patients
âgés de plus de 70 ans (76 ans en moyenne) traités au Ann Arbor
entre 1995 et 2005 (40) a montré qu’un indice de Karnofsky (IK)
supérieur ou égal à 90 était un important facteur prédictif de la
survie (p = 0,05). Soixante-quinze pour cent des patients avaient
opté pour la cystectomie. Seuls 15 % d’entre eux ont été traités
dans une intention palliative.
Chimiothérapie
Chimiothérapie périopératoire
La chimiothérapie périopératoire (dans les 4 mois précédant ou
suivant la chirurgie) est sous-utilisée aux États-Unis pour les
tumeurs de stade III entre 1998 et 2003 : en fait état un rapport
accablant de la National Cancer Data Base (41).
La National Cancer Data Base a collecté les données se rappor-
tant à approximativement 60 % des nouveaux cas de cancers de la
vessie aux États-Unis entre 1998 et 2003. Sur 7 161 des 11 339 cas
de cancer urothélial de stade III, une analyse a été possible. Une
chimiothérapie a été administrée dans seuls 11,6 % des cas (10,4 %
de chimiothérapies néo-adjuvantes et 1,2 % de chimiothérapies
adjuvantes). Ces données font insister sur la difficulté, parfois,
d’intégrer dans la pratique les données des essais randomisés.
Sans commentaire.
C. Sternberg a de nouveau fait, dans un très bon article de
synthèse (42), le point sur la chimiothérapie néo-adjuvante ou
adjuvante dans le contexte de stratégies ayant pour but une
amélioration de la survie, mais aussi, dans certains cas, une
préservation vésicale.
Chimiothérapies des formes avancées
Trois revues générales ont fait le point sur les chimiothérapies
de première et deuxième lignes
(43-45).
En Europe, l’utilisation de l’association gemcitabine-cisplatine
s’est de plus en plus imposée. La substitution du cisplatine au
carboplatine, la combinaison d’un sel de platine et d’un taxane
(docétaxel-cisplatine et paclitaxel-carboplatine) et l’étude de
triplets avec paclitaxel ont constitué les principaux axes de
recherche de ces dernières années. Pour les patients unfit, ne
pouvant recevoir de traitements à base de cisplatine, le choix d’un
traitement par M-CAVI (méthotrexate, carboplatine, vinblastine),
par carboplatine-gemcitabine, carboplatine-paclitaxel, gemcita-
bine-taxane, ou d’une monothérapie par soit de la gemcitabine,
soit du carboplatine, soit un taxane (paclitaxel hebdomadaire)
peut se discuter. Parmi les nouvelles molécules, l’intérêt s’est
porté sur le pémétrexed (28 % de RO dans une étude de phase II),
sur l’oxaliplatine et la vinflunine. Les tumeurs de la vessie restent
l’un des parents pauvres des thérapies ciblées, même si se déve-
loppent des études de traitements dirigés contre les récepteurs
de la famille HER et, plus récemment, d’antiangiogéniques.
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L’étude EORTC/Intergroup 30987 comparant, dans les cancers
urothéliaux avancés ou métastatiques, une chimiothérapie
par paclitaxel-cisplatine/gemcitabine à l’association cispla-
tine-gemcitabine n’a pas montré d’avantage significatif de
l’apport du paclitaxel.
Cette étude a inclus, dans 107 centres, 627 patients T4bN0M0,
TxN2-3 ou M1 jamais traités par chimiothérapie et randomisés
entre l’association de référence cisplatine (70 mg/m2 J1 ou J2) et
gemcitabine (1 000 mg/m
2
J1, J8 et J15) tous les 28 jours (tous les
21 jours en l’absence de J15), et la triple association de cisplatine
(70 mg/m
2
J1), de gemcitabine (1 000 mg/m
2
J1, J8), et de pacli-
taxel (80 mg/m2 J1, J8) tous les 21 jours. L’objectif principal était
l’amélioration de la SG, les objectifs secondaires la SSP, le taux
de réponse, la durée de réponse et la toxicité. Pour témoigner
d’une amélioration de la médiane de survie de 14 mois à 18 mois
(HR = 0,78) fondée sur un test de log-rank bilatéral avec α = 0,05
et β = 0,20, il était prévu l’inclusion de 610 patients en 3 ans. La
répartition entre les groupes à risque de Barjorin était équili-
brée pour les 2 bras. Les arrêts de traitements pour toxicité
ont été comparables, respectivement 14,9 % (doublet) versus
13,8 % (triplet). Les taux de RO se sont révélés significativement
supérieurs dans le bras paclitaxel (57 % versus 46 %, p = 0,02). En
revanche, il n’a été retrouvé aucune différence significative en
termes de SSP (8,8 mois versus 7,7 mois, réduction du risque
de 13 %, NS) et de SG (12,8 mois versus 15,7 mois, réduction
du risque de 14 %, NS) [46].
Vinflunine, un nouvel agent antitubuline
S. Culine et al. (47) ont rapporté les résultats d’une étude multi-
centrique de phase II ayant inclus 51 patients en deuxième ligne
d’un cancer urothélial avancé, traités à la dose de 320 mg/m
2
tous
les 21 jours. Le taux de réponse a été de 18 % (IC
95
: 8,4-30,9), avec
69 % des patients en stabilisation ou en réponse mineure (IC95 :
52,1-79,3) et une médiane de durée de réponse de 9,1 mois (IC
95
:
4,2-15). Les médianes de SSP et de SG étaient respectivement
de 3 mois (IC95 : 2,4-3,8) et de 6,6 mois (IC95 : 4,8-7,6). Les prin-
cipales toxicités ont été des toxicités hématologiques (67 % de
neutropénies de grades 3 et 4, avec 10 % de neutropénies fébriles
dont 2 fatales) et une constipation (8 % de grades 3 et 4).
Une deuxième étude multicentique internationale de phase II
(CA 183001) [48] en deuxième ligne de tumeurs urothéliales
réfractaires au platine a inclus 114 patients en progression dans
les 12 mois suivant une chimiothérapie à base de platine. La dose
initiale pouvait être soit 320 mg/m2 tous les 21 jours (n = 34),
soit 280 mg/m2/21 j (n = 80) en cas de radiothérapie pelvienne
antérieure, d’un IK 80 ou 90, d’un âge de 75 ans ou d’une clai-
rance de créatinine < 60 ml/mn. Les résultats viennent d’être
présentés à l’ECCO 2007 (47) : le taux de réponse est de 15 %, la
durée médiane de réponse de 6,8 mois (IC95 : 5,6-9,5), la durée
médiane de stabilisation de 4 mois (IC
95
: 3,2-4,5) ; le taux de
contrôle de la maladie (RC + RP + stabilisation) est de 57 %, la
médiane de SSP de 2,8 mois (IC95 : 2,6-3,8) et la médiane de SG
de 8,3 mois (IC95 : 7,2-9,8).
Une étude de phase III est en cours (étude VINCENT) et porte
sur des patients en première ligne de traitement, et inéligibles au
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