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54 | La Lettre du Neurologue • Vol. XV - n° 2 - février 2011
Migraine et comorbidité psychiatrique
MISE AU POINT
son généraliste à des médecins spécialistes ou à
des paramédicaux agissant tant dans le domaine
de la migrainologie que dans le champ de la santé
mentale et de l’éducation thérapeutique. Il s’agit
d’une approche centrée sur le patient, qui est au
cœur du réseau de soin.
Dans un autre registre, il existe plusieurs molécules
ayant un effet prophylactique antimigraineux et
également un effet psychotrope. Au premier rang
bien sûr, l’amitryptiline. Aux doses utilisées pour la
prophylaxie antimigraineuse, la molécule n’est pas
encore antidépressive mais elle est anxiolytique.
On peut également traiter le patient migraineux
déprimé par des inhibiteurs mixtes de la recapture
de la noradrénaline et de la sérotonine (venlafaxine,
duloxetine) bien qu’aucun de ces produits n’ait
formellement démontré son efficacité prophylactique
dans la migraine. On peut également utiliser chez les
migraineux les inhibiteurs sélectifs de la recapture de
la sérotonine (ISRS), à condition de les commencer
à doses faibles et d’augmenter progressivement
leurs posologies pour éviter d’induire des crises. Il
faut noter que les banques de données américaines
concernant la coprescription d’ISRS avec les triptans
sont tout à fait rassurantes (18). Chez les patients
bipolaires, on préférera les antiépileptiques, en parti-
culier le valproate de sodium. En effet, le divalproex
a montré son efficacité en prophylaxie des troubles
bipolaires. Il faut également être vigilant quant à
un risque de dépression induit par l’épitomax qui
semblerait plus fréquent, mais non exclusif en cas de
dépression constatée dans les antécédents du patient.
Il ne faut pas non plus négliger les techniques non
médicamenteuses. En effet, la relaxation est très
utile chez les patients anxieux, stressés et elle a
montré son efficacité prophylactique antimigrai-
neuse. Le rétrocontrôle (biofeedback) a également
démontré son efficacité, il est moins utilisé en
France que dans les pays anglo-saxons. On peut
également proposer aux patients une prise en
charge en thérapie comportementale et cognitive de
gestion du stress qui elle aussi trouve son indication
dans les 2 affections. Les recommandations de la
HAS concernant le prise en charge de la migraine
stipulent que “la relaxation, le rétrocontrôle et les
thérapies cognitives et comportementales de gestion
du stress ont fait preuve d’efficacité (grade B).” Cela
est vrai également pour les enfants chez lesquels
ces techniques sont recommandées en première
intention, avant l’utilisation de traitements de fond
médicamenteux.
Conclusion
Ainsi, il faut retenir qu’il existe une forte comor-
bidité entre migraine et troubles psychiatriques,
en particulier les troubles anxieux et dépressifs.
Cette comorbidité a un impact important sur le
vécu de la maladie, le handicap et la qualité de vie,
possiblement sur le pronostic. Il importe donc de la
repérer – bien que cela ne soit pas toujours facile,
le migraineux refusant souvent de reconnaître ses
troubles psychiques – et de la traiter. Nous avons
pour ce faire des molécules et des thérapies non
médicamenteuses efficaces à la fois dans la prophy-
laxie antimigraineuse et dans le traitement des
troubles psychiatriques. ■
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