G´
EOM ´
ETRIES MOD `
ELES DE DIMENSION TROIS
YVES DE CORNULIER
R´
ESUM ´
E. On expose une preuve d´
etaill´
ee de la classification par Thurston des huit g´
eom´
etries
mod`
eles de dimension trois.
ABSTRACT. In this expository article, we give a detailed proof of the classification by Thurston of
the eight model geometries in dimension three.
Le but de cette r´
edaction est de donner une preuve de la classification des g´
eom´
etries
mod`
eles de Thurston de dimension 3. Ces g´
eom´
etries on ´
et´
e introduites par ce dernier pour
´
enoncer la conjecture de g´
eom´
etrisation, qui classifie, en un certain sens, les vari´
et´
es de com-
pactes de dimension trois ; cette conjecture, partiellement prouv´
ee par Thurston lui-mˆ
eme
[11, 12] (voir aussi Scott [10]), englobe en particulier la conjecture de Poincar´
e (toute vari´
et´
e
compacte simplement connexe de dimension trois est hom´
eomorphe `
a la sph`
ere) et a ´
et´
e
r´
ecemment prouv´
ee par Perelman dans quelques courtes notes non publi´
ees [7, 8, 9]. Pour
les d´
eveloppements r´
ecents, le lecteur est renvoy´
e au survols de Morgan [6] et Bessi`
eres [1],
aux notes d´
etaill´
ees de Kleiner-Lott [4] et `
a l’ouvrage en pr´
eparation [2].
Thurston introduit la notion de g´
eom´
etrie mod`
ele ; ce sont des espaces riemanniens ho-
mog`
enes, avec certaines conditions suppl´
ementaires rappel´
ees plus bas ; il classifie ces der-
ni`
eres, en dimension trois, dans son ouvrage [13]. Nous donnons ici une exposition d´
etaill´
ee
de cette classification. L’approche propos´
ee ici, fortement inspir´
ee de [13], utilise essentielle-
ment des r´
esultats simples sur les groupes de Lie de petite dimension, et ne requiert pas plus
de technicit´
e que les r´
esultats fondamentaux sur la correspondance groupes-alg`
ebres de Lie.
On a pris un soin tr`
es particulier `
a prouver, dans chaque cas, l’axiome de (c) de maximalit´
e
(tous les d´
etails ne sont pas d´
evelopp´
es dans la d´
emonstration donn´
ee dans [13]).
TABLE DES MATI `
ERES
1. G´
eom´
etries mod`
eles 1
2. Exemples fondamentaux 3
3. ´
Etude de la dimension 3 4
4. Appendice 9
4.1. Alg`
ebres de Lie unimodulaires de dimension 3 et leurs sous-groupes compacts
maximaux d’automorphismes 9
4.2. Quelques r´
esultats de plongements 11
4.3. Extensions centrales des groupes d’isom´
etries des surfaces 12
4.4. Construction de r´
eseaux cocompacts 14
4.5. Structures de groupe sur les g´
eom´
etries mod`
eles de Thurston 14
4.6. Petit tableau r´
ecapitulatif 16
R´
ef´
erences 16
1. G ´
EOM ´
ETRIES MOD `
ELES
Si Xest une vari´
et´
e diff´
erentielle, on note Diff(X)le groupe des diff´
eomorphismes de X,
muni de la topologie compacte-ouverte (pour qui la convergence est la convergence uniforme
sur les compacts), qui en fait un groupe topologique.
Date: 31 janvier 2010.
1
2 YVES DE CORNULIER
D´
efinition 1.1. Une g´
eom´
etrie mod`
ele est un couple (G, X),X´
etant une vari´
et´
e diff´
erentielle
et Gun groupe de diff´
eomorphismes de X, v´
erifiant les hypoth`
eses (a) et (b) suivantes :
(a) Xest simplement connexe.
(b) L’action de Gsur Xest transitive, `
a stabilisateurs compacts.
Commenc¸ons par observer les cons´
equences suivantes :
Si (G, X)est une g´
eom´
etrie mod`
ele, alors il existe sur X, grˆ
ace `
a (b), une m´
etrique
riemannienne µinvariante par G. Une telle m´
etrique est forc´
ement compl`
ete, car G
agit transitivement. Mais elle n’est pas toujours unique `
a multiple scalaire pr`
es : elle
l’est si et seulement si le stabilisateur Gxd’un point x(et donc de tout point) agit
irr´
eductiblement sur l’espace tangent TxX.
Si (G, X)est une g´
eom´
etrie mod`
ele, alors Gest un groupe de Lie. En effet, le stabilisateur
Kd’un point pXest compact, et s’envoie dans O(TpX); l’image de cette application
est un groupe de Lie (car tout sous-groupe ferm´
e d’un groupe de Lie est de Lie). De
plus, l’action de Ksur un petit voisinage de pest conjugu´
ee `
a l’action de Ksur TpX
par l’exponentielle en p. Cela montre en particulier que l’ensemble Xφdes points fixes
de φKest une sous-vari´
et´
e ferm´
ee de X. Par connexit´
e de X, si φ6= 1 alors Xφest
d’int´
erieur vide, et en particulier en p. Cela montre que l’action de Ksur TpXest fid`
ele,
si bien que Kest un groupe de Lie. De plus, G/K s’identifie `
aXdonc est aussi une
vari´
et´
e. Donc, comme la projection GG/K est un fibr´
e de base Xet de fibre K, et que
Ket Xsont des vari´
et´
es, Gposs`
ede une unique structure de vari´
et´
e qui fait de ce fibr´
e
un fibr´
e diff´
erentiable.
Soit G0la composante neutre de G. Alors G0agit transitivement sur X, et les stabi-
lisateurs de G0sont connexes. En effet, les orbites de G0sont ouvertes (car G0est
ouvert dans G, et ce car Gest un groupe de Lie), donc G0agit transitivement par
connexit´
e de X. Ensuite, pour xX, l’inclusion (Gx)0(G0)xinduit un revˆ
etement
G0/(Gx)0G0/(G0)x=X, trivial par simple connexit´
e de X.
On d´
efinit une vari´
et´
e model´
ee sur (G, X)comme un quotient de Xpar un sous-groupe
discret de Gagissant librement sur X. Une vari´
et´
e model´
ee sur Xh´
erite de toute m´
etrique
riemannienne invariante sur X.
D´
efinition 1.2. On dira qu’une g´
eom´
etrie mod`
ele (G, X)est de Thurston si elle v´
erifie les
axiomes suppl´
ementaires (c) et (d) suivants :
(c) Gest maximal parmi les groupes de diff´
eomorphismes de Xagissant avec stabilisateurs
compacts.
(d) Il existe une vari´
et´
e compacte model´
ee sur (G, X).
Si (G, X)est une g´
eom´
etrie mod`
ele v´
erifiant l’axiome (c), et si µest une m´
etrique rie-
mannienne invariante par G, alors G=Isom(X, µ). En effet, on sait que GIsom(X, µ);
or le groupe de isom´
etries d’une vari´
et´
e riemannienne connexe agit toujours avec sta-
bilisateurs compacts, donc par maximalit´
e de Gl’inclusion ci-dessus est une ´
egalit´
e.
Ceci permet de voir que l’axiome (c) est ´
equivalent au suivant : pour toute m´
etrique
µ G-invariante sur X,G=Isom(X, µ).
Si (G, X)est une g´
eom´
etrie mod`
ele v´
erifiant l’axiome (d), alors Gest un groupe de Lie
unimodulaire. En effet, il existe une vari´
et´
e compacte M= Γ\Gmodel´
ee sur (G, X). Si,
par choix d’un point-base on ´
ecrit X=G/K, on a M= Γ\G/K pour un certain sous-
groupe discret Γde G. Alors, comme Kest compact, Γ\Gest ´
egalement compact, i.e. Γ
est un r´
eseau cocompact de G, ce qui impose `
aGd’ˆ
etre unimodulaire (car il poss`
ede un
r´
eseau). La r´
eciproque n’´
etant pas vraie en g´
en´
eral, on devra par la suite prouver au cas
par cas l’existence d’un r´
eseau dans les groupes que nous aurons `
a´
etudier.
Plan. La partie 2 parle des espaces `
a courbure sectionnelle constante, ce qui permet de
d´
ecrire les g´
ometries mod`
eles en dimension deux. La partie 3 d´
ecrit les g´
eometries en di-
mension trois, et contient le cœur de la preuve, en suivant pour l’essentiel la d´
emarche
g´
ometrique de Thurston [13] ; elle se r´
ef`
ere pour certains points techniques `
a l’appendice qui
contient des r´
esultats ´
elementaires sur les groupes de Lie de petite dimension, n´
ecessaires `
a
G´
EOM ´
ETRIES MOD `
ELES DE DIMENSION TROIS 3
la compl´
etude de la preuve, ainsi que quelques r´
esultats auxiliaires. Il peut pour l’essentiel
ˆ
etre lu ind´
ependamment des parties qui le pr´
ecedent.
2. EXEMPLES FONDAMENTAUX
Des exemples classiques et fondamentaux de g´
eom´
etries mod`
eles sont donn´
ees par les
espaces `
a courbure constante : l’espace euclidien En(n1)`
a courbure nulle, la sph`
ere Sn(n
2)`
a courbure constante positive, et l’espace hyperbolique Hn(n2)`
a courbure constante
n´
egative. La m´
etrique invariante est dans ces cas-l`
a unique `
a multiple scalaire pr`
es, et le
groupe des isom´
etries ne d´
epend donc pas de ce choix, il s’agit respectivement de E(n), O(n+1),
et PO(n, 1) (ce dernier ´
etant isomorphe `
a PGL(2,R)si n= 2), si bien que l’axiome (c) est
v´
erifi´
e.
Pour ces g´
eom´
etries mod`
eles, l’axiome (d) est aussi respect´
e et ce sont donc des g´
eom´
etries
de Thurston : c’est trivial dans le cas de la sph`
ere puisqu’elle est elle-mˆ
eme compacte, et
facile dans le cas de l’espace euclidien (prendre un tore). Reste `
a voir le cas hyperbolique
bien connu. Il est tr`
es facile de “bricoler” des exemples en dimension 2 (en recollant quelques
triangles hyperboliques), mais c’est plus difficile en dimension sup´
erieure. L’argument le plus
exp´
editif est d’utiliser l’argument g´
en´
eral d’existence, d ˆ
u en toute g´
en´
eralit´
e`
a A. Borel [3],
d’un r´
eseau cocompact sans torsion dans tout groupe de Lie semi-simple (ici PO(n, 1), pour
n2). Donnons quand mˆ
eme un exemple explicite de vari´
et´
e compacte en dimension en
dimension 3 : l’espace dod´
eca´
edral de Seifert-Weber (voir [13, page 36] pour plus de d´
etails).
Pour l’obtenir, on consid´
ere, dans l’espace hyperbolique orient´
e de dimension 3, un dod´
eca`
edre
r´
egulier d’angles di`
edres 2π/5(cela existe bien). On identifie deux faces oppos´
ees de la fac¸on
suivante : on prend une face F, on consid`
ere l’axe partant du centre de cette face jusqu’au
centre de la face oppos´
ee F, et on translate Fsuivant cet axe jusqu’`
aF, et on la tourne de
3π/5(dans le sens positif d´
etermin´
e par l’orientation), l’identifiant ainsi `
a la face oppos´
ee. On
v´
erifie que ce recollement d´
efinit bien une structure de vari´
et´
e hyperbolique.
Le th´
eor`
eme qui suit dit que les espaces `
a courbure constante sont les seules g´
eom´
etries
mod`
eles en dimension 1 et 2.
Th ´
eor `
eme 2.1 (G´
eom´
etries mod`
eles de dimension 1 et 2).La seule g´eom´etrie mod`ele de di-
mension 1 est E1≃ E(1)/O(1).
Les g´eom´etries mod`eles de Thurston de dimension 2 sont le plan euclidien E2≃ E(2)/O(2),
la sph`ere S2O(3)/O(2), et le plan hyperbolique H2=PGL(2,R)/PO(2).
Remarque 2.2.La preuve qui suit montre que le r´
esultat de ce th´
eor`
eme est valable sans
utiliser l’axiome (d).
Elle montre ´
egalement que c’est encore le cas si on remplace l’axiome (c) par sa forme faible
suivante : la composante neutre G0est maximal parmi les groupes connexes de diff´
eomorphismes
agissant sur X(donc, ici, si G0est dimension 3), les mˆ
emes arguments montrent qu’on obtient
forc´
ement comme espace l’un de ces trois, avec, comme groupe agissant, soit tout le groupe
des isom´
etries, soit le groupe des isom´
etries directes.
Preuve : On fixe une m´
etrique invariante. Pour le cas de dimension 1, on sait que toutes les
m´
etriques compl`
etes sur Rsont isom´
etriques. Pour la dimension deux, par homog´
en´
eit´
e, la
courbure est constante. Or il est bien connu qu’une vari´
et´
e riemannienne compl`
ete simple-
ment connexe `
a courbure constante est, `
a multiplication de la m´
etrique par un scalaire pr`
es,
la sph`
ere euclidienne (courbure 1), l’espace euclidien (courbure 0), ou l’espace hyperbolique
(courbure -1). Dans tous les cas, l’axiome (c) implique G=Isom(X).¥
Ce r´
esultat ne tient plus en dimension 3: on a par exemple les g´
eom´
etries produits
S2×E1et H2×E1: la m´
etrique invariante est unique `
a deux scalaires pr`
es : on peut la
multiplier sur chaque facteur, ce qui ne change pas le groupe des isom´
etries, qui est le produit
des groupes des isom´
etries de chaque facteur (cette remarque ne tient pas pour E2×E1), si
bien que l’axiome (c) est v´
erifi´
e (et l’axiome (d) l’est clairement, en prenant le produit d’une
sph`
ere ou d’une surface hyperbolique compacte avec un cercle).
Nous allons d´
ecrire un proc´
ed´
e qui permet de construire certaines g´
eom´
etries mod`
eles de
Thurston moins triviales.
4 YVES DE CORNULIER
Soit Gun groupe de Lie unimodulaire simplement connexe. On pourrait esp´
erer obtenir
quelquechose d’int´
eressant avec les g´
eom´
etries mod`
eles (G, X =G)pour l’action par multi-
plication `
a gauche, mais il y a bien peu de chances que l’axiome (c) soit v´
erifi´
e. Mais faisons
la chose suivante : soit Kun groupe compact d’automorphismes du groupe G. Notons Gl’en-
semble des translations `
a gauche sur G(Gs’identifie `
aG). Consid´
erons le sous-groupe Gde
Diff(G)engendr´
e par Get K. Si on note Lgla multiplication `
a gauche par gG, on a la
relation ϕLgϕ1=Lϕ(g)pour tout ϕAut(G)et gG. Ceci montre que Gs’identifie
naturellement au produit semi-direct GK. L’action de Gsur Gest transitive (car GG)
et `
a stabilisateurs compacts (car le stabilisateur de 1Gest K).
Pour que l’axiome (c) soit v´
erifi´
e, il faut que Ksoit un sous-groupe compact maximal de
Aut(G). Or, un r´
esultat g´
en´
eral, dit que, pour tout groupe de Lie Gayant un nombre fini
de compasantes connexes, Aut(G)poss`
ede un sous-groupe compact maximal K, et que tout
sous-groupe compact de Aut(G)est conjugu´
e`
a un sous-groupe de K[5]. Mais on le v´
erifiera
explicitement pour chacun des cas dont on aura besoin par la suite, i.e. pour tous les groupes
unimodulaires simplement connexes de dimension 3 (appendice 4.1). Pour chaque G, on fixe
donc un groupe compact maximal d’automorphismes et on se demande si (c) est v´
erifi´
e. Ce ne
sera pas toujours vrai, si bien qu’il faudra raisonner au cas par cas.
3. ´
ETUDE DE LA DIMENSION 3
Il est remarquable que les m´
ethodes d´
ecrites ci-dessus permettent de produire toutes les
g´
eom´
etries mod`
eles de dimension 3.
Il existe, `
a isomorphisme pr`
es, 6 groupes de Lie unimodulaires simplement connexes de
dimension 3 (voir l’appendice, th´
eor`
eme 4.2) : SU(2),f
E+(2),R3,f
SL(2,R), NIL, et SOL.
Commenc¸ons par quelques observations utiles. Pour une g´
eom´
etrie mod`
ele (G, X)de di-
mension 3, le stabilisateur d’un point est isomorphe `
a un sous-groupe ferm´
e de O(3). En par-
ticulier, sa composante neutre est soit tout SO(3), soit triviale, soit l’ensemble des rotations
autour d’un axe.
Dans le premier cas, i.e. si le stabilisateur d’un point est de dimension 3, il agit transitive-
ment sur les 2-plans tangents en ce point, et donc Gagit transitivement sur tous les 2-plans
de T X. Si on choisit une m´
etrique riemannienne invariante, sa courbure sectionnelle est donc
constante, et on a donc affaire `
aE3,S3, ou H3et `
a son groupe d’isom´
etries.
Maintenant v´
erifions si (GK, G)v´
erifie l’axiome (c), pour chacun des groupes Gsimple-
ment connexes unimodulaires de dimension 3.
G=SU(2). Alors K=Aut(G) = SO(3). En particulier, les stabilisateurs sont de dimen-
sion 3, donc la g´
eom´
etrie est `
a courbure constante, et Isom(G) = O(3) quel que soit le
choix de la m´
etrique (GK)-invariante sur G. Donc (c) n’est pas v´
erifi´
e, sinon on aurait
GK=Isom(G), mais GKest connexe (c’est en fait la composante neutre SO(3) de
Isom(G) = O(3)).
G=f
E+(2). Alors Aut(G) = Aut(e(2)) = E(2), et un sous-groupe compact maximal de E(2)
est le stabilisateur Kde l’origine de E2. Pour comprendre `
a quoi ressemble (GK, G),
consid´
erons un sous-groupe `
a un param`
etre Vde E(3) donn´
e par un vissage sur un
axe vertical, et consid´
erons le sous-groupe de E(3) engendr´
e par Vet les translations
horizontales. Il est isomorphe `
aG=f
E+(2), et agit simplement transitivement sur E3.
On voit alors Kcomme le groupe des isom´
etries qui fixent l’axe vertical point par point
(les rotations autour de cet axe et les reflexions sur un plan contenant cet axe), et donc
l’action de GKsur Gs’identifie `
a l’action sur E3de toutes les isom´
etries qui respectent
les droites verticales orient´
ees. En particulier, l’axiome (c) n’est pas v´
erifi´
e.
G=R3. Alors Aut(G) = GL(3,R), et un sous-groupe compact maximal est donn´
e par
K=O(3). Alors GK=Isom(R3) = E(3) quel que soit le choix de la m´
etrique rieman-
nienne invariante, et donc l’axiome (c) est v´
erifi´
e.
Pour les trois cas restants, on aura besoin des deux lemmes suivants. Dans le groupe G,Lg
(gG) d´
esigne la translation h7→ gh.
G´
EOM ´
ETRIES MOD `
ELES DE DIMENSION TROIS 5
Lemme 3.1. Soit Gun groupe, et Nle normalisateur de Gdans l’ensemble S(G)des permu-
tations de G. Alors Nest le produit semi-direct GN1, et N1=Aut(G). Pour tous uAut(G),
gG, on a uLgu1=Lu(g).
Le mˆeme r´esultat vaut si Gest un groupe topologique, en rempla¸cant S(G)par le groupe des
hom´eomorphismes de G, et Aut(G)d´esignant alors l’ensemble des automorphismes du groupe
topologique G.
Preuve : Puisque Gagit simplement transitivement sur Get est distingu´
e dans N, on a
N=GN1. Si uN1, on ´
ecrit uLgu1=Lh. En ´
evaluant en 1, on obtient u(g) = h, puis en
´
evaluant en gG, on obtient u(gg) = u(g)u(g). Le cas topologique est obtenu de la mˆ
eme
fac¸on. ¥
Lemme 3.2. Soit Gun groupe de Lie connexe, et Kun sous-groupe compact maximal de
Aut(G). On suppose que Gest un sous-groupe caract´eristique de GK. Alors GKest
maximal parmi les groupes de diff´eomorphismes agissant avec stabilisateurs de la mˆeme di-
mension que K.
Preuve : Soit HG=GKun groupe agissant avec stabilisateurs compacts sur G.
Alors, comme dim(G) = dim(H),Gest ouvert dans Het H0=G0. Donc, comme Gest
caract´
eristique dans G0qui est distingu´
e dans H, il est distingu´
e dans H. Donc, par le lemme
3.1, H1est un sous-groupe de Aut(G), or il contient Ket est compact, et donc, par maximalit´
e
de K,H1=K. Comme Hest engendr´
e par H1et G, cela prouve bien que HGK.¥
Revenons `
aGparmi les groupes f
SL(2,R), NIL, et SOL, Kun sous-groupe compact maximal
d’automorphismes de G. Soit HG=GKun groupe agissant avec stabilisateurs compacts
sur G. Alors Hagit avec stabilisateurs de dimension d, avec d∈ {0,1,3}et ddim(K). Le cas
d= 3 est exclu dans les trois cas : en effet, par la proposition 4.4, Gne se plonge pas dans le
groupe des isom´
etries d’un espace de dimension 3 `
a courbure constante. Le lemme 3.2 permet
de ramener le cas d= dim(K)`
a montrer que, dans les trois cas, Gest caract´
eristique dans
GK. Apr`
es cela, il ne restera plus qu’`
a´
etudier le cas G=SOL et d= 1.
G=f
SL(2,R)ou NIL. Il faut montrer que Gest caract´
eristique dans GK. C’est v´
erifi´
e,
car dans les deux cas, l’alg`
ebre de Lie de Gest engendr´
ee par l’alg`
ebre de Lie d´
eriv´
ee
de GK. Dans le cas de G=f
SL(2,R), il suffit de remarquer que l’alg`
ebre de Lie de
Gest un facteur direct de l’alg`
ebre de Lie de GK, le facteur direct engendrant le
centralisateur de Gdans GK. Dans le cas de NIL, l’alg`
ebre de Lie de GKposs`
ede
une base (K, X, Y, Z), avec Zcentral et [K, X] = Y,[K, Y ] = X,[X, Y ] = Z.
G=SOL. Cette fois, il est clair que Gest caract´
eristique dans GK, puisque c’est sa
composante neutre. Il reste donc `
a envisager l’existence d’un groupe HG=GK
agissant avec stabilisateurs compacts de dimension 1 ou 3 sur G.
Si Hagit avec stabilisateurs de dimension 1 (i.e. dim(H) = 4), la proposition 4.5 prouve
que Hest alors localement isomorphe `
a SOL ×R. Comme le centre de ce dernier est
{1} × R, on en d´
eduit que la composante neutre de Hest isomorphe `
a SOL ×Rou
SOL ×R/Z. Le premier de contient aucun sous-groupe compact non trivial donc est
exclu, le second aussi car son unique sous-groupe compact maximal est central.
Si Hagit avec stabilisateurs de dimension 3, c’est le groupe des isom´
etries (ou sa
composante neutre) d’une des trois g´
eom´
etries de dimension trois `
a courbure constante.
La proposition 4.4 permet d’exclure cette possibilit´
e.
Th ´
eor `
eme 3.3 (Classification en dimension 3).`
A isomorphisme pr`es, il y a huit g´eom´etries
mod`eles de Thurston (G, X)de dimension 3.
Si les stabilisateurs sont de dimension 3, Xest l’espace euclidien E3, la sph`ere euclidienne
S3, ou l’espace hyperbolique H3;Gest son groupe des isom´etries, soit E(3),O(4), ou PO(3,1).
Si les stabilisateurs sont de dimension 1, alors il y a un fibr´e naturel de Xsur une
g´eom´etrie mod`ele de dimension 2. Alors, Xest soit un produit S2×E1ou H2×E1, soit la “Nil-
g´eom´etrie” (NIL O(2),NIL)(qui fibre sur E2), soit la g´eom´etrie (f
SL(2,R)O(2),f
SL(2,R))
(qui fibre sur H2).
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