La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 9 - novembre 2009 | 507
SOINS DE SUPPORT
EN ONCOLOGIE
l’usage des EPO, de ne les prescrire qu’en suivant les
stricts libellés d’autorisation de mise sur le marché
(anémie en cours de traitement par chimiothérapie)
et en évaluant la balance bénéfices/risques pour
chaque patient candidat à ce traitement. Cette régu-
lation des prescriptions d’EPO a amené une chute de
l’utilisation dans certains centres, sans impact sur
le taux de transfusions. La question peut alors être
posée de la prise en charge des patients anémiés
(étude ECAS 2001 [European Cancer Anaemia
Survey]) ou de prescriptions très abusives aux États-
Unis. Le risque lié aux transfusions dans le cadre
d’une anémie chronique a également été abordé
et des recommandations avec seuils de prescription
ont été proposées :
➤
correction première des causes de l’anémie
(carence martiale…) ;
➤en l’absence de symptômes d’anémie :
– présence de facteurs de risque (cardio-vasculaires,
pulmonaires, cérébro-vasculaires) : transfusion pour
majorer l’hémoglobine au-dessus de 7 g/dl,
– pas de facteurs de risque importants : taux d’hé-
moglobine à 6-7 g/dl suffisant ;
➤
individualisation des traitements pour chaque
patient.
L’orateur a conclu en proposant, devant l’apparition
de nombreux référentiels pour l’utilisation des EPO,
la publication d’un “méta-guidelines” en référence
aux multiples méta-analyses sur le sujet.
La discussion s’est engagée, notamment avec
M. Aapro, sur l’importance qu’il y a à rappeler
qu’aucun impact sur la survie n’a été démontré dans
le cadre d’une utilisation des EPO en suivant stric-
tement le cadre des recommandations de l’EORTC
et que plusieurs études publiées vont dans ce sens.
B. Rapoport a ensuite présenté son approche sur
l’utilisation des facteurs de croissance de la lignée
blanche (GCSF). La découverte des GCSF en sciences
fondamentales remonte à 1983, et les premiers essais
cliniques datent de 1990. La MASCC a publié une grille
permettant d’obtenir un score du risque de neutro-
pénie fébrile, lui-même permettant d’adapter le trai-
tement à chaque patient. Cette grille d’évaluation est
disponible sur le site Internet de la MASCC. L’orateur
a rappelé les facteurs prédictifs à haut risque :
➤neutropénie prolongée (> 10 jours) et profonde
(< 100/mm3 polynucléaires neutrophiles) ;
➤âge supérieur à 65 ans ;
➤cancer primitif non contrôlé ;
➤pneumopathie ;
➤hypotension ;
➤syndrome de défaillance multiviscérale ;
➤infection fungique invasive ;
➤fièvre en cours d’hospitalisation ;
➤score faible sur la grille MASCC.
Les différentes situations pouvant mener à une
utilisation des GCSF ont été évoquées. Les GCSF
ne doivent pas être utilisés en situation curative
chez les patients apyrétiques, ni en adjuvant chez les
patients en neutropénie fébrile sous antibiotique. En
prophylaxie primaire, ils ont montré une réduction
du risque de neutropénie fébrile de 50 à 90 %, avec
une réduction significative des infections. Cepen-
dant, aucune étude n’a témoigné d’un effet sur la
réduction de la mortalité au cours des neutropé-
nies fébriles, ni sur une prolongation de survie des
patients cancéreux. Cette attitude mérite également
une évaluation médico-économique approfondie.
Les alternatives à la prophylaxie primaire sont :
➤la prophylaxie secondaire ;
➤la réduction des doses ;
➤le report des traitements ;
➤l’utilisation thérapeutique des GCSF…
L’utilisation secondaire prophylactique présente un
intérêt pour les patients ayant eu une complication
de leur neutropénie lors des cycles précédents, pour
ceux n’ayant pas eu de prophylaxie primaire, et en
cas d’impact péjoratif d’une réduction de dose des
chimiothérapies. B. Rapoport a malgré tout prôné la
réduction des doses dans la majorité des situations.
En cas de recherche de dose-intensité, les études
sont controversées et l’utilisation des GCSF ne doit
être menée que dans le cadre d’essais thérapeu-
tiques ; elle n’est pas non plus recommandée dans
les syndromes myélodysplasiques, en cours de radio-
thérapie, ou en cas de leucémie aiguë. En revanche,
elle n’a pas été remise en cause lors des mobilisations
de cellules souches avant autogreffe. Pour l’orateur,
les données sont également insuffisantes dans le
domaine de l’oncogériatrie pour proposer un recours
en routine aux GCSF. Ainsi, selon les conclusions
de cette session, les coûts des traitements utilisés
devraient être notablement réduits pour les trai-
tements de support des lignées hématologiques.
Plusieurs autres sessions ont traité de l’ensemble
des domaines des soins de support. La session d’abs-
tract (disponible dans le numéro spécial de la revue
Supportive Care in Cancer de juillet 2009, vol. 17, n° 7)
a été riche en présentation d’expériences organisa-
tionnelles et de résultats d’études.
Cette année, la véritable avancée relevait toutefois
de l’intervention de B. Rapoport dans le cadre des
nausées et vomissements chimio-induits (NVIC).