La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 79
Résumé
Dans la lignée des autres années, le développement des soins oncologiques de support s’est poursuivi
en 2009, tant sur le plan de l’organisation, que sur ceux de l’évolution des indications des traitements connus
et du développement de nouveaux outils thérapeutiques. La prise en charge des nausées et des vomisse-
ments induits par la chimiothérapie représente l’un des points les plus importants de cette année 2009.
Rien que du bon, en attendant le cru 2010.
Mots-clés
Soins oncologiques
de support
Cancer
Nausées
Vomissements
Organisation
Highlights
Following last years develop-
ment, supportive oncology
enhanced in 2009. Organiza-
tion, confi rmation and evolu-
tion of current treatments,
altogether with the devel-
opment of new supportive
therapies were keypoints of
this year. Taking care of the
chemotherapy-induced nausea
and vomiting has been one of
the best therapeutic improve-
ment in 2009.
Keywords
Supportive care
Cancer
Oncology
Nausea
Vomiting
Organisation
– 40 à 78 % des patients ont souhaité la présence
d’un proche, en majorité des populations asiatiques,
à la différence des populations occidentales qui ont
préféré un contact seul avec le thérapeute (81 %
aux États-Unis) ;
– peu de patients souhaitaient la présence d’un autre
soignant (0-17,5 %) ;
– tous souhaitaient des conditions privilégiées : télé-
phones et beepers arrêtés, relation de confi ance,
accueil courtois et personnalisé avant la consul-
tation.
➤
La façon de communiquer : l’ensemble des
patients a souhaité des informations claires,
honnêtes, facilement compréhensibles et évitant le
jargon médical. Une parole délivrée distinctement, un
choix attentif du vocabulaire utilisé, une explication
avec présentation des résultats biologiques et d’ima-
gerie ont été des thèmes également mis en avant.
➤
Les informations et la quantité à donner :
l’immense majorité des patients a souhaité un
diagnostic énoncé de cancer (96-98 %), avec un
désir d’informations complètes, bonnes et mauvaises
(57-95 %). La plupart des patients interrogés ont
voulu connaître leurs chances de guérison (91-97 %)
et les données d’effi cacité du traitement (79-98 %).
Peu d’entre eux ont en revanche souhaité aborder le
sujet de leur pronostic (27-61 %), notamment chez
les populations asiatiques.
➤Le soutien émotionnel : sur le plan émotionnel,
les attentes des malades lors de ces annonces consis-
tent en un contact gentil et doux, le maintien d’un
espoir et la limitation des contacts physiques. Le
souhait est d’obtenir les informations nécessaires
tout en se sentant accompagné dans la décision et
en évitant tout sentiment d’abandon.
➤
Les facteurs infl uençant les préférences face à
cette annonce : l’âge (jeune), le niveau d’éduca-
tion (élevé), le sexe (féminin) sont des facteurs
infl uençant la volonté d’avoir recours à un soutien
émotionnel et de participer aux décisions thérapeu-
tiques ainsi que le désir d’obtenir des informations
les plus complètes possibles.
L’origine ethnique est également un facteur infl uen-
çant la communication.
Il est intéressant que des items développés dans les
cahiers des charges des consultations d’annonce
doivent être repris dans ceux du dispositif de sortie.
Caractériser des groupes de symptômes derrière une
même entité, un même mécanisme, voire une même
étiologie, permet d’améliorer la prise en charge du
malade en traitant l’ensemble des plaintes plutôt que
chaque souffrance prise individuellement. Le bénéfi ce
n’en est que plus grand. Cet exercice de regroupement
de symptômes a été mené auprès de 1 366 patients
canadiens atteints d’un cancer de stade avancé (3).
Tous les patients admis depuis 2005 dans l’unité
de prise en charge palliative de l’hôpital Princess
Margaret de Toronto ont rempli l’échelle d’Edmonton
d’évaluation des symptômes (ESAS). Cette échelle
évalue la sévérité de neuf items physiques et psycho-
logiques : douleur, dyspnée, appétit, nausées, fatigue,
somnolence, anxiété, dépression et bien-être global.
Pour les patients inclus, les cancers digestifs ont été les
plus fréquents (27 %), suivis des cancers du poumon
(14 %) et du sein (11 %). Plus de 50 % des patients
ont présenté l’ensemble des neuf symptômes, dont
le plus rapporté a été la fatigue (96 %) et le moins
rapporté les nausées (53 %). La fatigue a également
été le symptôme le plus important en termes de sévé-
rité, suivi par un mauvais état général et une anorexie.
En utilisant l’analyse de corrélation de Spearman,
deux groupes de symptômes ont été mis en avant : le
premier a rassemblé fatigue, somnolence, nausées,
anorexie et dyspnée ; le second a inclus anxiété
et dépression. L’anxiété et la dépression ont été
retrouvées associées dans la grande majorité des
tumeurs solides. La douleur et la somnolence ont
été particulièrement mises en avant dans les cancers
du système nerveux ainsi que les cancers de la tête
et du cou ; l’anorexie et l’altération du bien-être
global ont plutôt été mises en avant dans les cancers
digestifs, du poumon, du sein, ainsi que les cancers
génito-urinaires et gynécologiques.
Ces résultats ont un impact thérapeutique direct ;
l’association anxiété et dépression est effectivement
mieux traitée par des antidépresseurs sérotoniner-
giques. Pour le second groupe de symptômes, l’as-
sociation fatigue, somnolence et anorexie s’inscrit
dans le syndrome anorexie-cachexie pour lequel un
rôle des TNFα, IL-1 et IL-6 a été démontré. Seule la
dyspnée n’est pas impliquée dans ce syndrome, mais
l’association avec les nausées et les trois précédents
symptômes est retrouvée dans les effets secondaires
des chimiothérapies, et également en fi n de vie.