OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL CONTINU Correction des causes de l’anémie Niveau normal d’Hb Symptomatique Hb 9-11 g/dl Asymptomatique Hb ≤ 11,9 g/dl Hb < 9 g/dl Pas de traitement prophylactique Instauration EPO Évolution EPO en fonction des facteurs individuels Évaluation, transfusion puis EPO en fonction des facteurs individuels Traitements avec cible autour de 12 g/dl Traitement individualisé pour maintenir la cible d'Hb avec le minimum de traitement Diagramme. Recommandations de l’EORTC. Treatment of Cancer [EORTC]), qui a le plus récemment publié des données corrigées au regard des différents résultats d’études (10). Ces recommandations sont regroupées sur le diagramme. Références bibliographiques 1. Henke M, Laszig R, Rübe C et al. Erythropoietin to treat head and neck cancer patients with anaemia undergoing radiotherapy: randomised, double-blind, placebo-controlled trial. Lancet. 2003;362(9392):1255-60. 2. Leyland-Jones B, BEST Investigators and Study Group. Breast cancer trial with erythropoietin terminated unexpectedly. Lancet Oncol 2003;4:459-60. 3. Wright JR, Ung YC, Julian JA et al. Randomized, double-blind, placebo-controlled trial of erythropoietin in non-small-cell lung cancer with disease-related anemia. J Clin Oncol 2007;25(9):1027-32. 4. Overgaard J, Hoff C, Sand Hansen H et al. Randomized study of the importance of novel erythropoiesis stimulating protein (Aranesp®) for the effect of radiotherapy in patients with primary squamous cell carcinoma of the head and neck (HNSCC) – the Danish Head and Neck Cancer Group DAHANCA 10 randomized trial. Eur J Cancer 2007:5(Suppl.6):7. 5. Thomas G, Ali S, Hoebers FJ et al. Phase III trial to evaluate the efficacy of maintaining hemoglobin levels above 12.0 g/dL with erythropoietin vs above 10.0 g/dL without erythropoietin in anemic patients receiving concurrent radiation and cisplatin for cervical cancer. Gynecol Oncol 2008;108(2):317-25. 6. Bohlius J, Langensiepen S, Schwarzer G et al. Recombinant human erythropoietin and overall survival in cancer patients: results of a comprehensive meta-analysis. J Natl Cancer Inst 2005;97(7):489-98. 7. Bohlius J, Wilson J, Seidenfeld J et al. Recombinant human erythropoietins and cancer patients: updated meta-analysis of 57 studies including 9353 patients. J Natl Cancer Inst 2006;98(10):708-14. 8. Bennett CL, Silver SM, Djulbegovic B et al. Venous thromboembolism and mortality associated with recombinant erythropoietin and darbepoetin administration for the treatment of cancer-associated anemia. JAMA 2008;299(8):914-24. 9. Aapro MS, Leonard RC, Barnadas A et al. Effect of once-weeldy epoetin beta on survival in patients with metastatic breast cancer receiving anthracycline and/or taxane-based chemotherapy: results of the breast cancer-anemia and the value of erythropoietin (BRAVE) Study. J Clin Oncol 2008:26(4):1-7. 10. Aapro MS, Birgegård G, Bokemeyer C et al. Erythropoietins should be used according to guidelines. Lancet Oncol 2008;9(5):412-3. Traitements antiémétiques M. Di Palma État des lieux Les nausées et vomissements (N/V) sont un effet indésirable fréquent au cours des traitements par chimiothérapie, effet particulièrement redouté des patients, qui le classent régulièrement en tête de leurs préoccupations. La mise à disposition des sétrons dans les années 1990 a constitué un progrès décisif dans ce domaine. Incidence et facteurs de risques Le risque émétique d’une chimiothérapie varie en fonction des molécules utilisées : nature (classification d’Hesketh), dose et durée de perfusion ; il est quasiment de 100 % avec le cisplatine ou le cyclophosphamide à fortes doses. On définit donc des chimiothérapies hautement (risque > 90 %), moyennement (risque de 30 à 90 %) ou faiblement (risque < 30 %) émétisantes. Le risque émétogène varie aussi selon le patient concerné : il est plus élevé chez les femmes, les patients jeunes, en cas d’antécédents émétiques comme le mal des transports ou les vomissements gravidiques, mais, surtout, le facteur de risque principal est le La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011 | 297 OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL CONTINU Soins de support fait d’avoir eu des problèmes de N/V lors d’une chimiothérapie antérieure, auquel cas le traitement antiémétique doit être préventif et d’emblée optimisé. À l’inverse, classiquement, les patients alcooliques ont moins de N/V. Nausées et vomissements anticipés, aigus ou retardés Il est utile d’avoir en mémoire le fait qu’il existe plusieurs types de N/V au cours d’une chimiothérapie, de temporalité différente, mais, surtout, sous-tendus par une physiopathologie spécifique qui doit être connue pour adapter le traitement proposé. Les N/V anticipés surviennent avant toute administration de chimiothérapie ; ils sont favorisés par l’anxiété et les antécédents émétiques. Leur traitement peut reposer sur les anxiolytiques mais surtout en évitant tout épisode émétisant lors des chimiothérapies antérieures. Les N/V aigus surviennent par définition dans les 24 heures suivant la chimiothérapie et, en l’occurrence, les sétrons se sont révélés particulièrement utiles. Les N/V retardés surviennent au-delà de 24 heures et jusqu’à 1 semaine, voire plus, après la chimiothérapie. Ce problème touche globalement 1 patient sur 2 si seuls des sétrons sont administrés et il est souvent sous-estimé car il survient au domicile et peut être méconnu s’il n’est pas systématiquement recherché par l’interrogatoire du patient. Il s’agit souvent de nausées persistantes, vécues par le patient comme plus pénibles que les vomissements. Les inhibiteurs des récepteurs à la neurokine 1 (anti-NK1) comme l’aprépitant constituent un progrès récent significatif dans ce domaine. Traitements disponibles Les sétrons sont des inhibiteurs des récepteurs de la sérotonine 5HT3-R. Ils ont constitué une véritable révolution dans la prise en charge des patients sous chimiothérapie, permettant d’éviter les N/V à la phase aiguë dans plus de 80 % des cas. De nombreuses molécules existent (ondansétron, granisétron, dolasétron, tropisétron), équivalentes dans leur efficacité. Les sétrons peuvent être administrés par voie intraveineuse ou orale, avec une même efficacité, mais il faut tenir compte du délai d’action supérieur (1 heure environ) des formes orales. Les effets indésirables sont rares et bénins (céphalées, constipation parfois gênante en cas de traitement opioïde associé). Les traitements antiémétiques “classiques” (métoclopramide, alizapride, halopéridol, métopimazine, etc.) sont des antagonistes dopaminergiques. Leur intérêt a fortement diminué depuis les sétrons, mais ils restent utiles en cas d’insuffisance des sétrons et en particulier pour les N/V retardés (N/V réfractaires). Leurs effets indésirables dépendent de la molécule considérée, avec des effets centraux (somnolence, syndrome extrapyramidal) selon le passage de la barrière hémato-encéphalique, effets donc moindres avec la métopimazine. L’intérêt des corticoïdes a été récemment démontré par des équipes italiennes en particulier, aussi bien en phase aiguë que retardée. 298 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011 Faits nouveaux Traitements Les inhibiteurs des récepteurs à la neurokinine 1 (anti-NK1) Les récepteurs NK1 et leur substrat (la substance P) sont impliqués dans la physiopathologie des N/V, surtout retardés. Ils améliorent le contrôle des N/V aigus, mais aussi retardés (75 versus 50 %). L’aprépitant fait partie de l’arsenal thérapeutique antiémétique standard. Il est administré par voie orale juste avant la chimiothérapie puis pendant 2 jours. Notons que, du fait d’interactions pharmacologiques, la dose de corticoïdes doit être diminuée de 30 % en cas d’association avec l’aprépitant (encadré). Encadré. Recommandations. Plusieurs sociétés savantes proposent des mises à jour régulières de leurs recommandations : l’ASCO, l’ESMO, la MASCC (Mutinational Association for Supportive Care in Cancer), consultables sur leur site Internet. Risque émétique élevé Prévention des N/V aigus : sétron + aprépitant + dexaméthasone Prévention des N/V retardés : aprépitant + dexaméthasone Risque émétique modéré Prévention des N/V aigus : sétron + dexaméthasone Prévention des N/V retardés : dexaméthasone ou sétron ou antidopaminergiques J1, avant chimiothérapie J2-J3 J4 Dose standard – – Dexaméthasone 12 mg 8 mg 8 mg Aprépitant 125 mg 80 mg – Sétron Schéma pratique, protocole antiémétique en cas de risque élevé. Évaluation des nausées et vomissements L’objectif des traitements est d’obtenir un contrôle le plus complet possible des N/V : la tendance est donc à regrouper dans les recommandations les chimiothérapies hautement et moyennement émétisantes, de considérer dans les études l’absence complète de vomissements et le non-recours à un traitement antiémétique supplémentaire contre les nausées comme un succès. Plusieurs études récentes tendent à proposer l’utilisation des anti-NK1 dans les N/V hautement mais également OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL CONTINU modérément émétisantes (protocoles anthracyclines/cyclophosphamide, mais également autres molécules comme carboplatine, oxaliplatine, irinotécan). Règles de prise en charge des nausées et vomissements chimio-induits Il importe de : ➤ prescrire d’emblée le traitement le plus efficace possible ; ➤ suivre les recommandations internationales ; ➤ tenir compte à la fois du protocole de chimiothérapie mais aussi, et surtout, du patient (terrain, antécédents, etc.) : par exemple, une patiente recevant une chimiothérapie par anthracycline et cyclophosphamide adjuvante pour un cancer du sein doit être considérée (selon les recommandations de la MASCC) à haut risque émétique, bien que cette chimiothérapie soit en principe moyennement émétisante ; ➤ évaluer régulièrement et systématiquement l’efficacité des traitements antiémétiques ; ➤ prendre en compte non seulement les N/V aigus, mais aussi les N/V retardés ou anticipés. Pour en savoir plus • Durand JP, Madelaine I, Scotté F. Recommandations pour la prévention et le traitement des nausées et vomissements induits par la chimiothérapie. Bull Cancer 2009;96(10): 951-60. Réunion de concertation pluridisciplinaire D. Mayeur, D. Billard, S. Ghez, F. Merabet, S. Rigaudeau, J.F. Geay, C. Abraham, S. Castaigne État des lieux Les patients atteints de cancer et la société en général aimeraient penser que toute la communauté médicale, paramédicale et scientifique travaille en coopération pour résoudre tous les problèmes de chaque malade cancéreux. Ils acceptent mal les batailles de terrain, les difficultés liées aux egos professionnels et aux animosités personnelles. Heureusement, l’énergie investie dans ces pratiques contre-productives est faible comparée à celle dépensée par les professionnels qui exercent leur métier avec dévouement, fierté, cherchant constamment la meilleure solution à chaque cas individuel et restant humbles face à leurs patients. Ceux-ci pratiquent la pluridisciplinarité naturellement (1). Cette attitude, déjà ancienne en cancérologie, a largement été soutenue et pratiquée, en particulier dans les centres de lutte contre le cancer mais aussi dans d’autres établissements. Cependant, cette pratique était encore souvent inexistante en 2002. Ainsi, une enquête portant sur la pratique des chimiothérapies en Île-de-France n’a retrouvé trace d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) que dans 57 % des cas, la proportion étant plus élevée dans les établissements assurant une mission d’enseignement et de formation (2). Il est donc apparu nécessaire de formaliser et rendre obligatoire cette approche multidisciplinaire. Bases réglementaires En 2003, le Plan cancer prévoit, par sa mesure 31, de “faire bénéficier 100 % des nouveaux patients atteints de cancer d’une concertation pluridisciplinaire autour de leur dossier” et de “synthétiser le parcours thérapeutique prévisionnel issu de cette concertation sous la forme d’un ‘programme personnalisé de soins’ remis au patient”. La circulaire DHOS/SDO no 2005-101 du 22 février 2005 (3) précise cette organisation, en particulier dans son annexe II : “une stratégie de traitement définie sur la base d’un avis pluridisciplinaire et des référentiels validés et régulièrement actualisés”. La mise en œuvre de la pluridisciplinarité est essentielle en cancérologie. Le Plan cancer a fait, pour cette raison, de ce mode d’organisation médicale l’un de ses objectifs prioritaires. L’avis issu de la RCP doit permettre au patient de participer à la décision thérapeutique. La concertation pluridisciplinaire et l’organisation qu’elle implique sont définies à l’annexe II. Cette stratégie thérapeutique doit se fonder sur des recommandations de pratique clinique, dont l’élaboration et la mise à jour sont assurées au niveau national par l’Institut national du cancer (INCa), en coordination avec les programmes européens ou internationaux et les sociétés savantes concernées. À partir de ces recommandations nationales, les réseaux régionaux de cancérologie élaborent des référentiels régionaux. Au niveau local, les établissements de santé et les réseaux de santé en cancérologie, implantés au niveau du territoire, assurent leur mise en œuvre. Le décret no 2007-388 du 21 mars 2007 (4) précise que, pour obtenir l’autorisation d’exercer en cancérologie, il faudra, entre autres, “l’annonce du diagnostic et d’une proposition thérapeutique fondée sur une concertation pluridisciplinaire”. En pratique, il convient de veiller scrupuleusement au respect de cette organisation pour ne pas être critiquable : de simples équipes de service ne sont pas forcément éligibles en tant que RCP ; un quorum compétent doit toujours être présent. La fréquence des réunions doit être suffisante pour ne pas être à l’origine d’un retard de prise en charge préjudiciable aux malades. Faits nouveaux Il convient dans un premier temps de consolider les RCP existantes, mais peut-être aussi d’envisager ensuite une certaine harmonisation entre les différents établissements d’un territoire de santé afin, La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011 | 299