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Infos
...
Mésothéliome :
un test
de dépistage
précoce
D’une part en
progression (4,7 %
chez l’homme et
6,8 % chez la femme
en 2000), d’autre part
de pronostic sévère,
car souvent découvert
tardivement et de
nombreuses années
après l’exposition
chronique à l’amiante,
le mésothéliome va
désormais disposer
d’un test sanguin de
dépistage précoce qui
permet de détecter
des protéines
anormales liées
à la mésothéline bien
avant que les
premiers signes
cliniques
n’apparaissent.
l’information du malade. Partenaire incontournable, la Ligue
contre le Cancer a prêté son
concours pour la mise en place de
lieux privilégiés d’échanges aussi
bien dans les centres hospitaliers
(“Espaces Rencontre Information”
[ERI]) qu’en dehors des structures
de soins (“Kiosques Information
Santé”). Un million et demi de
guides d’information sur la
convention Belorgey ont été diffusés par les organismes bancaires
et les associations de malades.
Des sites Internet (plancancer.fr,
fnclcc.fr – fédération nationale des
centres de lutte contre le cancer)
et des serveurs vocaux (Cancer
Info Service : 0810 810 821) permettent un accès permanent à
toutes les sources de connaissance et de soutien concernant
leur maladie.
Au vu de ce qui a donc déjà été
entrepris, amélioré, confirmé depuis la mise en route du Plan cancer, malades et soignants peuvent
donc faire preuve d’un optimisme
raisonnable concernant la suite de
cette “grande cause nationale”.
Reste que 2007, terme prévu, ne
devra bien entendu pas marquer
la fin de la vigilance de tous les
acteurs de la cancérologie.
Gérard Mégret
* (www.tabac-info-service.com)
Mieux que
la mammographie ?
On disposait de la mammographie classique, de l’échographie
et de l’IRM pour l’exploration de
la glande mammaire. Le PETscan (tomographie d’émission
par positron) vient de montrer –
sur un échantillon de 23
patientes – qu’elle peut détecter
de petites tumeurs malignes
avec de faibles doses de marqueur (18-FDG). Des performances intéressantes qui
attendent une rapide confirmation, afin de juger de sa sensibilité et de sa spécificité à grande
échelle.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
ASCO Digest
Quelles nouveautés ?
Chaque année, le congrès de l’ASCO (American Society of
Clinical Oncology) apporte son lot de grandes et petites
innovations. De la médecine expérimentale aux thérapies
médicamenteuses ou géniques en passant par l’épidémiologie...
I
l devient tous les ans plus
difficile de choisir les informations à retenir tant la
richesse de cette incontournable
réunion s’affirme.
En voici néanmoins un florilège.
Graisses et cancer du sein
On ne tarit plus d’éloges, et
depuis fort longtemps, sur les
bienfaits cardiovasculaires d’un
régime pauvre en graisses alimentaires. Par ailleurs, le rapport
direct entre l’alimentation et l’apparition de certains cancers
(digestifs et de sein en particulier) fait l’objet de convictions de
plus en plus affirmées. Mais les
résultats de l’étude de R. Chlebowski (Institut de recherche biomédicale de Los Angeles) portant sur le risque de récidive du
cancer du sein et sur le régime
alimentaire vont encore plus loin :
2 437 femmes (48-79 ans) ayant
été opérées de leur cancer mammaire diagnostiqué précocement
ont été randomisées en deux
groupes. Toutes ont bien entendu bénéficié des thérapeutiques
habituelles pour leur cancer. Mais
le premier groupe, après “prise
en charge diététique”, a sensiblement diminué (environ 30 %) sa
consommation en graisses par
rapport au groupe “standard”.
Après 60 mois, le taux de récidives chez les femmes sous régime s’est révélé de 25 % plus
faible que chez celles n’ayant pas
modifié leur alimentation.
Quant aux hypothèses pouvant
rendre compte de cette amélioration nette du risque sous régime
pauvre en graisses, elles seraient
en faveur d’une réduction de la
production d’estrogènes endogènes ainsi que de la densité
mammaire ; autant de facteurs
de risque importants de cancer
du sein. Ces résultats s’avèrent
suffisamment nets pour qu’il soit
désormais envisagé d’accompagner le traitement global du cancer du sein de recommandations
diététiques visant à réduire l’apport des graisses alimentaires.
Reste à se demander si l’on peut
aller jusqu’à conseiller ce type de
comportement alimentaire à titre
de prévention primaire du cancer
du sein. A. Mc Tiernan (Seattle)
n’est pas loin de le penser puisqu’elle rappelle que d’une part, la
surcharge pondérale en postménopause représente un facteur de surrisque d’environ 30 à
50 % et, d’autre part, certaines
études font penser que la réduction du poids permettrait de
réduire le risque.
Les statines contre certains
cancers ?
Avant d’y voir un véritable nouveau traitement (ou adjuvant ?)
anticancéreux, il faudra attendre
encore quelques études complémentaires. Néanmoins, les résultats d’un travail rétrospectif (critique qui lui est adressée) de
grande envergure présenté à
l’ASCO sur un rôle protecteur
éventuel des statines vis-à-vis de
certains cancers, ne manquent
pas de surprendre. Les “Vétérans” américains (anciens combattants) forment un groupe répertorié et suivi de 1 400 000 personnes dont V. Khurana a extrait
près de 500 000 sujets dont
92 % d’hommes de 62 ans d’âge
CANCÉROLOGIE
Sus au tabac
Rien de plus à ajouter sur le rôle
– totalement – délétère du tabac
dans la genèse des cancers du
poumon. En revanche, des informations nouvelles ont été communiquées à l’ASCO concernant
son incidence possible dans les
cancers digestifs.
Le foie : on sait dorénavant
qu’outre l’alcool, le tabac – à plus
d’un paquet par jour et durant
plus de 10 ans – constitue un
surrisque de carcinome cellulaire
y compris par rapport aux sujets
atteints d’une affection chronique
du foie.
Le pancréas : guère mieux loti
puisque là encore, entre alcool et
tabac, il n’est pas bon de choisir.
Alcool plus tabac signifie risque
d’apparition d’un cancer du pancréas 13 ans plus tôt que les
non-fumeurs sobres. Et à la limite
“plutôt” l’alcool que le tabac,
puisque le tabac seul par rapport
à l’alcool risque de faire apparaître le cancer encore plus tôt.
Quant au cancer rectocolique,
le risque s’exprime de manière
plus subtile. Il serait non seulement lié au tabac, mais aussi à
l’existence conjointe d’un variant
de l’enzyme dite NAT2 (N-acétyltransférase 2) qui multiplierait
alors le risque par 18.
Décidément, il va devenir très difficile de trouver une justification
raisonnable pour continuer à
fumer…
Une vaccination
pour les grands fumeurs ?
La vaccinothérapie a de beaux
jours devant elle. Une nouvelle
cible pour un nouveau vaccin :
les grands fumeurs résistants aux
divers modes de sevrage tabagique. Une équipe suisse (J. Carmuz, Lausanne) a proposé une
vaccination à base de nicotine
versus injection de placebo, pour
239 gros fumeurs – 25 cigarettes
par jour durant 25 ans — afin de
valider le procédé. Ceux qui reçurent les plus fortes doses de vaccin ont vu leur consommation
sensiblement diminuer (4 cigarettes par jour au 6e mois). Sans
doute reste-t-il à bien cerner les
indications, mais le fait que cette
étude ait été présentée à l’ASCO
suggère que ce procédé pourrait
s’inscrire dans le cadre d’une prévention du cancer du poumon.
Pour autant une commercialisation n’est prévue qu’aux alentours de 2010.
Les cancers pédiatriques
30 ans après
On a coutume de dire – grossièrement — que 50 % des cancers
guérissent. Cependant, il va falloir
désormais prendre en compte
dans cette analyse les éventuelles
séquelles physiques au long
cours que les traitements anticancéreux ont pu générer. Une
remarquable étude chez les
adultes ayant présenté dans l’enfance un cancer tend à montrer
qu’ils présentent, dans une forte
proportion, des “problèmes résultant des thérapies qu’ils ont eu
pour éliminer leur tumeur, comme les radiations et la chimiothérapie (K. Oeffinger, Texas). Vingtcinq à trente ans après le
traitement, plus de la moitié,
– 57 % contre 18 % dans le
groupe témoin –, se plaignent de
pathologies diverses telles qu’insuffisance cardiaque, embolie pulmonaire, cirrhose, etc. Et 37 %
contre 4,6 % chez les témoins
souffrent d’un autre cancer, d’une
cardiopathie ou d’une néphropathie nécessitant une transplantation. Pour atténuer ces résultats
médiocres, il convient de souligner que les cancers pédiatriques
en cause avaient été diagnostiqués entre 1970 et 1986 et que
les traitements instaurés à l’époque étaient sans doute moins
ciblés et plus agressifs que ceux
actuellement délivrés.
GM
Cancer du sein
et alcool
Quelques études avaient montré les bienfaits d’une consommation modérée d’alcool sur le
plan cardiovasculaire. Pour le
cancer du sein postménopausique, il va falloir aussi modérer
cet optimisme : en particulier
pour les formes hormonodépendantes, une consommation
même faible (environ un verre
par jour) augmenterait le risque
de survenue d’une tumeur. Ces
résultats émanent d’une étude
prospective effectuée chez
120 000 infirmières américaines.
>> DOSSIER
moyen. Dans cette population,
34 % prenaient une statine, mais
l’analyse ne précise pas la spécialité, la dose et la durée du traitement (encore un reproche fait).
Durant le suivi de presque 6 ans
– octobre 1998/juin 2004 –
7 280 sujets ont développé un
cancer du poumon. Mais, 1 994
étaient sous statines, alors que
5 286 n’avaient pas ce type de
médicaments. Correction faite
des autres facteurs de risque de
cancer du poumon, l’auteur en
concluait que la baisse du risque
sous statines était de 48 %. Les
effets protecteurs supposés ne
s’arrêteraient pas à la localisation
pulmonaire. Pour le cancer de la
prostate, la protection serait
d’autant plus efficace que le traitement par la statine durerait depuis longtemps : 27 % de baisse du risque pour un à deux ans,
58 % pour 2/3 ans, 70 % pour
3/4 ans et 89 % au-delà de
4 ans. Enfin, les cancers de l’œsophage et du pancréas sous les
mêmes conditions, se verraient
diminués de 56 et 59 %.
Il va de soi que l’on va reparler
rapidement de cette “indication”
des statines dans la prévention
éventuelle des cancers d’autant
que des travaux fondamentaux,
eux aussi présentés à l’ASCO,
commencent à préciser le mécanisme protecteur des statines.
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Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
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