22 DOSSIER >> DOSSIER >> Infos ... Mésothéliome : un test de dépistage précoce D’une part en progression (4,7 % chez l’homme et 6,8 % chez la femme en 2000), d’autre part de pronostic sévère, car souvent découvert tardivement et de nombreuses années après l’exposition chronique à l’amiante, le mésothéliome va désormais disposer d’un test sanguin de dépistage précoce qui permet de détecter des protéines anormales liées à la mésothéline bien avant que les premiers signes cliniques n’apparaissent. l’information du malade. Partenaire incontournable, la Ligue contre le Cancer a prêté son concours pour la mise en place de lieux privilégiés d’échanges aussi bien dans les centres hospitaliers (“Espaces Rencontre Information” [ERI]) qu’en dehors des structures de soins (“Kiosques Information Santé”). Un million et demi de guides d’information sur la convention Belorgey ont été diffusés par les organismes bancaires et les associations de malades. Des sites Internet (plancancer.fr, fnclcc.fr – fédération nationale des centres de lutte contre le cancer) et des serveurs vocaux (Cancer Info Service : 0810 810 821) permettent un accès permanent à toutes les sources de connaissance et de soutien concernant leur maladie. Au vu de ce qui a donc déjà été entrepris, amélioré, confirmé depuis la mise en route du Plan cancer, malades et soignants peuvent donc faire preuve d’un optimisme raisonnable concernant la suite de cette “grande cause nationale”. Reste que 2007, terme prévu, ne devra bien entendu pas marquer la fin de la vigilance de tous les acteurs de la cancérologie. Gérard Mégret * (www.tabac-info-service.com) Mieux que la mammographie ? On disposait de la mammographie classique, de l’échographie et de l’IRM pour l’exploration de la glande mammaire. Le PETscan (tomographie d’émission par positron) vient de montrer – sur un échantillon de 23 patientes – qu’elle peut détecter de petites tumeurs malignes avec de faibles doses de marqueur (18-FDG). Des performances intéressantes qui attendent une rapide confirmation, afin de juger de sa sensibilité et de sa spécificité à grande échelle. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005 ASCO Digest Quelles nouveautés ? Chaque année, le congrès de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology) apporte son lot de grandes et petites innovations. De la médecine expérimentale aux thérapies médicamenteuses ou géniques en passant par l’épidémiologie... I l devient tous les ans plus difficile de choisir les informations à retenir tant la richesse de cette incontournable réunion s’affirme. En voici néanmoins un florilège. Graisses et cancer du sein On ne tarit plus d’éloges, et depuis fort longtemps, sur les bienfaits cardiovasculaires d’un régime pauvre en graisses alimentaires. Par ailleurs, le rapport direct entre l’alimentation et l’apparition de certains cancers (digestifs et de sein en particulier) fait l’objet de convictions de plus en plus affirmées. Mais les résultats de l’étude de R. Chlebowski (Institut de recherche biomédicale de Los Angeles) portant sur le risque de récidive du cancer du sein et sur le régime alimentaire vont encore plus loin : 2 437 femmes (48-79 ans) ayant été opérées de leur cancer mammaire diagnostiqué précocement ont été randomisées en deux groupes. Toutes ont bien entendu bénéficié des thérapeutiques habituelles pour leur cancer. Mais le premier groupe, après “prise en charge diététique”, a sensiblement diminué (environ 30 %) sa consommation en graisses par rapport au groupe “standard”. Après 60 mois, le taux de récidives chez les femmes sous régime s’est révélé de 25 % plus faible que chez celles n’ayant pas modifié leur alimentation. Quant aux hypothèses pouvant rendre compte de cette amélioration nette du risque sous régime pauvre en graisses, elles seraient en faveur d’une réduction de la production d’estrogènes endogènes ainsi que de la densité mammaire ; autant de facteurs de risque importants de cancer du sein. Ces résultats s’avèrent suffisamment nets pour qu’il soit désormais envisagé d’accompagner le traitement global du cancer du sein de recommandations diététiques visant à réduire l’apport des graisses alimentaires. Reste à se demander si l’on peut aller jusqu’à conseiller ce type de comportement alimentaire à titre de prévention primaire du cancer du sein. A. Mc Tiernan (Seattle) n’est pas loin de le penser puisqu’elle rappelle que d’une part, la surcharge pondérale en postménopause représente un facteur de surrisque d’environ 30 à 50 % et, d’autre part, certaines études font penser que la réduction du poids permettrait de réduire le risque. Les statines contre certains cancers ? Avant d’y voir un véritable nouveau traitement (ou adjuvant ?) anticancéreux, il faudra attendre encore quelques études complémentaires. Néanmoins, les résultats d’un travail rétrospectif (critique qui lui est adressée) de grande envergure présenté à l’ASCO sur un rôle protecteur éventuel des statines vis-à-vis de certains cancers, ne manquent pas de surprendre. Les “Vétérans” américains (anciens combattants) forment un groupe répertorié et suivi de 1 400 000 personnes dont V. Khurana a extrait près de 500 000 sujets dont 92 % d’hommes de 62 ans d’âge CANCÉROLOGIE Sus au tabac Rien de plus à ajouter sur le rôle – totalement – délétère du tabac dans la genèse des cancers du poumon. En revanche, des informations nouvelles ont été communiquées à l’ASCO concernant son incidence possible dans les cancers digestifs. Le foie : on sait dorénavant qu’outre l’alcool, le tabac – à plus d’un paquet par jour et durant plus de 10 ans – constitue un surrisque de carcinome cellulaire y compris par rapport aux sujets atteints d’une affection chronique du foie. Le pancréas : guère mieux loti puisque là encore, entre alcool et tabac, il n’est pas bon de choisir. Alcool plus tabac signifie risque d’apparition d’un cancer du pancréas 13 ans plus tôt que les non-fumeurs sobres. Et à la limite “plutôt” l’alcool que le tabac, puisque le tabac seul par rapport à l’alcool risque de faire apparaître le cancer encore plus tôt. Quant au cancer rectocolique, le risque s’exprime de manière plus subtile. Il serait non seulement lié au tabac, mais aussi à l’existence conjointe d’un variant de l’enzyme dite NAT2 (N-acétyltransférase 2) qui multiplierait alors le risque par 18. Décidément, il va devenir très difficile de trouver une justification raisonnable pour continuer à fumer… Une vaccination pour les grands fumeurs ? La vaccinothérapie a de beaux jours devant elle. Une nouvelle cible pour un nouveau vaccin : les grands fumeurs résistants aux divers modes de sevrage tabagique. Une équipe suisse (J. Carmuz, Lausanne) a proposé une vaccination à base de nicotine versus injection de placebo, pour 239 gros fumeurs – 25 cigarettes par jour durant 25 ans — afin de valider le procédé. Ceux qui reçurent les plus fortes doses de vaccin ont vu leur consommation sensiblement diminuer (4 cigarettes par jour au 6e mois). Sans doute reste-t-il à bien cerner les indications, mais le fait que cette étude ait été présentée à l’ASCO suggère que ce procédé pourrait s’inscrire dans le cadre d’une prévention du cancer du poumon. Pour autant une commercialisation n’est prévue qu’aux alentours de 2010. Les cancers pédiatriques 30 ans après On a coutume de dire – grossièrement — que 50 % des cancers guérissent. Cependant, il va falloir désormais prendre en compte dans cette analyse les éventuelles séquelles physiques au long cours que les traitements anticancéreux ont pu générer. Une remarquable étude chez les adultes ayant présenté dans l’enfance un cancer tend à montrer qu’ils présentent, dans une forte proportion, des “problèmes résultant des thérapies qu’ils ont eu pour éliminer leur tumeur, comme les radiations et la chimiothérapie (K. Oeffinger, Texas). Vingtcinq à trente ans après le traitement, plus de la moitié, – 57 % contre 18 % dans le groupe témoin –, se plaignent de pathologies diverses telles qu’insuffisance cardiaque, embolie pulmonaire, cirrhose, etc. Et 37 % contre 4,6 % chez les témoins souffrent d’un autre cancer, d’une cardiopathie ou d’une néphropathie nécessitant une transplantation. Pour atténuer ces résultats médiocres, il convient de souligner que les cancers pédiatriques en cause avaient été diagnostiqués entre 1970 et 1986 et que les traitements instaurés à l’époque étaient sans doute moins ciblés et plus agressifs que ceux actuellement délivrés. GM Cancer du sein et alcool Quelques études avaient montré les bienfaits d’une consommation modérée d’alcool sur le plan cardiovasculaire. Pour le cancer du sein postménopausique, il va falloir aussi modérer cet optimisme : en particulier pour les formes hormonodépendantes, une consommation même faible (environ un verre par jour) augmenterait le risque de survenue d’une tumeur. Ces résultats émanent d’une étude prospective effectuée chez 120 000 infirmières américaines. >> DOSSIER moyen. Dans cette population, 34 % prenaient une statine, mais l’analyse ne précise pas la spécialité, la dose et la durée du traitement (encore un reproche fait). Durant le suivi de presque 6 ans – octobre 1998/juin 2004 – 7 280 sujets ont développé un cancer du poumon. Mais, 1 994 étaient sous statines, alors que 5 286 n’avaient pas ce type de médicaments. Correction faite des autres facteurs de risque de cancer du poumon, l’auteur en concluait que la baisse du risque sous statines était de 48 %. Les effets protecteurs supposés ne s’arrêteraient pas à la localisation pulmonaire. Pour le cancer de la prostate, la protection serait d’autant plus efficace que le traitement par la statine durerait depuis longtemps : 27 % de baisse du risque pour un à deux ans, 58 % pour 2/3 ans, 70 % pour 3/4 ans et 89 % au-delà de 4 ans. Enfin, les cancers de l’œsophage et du pancréas sous les mêmes conditions, se verraient diminués de 56 et 59 %. Il va de soi que l’on va reparler rapidement de cette “indication” des statines dans la prévention éventuelle des cancers d’autant que des travaux fondamentaux, eux aussi présentés à l’ASCO, commencent à préciser le mécanisme protecteur des statines. 23 Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005