Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
moyen. Dans cette population,
34 % prenaient une statine, mais
l’analyse ne précise pas la spécia-
lité, la dose et la durée du traite-
ment (encore un reproche fait).
Durant le suivi de presque 6 ans
– octobre 1998/juin 2004 –
7280su
jets ont développé un
cancer du poumon. Mais, 1 994
étaient sous statines, alors que
5 286 n’avaient pas ce type de
médicaments. Correction faite
des autres facteurs de risque de
cancer du poumon, l’auteur en
concluait que la baisse du risque
sous statines était de 48 %. Les
effets protecteurs supposés ne
s’arrêteraient pas à la localisation
pulmonaire. Pour le cancer de la
prostate, la protection serait
d’autant plus efficace que le trai-
tement par la statine durerait de-
puis longtemps : 27 % de bais-
se du risque pour un à deux ans,
58 % pour 2/3 ans, 70 % pour
3/4 ans et 89 % au-delà de
4 ans. Enfin, les cancers de l’œ-
sophage et du pancréas sous les
mêmes conditions, se verraient
diminués de 56 et 59 %.
Il va de soi que l’on va reparler
rapidement de cette “indication”
des statines dans la prévention
éventuelle des cancers d’autant
que des travaux fondamentaux,
eux aussi présentés à l’ASCO,
commencent à préciser le méca-
nisme protecteur des statines.
Sus au tabac
Rien de plus à ajouter sur le rôle
– totalement – délétère du tabac
dans la genèse des cancers du
poumon. En revanche, des infor-
mations nouvelles ont été com-
muniquées à l’ASCO concernant
son incidence possible dans les
cancers digestifs.
Le foie : on sait dorénavant
qu’outre l’alcool, le tabac – à plus
d’un paquet par jour et durant
plus de 10 ans – constitue un
surrisque de carcinome cellulaire
y compris par rapport aux sujets
atteints d’une affection chronique
du foie.
Le pancréas : guère mieux loti
puisque là encore, entre alcool et
tabac, il n’est pas bon de choisir.
Alcool plus tabac signifie risque
d’apparition d’un cancer du pan-
créas 13 ans plus tôt que les
non-fumeurs sobres. Et à la limite
“plutôt” l’alcool que le tabac,
puisque le tabac seul par rapport
à l’alcool risque de faire appa-
raître le cancer encore plus tôt.
Quant au cancer rectocolique,
le risque s’exprime de manière
plus subtile. Il serait non seule-
ment lié au tabac, mais aussi à
l’existence conjointe d’un variant
de l’enzyme dite NAT2 (N-acétyl-
transférase 2) qui multiplierait
alors le risque par 18.
Décidément, il va devenir très dif-
ficile de trouver une justification
raisonnable pour continuer à
fumer…
Une vaccination
pour les grands fumeurs ?
La vaccinothérapie a de beaux
jours devant elle. Une nouvelle
cible pour un nouveau vaccin :
les grands fumeurs résistants aux
divers modes de sevrage taba-
gique. Une équipe suisse (J. Car-
muz, Lausanne) a proposé une
vaccination à base de nicotine
versus injection de placebo, pour
239 gros fumeurs – 25 cigarettes
par jour durant 25 ans — afin de
valider le procédé. Ceux qui reçu-
rent les plus fortes doses de vac-
cin ont vu leur consommation
sensiblement diminuer (4 ciga-
rettes par jour au 6emois). Sans
doute reste-t-il à bien cerner les
indications, mais le fait que cette
étude ait été présentée à l’ASCO
suggère que ce procédé pourrait
s’inscrire dans le cadre d’une pré-
vention du cancer du poumon.
Pour autant une commercialisa-
tion n’est prévue qu’aux alen-
tours de 2010.
Les cancers pédiatriques
30 ans après
On a coutume de dire – grossiè-
rement — que 50 % des cancers
guérissent. Cependant, il va falloir
désormais prendre en compte
dans cette analyse les éventuelles
séquelles physiques au long
cours que les traitements anti-
cancéreux ont pu générer. Une
remarquable étude chez les
adultes ayant présenté dans l’en-
fance un cancer tend à montrer
qu’ils présentent, dans une forte
proportion, des “problèmes résul-
tant des thérapies qu’ils ont eu
pour éliminer leur tumeur, com-
me les radiations et la chimiothé-
rapie (K. Oeffinger, Texas). Vingt-
cinq à trente ans après le
traitement, plus de la moitié,
– 57 % contre 18 % dans le
groupe témoin –, se plaignent de
pathologies diverses telles qu’in-
suffisance cardiaque, embolie pul
-
monaire, cirrhose, etc. Et 37 %
contre 4,6 % chez les témoins
souffrent d’un autre cancer, d’une
cardiopathie ou d’une néphropa-
thie nécessitant une transplanta-
tion. Pour atténuer ces résultats
médiocres, il convient de souli-
gner que les cancers pédiatriques
en cause avaient été diagnosti-
qués entre 1970 et 1986 et que
les traitements instaurés à l’épo-
que étaient sans doute moins
ciblés et plus agressifs que ceux
actuellement délivrés.
GM
>> DOSSIER
CANCÉROLOGIE 23
Cancer du sein
et alcool
Quelques études avaient mon-
tré les bienfaits d’une consom-
mation modérée d’alcool sur le
plan cardiovasculaire. Pour le
cancer du sein postménopau-
sique, il va falloir aussi modérer
cet optimisme : en particulier
pour les formes hormonodé-
pendantes, une consommation
même faible (environ un verre
par jour) augmenterait le risque
de survenue d’une tumeur. Ces
résultats émanent d’une étude
prospective effectuée chez
120 000 infirmières améri-
cai
nes.