Tu m e u r s U r o l o g i q u e s T umeurs urologiques Les cancers du rein, du testicule, de la vessie et de la verge Renal, testicular, urothelial and penile carcinomas $P. Beuzeboc* a confirmation de la révolution apportée par les traitements antiangiogéniques dans les cancers du rein métastatiques a été l’élément dominant de cette année 2006, couronnée par l’autorisation de mise sur le marché (AMM) accordée au sunitinib et au sorafenib. Elle ouvre enfin des perspectives nouvelles dans cette tumeur jusqu’à présent réfractaire aux traitements médicaux. Il faut aussi insister sur les deux essais négatifs d’intensification terminale dans les tumeurs germinales. La roue tourne, une ère nouvelle s’annonce, alors qu’une autre s’étiole… L Dans les cancers du rein, les niveaux de VEGF étaient supérieurs dans les cRCC par rapport aux pRCC. Dans les cRCC, les niveaux de VEGFR2 étaient plus élevés dans les stades I-II que dans les stades plus avancés. En revanche, dans les pRCC, les niveaux de VEGF et de VEGFR2 étaient supérieurs dans les stades III comparativement aux stades I-II. Les auteurs ont conclu que les différents sous-types de carcinomes rénaux avaient différents profils d’expression de VEGF et de VEGFR et qu’une meilleure connaissance des différentes voies régulant l’angiogenèse dans ces tumeurs devrait permettre de mieux adapter les indications des traitements antiangiogéniques… CANCER DU REIN Expression d’Ets-1 dans les carcinomes à cellules claires : implications dans l’angiogenèse Ets-1 est l’une des molécules cibles du VEGF. S. Mikami et al. (3) ont étudié l’expression d’Ets-1 et de VEGF en immunohistochimie (IHC) et en RT-PCR ainsi que leurs corrélations avec la densité des microvaisseaux. Ils ont pu montrer que l’expression d’Ets-1 en IHC et la densité des microvaisseaux étaient plus élevées dans les carcinomes à cellules claires que dans les carcinomes papillaires. L’expression prédominante de l’ARNm d’Ets-1 dans les carcinomes à cellules claires a été confirmée par RT-PCR. Elle était corrélée à la densité des microvaisseaux. Ces résultats suggèrent qu’Ets-1 peut être impliquée dans l’angiogenèse des cancers du rein à cellules claires. Biologie Rôle d’HIF (Hypoxia-Inducible Factor)-1α et HIF-2α dans la régulation des gènes cibles d’HIF en réponse à l’hypoxie, de l’IGF-1 et de la perte de la fonction VHL (Von Hippel-Lindau) Dans les cancers du rein, les cellules tumorales expriment des taux de base élevés d’HIF-1α et d’HIF-2α liés à la perte de la fonction VHL, ce qui conduit à une “up regulation” de gènes impliqués dans la prolifération et l’angiogenèse. V.A. Carroll et al. (1) ont montré que, dans des modèles expérimentaux, le niveau d’expression de base élevé du VEGF (vascular endothelial growth factor), du glucose transporter 1, de l’UPA-R (urokinasetype plasminogen activator receptor) et de PAI-1 (plasminogen activator inhibitor-1) dépendait surtout d’HIF-2α. Ils ont identifié une petite molécule inhibitrice d’HIF-1α, appelée NSC-134754, capable également de diminuer significativement l’expression d’HIF-2α et les niveaux de VEGF régulés par HIF-2α. Cela pourrait ouvrir la voie à de nouvelles thérapeutiques ciblant les voies HIF. Différents profils d’expression d’ARNm de VEGF, de VEGFR1 et de VEGFR2 dans les carcinomes à cellules claires et les carcinomes papillaires À partir d’ARN de 84 carcinomes à cellules claires (cRCC), de 20 carcinomes papillaires (pRCC), de 6 carcinomes chromophobes et de 27 tissus rénaux normaux, B.J. Ljundberg et al. (2) ont montré des niveaux d’expression de VEGF, VEGFR1 et VEGFR2 plus élevés dans les tumeurs que dans le tissu normal. * Département d’oncologie médicale, institut Curie, Paris. 402 LK7-1106.indd 402 Taux élevé de survivine facteur de mauvais pronostic des cancers du rein localisés opérés L’équipe de la Mayo Clinic (4), dans une étude multiparamétrique portant sur 312 patients opérés entre 1990 et 1994, a montré que des niveaux élevés d’expression de la survivine sont un facteur de mauvais pronostic indépendant. Dans cette cohorte, 97 patients (31,1 %) avaient des niveaux élevés de cette protéine en IHC. Les taux de survie spécifique à 5 ans étaient de 43 % en cas d’expression élevée versus 87,2 %. L’expression de la survivine s’est révélée être un facteur indépendant associé à la progression tumorale (RR = 3,9 ; IC95 : 2,4-6,2). Traitements des formes localisées Chirurgie conservatrice M. Carini et al. (5) ont rapporté l’expérience d’une simple énucléation de tumeurs mesurant entre 4 et 7 cm de diamètre. Dans cette étude rétrospective de 71 tumeurs traitées entre 1986 La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006 22/12/06 17:25:07 et 2004, sans suspicion d’atteinte ganglionnaire sur le bilan préopératoire, avec un suivi moyen de 74 mois, les médianes de survie spécifique à 5 et 8 ans étaient respectivement de 85,1 % et de 81,6 %. Sur les 10 patients en rechute (14,9 %), 3 présentaient une récidive locale (4,5 %). Les auteurs ont conclu que, dans le contexte d’une chirurgie de préservation néphronique, la simple énucléation peut représenter une approche utile et acceptable. Les néphrectomies partielles peuvent être réalisées par laparoscopie avec une bonne sécurité et un bon résultat thérapeutique comme l’ont montré les nombreuses expériences publiées par E. Heinrich et al. (6), A.H. Wille et al. (7), A. Moinzadeh et al. (8), R.B. Nadler et al. (9), y compris sur rein unique comme l’ont rapporté I.S. Gill et al. (10) et A.F. Fergany et al. (11), ou dans certaines tumeurs centrales comme l’ont démontré I. Frank et al. (12). de la Colombia University Surgical Urological Oncology database (16). La classification T3a (tumeurs à extension au-delà de la capsule rénale, envahissant la graisse) n’a pas de limitation de taille. Dans cette série, les survies sans récidive à 5 ans des tumeurs T1N0M0 et des tumeurs T3N0M0 étaient comparables, respectivement de 95,2 % et 90,6 % (p = 0,922). Traitement conservateur par cryothérapie et radiofréquence A. Mejean et al. (13) ont fait le point sur leurs indications limitées aux tumeurs exophytiques, de moins de 4 cm, situées à distance du hile et des structures gastro-intestinales, chez des patients âgés de plus de 70 ans ou dans un contexte de carcinome rénal héréditaire (maladie de von Hippel-Lindau) déjà opéré. S’il existe des résultats encourageants dans les premières séries, les données contradictoires concernant la radiofréquence sont probablement dues à l’hétérogénéité des équipements. Le taux de complications est faible. Un PHRC est actuellement en cours en France pour comparer les résultats oncologiques et fonctionnels de la radiofréquence et ceux de la chirurgie conservatrice. B.F. Schwartz et al. (14) ont rapporté une morbidité minimale de l’analyse rétrospective de 85 patients consécutifs traités entre 2001 et 2005 par cryothérapie pour des tumeurs périphériques de petite taille (médiane : 2,6 cm ; extrêmes : (1,2-4,7 cm). La durée moyenne d’hospitalisation a été de 3 jours (2,2 jours en cas de laparoscopie), 7 conversions de laparoscopie en chirurgie ouverte ont été nécessaires. La perte sanguine moyenne a été estimée à 58 ml. Le recul n’est pas suffisant pour conclure en termes de résultats thérapeutiques. Pronostic des tumeurs rénales des adultes jeunes Les tumeurs sporadiques sont rares chez les sujets jeunes. S. Siemer et al. (18) ont revu le devenir de 120 patients âgés de 20 à 40 ans au diagnostic, sur 2 710 patients (4,4 %) traités par néphrectomie entre 1975 et 2004. L’âge moyen était de 34,1 ans. Le taux de tumeurs confinées au rein était plus élevé chez les patients jeunes (73,6 % versus 59,3 %, p < 0,05). Les caractéristiques histopathologiques, la taille tumorale, les atteintes ganglionnaires ne différaient pas significativement entre les sujets jeunes et les sujets plus âgés. Les femmes avaient significativement plus de lésions bénignes (41 % versus 20 %, p < 0,05). La survie spécifique à 10 ans était de 78 % chez les jeunes versus 68 % chez les plus âgés (p = 0,22). Cancer du rein avec thrombus de la veine cave inférieure remontant au-dessus des veines sus-hépatiques : CEC avec “accès minimal” versus sternotomie ? À partir de l’expérience de la Mayo Clinic sur 50 néphrectomies avec thrombectomies de la veine cave inférieure (28 par un accès minimal, 22 cas par sternotomie), Wotkowicz et al. (15) recommande “l’accès minimal” qui permet une chirurgie plus rapide, une réduction de la durée d’hospitalisation, moins de transfusions et de recours à la ventilation assistée. Prédire la survie à partir du moment de la récidive L’équipe du Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSKCC) de New York (20), en appliquant le score pronostique de Motzer développé dans les formes métastatiques (de 0 à 5 points, calculé à partir de 5 variables : récidive < 12 mois après la néphrectomie, calcémie > 10 mg/dl, hémoglobine inférieure à la normale, LDH > 1,5 N, IK < 80 %) a montré que la médiane de survie globale dépendait fortement du groupe pronostique : 76 mois pour les tumeurs de bon pronostic (score = 0), 25 mois pour celles de pronostic intermédiaire (score = 1 et 2), et 6 mois pour celles de mauvais pronostic (score 3 à 5). Les taux de survie à 2 ans étaient respectivement de 88 % (IC95 : 77 % à 99 %), de 51 % (IC95 : 37 % à 65 %) et de 11 % (IC95 : 0 % à 24 %). Ces données sont importantes pour stratifier les patients dans les essais thérapeutiques. Pronostic Réévaluation du stade TNM ? Les résultats en termes de récidive et de survie sont équivalents pour les tumeurs T1N0M0 et T3aN0M0 dans l’étude La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006 LK7-1106.indd 403 Mauvaise prédiction de récidive du nomogramme postopératoire de Kattan dans une population de patients français L’équipe de Necker (17) a appliqué ce nomogramme sur une série de 844 patients traités entre 1985 et 2000 (565 inclus). L’index de concordance pour la survie sans récidive était seulement de 0,607 (IC95 : 0,576-0,635). Tu m e u r s U r o l o g i q u e s T umeurs urologiques Seconds cancers associés avec les différents sous-types histologiques À partir des données d’une série de la Mayo Clinic (19) de 2 722 tumeurs (80,4 % de carcinomes à cellules claires, 13,9 % de carcinomes papillaires, 4,7 % de carcinomes chromophobes), il a été retrouvé un risque significativement plus élevé de deuxième cancer (p < 0,001), notamment du côlon (p = 0,041) et de la prostate (p = 0,003) en cas de cancer papillaire, ce qui pourrait avoir à l’avenir des implications dans leur surveillance. 403 22/12/06 17:25:11 Tu m e u r s U r o l o g i q u e s T umeurs urologiques TRAITEMENTS ANTIANGIOGÉNIQUES : TROIS NOUVELLES DROGUES POUR COMBATTRE LE CANCER DU REIN (21-23) Le sunitinib (Sutent®) est un inhibiteur de tyrosine kinase multicible, en particulier de VEGFR et de PDGFR Études de phase II R.J. Motzer et al. ont publié (24, 25) les résultats de deux études de phase II regroupant 106 patients ayant un cancer du rein métastatique en échec d’une immunothérapie avec le sunitinib à la dose de 50 mg/j 4 semaines sur 6. Le taux de réponses a été de 34 % (IC95 : 25 %-44 %) et la médiane de survie sans progression de 8,3 mois (IC95 : 7,8-14,5 mois). Les effets indésirables les plus fréquents ont été l’asthénie (28 %) et les diarrhées (20 %). Les anomalies biologiques les plus notables ont été les neutropénies (42 %), les élévations de la lipasémie (28 %) et les anémies (26 %). Efficacité du sunitinib après progression sous bévacizumab B. Rini et al. (26) ont rapporté, dans une série de 61 patients en progression dans les 3 mois d’un traitement par bévacizumab, un taux de réponses objectives de 16 % avec une survie sans progression de 24 semaines. Résultats de l’étude de phase III versus interféron α en première ligne présentés en session orale à l’ASCO 2006 Au vu de ce qu’ont été les résultats des deux études en deuxième ligne après immunothérapie, il était logique de les comparer en première ligne à l’interféron α. Cette vaste étude ouverte, multicentrique et internationale de phase III (27) a randomisé, entre août 2004 et octobre 2005, 750 patients, stratifiés en fonction du taux de LDH, du statut de performance (ECOG : 0-1), de l’existence d’une néphrectomie ou non. Dans le bras A, le sunitinib (375 patients) était adminidtré à la dose de 50 mg/j pendant 4 semaines suivies de 2 semaines de repos ; dans le bras B (375 patients), les patients recevaient des injections sous-cutanées d’interféron α à doses croissantes : 3000000 UI la première semaine, 6000000 UI la deuxième et 9000000 UI ensuite. Les traitements étaient continués jusqu’à progression. Le taux de réponses objectives globales évalué par les investigateurs a été de 37 % (137/374) pour le sunitinib et de 9 % (33/373) pour l’interféron (p < 0,000001). L’évaluation centralisée indépendante retrouvait un taux de réponses respectivement de 31 % (103/335) et de 6 % (20/327). La médiane de survie sans progression était très significativement meilleure dans le groupe sunitinib : 11 mois versus 5 mois (HR = 0,415 ; IC95 : 0,320-0,539) et ce, indépendamment des facteurs analysés (néphrectomie antérieure, ECOG 0-1, taux de LDH, intervalle/diagnostic initial, taux d’hémoglobine, calcémie corrigée, etc.). Le suivi est encore trop court pour disposer des données analysables en termes de survie globale. Données à long terme Quelques réponses de longue durée viennent d’être rapportées (28), mais il n’y a pas de données à long terme tangibles et l’on ne sait pas s’il y aura, comme avec les immunothérapies, une obtention de rémissions durables. 404 LK7-1106.indd 404 Le sorafenib (Nexavar®) : également un inhibiteur de VEGFR Étude après une période de traitement de 12 semaines randomisant les patients non progressifs entre une poursuite du traitement par sorafenib à la dose de 400 mg x 2/j et un placebo Cette étude (29) a prouvé l’efficacité du sorafenib en montrant une différence significative en termes de survie sans progression 24 semaines versus 12 semaines. Données en survie globale de l’étude de phase III (TARGET) indisponibles à l’ASCO Cela ouvre la voie à des protocoles de traitements adjuvants pour le sunitinib et le sorafenib. Le bévacizumab (Avastin®) Résultats prometteurs pour l’association bévacizumab + erlotinib L’association de bévacizumab (10 mg/kg/15 j i.v.) et d’erlotinib 150 mg/j p.o. a permis d’obtenir un taux de réponses objectives de 25 % (15 patients sur 59 évaluables dans une étude de phase II). De plus, 61 % des patients ont présenté une stabilisation de leur maladie après 8 semaines de traitement. La médiane de survie était de 11 mois et la survie sans progression à un an était de 43 % (30). Un intrus : le temsirolimus, inhibiteur de mTOR Avantage en survie montré dans une étude de phase III comparant 3 bras : le temsirolimus seul, l’interféron et l’association des deux chez des patients à mauvais pronostic Le temsirolimus (TEMSR, CCI-779) est un inhibiteur spécifique de mTOR, une protéine impliquée dans la croissance et la survie des cellules tumorales. Dans une étude de phase II de 111 patients lourdement traités, le TEMSR présentait un taux de réponses de 7 % (17 % de stabilisation) avec une médiane de temps jusqu’à progression de 5,8 mois. Cette étude de phase III (31) concernait des patients métastatiques de mauvais pronostic selon les critères de Motzer. Les patients devaient présenter au moins 3 des 6 critères suivants : intervalle < 1 an, index de Karnofsky (IK) 60-70, taux d’hémoglobine anormal, calcémie corrigée > 10 mg/dl, LDH > 1,5 N, plus d’un site métastatique. Six cent vingt-six patients ont été inclus, avec une double stratification en fonction de la zone géographique et de l’existence ou non d’une néphrectomie antérieure. Le traitement faisait appel soit à de l’interféron α seul en souscutané à doses croissantes jusqu’à 18000000 UI x 3/sem., soit à du TEMSR 25 mg i.v. hebdomadaire, soit à la combinaison d’interféron à la dose de 6000000 UI x 3/sem. et de TEMSR 15 mg/sem. Le critère de jugement principal était l’amélioration de la survie globale avec l’hypothèse d’une amélioration de 40 %, la médiane de survie devant augmenter de 4,9 mois avec l’interféron à 6,9 mois. Il apparaît que le TEMSR seul améliore significativement la médiane de survie globale par rapport à l’interféron : 10,9 mois (IC95 : 8,6-12,7) versus 7,3 mois (IC95 : 6,1-8,9), soit une amélioLa Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006 22/12/06 17:25:14 ration de 49 % (HR = 0,73, 0,57-0,92 ; p = 0,0069). En revanche, l’association de TEMSR et d’interféron ne fait pas mieux que l’interféron seul (HR = 0,95 ; IC95 : 0,76-1,2). (89 %) avant 120 jours. Une GVH a été observée chez 11 patients (50 %). Les résultats sont très décevants avec aucune réponse objective, une médiane de survie de 5,5 mois et un temps jusqu’à progression de 3 mois. Autres traitements des formes métastatiques Étude de phase II randomisée de thalidomide Cette étude comparant, chez 60 patients métastatiques après une première ligne d’immunothérapie (ou non redevables d’une immunothérapie), thalidomide et acétate de progestérone n’a pas montré de différence significative entre les deux traitements (32). Étude de phase II du lenalidomide (33) Le lenalidomide est un analogue structurel et fonctionnel de la thalidomide présentant un meilleur profil de toxicité. Dans une étude de phase II ouverte de 28 patients métastatiques, traités à la dose de 25 mg/j pendant 21 jours sur 28, seuls 3 patients (11 %) ont présenté une réponse objective et étaient non progressifs à plus de 15 mois, et 11 (39 %) sont restés stables pendant plus de 3 mois. Les principaux effets indésirables ont été la fatigue (11 %), les toxicités cutanées (11 %) et les neutropénies (36 %). Chirurgie des métastases surrénaliennes A. Antonelli (34) a rapporté l’expérience unicentrique de 45 patients (sur une population de 1 179 patients traités entre 1987 et 2003). Sur les 17 patients présentant des métastases surrénaliennes isolées (14 synchrones, 13 métachrones), 10 ont eu une survie très prolongée (83 mois en moyenne). Radiothérapie dans la prise en charge des métastases cérébrales Les métastases cérébrales des cancers du rein sont responsables d’une morbidité et d’une mortalité significative. Une revue générale (35) a fait le point sur les progrès, dans le domaine de la radiochirurgie stéréotaxique et de la radiothérapie hypofractionnée, des drogues radiosensibilantes et sur la nécessité de nouvelles approches thérapeutiques plus efficaces combinées à la radiothérapie. Radiothérapie courte dans les compressions médullaires Les résultats d’une étude multicentrique rétrospective allemande (36) ont montré qu’une radiothérapie courte (1 x 8 Gy ou 5 x 4 Gy) semble aussi active qu’une radiothérapie plus étalée (10 x 3 Gy ou 15 x 2,5 Gy ou 20 x 2 Gy), et suggèrent comme choix la pratique de 1 x 8 Gy. Immunothérapie adoptive par transplantation allogénique non myéloablative Les résultats de l’étude de phase II intergroupe du CALGB (37) d’allogreffe non myéloablative utilisant un conditionnement par fludarabine et cyclophasphamide chez 22 patients de 14 institutions présentant un cancer du rein métastatique ont été présentés. Plus de 90 % de chimérisme avec les cellules T du donneur ont été constatés chez 17 des 19 patients évaluables La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006 LK7-1106.indd 405 Cas cliniques particuliers Prévalence des cancers du rein chez les patients en insuffisance rénale terminale en attente de greffe Dans une série de 852 patients consécutifs entre 1994 et 2000 de l’University of Mississipi Medical Center (38), 14 ont présenté un carcinome rénal, soit une prévalence de 1,64 %. Ce taux élevé justifie le screening systématique chez ces patients. Cancer sur rein natif chez des transplantés rénaux Une étude rétrospective (39) portant sur 373 patients consécutifs transplantés entre 1993 et 2004 a retrouvé 12 tumeurs sur rein natif chez 10 patients (5 cancers à cellules claires, 7 papillaires) lors d’examens de surveillance. La taille moyenne était de 21 mm, la moitié était de grade 3 de Fuhrman. Un seul patient est décédé d’une évolution métastatique 6 ans après le diagnostic, un autre a présenté une rechute locale. Les auteurs conseillent, compte tenu du risque existant, une surveillance annuelle du rein natif. Cet article a fait l’objet de commentaires par AA. Petrolla et G.T. Maclennan dans le Journal of Urology (40). Tu m e u r s U r o l o g i q u e s T umeurs urologiques Tumeurs rares Dans un cas d’angiosarcome métastatique du rein, l’associa- tion d’anthracycline et d’ifosfamide s’est montrée totalement inefficace (41). Les tumeurs carcinoïdes primitives du rein sont très rares (39 cas rapportés). W.T. Lowrence et al. (42) ont publié un cas traité par néphrectomie partielle réalisée sous laparoscopie. Cancer médullaire et réponse au bortézomib : E.A. Ronnen (43) a rapporté une réponse complète durable (se maintenant après plus de 27 mois) chez un patient. CANCER DU TESTICULE Articles généraux • Une revue générale a fait le point, dans The Lancet (44), sur les récents progrès observés dans la prise en charge des cancers du testicule au cours des dernières années visant à adapter au mieux l’agressivité thérapeutique à la sévérité du pronostic. • Signalons aussi la publication des recommandations du Comité de cancérologie de l’Association française d’urologie pour le suivi des tumeurs germinales du testicule (45). Facteurs de risque. Épidémiologie. Pronostic Facteurs de risque. Tabagisme de la mère et tumeurs germinales du testicule ? Des données antérieures avaient souligné de possibles liens entre les cancers bronchiques chez les mères fumeuses et les tumeurs germinales chez les fils, ce qui suggérait le possible rôle d’un taba405 22/12/06 17:25:18 Tu m e u r s U r o l o g i q u e s T umeurs urologiques gisme passif. Dans une enquête du National Cancer Institute (NIH) [46] à partir de l’étude de 754 patients et de 928 sujets contrôles, mais aussi de 1 086 mères de patients et de sujets contrôles, il n’a pas été retrouvé de relation entre le tabagisme de la mère (OR = 1,1 ; IC95 : 0,9-1,3) ou celui du père (OR = 1,0 ; IC95 = 0,81,3) et le risque de survenue d’une tumeur germinale. Épidémiologie : absence d’augmentation de l’incidence des cancers du testicule chez les enfants On savait que l’incidence du cancer du testicule augmentait dans la population des adultes de race blanche aux États-Unis, mais les données concernant les tumeurs prépubertaires manquaient. Une enquête du SEER (Surveillance, Epidemiology and End results) (47) menée entre 1973 et 2000 concernant les garçons âgés de 0 à 14 ans de toutes races a retrouvé 131 cas, soit une incidence annuelle de 1,6 cas par million de personnes (le plus souvent des “Yolk Sac Tumors”, suivies par des tératomes). À l’inverse des adultes, aucune tendance à une augmentation de l’incidence n’a été identifiée. Données épidémiologiques européennes d’incidence et de mortalité (48) Les données épidémiologiques concernant les incidences de 12 pays ont montré des taux variant de 1-2 % par an (Norvège) à 6 % par an (Espagne, Slovénie) mais aussi une augmentation constante de l’incidence dans tous les pays. En revanche, la mortalité est en diminution de 3 à 6 % par an au cours des années 1980 et 1990 dans les 22 pays étudiés, sauf en Roumanie et en Bulgarie, où elle est stable, et en Croatie et au Portugal, où elle a augmenté. Mise à jour à partir d’une méta-analyse portant sur la survie des tumeurs germinales non séminomateuses (TGNS) selon la classification internationale de l’IGCC (49) La classification de l’IGCC (International Germ Cell Consensus) permet de distinguer les patients à bon pronostic de ceux à pronostic intermédiaire, et de ceux à mauvais pronostic ; ils ont respectivement des survies globales à 5 ans, fondées sur les résultats de patients traités entre 1975 et 1990, de 92%, 80% et 48%. D’après les résultats d’une méta-analyse incluant 10 publications et concernant au total 1775 patients (1087, 232 et 465 respectivement de bon pronostic, de pronostic intermédiaire et de mauvais pronostic) traités après 1989, les survies globales à 5 ans étaient de 94%, 83% et 71%, résultats qui témoignent d’une amélioration des survies des formes à pronostic intermédiaire et surtout de celles à mauvais pronostic. Cette amélioration est probablement due à une meilleure expérience concernant la prise en charge de ces formes et au développement de traitements plus efficaces. Tumeurs de stade I Séminome de stade I À partir des données de l’essai MRC/EORTC, le débat, portant sur l’intérêt potentiel d’une seule cure de carboplatine AUC 7, s’est installé, alimentant plusieurs publications (50, 51). Le carboplatine pourrait permettre, en théorie, de réduire le risque de séquelles 406 LK7-1106.indd 406 tardives, mais il faut insister surtout sur la réduction à 5 ans de 72 % du risque de cancer controlatéral par rapport à la radiothérapie. Dans l’analyse de 1654 patients, seul un patient a présenté une récidive survenant plus de 36 mois après le traitement. Traitement adjuvant des TGNS de stade I D.C. Gilbert et al. (52) ont reposé le problème de savoir s’il fallait faire un ou deux cycles adjuvant de BEP (bléomycine, étoposide et cisplatine) à partir de données anglaises du Royal Marsden sur 22 patients traités par un seul cycle. Aucun n’a rechuté. Il faut néanmoins relever qu’il s’agissait de patients à risque modéré de récidive. Les auteurs proposent une large étude multicentrique randomisée comparativent un et deux cycles de BEP. Tumeurs métastatiques Prédiction de la présence de tératome dans la pièce de curage ganglionnaire rétropéritonéal postchimiothérapie Une étude du MSKCC de New York (53) portant sur 532 patients ayant eu, entre 1989 et 2003, un curage rétropéritonéal postchimiothérapie pour une TGNS a montré la présence de lésions tératomateuses chez 235 patients (44 %) et seulement du tératome dans 210 cas (40 %). Des éléments tératomateux étaient présents chez 42 % des patients sur la pièce d’orchidectomie. En analyse multivariée, une Yolk Sac Tumor (p = 0,046), la présence d’un tératome au niveau de l’orchidectomie (p < 0,005) et l’absence de nécessité d’une chimiothérapie de sauvetage (p = 0,03) constituaient des facteurs prédictifs indépendants de la présence de tératome dans le rétropéritoine. Concernant le PET scan Signalons la réédition de l’essai SEMPET (54) initialement publié dans le Journal Clinical of Oncology en 2004. Le PET scan n’a pas montré d’intérêt prédictif de récidive dans les TGNS à haut risque dans l’étude T22 du MRC (55). Les tumeurs de stade I à haut risque de rechutes sont caractérisées par la présence d’emboles vasculaires ou lymphatiques. Ce groupe présente un taux de rechutes d’au moins 35 % à 40 % (plus de 50 % en cas de carcinome embryonnaire majoritaire). La question posée par l’étude du MRC était de savoir si un PET scan réalisé dans les 8 semaines après l’orchidectomie pouvait représenter une aide à la détection d’une maladie occulte et à la décision de la mise en route d’une chimiothérapie immédiate, ou si, au contraire, on pouvait se contenter d’une surveillance. Sur 111 PET scan, 88 (79 %) se sont avérés négatifs. Avec un suivi médian de 11 mois, 33 rechutes sont survenues sur un total de 87 cas soumis à une simple surveillance (1 patient traité par chimiothérapie) ce qui montre clairement que le PET scan n’est pas capable d’identifier précocement les patients qui vont récidiver. La sensibilité du PET scan n’est pas suffisante pour évaluer la viabilité des lésions résiduelles après chimiothérapie de tumeurs germinales testiculaires et extragonadiques et pour éviter leur exérèse chirurgicale, comme l’a montré une étude multicentrique allemande (56) réalisée chez 140 patients (20 séminomes, 109 TGNS, 11 sans histologie sur la tumeur La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006 22/12/06 17:25:21 primitive) présentant des masses résiduelles supérieures à 1 cm, tous opérés. La sensibilité du PET scan rapportée était de 73 %, spécificité de 44 %, les valeurs prédictives positive et négative étaient respectivement de 48 % et 69 %. L’enterrement de l’intensification thérapeutique terminale ? Deux essais randomisés d’intensification terminale négatifs ont été présentés à l’ASCO 2006 D.F. Barjorin (57) a rapporté les résultats d’une étude multicentrique, coopérative (MSKCC, ECOG, SWOG, CALGB) de phase III comparant, dans les cancers du testicule à mauvais pronostic et à pronostic intermédiaire de l’IGCCCG, une chimiothérapie conventionnelle par quatre cycles de BEP à un schéma intensifié par deux cycles de BEP, suivis de deux cycles à hautes doses de cyclophosphamide (50 mg/kg x 3 j), étoposide (600 mg/m2/j x 3 j) et carboplatine (600 mg/m2/jour x 3/j) avec support de cellules souches et facteurs de croissance. Deux cent dix-huit patients étaient prévus pour détecter une amélioration de 20 % de rémission complète à 1 an. Deux cent dix-neuf ont été randomisés (111 dans le bras BEP, 108 dans le bras intensifié). Les résultats n’ont pas montré de différence significative en termes de taux de RC à un an (48 % versus 52 %, p = 0,53), de survie sans récidive et de survie globale (p = 0,94). Le traitement par quatre cycles de BEP reste la référence. Pour les patients en récidive ou réfractaires, le German Testicular Cancer Study Group (58) a conduit une étude randomisée impliquant 49 centres et comparant une chimiothérapie à hautes doses (HD) de fermeture (trois cycles de VIP suivis de HD-CEC) à une chimiothérapie HD séquentielle (un cycle de VIP suivi de trois cycles HD-CE). Le VIP associait du cisplatine 20 mg/m2/j x 5, de l’étoposide 100 mg/m2/j x 5, de l’ifosfamide 1 200 mg/m2/j x 5, le HD-CEC du carboplatine 550 mg/m2 x 4, de l’étoposide 450 mg/m2 x 4, du cyclophosphamide 1 600 mg/m2 x 4, le HD-CE du carboplatine 500 mg/m2 x 4 et de l’étoposide 500 mg/m2 x 4. Deux cent seize patients ont été randomisés, 108 dans le bras A séquentiel, 103 dans le bras B d’intensification terminale (arrêté prématurément du fait d’un excès de mortalité). Après un suivi médian de 3 ans, il n’a pas été montré de différence significative en termes de survie sans événement à un an, de survie sans progression et de survie globale (respectivement 40 %, 55 % et 80 % dans le bras A comparé à 37 %, 49 % et 61 % dans le bras B). Les auteurs ont conclu que le traitement séquentiel était au moins aussi efficace et moins toxique. Sites métastatiques inhabituels : les métastases inguinales Une série danoise (59) a rapporté 2 % de métastases inguinales (14 cas sur 695 patients) dans le suivi de patients présentant une tumeur germinale de stade I (2 séminomes, 12 TGNS). Un patient présentait initialement une atteinte de l’albuginée et un autre un antécédent de cryptorchidie et de cancer controlatéral. Pour les autres, il n’était noté ni antécédent de chirurgie inguinale ou scrotale ni facteur de risque de développement de métastases inguinales. Aucun patient n’a rechuté après chimiothérapie et avec un suivi médian de 72 mois. La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006 LK7-1106.indd 407 Importance de la chirurgie dans les rechutes tardives L’équipe de l’hôpital universitaire de Southampton a revu une série de 1 405 patients traités entre 1980 et 2004 (60). Vingt patients ont présenté une rechute tardive plus de 2 ans après la rémission complète initiale (médiane 108 mois ; extrêmes : 26-217 mois), en majorité asymptomatique (65 %), découverte lors d’examens de surveillance. Quinze patients (75 %) n’ont eu qu’un traitement chirurgical (2 d’entre eux pourtant avaient des cellules malignes sur la pièce de résection) ; 14 sont en vie, avec un délai médian de 44 mois (extrêmes : 9-184 mois). Les 5 autres ont été traités par chimiothérapie, 3 sont décédés, les 2 survivants ont bénéficié d’une chirurgie d’exérèse après la chimiothérapie de rattrapage. Les données norvégiennes (61) sur une cohorte de 1 123 séminomes et de 826 TGNS ont montré un taux de récidives tardives à 10 ans de 1,3 % (25 patients). Les 10 séminomes présentaient une tumeur maligne contre seulement 8 TGNS sur 15. La survie spécifique était de 68 % à 10 ans. Ces récidives peuvent être très tardives, ce qui pose le problème de la durée de la surveillance. L’équipe de L. Bérard vient de rapporter un cas de rechute après 32 ans (62). Tu m e u r s U r o l o g i q u e s T umeurs urologiques Kollmannsberger a fait le point sur les avancées récentes dans le traitement des formes platine-réfractaires (63) Seuls l’étoposide oral, le paclitaxel, la gemcitabine et l’oxaliplatine ont montré une efficacité, avec quelques patients en particulier mis en rémission complète avec l’association gemcitabine + oxaliplatine (trois études de phase II). Des études de phase II sont en cours, évaluant les combinaisons de trois drogues (notamment gemcitabine, paclitaxel et oxaliplatine) ainsi que des approches biologiques ciblant les récepteurs de l’EGF ou du VEGF. Dans les formes réfractaires, une étude de phase II du SWOG avec le trioxide d’arsenic n’a pas montré d’activité (64) Vingt patients ont été traités à la dose de 0,25 mg/kg/jour en administration i.v. de 1 à 2 heures de J1 à J5 tous les 28 jours. Il n’y a eu aucune réponse, la médiane de survie sans progression a été d’un mois. Sans commentaire… De même, les données préliminaires concernant le mésylate d’imatinib (Gleevec®) sont décevantes (65). Suivi à long terme Risques cardiovasculaires à long terme A.W. Van den Belt-Dusebout (66) a comparé l’incidence des pathologies cardiovasculaires chez 2 512 patients survivant plus de 5 ans à une tumeur du testicule et traités entre 1965 et 1995, avec une population générale. Avec un recul de 18,4 ans, cette étude a retrouvé une élévation modérée des risques cardiovasculaires à un jeune âge, mais l’interprétation doit rester prudente en raison d’une possible augmentation de risques en rapport, par exemple, avec une radiothérapie médiastinale, le tabagisme. Savoir si la chimiothérapie par BEP est en cause nécessitera des données plus tangibles et un suivi plus prolongé. 407 22/12/06 17:25:25 Tu m e u r s U r o l o g i q u e s T umeurs urologiques Enquête de satisfaction sur la relation médecin-malade chez les survivants On aurait pu s’attendre à mieux dans cette enquête rétrospective norvégienne (67) portant sur 206 patients et qui montre qu’il y a encore des progrès à faire sur l’information et l’éducation des malades… Risque de cancer controlatéral À partir d’une enquête à partir de 29 515 cas rapportés dans le programme SEER (Surveillance, Epidemiology, and End Results) du NCI, le risque cumulatif à 15 ans de tumeur synchrone ou métachrone a été calculé à 1,9 % (IC95 : 1,7-2,1), avec une survie à 10 ans de 93 % pour les tumeurs métachrones (IC95 : 88-96) et de 85 % (IC95 : 78-90) pour les tumeurs synchrones [68]. Risque de second cancer Une enquête réalisée à partir des données de 40 576 cancers du testicule (69) de 14 registres européens et américains a montré que le risque de développer un deuxième cancer chez les survivants à 10 ans d’un cancer du testicule diagnostiqué à l’âge de 35 ans était augmenté (RR = 1,9 ; IC95 : 1,8-2,1), notamment pour les mésothéliomes (RR = 3,4 ; IC95 : 1,7-5,9), le cancer de l’œsophage (RR = 1,7 ; IC95 : 1,0-2,6), les cancers du poumon (RR = 1,5 ; IC95 : 1,2-1,7), les cancers de vessie (RR = 2,7 ; IC95 : 2,2-3,1), les cancers du pancréas (RR = 3,6 ; IC95 : 2,8-4,6) et les cancers de l’estomac (RR = 4,0 ; IC95 : 3,2-4,8). Une augmentation significative des risques de deuxième tumeur solide a été observée pour les patients traités à la fois par radiothérapie seule (RR = 2,0 ; IC95 : 1,9-2,2) ou par chimiothérapie seule (RR = 1,8 ; IC95 : 1,3-2,5) ou par les deux (RR = 2,9 ; IC95 : 1,9-4,2). Tumeurs rares Le mésothéliome de la tunique vaginale reste une tumeur rare qui mime des masses inguino-scrotales plus communes et bénignes (70). TUMEURS UROTHÉLIALES Biologie Mutations de FGFR3 : facteur de bon pronostic des tumeurs superficielles Les récepteurs du fibroblast growth factor (FGFR) sont impliqués dans la croissance et la différenciation cellulaire ainsi que dans l’angiogenèse. Les mutations de FGFR3 surviennent de façon prédominante dans les cancers de vessie superficiels de grade faible et sont réputées être associées à un pronostic favorable. C’est ce que vient de confirmer la plus importante étude réalisée à ce jour chez 722 patients, avec un suivi médian de 62,6 mois (71). Les séquences des exons 7 et 10 du FGFR3 ont été analysées par PCR et séquençage direct. Les mutations étaient davantage présentes dans les LMPN (low malignant potential neoplasms : 77 %) et dans les tumeurs TaG1/TaG2 (61 %/58 %) que dans les tumeurs TaG3 (34 %) et les tumeurs T1G3 (17 %). Les mutations S249C, Y375C, S248C, et G372C représentaient 91,5 % de toutes les modifications de séquences. En analyse univariée, les mutations étaient associées à un taux plus élevé de récidives (p = 0,031) mais aussi à un taux plus bas de progression (p < 0,001) et à un taux de décès spécifique inférieur (p = 0,002). Génétique moléculaire des cancers de vessie : cibles pour le diagnostic et le traitement (72) Quantité d’anomalies génétiques moléculaires ont été décrites concernant des oncogènes (H-ras, erbB2, EGFR, MDM2, C-Myc, CCDN1), des gènes suppresseurs (p53, Rb, p21, p27/KIP1, p16, PTEN, STK15, FHIT, FEZ1/LZTS1, bc10), la télomérase, les méthylations, etc. Certains ont une valeur pronostique comme p53, d’autres devraient servir de cibles thérapeutiques comme ceux de la famille erbB. Profil d’expression génique des récepteurs erbB et de leurs ligands Seule une meilleure connaissance des voies de prolifération impliquant erbB permettra d’envisager de façon plus rationnelle d’éventuelles thérapeutiques ciblant leurs récepteurs. D. Amsellem-Ouazana et al. (73) ont étudié, dans 73 échantillons tumoraux, par technique de RT-PCR quantitative, l’expression des 4 gènes erbB et des 11 gènes de leurs ligands connus, incluant récemment EPGN/Epigen®. Les niveaux d’expression des gènes EGF, NRG1, NRG2, NRG3 étaient très faibles, alors que 6 gènes étaient surexprimés (erbB2, TGFA, HB-EGF, AREG, EREG et EPGN), que 3 étaient sous-exprimés (erbB1, erbB4 et NRG4) et que 2 étaient soit sur-, soit sous-exprimés (erbB3 et BTC). Les différences d’expression les plus marquées entre tumeurs superficielles et tumeurs invasives concernaient erbB3, EREG, et NRG4 (respectivement p = 0,0069 ; p = 0,00007 ; p = 0,0000001). CISH dans les formes surexprimant HER2 Une approche thérapeutique ciblée dans les formes surexprimant HER2 ne peut se fonder que sur une analyse standardisée, fiable et reproductible du statut HER2. La CISH (version colorimétrique de la FISH) peut fournir une alternative précise et pratique à la FISH (74). Expression et signification de VEGFR2 dans les cancers de vessie (75) L’expression de VEGF et de VEGFR2 était observée respectivement dans 58 % et 50 % des cellules urothéliales. L’expression de VEGFR2 était significativement corrélée au stade tumoral (coefficient = 0,23 ; p = 0,05) et augmentée avec le degré d’invasion du muscle (p < 0,01). Dans un modèle de xénogreffe, l’inhibition de VEGF augmentait l’efficacité du docétaxel en réduisant l’index de prolifération, la densité microvasculaire, et en induisant l’apoptose. Tumeurs superficielles Tumeurs superficielles : gemcitabine intravésicale Les différents essais d’utilisation ont montré un excellent profil de toxicité puisque la toxicité était minimale pour des instillations 408 LK7-1106.indd 408 La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006 22/12/06 17:25:28 de gemcitabine de 2 heures, avec des doses pouvant atteindre jusqu’à 2 000 mg dilués dans 50 ml de serum physiologique. Les premières données des études dans les tumeurs à risque intermédiaire, à haut risque et résistantes au BCG sont encourageantes, mais trop limitées pour en cerner encore les indications potentielles (76, 77). Chirurgie Développement de nouvelles indications de chirurgie par laparoscopie S.H. Hong et al. (78) et H. Gerullis et al. (79) ont rapporté leur expérience de cystectomie avec dérivation externe, P. Wadhwa et al. (80), celle de 3 cas de cystectomie partielle avec lymphadénectomie bilatérale dans des tumeurs de l’ouraque, R. Hattori et al. (81), celle de néphro-urétérectomies pour des tumeurs du haut appareil, R.K. Berglund et al. (82), celle de cystoprostatectomie avec néphro-urétérectomie bilatérale. Présentation clinique particulière des formes survenant chez des patients traités préalablement par radiothérapie pour un cancer de prostate Les études épidémiologiques ont montré un taux plus élevé de cancers de vessie après radiothérapie d’un cancer de prostate. Ces cancers de vessie sont réputés plus agressifs que les cancers de novo. Cela est confirmé dans la série du MSKCC de 100 patients (83) ayant un cancer de vessie après cancer de prostate diagnostiqué entre 1992 et 2003 dont 58 avaient été irradiés. Le temps de survenue moyen était de 62 mois dans le groupe radiothérapie versus 34 mois dans l’autre (p = 0,002), le taux de haut grade était plus élevé (97 % versus 64 % ; p < 0,001) ainsi que le taux de tumeur invasive (52 % versus 40 %). Complications périopératoires de la cystectomie dans les séries contemporaines Dans une expérience allemande rapportée par V. Novotny et al. (84) portant sur 516 cystectomies radicales réalisées entre 1993 et 2005, le taux de mortalité périopératoire a été de 0,8 %. Cent quarante et un patients (27,3 %) ont présenté au moins une complication. Les complications médicales les plus fréquentes ont été les syndromes subocclusifs (3 %), les thromboses veineuses (4,7 %) et les entérocolites (1,9 %). Les complications chirurgicales les plus relevées ont été les lymphocèles (8,1 %), les éventrations (8,9 %), les hématomes pelviens (0,8 %), les péritonites (0,8 %) et les occlusions du grêle (0,8 %). Le taux de réinterventions précoces a été de 6,2 %. Nomogrammes postopératoires de prédiction de récidive après cystectomie radicale Deux publications ont concerné le sujet : Celle de l’International Bladder Cancer Nomogram Consortium dans le J Clin Oncol (85) : elle regroupe des bases de données de 12 centres mondiaux d’excellence regroupant au total plus de 9 000 patients. Le pouvoir prédictif du nomogramme final qui inclut l’âge et le sexe du patient, l’intervalle entre le diagnostic et la chirurgie, le stade pathologique et le grade, le La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006 LK7-1106.indd 411 sous-type histologique et le statut ganglionnaire est significativement supérieur au TNM de l’American Joint Committee (index de concordance = 0,68 ; p < 0,001) ou des sous-groupes histologiques (index de concordance = 0,62 ; p < 0,001) ; Celle de l’équipe de Montréal (86) : leur nomogramme s’appuie sur le pT, le pN, l’âge, le sexe, le grade de la tumeur sur la pièce de cystectomie, la présence de CIS, la chimiothérapie adjuvante ou néo-adjuvante, une radiothérapie complémentaire. Résultats d’une large série chirurgicale monocentrique Les données de la série de 788 patients, uniquement traités par chirurgie (75,4 % de néovessie) et rapportées par R.E. Hautmann (87) sont très importantes pour servir de référence en cas de comparaison avec d’autres modalités thérapeutiques. Avec un suivi médian de 53,5 mois, les taux de survie sans récidive et globale à 10 ans étaient de 59,1 % et de 44,9 %. Les taux de survie sans récidive étaient de 82,5 % pour les pT2 pN0, de 61,9 % pour les pT2 et pT3a pN0 et de 53,1 % pour les pT3 pN0. Les taux de récidives locales et distales étaient respectivement de 20,4 % et de 45,1 % pour les patients avec atteinte ganglionnaire. Tu m e u r s U r o l o g i q u e s T umeurs urologiques Devenir des tumeurs pT0 après cystectomie (88) Dans l’expérience réunie de trois institutions (Johns Hopkins Hospital, University of Texas Southwestern Medical Center et le Baylor College of Medicine), 59 patients parmi 955 patients (7 %) étaient pT0 après cystectomie (dont 2 étaient N+). Avec un suivi médian de 56 mois (3-183), trois (5 %) sont décédés de leur cancer de vessie. Les survies sans progression à 5 ans et 10 ans et les survies spécifiques à 5 ans et 10 ans ont été estimées respectivement à 90 %, 81 %, 95 % et 85 % (89). Bien que le pronostic paraisse en règle générale excellent, tous les patients ne sont pas guéris. Pronostic des tumeurs pT2a/pT2b R.J. Yu et al. (90) ont comparé les pronostics respectifs dans une série de 311 patients (sur 1 359 cystectomies) de 147 patients (47 %) présentant une tumeur pT2a (muscle superficiel) et de 164 (53 %) présentant une tumeur pT2b (muscle profond). Il existait une différence significative de risque d’atteinte ganglionnaire (14 % pour les pT2a versus 30 % pour les pT2b ; p < 0,001). Avec un suivi médian de 14,3 ans, il n’a pas été constaté de différence de survie sans récidive à 10 ans entre les pT2a et les pT2b sans atteinte ganglionnaire (84 % versus 72 % ; p = 0,091) et ceux avec atteinte ganglionnaire (50 % versus 48 % ; p = 0,84). Pronostic des tumeurs avec atteinte prostatique Dans une série de 214 cystectomies du MD Anderson (91), une atteinte prostatique a été détectée dans 69 cas (32 %) : 30 (43 %) avaient du CIS au niveau soit de l’urètre (n = 6 ; 20 %), soit des canaux prostatiques/acini (n = 14 ; 47 %), soit des deux (n = 10 ; 30 %). La présence de CIS prostatique et le degré d’envahissement prostatique étaient corrélés à l’atteinte ganglionnaire et à la survie. Les patients avec présence de CIS au niveau prostatique ou atteinte de la lamina propria urétrale avaient une incidence 411 22/12/06 17:25:34 Tu m e u r s U r o l o g i q u e s T umeurs urologiques plus faible d’envahissement ganglionnaire et une survie plus prolongée que ceux présentant une atteinte du stroma prostatique ou des vésicules séminales. Récidive au niveau de l’urothélium restant après cystectomie chez la femme Dans l’expérience autrichienne de l’équipe d’Innsbruck (92), toutes les récidives étaient tardives (plus de 36 mois après l’intervention) avec un taux de récidives urétrales correspondant à celui des hommes (2 à 6 %). La cystectomie avec remplacement orthotopique ne paraît donc pas compromettre le devenir oncologique chez les femmes. Chimiothérapie. Association radiochimiothérapie La chimiothérapie néo-adjuvante : la grande oubliée ? R. Sawhney et al. (93) ont refait le point sur les essais de chimiothérapie néo-adjuvante en insistant sur le bénéfice en survie démontré dans les méta-analyses, comparativement à la cystectomie seule dans les formes localement avancées. L’obtention d’une réponse complète histologique apparaît comme un critère pronostique important qui pourrait servir de critère de jugement principal pour les futurs essais d’association avec des traitements ciblés. Ils devraient permettre d’accélérer le développement de nouvelles stratégies dans les cancers de vessie localement avancés. Ainsi, un traitement néo-adjuvant combinant gemcitabine, cisplatine et trastuzumab 4 cycles avant cystectomie est activé aux États-Unis dans les formes surexprimant HER2. Le critère de jugement principal est le taux de pT0. En cas de lésions persistantes, il est prévu 3 cycles de chimiothérapie par paclitaxel associé au trastuzumab. Méta-analyse de la chimiothérapie adjuvante des cancers de vessie invasifs Les données de l’Advanced Bladder Cancer (ABC) collaborative group (94) portant sur 491 patients de 6 essais randomisés suggèrent une réduction relative de 25 % du risque de décès avec la chimiothérapie (HR = 0,75 ; IC75 : 0,60-0,90 ; p = 0,019). La revue de L. Boccardo et L. Palmeri dans les Annals of Oncology (95) insiste aussi sur les données limitées concernant la chimiothérapie adjuvante du fait du faible nombre de patients inclus dans les essais contrôlés, ce qui laisse peu de poids aux résultats de la méta-analyse de l’ABC collaborative group. Deux essais italien et européen étaient en cours. Malheureusement, les problèmes de recrutement vont faire interrompre l’étude de l’EORTC. Association radiochimiothérapie C. Durdux a publié une excellente revue générale sur le sujet dans le Bulletin du Cancer (96). L’équipe australienne, Trans Tasman Radiation Oncology Group, a rapporté l’expérience, dans deux essais de phase II successifs, d’une combinaison de cisplatine hebdomadaire (35 mg/m² prévu initialement x 7 pour finir x 6) + une radiothérapie de 63 Gy sur 7 semaines. Cent treize patients ont été inclus (97). Trente-huit patients (33 %) ont présenté une toxicité de grade 3-4 qui a justifié une adaptation de l’intensité de dose du cisplatine. 412 LK7-1106.indd 412 Soixante dix pour cent des patients (n = 79) étaient en rémission complète au contrôle cystoscopique à 6 mois. Quatorze pour cent (11 patients sur 79) ont présenté une rechute invasive et 16 % (n = 18), une récidive superficielle. Le taux de contrôle local a été de 45 %, avec une vessie fonctionnelle chez 69 patients sur 113 (61 %). Tumeurs rares Les carcinomes urothéliaux plasmocytoïdes de vessie forment un sous-type anatomoclinique particulier. Le diagnostic est souvent tardif en raison de l’absence fréquente d’hématurie et d’une surface muqueuse souvent indurée à la cystoscopie. Le pronostic est redoutable, comme le montre la série canadienne rapportée par K.T. Mai et al. (98) de 7 patients ayant tous récidivé. CANCER DE LA VERGE Facteurs pronostiques La présence de séquences d’ADN de papillomavirus (HPV) à haut risque est prédictif d’une meilleure survie dans l’étude néerlandaise de A.P. Lont et al. (99), qui portait sur 171 patients. La présence d’ADN viral d’HPV à haut risque était retrouvée dans 29 % des tumeurs (l’HPV 16 étant prédominant : 76 % des cas). Les survies spécifiques à 5 ans étaient respectivement de 78 % et de 93 % pour les tumeurs HPV- et HPV+ (p = 0,03) et le statut HPV était un facteur prédictif indépendant pour la mortalité spécifique en analyse multivariée (p = 0,01). Cela est à rapprocher des constatations identiques rapportées dans les cancers ORL. Pronostic chez les hommes circoncis Les publications venant d’Arabie saoudite sont suffisamment rares pour mériter d’être relevées. L’étude de 22 patients diagnostiqués entre 1979 et 1980 (100) montre que le cancer du pénis survenant chez les patients circoncis de ce pays est généralement tardif, avec un délai médian d’environ un an, de siège proximal, nécessitant souvent (n = 10) une amputation de verge et de mauvais pronostic, avec une médiane de survie de 14,5 mois (34 mois pour le groupe opéré). Nouveau facteur pronostique pour prédire le risque d’envahissement ganglionnaire L’envahissement ganglionnaire représente le principal facteur pronostique. G.C. Guimaraes et al. (101) ont montré, à partir d’une série brésilienne de 112 patients traités par amputation et lymphadénectomie, que les variables associées à l’envahissement ganglionnaire étaient, en analyse univariée, le stade clinique N (p = 0,011), l’invasion lymphatique (p < 0,001), les emboles veineux (p = 0,025) et le type d’invasion (p < 0,001). Le type d’invasion était défini à partir des critères modifiés d’Anneroth et Bryne utilisés dans le score pronostique des cancers épidermoïdes de la cavité buccale. En analyse multivariée, l’invasion lymphatique, le N clinique et le type d’invasion demeuraient des facteurs pronostiques indépendants. La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006 22/12/06 17:25:37 La taille de la métastase dans le ganglion sentinelle prédit l’envahissement des autres ganglions La majorité des patients présentant une atteinte du ganglion sentinelle ne bénéficie pas d’un curage ganglionnaire complémentaire en raison de l’absence d’autres envahissements ganglionnaires. En classant l’envahissement en micrométastatique ≤ 2 mm et macrométastatique > 2 mm, B.K. Kroon et al. (102), à partir d’une série de 158 patients N0, dont 46 avaient un ganglion sentinelle positif ayant conduit à un curage ganglionnaire complémentaire (9/46 positif ), ont montré que la seule variable pronostique significative en analyse univariée et multivariée était la taille des métastases du ganglion (p = 0,02). Leurs données suggèrent que l’on pourrait se passer de curage en cas d’envahissement micrométastatique. Facteurs pronostiques des tumeurs avec envahissement ganglionnaire (103) Une étude rétrospective indienne a inclus 128 patients dont 102 avaient un envahissement ganglionnaire histologique. Pour les patients avec un envahissement limité aux ganglions inguinaux, la survie globale à 5 ans était de 64,5 % alors que, en cas d’adénopathies iliaques, il n’y avait pas de survivants à 5 ans. En analyse multivariée, étaient retrouvés comme facteurs pronostiques, le caractère bilatéral des métastases inguinales, le nombre de ganglions inguinaux atteints, l’atteinte de ganglions pelviens et l’extension extraganglionnaire. Nomogramme de prédiction de la survie spécifique des patients traités par amputation partielle ou totale pour un carcinome épidermoïde de la verge (104) À partir des données rétrospectives cliniques et histologiques de 175 patients présentant un carcinome épidermoïde de la verge traité par amputation partielle ou totale entre 1980 et 2002 dans 11 centres italiens du GUONE Penile Cancer Project (105), a été construit un nomogramme pronostique. Avec une médiane de suivi de 24 mois, 101 patients (57,7 %) étaient en rémission et 74 (42,3 %) étaient décédés de leur tumeur. Les deux modèles pour prédire la survie spécifique dans cet article étaient fondés pour le premier, sur les données histologiques de la tumeur primitive et le statut ganglionnaire inguinal clinique, et pour le second, sur les données histologiques à la fois de la tumeur primitive et du curage ganglionnaire. Traitement conservateur pour les tumeurs T1 ou T2, implications cliniques pour les récidives locales (106) L’analyse, à partir d’une série hollandaise de 257 patients ayant reçu un traitement conservateur dans 157 cas et subi une amputation partielle dans 100 cas, avec un suivi médian de 106 mois (16-541 mois), a montré que le taux de survie sans récidive locale était identique dans les T1 et les T2 (p = 0,1), mais qu’il était de 63 % après traitement conservateur (IC95 : 54-72) versus 88 % (IC95 : 81-95) après amputation partielle (p = 0,0003). En cas de récidive locale après traitement conservateur, un contrôle local a pu être obtenu dans 94 % des cas (51 cas sur 54). Sur les 10 patients ayant rechuté après amputation partielle, 9 sont La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006 LK7-1106.indd 413 décédés de leur maladie. Les auteurs ont conclu que le traitement conservateur exposait à plus de récidives, mais que celles-ci pouvaient être traitées efficacement dans la majorité des cas. Radiothérapie externe dans les tumeurs T1 ou T2 N0 Dans l’expérience de l’équipe du Christie Hospital de Manchester (107), sur 41 patients (37 T1, 4 T2) traités entre 1995 et 2000 par accélérateur linéaire 4 MV à la dose de 50 ou 52,5 Gy en 16 fractions (22 jours), avec un suivi médian de 4,5 ans, le contrôle local a été de 62 %, le taux de survie sans récidive ganglionnaire de 88 %, le taux de survie sans récidive de 51 % et la survie globale à 5 ans de 88 %. Le pourcentage d’ulcération pénienne a été de 8 % et celui de sténose uréthrale de 29 %. Toutes les récidives locales ont pu bénéficier d’une chirurgie de rattrapage. 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