
T umeurs urologiques
Tumeurs Urologiques
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006
et 2004, sans suspicion d’atteinte ganglionnaire sur le bilan
préopératoire, avec un suivi moyen de 74 mois, les médianes
de survie spécifique à 5 et 8 ans étaient respectivement de
85,1 % et de 81,6 %. Sur les 10 patients en rechute (14,9%),
3 présentaient une récidive locale (4,5 %). Les auteurs ont
conclu que, dans le contexte d’une chirurgie de préservation
néphronique, la simple énucléation peut représenter une
approche utile et acceptable.
Les néphrectomies partielles peuvent être réalisées par laparoscopie
avec une bonne sécurité et un bon résultat thérapeutique comme
l’ont montré les nombreuses expériences publiées par E. Heinrich
et al. (6), A.H. Wille et al. (7), A. Moinzadeh et al. (8), R.B. Nadler
et al. (9), y compris sur rein unique comme l’ont rapporté I.S. Gill
et al. (10) et A.F. Fergany et al. (11), ou dans certaines tumeurs
centrales comme l’ont démontré I. Frank et al. (12).
Traitement conservateur par cryothérapie et radio-
fréquence
A. Mejean et al. (13) ont fait le point sur leurs indications limi-
tées aux tumeurs exophytiques, de moins de 4 cm, situées à
distance du hile et des structures gastro-intestinales, chez des
patients âgés de plus de 70 ans ou dans un contexte de carci-
nome rénal héréditaire (maladie de von Hippel-Lindau) déjà
opéré. S’il existe des résultats encourageants dans les premières
séries, les données contradictoires concernant la radiofréquence
sont probablement dues à l’hétérogénéité des équipements.
Le taux de complications est faible. Un PHRC est actuellement
en cours en France pour comparer les résultats oncologiques
et fonctionnels de la radiofréquence et ceux de la chirurgie
conservatrice.
B.F. Schwartz et al. (14) ont rapporté une morbidité minimale
de l’analyse rétrospective de 85 patients consécutifs traités entre
2001 et 2005 par cryothérapie pour des tumeurs périphériques
de petite taille (médiane : 2,6 cm ; extrêmes : (1,2-4,7 cm).
La durée moyenne d’hospitalisation a été de 3 jours (2,2 jours en
cas de laparoscopie), 7 conversions de laparoscopie en chirurgie
ouverte ont été nécessaires. La perte sanguine moyenne a été
estimée à 58 ml. Le recul n’est pas suffisant pour conclure en
termes de résultats thérapeutiques.
Cancer du rein avec thrombus de la veine cave inférieu-
re remontant au-dessus des veines sus-hépatiques : CEC
avec “accès minimal” versus sternotomie ?
À partir de l’expérience de la Mayo Clinic sur 50 néphrectomies
avec thrombectomies de la veine cave inférieure (28 par un
accès minimal, 22 cas par sternotomie), Wotkowicz et al. (15)
recommande “l’accès minimal” qui permet une chirurgie plus
rapide, une réduction de la durée d’hospitalisation, moins de
transfusions et de recours à la ventilation assistée.
Pronostic
Réévaluation du stade TNM ?
Les résultats en termes de récidive et de survie sont équiva-
lents pour les tumeurs T1N0M0 et T3aN0M0 dans l’étude
de la Colombia University Surgical Urological Oncology
database (16).
La classification T3a (tumeurs à extension au-delà de la capsule
rénale, envahissant la graisse) n’a pas de limitation de taille.
Dans cette série, les survies sans récidive à 5 ans des tumeurs
T1N0M0 et des tumeurs T3N0M0 étaient comparables, respec-
tivement de 95,2 % et 90,6 % (p = 0,922).
Mauvaise prédiction de récidive du nomogramme post-
opératoire de Kattan dans une population de patients
français
L’équipe de Necker (17) a appliqué ce nomogramme sur une
série de 844 patients traités entre 1985 et 2000 (565 inclus).
L’index de concordance pour la survie sans récidive était seule-
ment de 0,607 (IC95 : 0,576-0,635).
Pronostic des tumeurs rénales des adultes jeunes
Les tumeurs sporadiques sont rares chez les sujets jeunes.
S. Siemer et al. (18) ont revu le devenir de 120 patients âgés
de 20 à 40 ans au diagnostic, sur 2 710 patients (4,4 %) traités
par néphrectomie entre 1975 et 2004. L’âge moyen était de
34,1 ans. Le taux de tumeurs confinées au rein était plus élevé
chez les patients jeunes (73,6 % versus 59,3 %, p < 0,05).
Les caractéristiques histopathologiques, la taille tumorale, les
atteintes ganglionnaires ne différaient pas significativement
entre les sujets jeunes et les sujets plus âgés. Les femmes avaient
significativement plus de lésions bénignes (41 % versus 20 %,
p < 0,05). La survie spécifique à 10 ans était de 78 % chez les
jeunes versus 68 % chez les plus âgés (p = 0,22).
Seconds cancers associés avec les différents sous-types
histologiques
À partir des données d’une série de la Mayo Clinic (19) de
2722 tumeurs (80,4 % de carcinomes à cellules claires, 13,9 % de
carcinomes papillaires, 4,7 % de carcinomes chromophobes), il a
été retrouvé un risque significativement plus élevé de deuxième
cancer (p < 0,001), notamment du côlon (p = 0,041) et de la
prostate (p = 0,003) en cas de cancer papillaire, ce qui pourrait
avoir à l’avenir des implications dans leur surveillance.
Prédire la survie à partir du moment de la récidive
L’équipe du Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSKCC)
de New York (20), en appliquant le score pronostique de
Motzer développé dans les formes métastatiques (de 0 à
5 points, calculé à partir de 5 variables : récidive < 12 mois
après la néphrectomie, calcémie > 10 mg/dl, hémoglobine
inférieure à la normale, LDH > 1,5 N, IK < 80 %) a montré que
la médiane de survie globale dépendait fortement du groupe
pronostique : 76 mois pour les tumeurs de bon pronostic
(score = 0), 25 mois pour celles de pronostic intermédiaire
(score = 1 et 2), et 6 mois pour celles de mauvais pronostic
(score 3 à 5). Les taux de survie à 2 ans étaient respectivement
de 88 % (IC
95
: 77 % à 99 %), de 51 % (IC
95
: 37 % à 65 %) et de
11 % (IC
95
: 0 % à 24 %). Ces données sont importantes pour
stratifier les patients dans les essais thérapeutiques.
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