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C ancer bronchique
Cancer bronchique
357
1973 1977 1981 1985 1989 1993 1997 2001
20
15
10
5
0
Année du diagnostic
Hommes
Femmes
Total
Patients (%)
Figure 1.
Incidence des CBPC de 1973 à 2002. La proportion des
CBPC a diminué, passant de 17,26 % en 1986 à 12,95 % en 2002.
La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006
disparaître alors que la médecine ne les a jamais vaincus. Une
publication épidémiologique récente (4) issue de la base de
données du SEER (Surveillance, Epidemiologic, and End Results)
a étudié l’incidence des CBPC de 1973 à 2002. La proportion
des CBPC par rapport aux autres types histologiques de cancers
broncho-pulmonaires a diminué, passant de 17,26 % en 1986 à
12,95 % en 2002 (figure 1). La proportion de femmes a augmenté,
passant de 28 % en 1973 à 50 % en 2002. La survie dans ces
cancers, dans les formes limitées mais aussi dans les formes
étendues, s’est améliorée en 30 ans ; cet avantage est certes signi-
ficatif, mais il reste très modeste. En effet, la survie des formes
étendues est passée de 1,5 % à 2 ans en 1973 à 4,6 % en 2000 ;
la survie à 5 ans des formes limitées est quant à elle passée de
4,9 % en 1973 à 10 % en 1998. Les modifications de l’incidence
des CBPC sont probablement en partie liées aux modifications
du comportement tabagique – les hommes fument moins et
les femmes fument plus qu’auparavant –, mais aussi à l’utili-
sation de cigarettes différentes, plus riches en nitrosamines et
contenant moins de goudrons et nicotine. La nicotine n’a pas de
propriétés carcinogènes établies de façon définitive, cependant
les variations de son taux modifient la façon de fumer. En effet,
les fumeurs de cigarettes légères fument inconsciemment plus
profondément la fumée, cela afin de satisfaire leur dépendance
à la nicotine. Ce faisant, ils déposent les carcinogènes au niveau
de la partie distale de l’appareil respiratoire, siège préférentiel
des adénocarcinomes plutôt que des carcinomes épidermoïdes
et des CBPC. La description des tumeurs neuro-endocrines
pulmonaires a aussi certainement contribué à cette diminution
d’incidence ; certaines tumeurs autrefois classées comme CBPC
le sont maintenant dans les autres catégories de tumeurs neuro-
endocrines pulmonaires.
TRAITEMENTS DES CBNPC
DE STADES PRÉCOCES I À III
Le traitement des stades précoces de CBNPC fait l’objet depuis
plusieurs années d’un intérêt renouvelé avec l’introduction des
traitements adjuvants complétant l’acte chirurgical, en particulier
la chimiothérapie. Le bénéfice en termes de survie de l’intro-
duction des traitements adjuvants est incontestable, avec une
amélioration du pourcentage de survivants à 5 ans variant entre
5 et 10 %. Ce progrès ne doit pas faire ignorer l’importance de
l’acte chirurgical et de sa qualité, qui peut avoir un effet encore
plus marqué sur la survie des patients. Une étude publiée il y a
5 ans (5) faisait état d’une différence de survie de 11 % à 5 ans
entre les patients pris en charge dans des structures hospita-
lières de grande taille et à fort niveau d’activité et ceux opérés
dans des établissements à l’activité plus modeste. Des travaux
récents se sont intéressés à la qualité de l’acte chirurgical lui-
même. Une méta-analyse (6) a revu les données publiées des
trois études (7-9) comparant le curage ganglionnaire médiastinal
au sampling médiastinal. La réduction du risque de décès est
de 22 % lorsqu’on compare le curage au sampling. Le curage est
donc probablement la modalité de choix de la prise en charge
chirurgicale des cancers bronchiques, le dernier mot revenant
sur ce sujet aux résultats en attente de l’étude ACOSOG Z0030,
qui a randomisé 1111 patients opérés de CBNPC de stade I à III
entre curage et sampling (10). Les résultats précoces de cette
étude viennent d’être publiés, avec la présentation des données
de morbi-mortalité opératoire. Le sampling a été réalisé au final
chez 498 patients, et le curage chez 525 patients. La mortalité
opératoire était de 2 % dans le groupe sampling et de 0,76 % dans
le groupe curage. Les complications opératoires étaient équiva-
lentes, concernant 38 % de chacun des groupes de patients. La
durée médiane d’hospitalisation était comparable dans les deux
groupes. Cette étude randomisée a pour autre apport majeur de
définir un nouveau standard de mortalité opératoire globale. En
effet, dans cette étude contrôlée randomisée comportant plus
de 1000 patients, la mortalité opératoire globale était de 1,4 %,
ce qui représente une amélioration sensible par rapport au taux
de 3,8 % observé il y a plus de 20 ans par R.J. Ginsberg et al. (11)
sur une population de 2220 malades opérés.
Le bénéfice de la chimiothérapie adjuvante est maintenant
démontré chez les patients opérés d’un CBNPC. Les résultats
de l’essai de phase III ANITA (Adjuvant Navelbine
®
International
Trialist Association) publiés récemment ont aussi confirmé le
bénéfice sur la survie d’une chimiothérapie adjuvante par vino-
relbine et cisplatine (12). Cette grande étude clinique, dont les
résultats avaient été successivement présentés à l’ASCO 2005
puis au WCLC, conforte le bénéfice de la chimiothérapie adju-
vante dans le traitement des CBNPC. Cette étude se distingue,
d’une part, parce qu’elle est la première à avoir un suivi aussi long
(plus de six ans) et, d’autre part, parce qu’elle est la première à
comparer une chimiothérapie adjuvante de troisième généra-
tion à la simple observation après chirurgie chez des patients
totalement réséqués et à tous les stades de la maladie. Huit cent
quarante patients opérés d’un CBNPC de stade IB à III ont été
recrutés et ont été randomisés entre un traitement adjuvant
associant vinorelbine 30 mg/m
2
et cisplatine 100 mg/m
2
ou
une simple surveillance.
Après un suivi médian de 76 mois, la survie globale médiane était
de 65,7 mois dans le groupe adjuvant, contre 43,7 mois dans le
groupe surveillance. Le taux de décès toxiques liés à la chimio-
thérapie était de 2 %, ce qui est significativement plus important
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