La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XVII - n° 3 - mai-juin 2014 | 121
Point fort
»
Les traitements néo-adjuvants n’ont pas d’efficacité prouvée sur les tumeurs résécables. La stratégie
thérapeutique des formes localement avancées reste la chimiothérapie, qui peut être intensifiée.
Laradiothérapie n’a pas d’indication hors essai. Une résection secondaire est possible après un traitement
d’induction.
Mots-clés
Cancer du pancréas
Chimiothérapie
Radiothérapie
Summary
Neoadjuvant treatments have
no proved effi ciency for resect-
able tumors. Chemotherapy
is the standard for locally
advanced tumors. There is no
indication for radiotherapy.
Secondary resection is feasible
after induction treatment.
Keywords
Pancreatic cancer
Chemotherapy
Radiotherapy
peu d’essais spécifi ques dans cette situation, car
les essais de chimiothérapie mélangent les formes
métastatiques et les formes localement avancées. La
méta-analyse de S. Gillen et al. a montré dans cette
situation qu’il y a, après traitement préopératoire,
35 % de réponses objectives, 41,6 % de stabilisations
de la maladie et 20,8 % de progressions comme
dans les tumeurs résécables. En revanche, le taux
de résection est de 33,2 %, avec 79,2 % de résec-
tions R0. La morbidité de la chirurgie est supérieure
(39,1 versus 26,7 % pour les tumeurs résécables
d’emblée), probablement en raison de la nécessité
d’une reconstruction vasculaire. La SG médiane de
ces patients dont la tumeur a été réséquée secon-
dairement est de 20,5 mois, versus 23,3 mois dans
les cas résécables d’emblée et 10,2 mois lorsque la
tumeur n’avait jamais été réséquée. La réévalua-
tion après traitement d’induction permet parfois
une résection secondaire des tumeurs localement
avancées, avec une survie médiane proche de
celle observée chez les patients dont les tumeurs
étaient résécables d’emblée.
Deux essais prospectifs dont les résultats sont
contradictoires ont évalué la radiochimio thérapie
néo-adjuvante dans les cancers localement avancés.
La première étude (3) a inclus 119 patients atteints
d’adénocarcinomes pancréatiques localement
avancés, randomisés entre une radiochimio thérapie
par 5-FU + cisplatine et une chimiothérapie par
gemcitabine. La SG et la survie sans progression
(SSP) étaient signifi cativement moins bonnes dans
le bras radiochimiothérapie (SG médiane : 8,6 versus
13 mois ; p = 0,03). Le deuxième essai (4) a inclus
74 patients randomisés entre une prise en charge
par radiochimiothérapie avec de la gemcitabine et
un traitement par gemcitabine seule. La SG était
significativement meilleure dans le bras radio-
chimiothérapie (11,1 versus 9,2 mois ; p = 0,017).
Devant ces résultats contradictoires, certains auteurs
ont suggéré qu’il fallait réaliser une chimiothérapie
première et réserver la radiochimiothérapie aux
patients dont la maladie était sous contrôle grâce
à la chimiothérapie. Une analyse rétrospective de
2 études prospectives (5) a recensé 181 tumeurs
localement avancées traitées par chimiothérapie
pendant 3 mois ; en cas de maladie contrôlée
(n = 128), les patients pouvaient être traités par
radiochimiothérapie ou poursuivre la chimiothérapie
initiale, décision laissée au libre choix de l’investi-
gateur. Dans cette étude, il y avait une amélioration
signifi cative de la SSP et de la SG avec une radio-
chimiothérapie de clôture après une chimiothérapie
d’induction chez les patients dont la maladie était
sous contrôle (15 versus 11,7 mois ; p = 0,0009).
Une grande étude internationale de phase III, rando-
misée, a tenté de répondre défi nitivement à la ques-
tion : l’essai LAP 07 (6). Au total, 449 patients ont été
inclus et randomisés entre gemcitabine et gemcita-
bine + erlotinib. Chez les 269 patients contrôlés après
3 mois, une deuxième randomisation était réalisée
entre poursuite de la chimiothérapie initiale et radio-
chimiothérapie. Dans cet essai, il n’y a pas eu d’amé-
lioration signifi cative de la SSP, ni de la SG (médiane :
16,4 versus 15,2 mois ; HR = 1,03). Cet essai complète-
ment négatif nous incite à ne réaliser une radiochimio-
thérapie que dans le cadre d’un essai thérapeutique ;
hors essai, c’est la chimiothérapie qui doit être préférée.
La chimiothérapie intensifi ée est sans doute une piste
intéressante, qui est en cours d’évaluation. Les résul-
tats préliminaires d’une étude de cohorte prospective
conduite entre février 2010 et février 2012 et ayant
inclus 77 patients atteints d’un adénocarcinome locale-
ment avancé ont retrouvé 28 % de réponses complètes,
et une médiane de SG de 22 mois. Parmi ces patients,
36 % ont pu avoir une résection secondaire. ■
L’auteur déclare
ne pas avoir de liens d’intérêts.
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Références bibliographiques