DO S S I E R T H É M A T I Q U E
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 3 - vol. VII - mai-juin 2004
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Conclusion
●B. Landi, T. Lecomte*
* Hôpital européen Georges-Pompidou, Paris.
A
U
terme de ce dossier thématique, il nous a sem-
blé nécessaire de fa i r e une tentat ive de synthèse
des indications thérapeutiques dans le cancer de
l ’ œ s o p h age . En effe t , celles-ci sont maintenant à la fois com-
plexes et discutées.
Il faut souligner qu’elles sont proches pour les carcinomes épider-
moïdes et les adénocarcinomes, bien que le terrain et le pronostic
ne soient pas forcément les mêmes. Elles reposent sur un staging
p r é o p é r at o i r e précis (scanner, é c hoendoscopie standard et avec mini-
sonde si un traitement endoscopique est env i s ag é , c o l o ration vitale).
La classification TNM a été rappelée au début de ce dossier.
Les cancers superficiels in situ et T1a sont une bonne indication
au traitement endoscopique par mucosectomie. La photothéra-
pie dynamique et la curiethérapie à haut débit de dose sont, en
reva n ch e, des techniques peu utilisées en prat i q u e. Il conv i e n t
d’informer le patient qu’en fonction du résultat histologique de
la résection muqueuse,une chirurgie ou une irradiation pourront
être nécessaires si le staging préthérapeutique a été sous-évalué
(franchissement de la musculaire muqueuse).
La chirurgie reste le traitement de référence des tumeurs limitées
(T1b, T2-N0 ou N1). Chez ces patients, une chimiothérapie pré-
o p é r at o i re associant 5-FU-cisplatine est recommandée en cas d’adé-
n o c a rc i n o m e ; elle est optionnelle en cas de carcinome épiderm o ï d e.
La situation est plus complexe pour les tumeursT3-N0 ou N1,
où il n’existe pas de traitement standard. La ch i ru rgie seule donne
des résultats décevants. Elle peut être précédée d’une ch i m i o-
t h é rap ie néoadjuva n t e. Une autre strat é gie souvent priv i l é g iée est
celle développée dans l’essai FFCD 9102 : radiothérapie de 45
Gy associée à deux cycles de l’association 5-FU-cisplatine puis
évaluation. La stratégie est alors discutée au cas par cas : pour-
suite de la radiochimiothérapie en cas de réponse ; dans le cas
contraire, chirurgie, si l’opérabilité et la résécabilité persistent.
Pour les tumeurs localement avancées (T4, volumineuses tumeurs
T 3 ) , la ra d i o ch i m i o t h é r apie concomitante est le traitement de
choix, en l’absence d’envahissement ou de fistule trachéo-bron-
chique. La mise en place précoce d’une prothèse œsophagienne
est une stratégie en cours d’évaluation.
En cas de cancer métastatique, le traitement symptomatique
est au premier plan. La dysphagie est le plus souvent traitée
par mise en place d’une prothèse ou, é v e n t u e l l e m e n t , p a r
simple dilatation initiale si un traitement médical est associé.
En fonction de l’état général, une chimiothérapie est discutée,
dont le bénéfice reste à mieux préciser. L’association 5-FU-
cisplatine est encore la plus utilisée,car si certaines drogues
sont prometteuses (iri n o t é c a n , taxanes notamment), a u c u n e
a s s o c i ation plus récente n’a encore vraiment démontré une
efficacité supérieure.
À côté de ces grandes lignes thérapeutiques, il existe des situa-
tions particulières. Dans les tumeurs du tiers supérieur de l’œso-
phage, la radiochimiothérapie est en pratique préférée à la chi-
ru rgi e. Le traitement des tumeurs avec atteinte ga n g l i o n n a i r e
classées M1a est difficile. Si, pour les tumeurs du tiers supérieur,
une radiochimiothérapie exclusive est l’option de choix, le trai-
tement est plus discuté s’il s’agit d’une tumeur du tiers inférieur.
Il n’existe pas de standard entre radiochimiothérapie exclusive et
chirurgie précédée d’un traitement néoadjuvant (chimiothérapie
ou radiochimiothérapie). Chez les patients ayant un cancer ORL
a s s o c i é , la décision pluri d i s c i p l i n a i re doit tenir compte du pro-
nostic de chacune des lésions. Enfin, en cas d’envahissement tra-
chéo-bronchique, dont on connaît le pronostic péjoratif,une chi-
m i o t h é rap ie pourra être discutée suivie éve n t u e l l e m e n t , s e l o n
l ’ é vo l u t i o n , d’une ra d i o t h é rapie étalée fa i ble dose, vo i r e d’une
ra d i o c h i m i o t h é r apie dans de ra res cas où l’enva h i s s e m e n t
régresse. Parallèlement, un traitement endoscopique par prothèse
œ s o p h agienne couve rt e, et éventuellement bro n ch i q u e,p o u r ra
être nécessaire.
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