La lettre du l’hépato-gastroentérologue - n° 5 - vol. IV - octobre 2001 265
NOUVELLES TECHNIQUES
une étude histologique précise des marges de sécurité et de
garantir ainsi le caractère complet de l’excision, qui est confir-
mé dans plus de 95 % des cas (16).
Enfin, la TEM a pour avantage, par rapport à l’exérèse transanale
conventionnelle, de permettre, sans majoration de la difficulté
technique, l’accès aux lésions du haut rectum, à condition
qu’elles soient localisées dans la partie du rectum située sous le
cul-de-sac péritonéal de Douglas, afin de limiter le risque de per-
foration péritonéale qui constitue la complication majeure de
cette technique. Anatomiquement, cela correspond à une hauteur
de 12 cm par rapport à la marge anale à la face antérieure et de 20
cm à la face postérieure (16). Pour les lésions très basses, situées
à moins de 6 cm de la marge anale, contrairement à l’exérèse
transanale conventionnelle, la TEM est techniquement difficile en
raison de l’absence d’étanchéité du système d’insufflation et
constitue probablement une mauvaise indication (7).
Les tumeurs villeuses bénignes sont probablement la meilleure
indication de la TEM, qui permet d’éviter une exérèse rectale plus
complexe et morbide, avec un faible taux de récidive variant de 4
à 10 % selon les auteurs (7, 8, 14). Ce faible taux de récidive, net-
tement inférieur aux taux habituellement rapportés après exérèse
transanale conventionnelle variant de 10 à 30 % (1, 10, 17),est
probablement dû au fait que la TEM offre une parfaite exposition
du site opératoire et permet la réalisation, en toute sécurité, d’ex-
cisions plus larges, à la fois latéralement et en profondeur.
En cas de lésion maligne, le rôle de la TEM est beaucoup plus
controversé, dans la mesure où elle est le plus souvent indiquée
dans des lésions du moyen et du haut rectum, pour lesquelles le
risque de sacrifice sphinctérien est quasiment nul. Pour les
tumeurs classées T1, ayant des critères histologiques à faible
risque de métastases ganglionnaires, les résultats carcinologiques
de la TEM sont satisfaisants, et des taux de récidive locale variant
de 3 à 6 % ont été rapportés (9, 12, 18). Plus récemment, un essai
contrôlé, dans lequel le suivi moyen était de 4 ans, a montré que
le taux de récidive locale après exérèse de telles lésions était com-
parable après TEM et résection antérieure (11) ; mais ces résultats
méritent d’être confirmés par d’autres essais. Pour les tumeurs
classées T2 ou T3, il est clairement établi que la TEM seule ne
peut être curative en raison d’un taux élevé de récidive locale
variant de 30 à 60 % (8, 12, 13, 19). Il est probable que l’excision
à visée palliative, en cas de lésion métastatique ou chez un patient
trop fragile pour subir une procédure plus complexe, constitue
actuellement la meilleure indication de la TEM pour une lésion
maligne (13). Dans cette indication, elle peut éventuellement être
associée à une radiothérapie pré- ou postopératoire afin d’essayer
de diminuer le taux de récidive locale (20).
Malgré tous ces avantages démontrés, un certain nombre d’incon-
vénients ont probablement limité le développement de la TEM.
Bien que pouvant s’apparenter à la cœlioscopie, il s’agit d’une
technique difficile qui nécessite un long apprentissage, la difficulté
étant principalement liée au confinement du site opératoire. De
plus, son équipement est complexe et coûteux, de l’ordre de
500 000 F. Enfin, hormis dans les centres spécialisés en chirurgie
colorectale, l’investissement requis peut paraître disproportionné
par rapport à la fréquence des indications (12).
En conclusion, la TEM permet, dans la majorité des cas, l’exci-
sion complète par voie transanale des lésions du rectum et
autorise ainsi une évaluation histologique exhaustive de la
lésion et des marges de résection. Elle offre un accès aux
lésions situées dans le moyen et le haut rectum et permet d’évi-
ter une résection rectale dans de nombreux cas. Elle devrait
donc faire partie de l’arsenal thérapeutique pour le traitement
des lésions bénignes volumineuses du rectum sous-douglassien
non réséquables sous coloscopie. Son rôle précis dans le traite-
ment à visée curative des lésions malignes reste encore à déter-
miner.
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Mots clés. Exérèse locale – Endoscopie – Microchirur-
gie – Adénome villeux – Cancer – Rectum.
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