Figure 3. Cicatrice arciforme à H12 de la pose d’un
cathéter ventriculaire.
La Lettre du Neurologue • Vol. XIII - n° 5 - mai 2009 | 151
MISE AU POINT
somale, méthotrexate, thiotépa. Les caractéristi-
ques des différents produits sont reprises dans le
tableau V. Malgré l’absence d’études randomisées
dans les tumeurs solides, le méthotrexate est le
seul produit à avoir l’AMM dans cette indication.
En injection ventriculaire, l’efficacité et la tolé-
rance du thiotépa et du méthotrexate seraient les
mêmes (9). La cytarabine liposomale, avec une demi-
vie allant jusqu’à 28 jours dans le LCR, est particu-
lièrement intéressante pour la qualité de vie. Une
étude randomisée portant sur 61 patients a montré
des médianes de survie de 105 jours sous cytarabine
liposomale et 78 jours sous méthotrexate (différence
non significative), et des survies sans progression
de 58 et 30 jours respectivement (p = 0,007) [10].
Par ailleurs, la qualité de vie était significativement
meilleure sous cytarabine liposomale (11). Quel
que soit le traitement choisi, il est nécessaire de
connaître le produit et ses effets indésirables poten-
tiels. Certains de ces effets sont communs à toutes
les molécules (arachnoïdite, céphalées, nausées,
vomissements, raideur de nuque, hyperthermie,
convulsions), d’autres sont liés au type de molécule
(notamment leuco-encéphalopathie nécrosante,
complications cutanéo-muqueuses, myélosuppres-
sion avec le méthotrexate). L’intérêt d’utiliser des
combinaisons de différentes chimiothérapies i.t. n’a
pas été démontré (1).
Les chimiothérapies i.t. peuvent être réalisées par
voie lombaire ou ventriculaire (figure 3). Les injec-
tions ventriculaires par l’intermédiaire d’un cathéter
sont généralement plus confortables pour le patient,
mais d’autres considérations sont à prendre en
compte. En cas d’administration lombaire, une
absence de distribution dans l’espace sous-arach-
noïdien est observée dans 10 à 15 % des cas, même
en cas de retour de LCR (12, 13). Des études de
pharmaco cinétique ont montré que l’administra-
tion ventriculaire permet d’obtenir une meilleure
disponibilité, avec une distribution plus homogène
dans l’espace sous-arachnoïdien, ce qui suggère un
effet thérapeutique plus important. En particulier,
l’administration lombaire de méthotrexate, qui a une
demi-vie courte, donne de moins bonnes concen-
trations ventriculaires du produit, avec un retentis-
sement en termes de survie sans progression (14).
En général, 5 à 10 % de complications sont recon-
nues lors de l’administration par cathéter ventri-
culaire (hémorragies, infections, dysfonction du
matériel) [15]. Après injection lombaire d’une
chimiothérapie, des myélopathies sont décrites
dans 3 % des cas en l’absence de lésion compres-
sive. Le tableau s’installe en quelques minutes
à quelques jours. L’évolution est généralement
favorable, mais, dans certains cas, on n’observe
aucune récupération, et les signes neurologiques
peuvent continuer à s’aggraver (16). Des cas de
myélopathies ont également été observés après
chimiothérapie i.t. lombaire d’autres produits
(morphine, baclofène, etc.). Enfin, la technique de
pose du cathéter intraventriculaire et les consé-
quences esthétiques doivent être expliquées au
patient afin qu’il participe au choix de la méthode
d’administration du traitement i.t. Dans tous les
cas, les chimiothérapies i.t. doivent être réalisées
dans des conditions strictes d’asepsie.
En l’absence de chimiothérapie associée pour la
maladie systémique, et avec l’accord de l’oncologue
référent, le méthotrexate intraveineux à haute dose
peut être utilisé, sous la surveillance stricte d’une
équipe oncologique habituée à ce type de chimio-
thérapie ; les résultats sont intéressants (18, 19).
De nouveaux traitements sont à l’étude pour une
utilisation i.t. (trastuzumab, mafosfamide, étopo-
side, topotécan, dacarbazine, busulfan, melphalan,
anticorps monoclonaux, IL-2) ou systémique (capé-
citabine, gefitinib, trastuzumab, lapatinib).
Seul un tiers des patients atteints de MK décèdent
d’une atteinte méningée. Un traitement de la maladie
systémique (chimiothérapie ou hormonothérapie ou
thérapie ciblée de type trastuzumab dans le cancer
du sein) doit donc être associé au traitement i.t. Le
traitement systémique est laissé à l’appréciation de
l’oncologue référent du patient.
La radiothérapie a généralement peu d’effet sur les
déficits neurologiques focaux, mais paraît pouvoir
améliorer les douleurs radiculaires et les symptômes
d’encéphalite ou prévenir l’apparition de nouveaux