La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 5 - mai 2007
Échos des congrès
Échos des congrès
201
tement après échec d’une chimiothérapie à base d’oxaliplatine
était associée à un taux de réponse objective et à une survie sans
progression signifi cativement supérieur sans bénéfi ce en termes
de survie globale, possiblement expliqué par la forte proportion de
cross-over. L’analyse de la survie dans les deux bras après exclusion
des patients ayant reçu du cétuximab après l’étude, présentée par
Richard Goldberg dans son analyse commentée, était en faveur
des patients traités par cétuximab + irinotécan (10,2 mois versus
6,2 mois), ce qui pourrait conforter cette hypothèse.
Facteurs prédictifs de réponse au cétuximab
Merlin et al. (abstract 185)
Dans cette étude, les auteurs ont mesuré, par une immuno-analyse
multiplex, l’expression protéique avant et après traitement par
cétuximab de la forme phosphorylée de protéines impliquées dans
les voies de signalisation intracellulaire MAP kinase et PI3K/Akt
activées en aval de la voie de l’EGFR (EGFR, Akt, P70S6 kinase,
ERK1/2, GSK3 et p38MAPK) dans trois lignées cellulaires de
cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS), surexprimant
l’EGFR (CAL 27, CAL33 et FaDu). La sensibilité au cétuximab,
qui était diff érente pour les trois lignées, était corrélée à une faible
expression de Akt phosphorylée. En parallèle, l’analyse de l’expres-
sion des mêmes protéines phosphorylées a été réalisée avant tout
traitement à partir des biopsies de 22 tumeurs des VADS, et a
montré une grande variation interindividuelle dans leur expression,
suggérant une fonctionnalité des voies de signalisation intracel-
lulaire EGFR-dépendantes variable d’une tumeur à l’autre, ce qui
pourrait avoir des conséquences sur la réponse aux inhibiteurs
de l’EGFR (anticorps anti-EGFR ou inhibiteurs de tyrosine kinase
EGFR). Ces résultats montrent l’intérêt de la technique d’immuno-
analyse multiplex (permettant l’analyse simultanée à partir d’un
petit fragment tumoral de l’expression de plusieurs dizaines de
protéines) pour l’analyse des protéines phosphorylées des voies
de signalisation intracellulaire EGFR-dépendantes à partir de
biopsies diagnostiques de cancers des VADS ainsi que leur impact
potentiel à l’avenir dans l’identifi cation de facteurs prédictifs de
réponse aux thérapies anti-EGFR dans ces cancers.
Domont et al. (abstract 208)
Cette étude a évalué l’expression protéique en immunohistochimie
de EGFR, HER2, VEGF, phosphoAKT (pAkt) et PTEN dans les
tissus tumoraux de 48 patients ayant un cancer colorectal traité
par cétuximab en troisième et quatrième lignes (60 prélèvements
analysées dont 26 à partir de la tumeur primitive, 34 à partir de
métastases hépatiques et 14 patients pour lesquels la tumeur primi-
tive et une métastase hépatique ont pu être analysées simultané-
ment). Il existait une discordance du niveau d’expression de VEGF
et PTEN entre tumeur primitive et métastases hépatiques alors
que l’expression de EGFR et pAkt était similaire dans les deux sites
tumoraux, et qu’aucune tumeur n’exprimait HER2. Il n’existait
aucune corrélation entre l’expression de ces diff érents marqueurs
et la réponse au cétuximab chez les 17 patients pour lesquels les
données étaient complètes. Une réponse objective au cétuximab
était obtenue chez des patients atteints d’une tumeur n’exprimant
pas l’EGFR, comme cela a déjà été publié précédemment (1, 2).
Ford et al. (abstract 5670)
Dans cette étude, conduite chez 111 patients inclus dans un essai
thérapeutique multicentrique, ayant évalué le cétuximab en mono-
thérapie dans le traitement du cancer colorectal métastatique,
une analyse de l’expression des gènes a été réalisée à partir de
l’ARN extrait des biopsies de sites métastatiques eff ectuées avant
traitement, ainsi qu’une recherche de mutation des gènes KRAS,
BRAF et EGFR et une mesure du nombre de copies du gène EGFR à
partir de l’ADN extrait des mêmes biopsies. Les tumeurs exprimant
fortement les gènes de l’épiréguline (EPIR) et de l’amphiréguline
(AMPHIR) étaient associées de manière signifi cative à un meilleur
taux de contrôle tumoral avec le cétuximab, tout comme les patients
n’ayant pas de mutation intratumorale du gène KRAS (mutation
KRAS : 3/27 ayant un contrôle de la maladie versus 27/53 patients
non répondeurs, p = 0,0003). Par ailleurs, les patients ayant une
forte expression génique tumorale d’EPIR et d’AMPHIR avaient
une survie sans progression signifi cativement supérieure à celle
des patients ne les exprimant pas (médiane de 103,5 jours versus
57 jours pour l’EPIR, p = 0,0002 et de 115,5 jours versus 57 jours
pour l’AMPHIR, p < 0,0001). Ces résultats confi rment l’intérêt
de la valeur prédictive et pronostique du statut mutationnel du
gène KRAS chez les patients traités par cétuximab et mettent en
évidence, pour la première fois, l’intérêt prédictif et pronostique
potentiel de la surexpression de gènes codant pour des ligands
du récepteur de l’EGFR.
Lièvre et al. (abstract 5671)
Après les résultats préliminaires publiés sur la valeur prédic-
tive et pronostique des mutations de KRAS dans une série de
30 patients atteints d’un cancer colorectal métastatique et traités
par cétuximab, le but de cette étude multicentrique française
était de valider ces résultats dans une série indépendante et
plus large de patients (n = 89), et de les comparer à la valeur
prédictive et pronostique de la toxicité cutanée rapportée dans
la littérature. La valeur prédictive et pronostique des mutations
de KRAS était confi rmée, puisque aucun des patients mutés
KRAS (n = 24) n’avait de réponse objective au traitement, contre
39,5 % des patients non mutés (p = 0,001), et que ces mutations
de KRAS étaient associées à une survie sans progression et une
survie globale signifi cativement inférieures (10,1 semaines versus
31,4 semaines, p = 0,0001 et 10,1 mois versus 14,3 mois, p = 0,026
respectivement). Il existait également une corrélation entre la
toxicité cutanée et la réponse au cétuximab (p = 0,034) et la
survie globale des patients (grade 2-3 versus grade 0-1 : 13,9 mois
versus 8,2 mois, p = 0,029). L’analyse combinée du statut muta-
tionnel de KRAS et de la toxicité cutanée montrait que la survie
globale des patients ayant deux facteurs de “bon pronostic” (à
la fois non mutés KRAS et ayant une toxicité cutanée sévère
de grade 2-3) était signifi cativement plus longue (médiane :
15,6 mois) que celle des patients n’ayant qu’un seul facteur de
“bon pronostic” (10,7 mois) et de ceux n’ayant aucun facteur de
“bon pronostic” (5,6 mois, p = 0,0008). En analyse multivariée,
les mutations de KRAS étaient un facteur pronostique indé-
pendant à la fois sur la survie sans progression (HR = 3,3 ; IC
95
[2-5,4]) et sur la survie globale (HR = 2,4 ; IC95 [1,4-4,1]) alors