Pour un malade atteint de
cancer colorectal à un
stade précoce et locale-
ment limitée, la médiane de survie
à 5 ans est d’environ 85-90 %.
Lorsque la tumeur envahit les
intestins, cette survie est de 60-
80 % et baisse à moins de 30 %
dans des cas de cancer métasta-
tique avancé.
Des progrès
Des progrès diagnostiques et thé-
rapeutiques ont été accomplis
comme la détection plus précoce
aux stades I-II, l’amélioration
récente des techniques chirurgi-
cales et une meilleure identifica-
tion des patients de bon pronostic
(stades II a et III a) ou de mauvais
pronostic. Par ailleurs, on espère
que l’utilisation de marqueurs bio-
logiques du futur pourrait prédire
l’efficacité et la toxicité des traite-
ments. Un médicament fondé sur
la molécule oxaliplatine est déjà
utilisé depuis 1996 au stade méta-
statique du cancer colorectal. Plus
récemment, il a obtenu une exten-
sion d’indication en France dans le
traitement adjuvant du cancer du
côlon de stades III après résection
complète de la tumeur initiale, en
association avec le 5-fluorouracile
et l’acide folinique (LV5FU2). L’in-
térêt de la bithérapie oxaliplatine/
LV5FU2 comparée à une mono-
thérapie (LV5FU2) a été démontré
dans l’étude MOSAIC incluant
2 246 patients de stade II et III
dans 146 centres : chez les pa-
tients de stade III ayant subi une
résection chirurgicale de la tumeur
initiale, la survie sans récidive à
3 ans était de 73 % dans le grou-
pe bithérapie versus 65,7 % dans
le groupe LV5FU2. Concernant les
effets indésirables, il importe d’être
attentif à la survenue de la neuro-
pathie sensorielle périphérique
dont la plupart ont régressé après
traitement. Ainsi, six mois après
l’arrêt, 1,3 % des patients ont pré-
senté une neuropathie de grade 3.
L’EGFR nouvelle cible
L’activation des récepteurs du fac-
teur de croissance épidermique
entraîne une activation de la tyro-
sine kinase et une cascade de
signaux, déclenchant ainsi la proli-
fération cellulaire et d’autres ma-
nifestations clés susceptibles d’in-
duire une progression tumorale
telles que l’inhibition de l’apop-
tose, la perte de différenciation, la
stimulation de l’angiogenèse et la
formation des métastases. L’EGFR
(Epidermal Growth Factor Recep-
tor)
est donc devenu une nouvelle
cible thérapeutique vu qu’il s’ex-
prime dans une grande variété de
cancers chez l’homme (on déter-
mine son expression grâce aux
tests immuno-histochimiques).
Toutefois, le pourcentage des
malades qui l’expriment varie en
fonction du type de tumeur.
L’EGFR est exprimé dans 100 %
des cancers ORL, 82 % des can-
cers colorectaux métastatiques,
95 % des voies aérodigestives
supérieures, 40 à 91 % du cancer
du poumon, 14 à 91 % du cancer
du sein, 50 à 90 % des cancers
rénaux, 35 à 70 % du cancer de
l’ovaire, 90 % du cancer du col de
l’utérus.
Plusieurs agents ciblant l’EGFR
sont en cours d’investigation cli-
nique, afin de répondre au besoin
constant de développer les nou-
veaux traitements plus efficaces et
mieux tolérés que les cyto-
toxiques. Le cétuximab, premier
anticorps monoclonal anti-EGFR,
bloque le signal médié par l’EGFR
et inhibe le processus métasta-
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
tique ainsi que les mécanismes
de réparation des cellules tumo-
rales après chimiothérapie et
radiothérapie. Son activité antitu-
morale a été démontrée sur plu-
sieurs modèles tumoraux (lignées
cellulaires, xénogreffes) et par les
données cliniques dans les tu-
meurs colorectales avancées et
exprimant l’EGFR.
Étude européenne
Comme le montrent les résultats
de l’étude européenne BOND qui
a porté sur les patients présentant
un cancer colorectal métastatique,
lourdement prétraités et ne répon-
dant plus à la chimiothérapie à
base d’irinotécan, le cétuximab
seul ou en association avec l’irino-
técan est susceptible de relancer
une régression tumorale : l’asso-
ciation de ces deux produits a per-
mis le contrôle de la maladie de
55,5 % chez 22,9 % des patients
et le cétuximab en monothérapie
a enrayé la croissance tumorale de
32,4 % chez 10,8 % des malades.
Par ailleurs, le produit possède un
bon profil de tolérance et n’aug-
mente pas les effets indésirables
typiquement observés sous irino-
técan. Les réactions d’hypersensi-
bilité peuvent apparaître chez 5 %
des patients lors de la première
administration, d’où les recom-
mandations de prémédication par
un antihistaminique. L’effet indési-
rable le plus fréquemment rap-
porté est l’éruption acnéiforme
(pustules multiples au niveau de
la face, du cou et du tronc) chez
plus de la moitié des patients.
Il faut savoir que ce rash cutané a
été corrélé avec une bonne
réponse thérapeutique et qu’il dis-
paraît totalement à l’arrêt du traite-
ment.
LC
Infos ...
Incidence
fréquente
Le cancer colorectal
est extrêmement
commun dans les
pays industrialisés.
Chaque année, on
recense, en Europe,
plus de
350 000 nouveaux
cas dont plus
de la moitié
à un stade avancé.
C’est la seconde
cause de mortalité
par cancer en
France, avec
36 000 nouveaux
cas et 16 000 décès
par an. La survie
du patient dépend
du stade
d’avancement
du cancer.
DOSSIER
26
>> DOSSIER
Depuis 10 ans le traitement du cancer colorectal était stagnant. L’AMM pour l’oxaliplatine
ouvre un espoir. Mais d’autres agents thérapeutiques ciblés s’annoncent prometteurs
pour prolonger la vie des malades tout en maintenant leur qualité de vie.
Cancer colorectal
Des avancées dans le traitement