L’enseignement philosophique – 61eannée – Numéro 3
BUREAU NATIONAL
29 janvier 2011
Rédaction du compte rendu :Gérard SCHMITT.
Présents : Brigitte Bellebeau, Stéphane Clerjaud, Henri Dilberman, Bernard
Fischer, Bernard Gittler,André Pérès, Marie Perret, Simon Perrier, Gérard Schmitt,
André Simha, Patricia Verdeau.
Excusés: Édouard Aujaleu, Philippe Blanc, Didier Carsin, Guy Desbiens, Nicolas
Franck, Jean Lefranc.
OUVERTURE DE LA SÉANCE
La convocation, adressée aux membres du Bureau national, annonçait l’ordre du
jour suivant :
1) Le projet ministériel d’interventions en ECJS et options.
2) L’enseignement dans les classes technologiques.
3) La journée sur les philosophies du soin.
4) Le point sur la situation dans les ex-IUFM et les masters d’enseignement.
5) Questions diverses.
En ouvrant la séance, S. Perrier indique qu’on commencera par un point très bref
sur la trésorerie. En ce qui concerne les questions diverses, les propositions suivantes
sont faites:
1) S. Perrier fait savoir qu’il est invité par le SNALC pour discuter des positions
de l’Association et en particulier de la pétition sur les dédoublements.
2) G. Schmitt souhaite consulter le Bureau sur un point qui concerne la revue.
3) B. Bellebeauvoudrait intervenir sur l’état des remplacementsetsur les
incidences des difficultés de remplacement sur les corrections du bac.
4) A. Pérès entend intervenir sur le rôle de la philosophie dans la formation des
professeurs, en relation avec le cinquième point de l’ordre du jour.
I. POINT SUR LA TRÉSORERIE
B. Fischer donne l’information suivante : sur les 57 000 euros de SICAV, il a fait
virer 37 000eurossur le Livret Aet de cette dernière somme il va convertir
30000 euros en parts sociales B du Crédit Mutuel, qui présentent l’avantage d’être
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nettement plus rémunératrices tout en étant réalisables à tout moment. Il indique au
passage que les SICAV n’ont rapporté que 11 euros d’intérêt.
II. LE PROJET MINISTÉRIEL
S. Perrier fait état d’un entretien avec le Doyen de notre Inspection générale, qui
l’aassuré qu’il le contacterait dès que seraient terminés les travaux concernant le
projet d’intervention des professeurs de philosophie dans les classes de Seconde et de
Première. Il s’agira de définir des programmes pour ces interventions.
B. Bellebeau apporte quelques éléments d’information sur les effets déjà
provoqués par les annonces du ministre. Certains chefs d’établissement devancent la
situation de rentrée, anticipent surles réductions d’heures et mettent en place des
interventions philosophiques en Seconde. Ils ont ainsi convoqué des collègues pour
leur expliquer qu’ils auraient des compléments de serviceàeffectuer. Elle fait
observerpar ailleurs que nous pouvons aussi envisager denseigner la culture
générale en section BTS ou de proposer,en classe de Première, des TPE de
philosophie et sciences, par exemple,ce qui n’était pas possible jusqu’ici, et elle
estime que ce genre de TPE pourrait motiver les élèves.
À propos de ces TPE, S. Clerjaud demande comment ils peuvent être envisagés si
les élèves n’ont pas de philosophie en Seconde. B. Bellebeau lui répond qu’il est déjà
arrivé que certains élèves soient pris de court par des TPE faisant appela
philosophie et que des arrangements ont eu lieu.
Il y a des chances que certains collègues préférèrent aller en Seconde plutôt que
d’enseigner dans desclasses technologiques difficilesavec deux heures en classe
entière,fait remarquer S. Perrier. Voilà qui risque d’accentuer le désintérêt, la
désaffection àl’égard des classestechnologiques, renchérit B. Bellebeau. Et selon
toute vraisemblance, reprend S. Perrier, bien des proviseurs vont anticiper la réforme
en supprimant dès l’année prochaine les dédoublementsen Set dans les classes
technologiques.
III. L’ENSEIGNEMENT DANS LES CLASSES TECHNOLOGIQUES
Peut-on envisager une épreuve orale ?
S. Perrier expliquequ’il va falloir faire des propositions précises au sujet des
classes technologiques,tant nos collègues sont démoraliséspar lescopies qu’ils
doiventcorrigerdans cesriesdu baccalauréat. Àson avis, ce n’est pas le
programme qui est en cause, qui peut être traité avec souplesse et que le professeur
s’efforce d’adapter aux élèves pour lesquels il fait cours. Le problème vient plutôt des
épreuves, qu’il est possible de modifier. Pour lancer la discussion, il pose la question
de savoir si une épreuve orale ne conviendrait pas davantage à des élèves peu à l’aise
dès qu’il s’agit de rédiger.
A. Simha et G. Schmittysont défavorables, considérant que le remplacement
d’une épreuve écrite par une épreuve orale fragilise toujours une discipline et met en
cause, à plusou moins court terme, sa présence àl’examen, d’autant plusquune
épreuve orale est, pour l’administration, plus difficile àorganiser et plus coûteuse
qu’une épreuve écrite. À défaut, précise A. Simha, on risque de généraliser un type
d’épreuve qui permet d’avoir de « bons résultats ». S. Clerjaud est très perplexe quant
àl’organisation d’une épreuve orale : vouloir faire passer l’oral à plus de cent
candidats poserait évidemment problème. En outre, ajoute S. Perrier, s’il n’y a plus
d’épreuve écrite, nous aurons du mal à faire rédiger nos élèves. Or, il est important
qu’ils soient incis à écrire et le professeur de philosophie a incontestablement un
rôle à jouer en ce sens.
Des sujets avec des questions pour guider la réflexion ?
Ne pourrait-on pas, demande P. Verdeau, indiquer aux candidats des étapes pour
le traitement du sujet ?C’est le cas pour l’explication de texte, précise M. Perret.
L’épreuveaété réformée, mais il semble que les collègues ne le sachent pas :les
questionsont aujourd’hui pour butde guider les élèves dans la compréhension du
texte, et c’est à la fin seulement, avec la question n° 3 qu’on les interroge sur la thèse
du texte.
B. Bellebeau annonce qu’elle enverra très bientôt à S. Perrier et G. Schmitt un
article destinéàla revue, portant sur l’épreuve d’explication de texte en séries
technologiques et représentantsa contribution au travailde la commission sur les
sujets. Elle pense qu’il seraittemps d’en finir avec l’argument du cheval de Troie
auquel on a recouru pour évitertoutemodification de l’épreuve des baccalauréats
technologiques quirisqueraitd’entraîner àsa suite les épreuves des baccalauréats
généraux, et que ce n’est pas seulement l’explication de texte,mais aussi la
dissertation qu’il convient de guider par des questions. G. Schmitt lui pond que le
cheval de Troie n’est plus vraiment un épouvantail aujourd’hui, parce qu’on va sans
doute devoirfaire évoluer également les sujets des bacs généraux : sans aller jusqu’à
poserune suite de questions,on gagnera certainement à donner des indications sur la
manière de traiterle sujet ou à suggérer des pistes, et en tout cas à proposer des sujets
plus explicites et invitant les candidats àfaire preuve des connaissances acquises.
Pour S. Perrier, il y a urgenceàs’occuper dessujetsdes sujetsdes bacs
technologiques en raison de handicaps scolaires particuliers aux élèves de ces séries.
Sans doute, observe M. Perret, mais il n’empêche qu’il y a des collègues qui préfèrent
enseigner en STI plutôt qu’en ES, où, de plus en plus, on trouve des classes difficiles
avec 36 élèves ; les Terminales STI ne sont pas forcément des classes pénibles. Pour
B. Bellebeau, c’est surtout des épreuves qu’il convient de s’occuper et il fautbien
distinguer ce qui se fait en classe et ce qui est donné à l’examen. Elle rappelle que le
Groupe d’experts, qui atravaillé sur le programme des séries technologiques,avait
discutésur la question de savoir quelle notion on devait retenir de l’art ou du
langage. Le choix s’est fait finalement en faveur de la première,sansdoute plus
intéressante quand il s’agit de faire cours, mais qui donne lieu à des sujets mettant
plutôt mal à l’aise les candidats.P. Verdeauindiquequ’à l’IUFM de Toulouse, à
l’époque où c’était encore possible, on avait travaillé avec des professeurs stagiaires
de philosophie sur des exercices guidés par des questions, et, revenant à ce qui a été
dit en début de discussion sur la nature de l’épreuve, elle défend l’idée que le rôle de
notre discipline est aussi d’aider les élèves à rédiger.
Importance des exercices écrits
B. Fischer, luiaussi, insiste sur ce point :ilest important que les élèvessoient
incités àrédiger et il faut faire en sorte que le cours de philosophie soit aussi un cours
d’écriture.G. Schmitt rappelleque B. Fischer aécrit naguère un article sur ce sujet,
paru dans L’Enseignement philosophique,et il suggère qu’il yrevienne. S. Perrier
propose que l’onsorte de nouveau une brochure àdestination des collègues avec des
articles sur ce qu’estun programme de notions, sur la dissertation,etc. Il serait
intéressant, ajouteB. Fischer, de traiter des exercices autres que la dissertation, car il
faut bienconstater que beaucoup de collègues ne donnent pas d’exercices àfaire à
leursélèves et que ceux-ci,n’ayant àrendre que des dissertations, s’y mettentau
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dernier moment,ce qui évidemment ne favorise pas leurs progrès. B. Bellebeau précise
que cesexercices doivent être pleinement intégrés àl’ensemble du travail, qu’il faudra
motiver les élèves en leur donnant des notes et s’assurer qu’ils yconsacrent le temps
qu’il faut. A. Pérès se demande s’il ne convient pas de faire un minimum de
thodologiede la dissertation pour que les élèves s’y retrouvent un peu mieux, car ce
n’est pas la mêmechose qu’on leurdemandeen français, en histoire-géo et en
économie. Il n’y a plus guère de crainte àavoir là-dessus, rétorque S. Perrier, puisque
nous sommes maintenant les seulsaulycée à demander des dissertations.
À propos du travail de la commission sur les sujets
M. Perret voudrait savoir si la commissionsurles sujets doit se réunir
prochainement et, en attendant, si on ne peut pas envoyer aux membres du Bureau
un compte rendu de ses travaux ; elle propose, en outre, que l’on constitue une liste
de discussion interne au Bureau, pour que chacun puisse faire des suggestions.
B. Bellebeau suggère que la prochaine réunion du BN, qui pourrait avoir lieu le
26 mars, soit précédée d’une réunion de la commission. G. Schmitt explique pourquoi
il n’a pas encore été fait de compte rendu des réunions de la commission. Il s’agissait
d’explorer des pistes, de lancer des idées le plus librement possible, dans les
directions les plus diverses et en acceptant le risque de se fourvoyer à l’occasion. Un
compte rendu rédigé à l’issue de chacune des réunions, outre qu’il n’aurait pas été
facile àfaire, aurait sans doute gêné l’activité de la commission. C’est pourquoi il
avait ésimplement décidé que seraient ultérieurement communiquéesau Bureau
les propositions sur lesquelles l’accord se serait fait, et il avait été envisagé que les
membres de la commission pourraientexposer leurs réflexions dans des articles
proposés à la revue à titre de contributions personnelles n’engageant évidemment pas
l’Association.
S. Perrier précise qu’en effet seulle Bureau national est habilité à prendre
position sur ces questions et que la commission fonctionne de manière ouverte. Quant
à utiliser la liste des membres du Bureau pour des discussions et des suggestions, il ne
voit évidemment aucune raison d’y faire obstacle.
À propos d’une rencontre avec l’ACIREPh
Il fait savoir qu’il a reçu de la présidente de l’ACIREPhune invitation àune
rencontre afin que les deux associations puissent confronter leurs manières de voir
sur une éventuelle réforme des classes technologiques.
G. Schmittrappelle quelorsque l’ACIREPh s’est créée –àla fin des années quatre-
vingt-dix avec pour seul objetla créationd’Instituts de recherche sur l’enseignement de
la philosophie sur le modèledesIREM1,il y a eu des réunions entre les deuxassociations
qui n’avaient guère de raisonsde ne pas travailler ensemble,que c’est seulement lorsque
l’ACIREPh s’est engagée en faveur du programme Renaut que la rupture s’est produite et
que les manifestations d’hostilité n’ont jamais étéle fait de notre association, qui ne peut
que se jouir de voir de nouveaux rapports s’établir. B. Bellebeau estpersuadée que
beaucoup d’adhérents de l’ACIREPh voient les chosesainsi.
S. Perrier annonce que nous proposerons àl’ACIREPh de travailler sur les
épreuves, et non sur le programme, bien entendu. A. Simha fait observer qu’il est tout
1. Un article intitulé « Pourquoi des IREPH ? » écrit par Franck Lelièvre, alors vice-président de l’association
pour la création des IREPH et secrétaire de la Régionalede Caen, aété publiédans L’Enseignement
philosophique, 48eannée,numéro 6 (juillet-août1998). Les IREM sont lesInstituts de recherche sur
l’enseignement des mathématiques. Ils existent depuis 1969.
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àfait possible de travailler en commun dès lors qu’on délimite nettement les
questions pédagogiques. Tout le monde s’accorde là-dessus.
Quelles évolutions peut-on envisager pour l’explication de texte et la dissertation ?
Sommes-nous d’accord, demande B. Bellebeau, pour que l’on conserve à l’examen
deux sujets de dissertation et une explication de texte ? Sommes-nous d’accord aussi
pourque les sujets de dissertation soient également accompagnés de questions
destinées àguider les candidats dans leurréflexion ?B. Fischer considère quela
question du libellé des sujets de dissertation est en effet déterminante, et A. Simha
ajoute qu’il y va du sens même de la dissertation et de la possibilité pour les élèves de
traiter un sujet. Il faudra se mettre d’accord sur le type de questions à poser, indique
A. Pérès, et il faudra être clair sur ce qu’on attend des élèves dans une dissertation,
card’autres types d’épreuvespourraient lui être opposés, précise G. Schmitt, qui
évoque ce qu’avaitécrit PascalEngeldans Côté Philo 2.Il importe en effet de bien
savoir ce qu’onentend par dissertation pour pouvoir opérer les changements qui
permettront d’en conserver l’essentiel, ajoute B. Bellebeau, en rappelant ce que
disaient certains inspecteurs généraux au sujet de l’explication de texte, à savoir qu’il
avait fallu en changer le libellé pour qu’elle ne change pas quant àl’essentiel.
Pourquoi, demande-t-elle, ne pas indiquer aux élèves qu’une partie importante de la
notecorrespondra àl’effort de résolution du problème ?G.Schmitt est toufait
d’accord, car l’essentiel de la dissertation est là, mais il pense qu’il faudra également
que les sujets fassent plus explicitement appel aux connaissances acquises, comme
c’était dailleurs le casdans les années 1960. B. Bellebeau s’étonne àpropos de
certains sujets qui sont tombés : comment a-t-on pu les laisser passer ? Il devrait tout
de même être possible de faire en sorte qu’il y ait des énoncés classiques.
Pour S. Perrier, la principale difficulté concerne l’explication de textes, car il n’est
pas évident du tout de trouver des extraits d’œuvres philosophiques qui ne présentent
pas d’obstacles linguistiques insurmontables pour les candidats des séries
technologiques. C’est pour cette raison aussi qu’il ne tient pas à ce que deux des trois
sujets soientdes explications de texte. Pourremédier en partie àcette difficulté,
M. Perret suggère qu’on ouvre davantage la liste des auteurs du programme et qu’on
y fasse entrer notamment des auteurs du dix-huitième siècle, comme Condorcet ou
Voltaire, chez lesquels on pourrait trouver des textes plus accessibles.
P. Verdeau demandesi,au Bureau, on ne peut pas envisager de travailler sur
l’ordre et la progressivité des questions à poser aux candidats. C’est là, en effet, un
point très important, reconnaît S. Perrier, et il faut impérativement que nous ayons
despropositions précises et bien arrêtées àformuler quand nous rencontrerons
l’Inspection. En ce qui concerne la réunion avec l’ACIREPh, il pourra y avoir plus de
souplesse, puisqu’il s’agira surtoutde discuter et réfléchir. Il conviendra toutefois
d’éviter toute ambiguïtéqui pourrait nous desservirface àl’Inspection, ajoute
G. Schmitt ; on aura donc intérêt faire un relevé aussi complet que possible des points
d’accord et les points de désaccord, de façon à faire valoir ceux-là avec plus de force.
C’esteffectivement ainsi queS. Perrier voit les choses :M. Sherringham est
demandeur de propositions et il importe pour notre enseignement que les positions
communes soient définies avec la plus grande clarté.
À quand la prochaine réunion de la commissionsur les sujets? demandeM. Perret.
On peut proposer la date du 26 mars,répond B. Bellebeau. La propositionest adoptée.
2. « Y a-t-il une vie après la dissertation ? », in Côté Philo, numéro 3.
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