IV – BULLETIN DE L’ASSOCIATION BUREAU NATIONAL 25 septembre 2010

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IV – BULLETIN DE L’ASSOCIATION
BUREAU NATIONAL
25 septembre 2010
Rédaction du compte rendu : Gérard SCHMITT.
Présents : Édouard Aujaleu, Brigitte Bellebeau, Philippe Blanc, Didier Carsin,
Stéphane Clerjaud, Charles Coutel, Henri Dilberman, Bernard Fischer, Nicolas Franck,
Bernard Gittler, Jean Lefranc, André Pérès, Marie Perret, Simon Perrier, Gérard Schmitt.
Excusées : Élisabeth Cassou-Barbier, Martine Chifflot, Yann Mouton.
OUVERTURE DE LA SÉANCE
Il y a deux ans, nous avions dû nous replier en catastrophe pour nous réunir,
dans des conditions très inconfortables, à la Faculté de Droit, place du Panthéon,
parce que la Sorbonne était inaccessible à cause des Journées du Patrimoine. L’an
dernier, la même raison nous avait conduits à ajourner notre réunion à la dernière
minute, échappant ainsi de surcroît à la Techno Parade qui devait, le même jour,
déferler sur le quartier. Cette année, nous avions bien pris garde d’éviter les Journées
du Patrimoine, mais c’était sans compter sur la Techno Parade dont les manifestations
très sonores nous ont accompagnés pendant la plus grande partie de notre séance,
occasionnant une certaine fatigue et pouvant ainsi gêner la prise de notes, ce dont le
présent compte rendu pourrait avoir à souffrir.
Mais cette introduction serait incomplète si elle en restait à ces à-côtés plutôt
pénibles. Le souci d’exactitude, sinon d’exhaustivité, nous oblige à mentionner que la
réunion a commencé de la plus agréable des manières, S. Clerjaud nous ayant
ménagé une surprise en apportant de Strasbourg kouglofs et bretzels ainsi que du vin
d’Alsace (crémant et muscat), afin de fêter avec nous son succès à l’agrégation 1. Le
1. Il faudrait ajouter qu’il n’en était pas à son coup d’essai car l’an dernier il avait saisi l’occasion de l’approche
des fêtes de fin d’année pour faire goûter au Bureau des bredele. Puisse un tel exemple être suivi ! Nous nous
prenons à rêver à une évolution de nos Assemblées Générales…
L'enseignement philosophique – 61e année – Numéro 1
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compte rendu qui va suivre devrait montrer que nous n’avons pas pour autant tout à
fait perdu la tête.
L’ordre du jour adressé avec la convocation était ainsi libellé :
1) Le point sur la situation des stagiaires et le tutorat
2) Les positions de l’APPEP sur la notation, les épreuves dans les classes
technologiques, la nature de notre enseignement et la massification.
3) Projets pour l’année à venir
4) Questions diverses
S. Perrier ouvre la séance et demande s’il y a des questions diverses à ajouter à l’ordre
du jour. Quatre points sont proposés qu’on décide d’aborder tout de suite et rapidement.
1. G. Schmitt fait état d’une demande de Vladimir Biaggi, membre de notre
association et directeur de la collection « Pourquoi ? » aux Éditions Aléas, qui
demande si l’on pourrait faire paraître dans la revue un appel à projets ou à
manuscrits. Il précise qu’un certain nombre de nos collègues ont publié dans cette
collection, que son directeur n’est pas rémunéré pour son activité et que la vente d’un
ouvrage permet seulement de financer le suivant. Le Bureau donne son accord à la
condition qu’il apparaisse clairement qu’il s’agit d’un communiqué 2.
2. S. Perrier indique que la commission qui travaille, entre autres, sur les sujets
s’est réunie de 10 heures à midi et propose que l’on fixe une date pour sa prochaine
réunion. L’accord se fait rapidement : ce sera le 11 décembre, car les conseils de classe
seront alors passés. Il conviendrait pour des raisons d’économie que ce soit aussi la
date de la première réunion du Bureau après l’Assemblée Générale du 20 novembre.
3. Justement, ajoute S. Perrier, dans le courrier adressé par le trésorier après la
rentrée, il y a bien une convocation à l’Assemblée Générale, mais la date n’y est pas
indiquée, qui s’est trouvée malencontreusement effacée. Que faut-il faire ? On
pourrait faire un courrier à l’intention seulement de nos adhérents qui ne sont pas
abonnés à la revue, les autres étant déjà informés puisque la date est indiquée dans le
numéro de juillet-août, paru début septembre. On pourrait aussi prendre contact avec
les responsables de Régionales et leur demander d’adresser un courrier électronique à
leurs adhérents. Pour B. Fischer, la première solution est nettement préférable,
d’autant qu’il n’y aura que 45 envois à faire.
4. B. Fischer demande au Bureau de prendre une décision au sujet des
placements de l’Association. Les SICAV n’ont quasiment rien rapporté au cours de
l’exercice qui vient de s’écouler, leur taux d’intérêt étant de 0,43 %, ce qui a donné
quelque 250 euros. Il s’est mis en quête de placements plus rémunérateurs tout en
étant très sûrs. Parmi les propositions qui lui ont été faites, il en a retenu deux qu’il
compte utiliser conjointement : prendre des parts sociales B du Crédit mutuel qui
rapportent 3 % pour une partie des fonds et placer l’autre partie sur un Livret A dont
le rapport est actuellement de 1,75 %. S. Perrier demande s’il y a des objections à ce
que l’on procède de la sorte. Aucune objection.
I. LE POINT SUR LA SITUATION DES STAGIAIRES ET LE TUTORAT
1. Les circulaires ministérielles et académiques
S. Perrier suggère de créer une page consacrée aux stagiaires sur le site de
l’Association ; un texte a déjà été rédigé qui sera aussi publié dans la revue. M. Perret
2. On le trouvera dans le présent numéro, à la suite de la bibliographie.
L'enseignement philosophique – 60e année – Numéro 6
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attire l’attention sur les circulaires qui encadrent les stages : elle mentionne la
circulaire nationale du 25 février 2010 3 et la circulaire du Recteur de l’Académie de
Versailles sur les services 4. Il faudra publier les diverses circulaires rectorales, ajoute
N. Franck, pour qu’on voie bien les différences d’une Académie à l’autre ; il faudra
demander qu’elles nous soient adressées. On les publiera sur appepliste, précise
S. Perrier. H. Dilberman tient à rappeler que la situation des stagiaires de cette année
est en partie transitoire, en ce sens qu’ayant passé le concours dans son ancienne
formule, ils n’auront eu qu’une seule année de formation ; mais cela ne veut pas dire
que la situation des stagiaires de l’année prochaine sera meilleure.
2. Les refus de tutorat
Il semble qu’il y ait beaucoup de collègues pour refuser le tutorat, fait observer
S. Perrier. H. Dilberman rapporte qu’à Poitiers, des enseignants des lycées du centreville ont en effet refusé d’être tuteurs. B. Bellebeau pense que, dans un certain
nombre d’établissements de l’Académie de Bordeaux, les chefs d’établissement ont dû
recevoir des consignes pour proposer un encadrement par toute l’équipe pédagogique
au cas où ils craindraient qu’il y ait des refus. N. Franck indique que dans l’Académie
de Versailles, on a libéré une journée – le jeudi – dans l’emploi du temps des
stagiaires et que la formation a lieu ce jour-là. Il estime qu’il y aurait un nombre
important de refus de tutorat, mais il se demande ce qu’il en sera à l’avenir : il se peut
que des collègues finissent par s’accoutumer et, la fonction étant désormais mieux
rémunérée (environ 2 000 euros), que beaucoup de ceux qui avaient refusé cette
année sans savoir ce qu’ils pouvaient perdre en viennent à se raviser.
Ch. Coutel, qui fait remarquer que l’on est passé du pédagogisme des IUFM à une
sorte de sous-compagnonnage, redoute que s’impose l’idée qu’il n’est pas besoin de
formation du tout pour les enseignants. Cela est effectivement à craindre, selon
G. Schmitt, car certains pourraient rappeler la situation d’avant les IUFM – à l’époque
des CPR 5 – en considérant que ce n’était pas si mal ; mais ce serait oublier deux
choses : d’abord que, les élèves auxquels nous avons affaire n’étant plus les mêmes,
une formation didactique est devenue indispensable, et surtout que les stagiaires
disposaient alors de loisirs qui leur permettaient de préparer leurs cours et
d’approfondir leur culture, ce qui est devenu tout à fait impossible aujourd’hui avec un
service complet. Ph. Blanc relève que l’on est passé, avec un cynisme absolu, de l’idée
que la formation serait prise pour un tiers sur le temps de travail à l’idée qu’il n’y aura
pas de formation du tout. Évoquant la situation de l’Académie de Lyon, B. Gittler
explique que si dans les autres disciplines il y a eu des menaces de la part des IPR
contre ceux qui voudraient refuser le tutorat, cela n’a pas été le cas en philosophie.
II. LES POSITIONS DE L’APPEP SUR LA NOTATION, LES ÉPREUVES DANS LES CLASSES
TECHNOLOGIQUES, LA NATURE DE NOTRE ENSEIGNEMENT ET LA MASSIFICATION
1. Les attaques de la presse et l’invitation de l’Acireph
S. Perrier fait le point de la situation. Nous avons subi des attaques massives de
la part d’une presse vraisemblablement aiguillonnée par l’Acireph ou, plus
3. Cf. B.O.E.N., n° 13 du 1er avril 2010 : « Dispositif d’accueil, d’accompagnement et de formation des
enseignants stagiaires des premier et second degrés et des personnels d’éducation stagiaires »
4. Circulaire datée du 20 septembre 2010.
Cf. http://premiumorange.com/uasenver/elus/capa/iufm/cr_stagiaires_20_09_2010.pdf
5. Centres Pédagogiques Régionaux.
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précisément, par un de ses anciens présidents. Les journalistes, en effet, nous posaient
des questions à partir des positions, très détaillées, de l’Acireph : « comment se peutil, alors que l’on est en pleine réforme du Lycée, qu’on ne réforme pas la philosophie ?
C’est scandaleux ! » Avec l’AFP et surtout Médiapart, S. Perrier a eu le sentiment
d’avoir affaire à des gens plus ouverts et de s’être fait un peu mieux comprendre.
Il considère que l’APPEP doit avoir un discours à tenir et faire des propositions,
qu’il y va de sa crédibilité. Aussi a-t-il expliqué que nous n’avons rien contre un
enseignement en Première et que nous sommes prêts à envisager une évolution des
sujets dans les séries technologiques de façon à ce que les candidats soient mieux
guidés dans leur réflexion. Il précise qu’au cours de sa réunion du matin, la
commission s’est accordée sur ce point qu’il s’agit de délivrer en Première un
enseignement préparatoire.
Enfin, il donne connaissance d’une lettre qu’il a reçue la veille de Cécile Victorri,
Présidente de l’Acireph, qui commence ainsi : « Les séries sciences et technologie
industrielles et sciences et technologie de laboratoire vont connaître très
prochainement une réforme de leurs programmes » ; ce qui fait problème car – pour
autant qu’on puisse le savoir actuellement – il n’est pas envisagé de changer le
programme de philosophie des séries technologiques. D’ailleurs, la lettre ne dit pas
que ce sera le cas, mais que « nous ne savons même pas à ce jour si l’enseignement de
philosophie sera ou non concerné par la réforme ». Toujours est-il que l’Acireph a
décidé de consacrer ses prochaines journées d’étude à « la question de l’avenir de
l’enseignement de la philosophie dans les séries technologiques » et d’organiser à
cette occasion une table ronde à laquelle l’APPEP est chaleureusement invitée.
2. Quel enseignement envisager en Première ?
Au sujet des attaques de la presse sur la notation au baccalauréat, D. Carsin juge
nécessaire que nous rédigions un communiqué de protestation et que nous saisissions
l’Inspection Générale – qui ne s’est pas manifestée sur le moment – pour qu’elle nous
défende. Au sujet des classes technologiques, il s’étonne que l’Acireph ne dise rien des
horaires, car il lui semble qu’une association de spécialistes devrait se battre pour leur
maintien. Enfin, quant à l’enseignement en Première, il entend rappeler deux
préalables : que les horaires de Terminale soient sauvegardés et que soit adopté un
programme de notions. G. Schmitt précise que si nous proposons un enseignement
préparatoire en Première, c’est afin de répondre à une demande émanant des élèves
eux-mêmes et de leurs parents ; d’autre part, il fait observer qu’on ne peut pas
demander un programme de notions en Première sans que cela remette en cause le
programme de notions de Terminale qui doit former un tout, ce dont D. Carsin
convient volontiers. Ph. Blanc ajoute que ce n’est pas tant la question du programme
qui importe que celle des exercices et des épreuves auxquels il s’agit de préparer les
élèves. Ch. Coutel est d’accord avec D. Carsin pour dire que les horaires ne sont pas
négociables, mais il trouve bizarre en revanche qu’on veuille préparer à la philosophie
sans faire de philosophie, et comme on ne peut pas mettre en Première un
programme de notions et encore moins un programme « sociétal », il propose,
reprenant une idée qui avait été émise naguère par Alain Renaut, que l’on y travaille
sur des préalables, que l’on s’attache à ce que suppose notre discipline, en d’autres
termes, que l’on adopte un programme de culture générale de la philosophie.
S. Perrier revient sur ce qui a été dit. Il ne voit pas l’APPEP élaborer des positions
communes avec l’Acireph et il ne lui paraît pas souhaitable d’aller cautionner
l’Acireph en participant ès qualités à ses journées. Il trouve en outre qu’il y a un ton
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qu’on ne peut tout de même pas employer quand il s’agit d’inviter les gens 6 et il se
demande jusqu’à quel point on ne cherche pas à instrumentaliser la question des
classes technologiques et du changement de programme. Il présente rapidement les
grandes lignes de la réponse qu’il compte envoyer rapidement.
En ce qui concerne le programme de Première, il fait état des discussions de la
commission qui ont eu lieu le matin même. Ce n’est pas dans le sens de la culture
générale – fût-elle de la discipline – que l’on est allé, mais on s’est proposé de partir
de l’étude de textes, afin de montrer ce qu’a de propre le discours philosophique. C’est
ainsi qu’on pourra préparer au programme de Terminale. Les textes pourront être
choisis en fonction des « champs de problèmes » – comme cela est dit dans l’actuel
programme – car il faut, sans doute, que les textes sollicitent des notions.
J. Lefranc, d’accord avec tout ce qui vient d’être dit, relève que nos adversaires
nous opposent l’enseignement en Première en disant que nous y sommes hostiles, ce
qui est évidemment faux : notre Association n’a jamais pris une position de principe
contre un enseignement philosophique en Première mais s’est simplement opposée à
tout enseignement qui aurait pour effet de torpiller celui qui doit être dispensé en
Terminale. Il importe en effet qu’on ne mette pas en cause l’horaire et surtout l’esprit
de cet enseignement. Il approuve l’idée d’un travail sur des textes ; en revanche, il a
des réticences au sujet de la culture générale, parce qu’il craint certains usages qu’on
pourrait en faire.
À propos de la réponse à donner à l’invitation de l’Acireph, E. Aujaleu pense que
nous devons dire qu’avoir profité de la période des corrections du baccalauréat pour
mettre en cause la notation est injustifiable, inexcusable, qu’il est essentiel
aujourd’hui de sauvegarder les horaires et que, s’ils veulent qu’on se rencontre, c’est
évidemment possible, mais dans un autre cadre que celui de leurs journées. Sur la
question de la culture générale philosophique, il considère, étant donné la diversité
des contenus que l’on peut lui associer, qu’il y aurait des risques à proposer un tel
programme. En revanche travailler sur des textes lui paraît intéressant ; mais ne
faudrait-il pas alors insister sur ce point : qu’est-ce qu’une démarche philosophique ?
C’est précisément dans cette direction que la commission s’est engagée, intervient
Ph. Blanc, qui précise que l’idée de travailler sur des textes a été avancée par Hélène
Bouchilloux et qu’elle envisageait un travail plus technique sur les différentes formes
que peut prendre l’écriture philosophique. Lui-même serait favorable à ce qu’en
Première, on incite les élèves à lire et qu’on leur permette d’accéder à des œuvres.
Pour G. Schmitt, même si nous ne sommes pas franchement demandeurs d’un
enseignement en Première, nous devons être en mesure de faire des propositions au
cas où il soit mis en place de telle sorte qu’il ne remette pas en cause l’enseignement
en Terminale et puisse y préparer. Pour cela, le mieux est de travailler sur des textes
de façon à faire valoir la démarche problématisante, qu’on peut considérer comme
essentielle en philosophie. S. Perrier marque aussitôt son désaccord sur un point :
nous sommes bien demandeurs, nous demandons à être présent en Première.
G. Schmitt explique ses réticences : si nos élèves sont aujourd’hui moins préparés à la
philosophie, cela tient aussi à l’excessive dispersion des enseignements et il est à
craindre qu’un enseignement philosophique en Première participe de cette
dispersion…
B. Bellebeau observe que le thème des journées de l’Acireph reprend étrangement
celui que le SNES avait choisi l’année dernière ; elle pense qu’il serait juste que
6. Et on peut constater sur le site de l’Acireph la place qu’y tient la polémique contre l’APPEP.
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l’Inspection Générale défende notre discipline à la suite des attaques dont elle a fait
l’objet ; elle rappelle le point d’accord de la commission, à savoir l’étude de textes et,
faisant référence aux travaux que Françoise Raffin avait coordonnés sous l’égide de
l’INRP 7, elle souligne l’intérêt qu’il y aurait à permettre d’identifier le discours
philosophique. Quant au morcellement des enseignements du fait des options, elle
souhaiterait savoir ce qu’il en est des collègues qui se sont lancés dans l’enseignement
« Littérature et société ».
Ch. Coutel émet de vives réserves au sujet de notre rapport aux textes comme à
une bouée de sauvetage, car on peut voir que l’étude des extraits dispense en fin de
compte de lire les œuvres. Il estime qu’il faut cesser de fétichiser les textes et
s’efforcer de bien articuler le niveau tactique, à savoir le programme de Première, et
le niveau stratégique, à savoir la culture générale de la discipline qui permettait non
seulement de préserver la spécificité de l’enseignement de la Terminale, mais encore
de préparer à l’enseignement supérieur et de surcroît d’occuper un terrain nouveau. Il
souhaite que nous mettions cela en débat.
3. Lancement d’une pétition sur les dédoublements
N. Franck s’étonne que l’on ait autant parlé de la philosophie en Première, alors
même que son introduction n’est pas à l’ordre du jour ; il est néanmoins tout à fait
favorable à ce que nous demandions cet enseignement. Il est partisan d’une démarche
auprès de l’Inspection pour qu’elle soutienne les professeurs de philosophie après les
attaques qui ont eu lieu et qu’en tout cas nous rédigions une motion à ce sujet. Enfin,
il demande que l’on décide dès maintenant d’une pétition sur les dédoublements en
série technologique. Quelle forme lui donner ? Il pense qu’il est préférable qu’elle soit
intersyndicale et inter-associations – et pourquoi l’Acireph ne s’y joindrait-elle pas ? –,
mais qu’il faudra prendre des précautions pour que ce soient seulement des
enseignants de philosophie qui la signent. D. Carsin approuve : c’est une manière de
prendre position et d’associer les collègues.
M. Perret suggère que l’on fasse en sorte que cette pétition puisse être signée en
ligne, car il lui semble que, si celle qui a été lancée l’an dernier au sujet des
Terminales S a eu peu de succès, cela est tient pour une large part au fait que cette
possibilité n’avait pas été offerte 8.
Ph. Blanc approuve cette décision de lancer cette pétition, ajoutant que beaucoup
de collègues ne croyaient pas que le Ministère en viendrait à supprimer ainsi les
dédoublements. Et B. Fischer observe qu’il serait intéressant de savoir combien de
collègues ont leur service uniquement avec des classes technologiques : leur situation
risque de devenir très vite intenable.
4. À propos des attaques dont nous avons fait l’objet, derechef
D. Carsin insiste de nouveau sur la nécessité de protester contre la manière dont
nous avons été traités dans les médias et de nous adresser à l’Inspection, car en
agissant ainsi, nous sommes dans notre rôle. Comme le Ministère ne semble pas
vouloir changer les programmes, il considère que, s’il y a un problème auquel nous
devons nous attaquer prioritairement, c’est celui de la fin des dédoublements
7. Usages des textes dans l’enseignement philosophique, 2002, CNDP, INRP, Hachette Éducation. Voir aussi La
lecture philosophique, 1995, mêmes éditeurs.
8. La pétition « en faveur du dédoublement des heures de philosophie dans les séries technologiques et du
maintien de quatre heures dans les séries scientifiques » a été mise en ligne sur le site de l’APPEP et peut être
signée en ligne.
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obligatoires. Quant à l’enseignement en Première, cela lui semble faire l’objet d’une
discussion sur le sexe des anges.
S. Perrier est partisan d’une certaine prudence sur la question de la notation : il
ne servirait pas à grand-chose d’élever des protestations contre une idée aussi
fortement incrustée dans l’opinion. Nous pourrons en revanche rencontrer
l’Inspection, lui demander d’être solidaire et publier le résultat de l’entrevue. Enfin,
étant donné que nombre de nos collègues ont expérimenté l’enseignement en
Première et y sont favorables, il conclut que nous avons à en tenir compte et que
notre discours est aussi pour eux.
B. Bellebeau annonce qu’elle a rédigé un texte sur la manière dont les médias ont
traité de l’évaluation en philosophie et elle demande que le travail qui a réellement
été effectué au sujet de la notation en philosophie soit rendu public. Une discussion
s’engage sur ce texte dont on apprécie le caractère mesuré. Au cours de cette
discussion, il est fait état, à plusieurs reprises, du regret que l’Inspection ne nous ait
pas soutenus dans cette affaire. B. Gittler évoque les travaux de Pierre Merle et
propose que l’on intervienne auprès des parents sur la question de la notation.
III. PROJETS POUR L’ANNÉE À VENIR
1. La pétition sur les dédoublements et une action sur le baccalauréat
Parmi les projets, il y a, bien sûr, la pétition dont le lancement vient d’être
décidé. S. Perrier indique qu’il y a aussi, émanant de la Régionale de Rennes, une
proposition d’action sur le baccalauréat qui devrait être menée en relation avec les
syndicats.
2. Un colloque sur la philosophie du soin ?
Il rappelle qu’il avait déclaré en mai dernier, lors du comité national, qu’il serait
bon que l’Association ait une activité proprement philosophique et consacre une
journée, voire plusieurs journées, à des auteurs ou à un thème.
B. Bellebeau propose que l’on travaille sur la philosophie du soin, ce qui
présenterait aussi l’intérêt de donner à notre discipline une plus large ouverture sur
l’enseignement supérieur. En outre, on pourra envisager de publier un numéro
spécial de la revue sur cette question qui a déjà fait l’objet d’articles adressés au
comité de lecture.
Ch. Coutel apporte son soutien à cette proposition, estimant que nous devons
être aussi une force de proposition théorique, qu’en travaillant ainsi sur la philosophie
du soin, nous répondons à une forte demande de réflexion – qu’on ne saurait
abandonner aux seuls religieux – de la part des milieux médicaux et paramédicaux,
qu’il y aura des thèses à soutenir sur cette question et que des postes seront créés.
É. Aujaleu demande s’il ne serait pas mieux de mettre l’expression au pluriel dans
l’intitulé du colloque, ce qui donnerait : philosophies du soin. On pourrait aussi,
suggère Ch. Coutel, envisager le titre suivant : sollicitude et compassion. Quelle durée
lui donner, reprend É. Aujaleu : une journée ou deux journées ? La question reste sans
réponse.
3. Poursuivre l’action sur la formation des enseignants
H. Dilberman voudrait aller voir ses collègues enseignant en IUFM pour savoir
comment ils survivent à la « mastérisation ». Il pourrait ainsi poursuivre le travail qui
a donné lieu à publication dans le numéro de mai-juin 2010 et qui a eu, autant qu’il a
pu en juger, une certaine influence.
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É. Aujaleu indique qu’il n’y a plus de préparation au CAPES de philosophie à
Montpellier. Et C. Coutel délivre ces informations : la situation de la philosophie dans
la formation des professeurs des écoles est catastrophique et on assiste à un
effondrement de la formation pour les professeurs des lycées et collèges. Ceux qui y
travaillaient vont être reversés dans les lycées. Manifestement, on est en train de
liquider les concours. É. Aujaleu juge que l’action sur ce dernier point relève
davantage de la Conférence. Ph. Blanc apporte alors quelques explications et annonce
qu’il évoquera ces questions à la prochaine réunion de la Conférence. H. Dilberman
précise que la plupart des collègues des autres disciplines enseignant en IUFM se
retrouvent avec un demi-service.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée un peu avant 17 heures.
MOTIONS
MOTION DU BUREAU DE L’APPEP SUR LA NOTATION
AU BACCALAURÉAT
Samedi 25 septembre 2010
Le Bureau de l’APPEP s’indigne de la manière dont, en juin dernier, un magazine
s’en est pris à l’évaluation en philosophie au baccalauréat. L’évaluation d’une seule
copie, indépendamment des plus élémentaires et des plus ordinaires conditions d’une
correction équitable, a été le prétexte à une dénonciation totalement artificielle du
travail des professeurs de philosophie. Il n’est pas admissible que l’idée de
« l’arbitraire de la notation » en philosophie soit ainsi distillée à partir d’une
« expérience » dépourvue de la moindre valeur scientifique. L’APPEP juge
particulièrement détestable d’utiliser l’anxiété des élèves et de leurs parents au
moment de l’épreuve et de l’attente des résultats.
L’APPEP et les professeurs de philosophie ne demandent aucune complaisance à
l’égard de la notation en philosophie. Notre association connaît et prend en compte
les travaux et les enquêtes journalistiques qui ont pu montrer les difficultés, voire
certaines injustices, de la notation. Elle ne saurait accepter en revanche qu’on en tire
prétexte pour discréditer les épreuves de philosophie et souligne que la question se
pose aussi dans les autres disciplines. Nous invitons en ce sens chacun à prendre
connaissance du travail fait depuis maintenant de nombreuses années, qui doit
continuer, pour une notation qui ne relève d’aucun arbitraire. On ne saurait enfin
oublier que chaque correcteur est un professeur qui attend du baccalauréat qu’il
récompense justement ses élèves pour un travail qui est aussi le sien.
MOTION SUR LE TUTORAT ET L’ANNÉE DE STAGE
À la suite du comité du 29 mai 2010 l’APPEP estime que la suppression d’une
véritable année de stage pour les nouveaux professeurs, des écoles comme des
collèges et des lycées, rend de fait impossible l’exercice d’un authentique tutorat.
Cette situation justifie à ses yeux le refus d’exercer cette fonction, d’ores et déjà
manifesté par de nombreux collègues.
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Il ne suffit pas d’avoir été mis « en situation » pendant quelques heures l’année
même du concours pour devenir ensuite professeur. Passer de ces quelques heures à
un temps plein, pour sa première année, laissera le stagiaire submergé par les
difficultés naturelles à un commencement, sans aucun recul lui permettant de
progresser, sans même le temps nécessaire à la préparation des cours. Le nom
maintenu de “stage” peut rassurer, mais tout professeur sait bien qu’il ne peut y avoir
période de formation et de perfectionnement lorsque le travail exigé est identique en
quantité et en responsabilité à celui d’un professeur accomplissant pleinement ses
obligations de service. Telle qu’elle est désormais organisée, cette première année
rend impossible toute perspective de construction d’un projet pédagogique cohérent,
et par exemple, pour notre discipline, la continuité nécessaire du cours.
Sans parler de l’accompagnement d’un nombre multiplié de classes et d’élèves
confiés au “stagiaire”, de nombreuses autres tâches vont être exigibles des tuteurs. En
effet, le professeur qui, par une volonté expresse de sa part, exercera la nouvelle
charge s’engagera à s’acquitter de tous les devoirs de formation relevant jusqu’ici des
instances conjointes de l’organisme de formation, de l’inspection et de l’établissement
d’exercice : prendre le temps de présenter de façon réfléchie les principes généraux de
l’enseignement philosophique dans l’école républicaine et laïque, travailler l’ensemble
des programmes (notions et textes) à partir des connaissances acquises par le lauréat
du concours, pratiquer régulièrement une double correction discutée des devoirs des
élèves, donner à réfléchir les principaux débats concernant notre enseignement en
s’appuyant sur les textes de la didactique philosophique, préparer à la responsabilité
de correcteur du baccalauréat, assumer la responsabilité quasiment non partagée
d’une évaluation disciplinaire et pédagogique attendue en fin d’année.
Nous ne saurions par ailleurs oublier la désorganisation prévisible du travail dans
les établissements. La situation des classes prises en charge par un « stagiaire » ne
sera pas du tout enviable : elles devront subir une rupture pédagogique, deux à trois
fois dans l’année, du fait du départ du stagiaire en formation et de l’arrivée d’un
vacataire ou d’un TZR, s’il en reste, pour le remplacer. C’est aussi la qualité du travail
des tuteurs avec leurs propres classes qui sera affaiblie.
En conséquence, l’APPEP comprend et soutient les professeurs qui refusent
désormais une fonction qu’ils ne pourront réellement exercer. Elle réclame le retour
d’une véritable première année pour les collègues débutants, ce qui suppose d’abord
une part très largement diminuée de classes en responsabilité.
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