Une étude montre la progression du taux de survie
aux trois cancers les plus fréquents en France
LE MONDE | 02.02.2016 à 10h27 • Mis à jour le 02.02.2016 à 11h21 | Par François Béguin (/journaliste/francois-beguin/)
C’est une nouvelle plutôt rassurante. De plus en plus de personnes atteintes d’un cancer sont
toujours en vie cinq ans après le diagnostic de la maladie. C’est ce que révèle la troisième édition
d’une vaste enquête publiée mardi 2 février par l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Institut national
du cancer (INCa). Selon cette étude menée entre 1989 et 2010 sur plus de 535 000 cas et portant
sur 53 types de cancer, les tendances sont jugées globalement « encourageantes ». Même si ces
survies restent très « hétérogènes » et ces pronostics doivent être lus avec « prudence ».
Certaines tumeurs laissent en effet toujours peu d’espoir (mésothéliome pleural, pancréas,
œsophage, foie, poumon) quand d’autres affichent des taux de survie proches de la guérison
(prostate et testicule chez les hommes, thyroïde chez les femmes). Des différences de pronostic qui
varient également selon le sexe et l’âge des malades au moment du diagnostic. De fait, les cancers
de mauvais pronostics – survie inférieure à cinq ans – représentent 31 % des cancers chez les
hommes et seulement 17 % chez les femmes.
Trois des quatre « tumeurs solides » – sur les organes – les plus fréquentes (prostate, sein et côlon-
rectum) affichent des évolutions de leur survie à cinq ans « extrêmement significatives » et
« positives », se félicite François Bourdillon, le directeur général de l’InVS. Alors que 72 % des
hommes à qui un cancer de la prostate a été diagnostiqué entre 1989 et 1993 étaient encore en vie
cinq ans plus tard, cette proportion passe à 94 % pour ceux dont le diagnostic a été posé entre 2005
et 2010. Cette hausse spectaculaire de 22 points en quinze ans s’explique par une amélioration de
la prise en charge thérapeutique et du dépistage de ce cancer à l’origine de 8 900 décès en 2012.
Entre ces deux mêmes périodes, le pourcentage de survie après un diagnostic de cancer du sein
enregistre une hausse de 7 points. Si 80 % des femmes à qui cette tumeur a été diagnostiquée
entre 1989 et 1993 étaient toujours en vie cinq ans plus tard, elles sont 87 % parmi celles
diagnostiquées entre 2005 et 2010. « Mais du fait de sa fréquence, le cancer du sein reste la
première cause de décès par cancer chez la femme », tempèrent l’InVS et l’INCa. En 2012, pour
48 800 nouveaux cas diagnostiqués, ce cancer a causé 11 900 décès.
« L’amélioration ne passera que par la prévention »
La survie au cancer du côlon-rectum affiche de bons résultats, avec une hausse de 9 points (de
54 % à 63 %) de la survie à cinq ans.
« Il y a là des marges de progression, juge cependant le docteur Jérôme
Viguier, le directeur du pôle santé publique et soins de l’INCa. On arrive
encore trop tard dans la maladie. Le programme de dépistage, pourtant
efficace, ne rencontre que 35 % à 40 % des personnes visées. »
Malgré une légère amélioration, les chiffres du cancer du poumon restent alarmants, avec un taux
de survie à cinq ans particulièrement faible. En quinze ans, il est passé de 13 % à 17 %. « C’est un
cancer qui garde un pronostic effroyable », constate le docteur Viguier. « Il n’y a pas à ce jour de
traitement optimum de ce cancer. L’amélioration ne passera donc que par la prévention et la
réduction du tabagisme », ajoute François Bourdillon. Cette tumeur est la première cause de décès
par cancer chez l’homme (21 300 estimés en 2012).
La baisse de la survie au cancer du col de l’utérus, de 68 % à 62 %, se présente comme une
exception. Cette évolution s’explique paradoxalement par la montée en puissance du dépistage par
frottis depuis vingt-cinq ans. Malgré tout encore insuffisant. Les cancers « diagnostiqués au stade
invasif » ayant échappé à ce dépistage sont certes moins nombreux mais « comportent une
proportion plus importante de cancers de mauvais pronostic, d’où la diminution de la survie au cours
de la période d’étude », fait valoir l’enquête.
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Affiner le « droit à l’oubli »
C’est sur la base de toutes ces nouvelles données qu’a été élaborée ces derniers mois entre l’INCa
et les société s d’assurances une nouvelle « grille de référence » affinant le « droit à l’oubli » prévu
par la loi santé pour les anciens malades du cancer. Pour leur éviter d’avoir à payer des surprimes
d’un montant parfois exorbitant lors de la souscription d’un crédit bancaire, le texte définitivement
adopté en décembre prévoit que les anciens malades ne sont plus tenus de déclarer leur cancer dix
ans après la fin de leur traitement.
Selon nos informations, la ministre de la santé, Marisol Touraine, devrait dévoiler jeudi 4 février, lors
de la clôture des sixièmes rencontres de l’INCa, une grille – évolutive – qui détaillera quels cancers
ne donneront plus lieu à une déclaration obligatoire. Au vu de l’enquête publiée mardi, les cancers
avec un bon pronostic, comme celui du testicule (96 % de survie à cinq ans) devraient figurer en
bonne place. « A 95 % de survie, on peut considérer qu’on est sur un cancer qui se guérit »,
souligne le docteur Viguier. « Même si c’est assez difficile de mettre le pancréas ou le poumon dans
un premier temps, ajoute-t-il, cette liste est quand même une petite révolution. »
Lire aussi : Cancer et hasard, la polémique rebondit (/medecine/article/2015/12/16/cancer-et-hasard-la-
polemique-rebondit_4833396_1650718.html)
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