ÉD I T O R I A L
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La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 2 - mars-avril 2004
L
e passage du “Train cancer” dans différentes villes de
France (voir page 89) a été l’occasion d’une enquête
d’opinion dont les résultats ont été récemment rendus
publics. Ils offrent des aspects originaux et suscitent des pistes
de réflexion.
P
our la majorité des visiteurs, la principale préoccupation est la
prévention du cancer. Ce public déjà initié (contact avec la mala-
die soit personnel, soit familial, soit chez des proches) souhaite
qu’une information plus étendue sur les causes environnemen-
tales des cancers soit délivrée. Il estime à plus de 80 % qu’il fau-
drait en parler dès la scolarité. Jusqu’alors, il est vrai, cette infor-
mation cruciale de santé publique n’est pas systématique et ne se
fait qu’au “coup par coup, à la demande de certains établisse-
ments. Pourquoi ne pas mettre en place, comme le suggèrent les
organisateurs de la manifestation, une information sur les gestes
de prévention du cancer dès le collège ou le lycée, un peu sur le
modèle de la prévention routière ? Nous pourrions en espérer une
prise de conscience précoce et une modification de certains com-
portements à risque.
C
ette information sur le cancer apparaît dans cette enquête
comme un besoin essentiel. Malheureusement, la réponse à ce
besoin semble n’être que très partiellement satisfaite par les pro-
fessionnels de santé. En effet, près de 70 % des visiteurs avaient
déjà recherc de l’information sur cette maladie, mais dans
seulement 19 % des cas auprès de leur médecin généraliste, dans
2 % des cas auprès de leur pharmacien, et pour une personne
sur quatre auprès de leur médecin spécialiste. Ils avaient plutôt
eu recours à la presse grand public pour 45 % d’entre eux, à la
presse scialisée pour 34 % et à Internet pour une personne
sur quatre.
C
es chiffres devraient nous pousser à être plus encore des
partenaires dinformation auprès de nos patients et du
public. Cela nest possible que si les soignants peuvent,
au-de de leur motivation, dégager un temps suffisant pour
cette tâche. Cette disponibilité sous-entend, bien entendu, des
effectifs médicaux aquats, qui risquent dêtre remis en
question dans les années à venir par la baisse prévue de la
population médicale.
E
nfin, paradoxalement, malgré cette demande d’une communi-
cation plus importante, les personnes directement touchées par
la maladie (malades ou ex-malades, représentant 23 % des visi-
teurs interrogés) préfèrent en majorité se reposer sur les décisions
des médecins plutôt que de s’impliquer davantage dans le choix
des traitements proposés.
C
ette observation un peu étonnante ne devrait toutefois pas
engager les praticiens à retourner à une pratique médicale
“paternaliste”. Le patient ne demande pas à sortir du ur de
la relation médecin-malade. Le souhait exprireflète plutôt
la volonté d’un partenariat s’apparentant à celui d’une cordée
de haute montagne.
D
ans les passages difficiles, la confiance dans un guide expéri-
menté apparaît alors cruciale pour la réussite de la course.
Les cancérologues doivent pre n d re le train
jà en marc h e . . .
J.F. Morère*
* Service d’oncologie médicale, hôpital Avicenne, 93009 Bobigny Cedex.
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