DOSSIER THÉMATIQUE Rétrospective 2009 Cancérologie digestive Gastrointestinal malignancies P. Afchain1, A. Lièvre2, C. Tournigand 1 Cancers du pancréas Chimiothérapie adjuvante du cancer du pancréas : 5-FU ou gemcitabine ? 1 Service d’oncologie médicale, hôpital Saint-Antoine, Paris. 2 Service d’hépato-gastroentérologie, hôpital Ambroise-Paré, BoulogneBillancourt. Depuis l’essai CONKO-001, la gemcitabine est le standard du traitement adjuvant du cancer du pancréas, malgré la publication antérieure de l’essai ESPAC-1, montrant un bénéfice de survie globale (SG) avec l’association 5-fluoro-uracile (5-FU) + acide folinique (AF) en bolus mensuel (schéma Mayo Clinic). L’intérêt de la gemcitabine en adjuvant est renouvelé avec la publication d’une plus petite étude de phase III de l’équipe japonaise de H. Ueno (1). Cette étude était aussi randomisée pour 118 patients, dont 58 avaient une administration de gemcitabine 1 000 mg/m2 en 30 minutes 3 sem./4 après leur chirurgie, en résection R0 quel que soit leur statut N+ ou N0, par comparaison avec 60 patients traités uniquement par chirurgie. La médiane de survie sans maladie (SSM) était significativement en faveur de la chimiothérapie adjuvante 11,4 mois versus 5 (HR : 0,6 ; p = 0,01), tandis que l’impact en termes de SG restait non significatif (22,3 mois versus 18,4 ; HR : 0,77 ; p = 0,19). À l’ASCO, les résultats de la comparaison de l’utilisation de la gemcitabine avec celle du 5-FU ont été rapportés. Il s’agissait des résultats d’ESPAC-3, étude de phase III internationale (16 pays) qui a inclus, sur la période 2000-2007, 1 088 patients (après résection R0/R1 d’un adénocarcinome du pancréas) randomisés en adjuvant (6 mois) entre 5-FU/AF (20 mg/m2 d’AF suivis par 5-FU 425 mg/m2 de J1 à J5 tous les 28 jours) et gemcitabine (1 000 mg/ m2 à J1, J8 et J15 toutes les 4 semaines) [2]. Les résultats sur le critère principal (SG à 48 mois) ne montraient pas de différence significative entre les 2 bras : 23 mois (5-FU/AF) versus 23,6 mois (gemcitabine) [RR = 0,94 ; p = 0,39]. La médiane de survie sans récidive (SSR) était également comparable dans 34 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 les 2 bras : 14,1 mois (5-FU/AF) versus 14,3 mois (gemcitabine) [RR = 0,95 ; p = 0,44]. Une analyse complémentaire a été réalisée entre les sous-groupes stratifiés en fonction de la qualité de la résection (R0 ou R1) et montre une survie à 24,7 mois pour les R0 versus 19,9 mois pour les R1 (p < 0,001). En revanche, le statut de résection n’avait pas d’influence sur les résultats obtenus dans chaque bras de traitement (p = 0,39). Le profil de tolérance pour les événements indésirables (EI) de grade 3-4 était significativement en faveur du bras gemcitabine (en particulier pour la survenue de stomatites, 0 versus 10 %, et de diarrhées de grade 3/4, 2 % versus 13 % ; p < 0,001), excepté pour la thrombopénie (1,5 % versus 0 % ; p = 0,0034). Quant aux EI considérés comme sévères, le pourcentage était de 7,5 % dans le bras gemcitabine versus 14 % dans le bras 5-FU/ AF (p < 0,001). La dose-intensité médiane était de 89 % dans le bras gemcitabine versus 79 % dans le bras 5-FU/AF. On attend désormais les résultats de l’étude ESPAC-4, qui compare gemcitabine et gemcitabine + capécitabine. Un autre point non résolu reste la place de la radiothérapie, aussi bien en situation adjuvante qu’en situation néoadjuvante. Mais, pour le moment, nous ne disposons pas d’études randomisées permettant de conclure à l’intérêt d’une telle prise en charge. Une étude de cohorte de 747 patients, dont 374 ont bénéficié d’une chirurgie seule et 299 d’une chirurgie complétée par une radiochimiothérapie (RT-CT) pour des tumeurs au maximum pT3 N+, voire R1, rapportait un bénéfice chez les N+ uniquement, avec une médiane de SG passant de 14,5 mois à 20 mois. En revanche, chez les patients N–, ce même traitement trop lourd semble délétère (3), la survie médiane étant réduite de 18,6 mois à 14,5 mois ! À l’ASCO 2009, les résultats définitifs de l’étude de phase II intergroupe EORTC/FFCD/GERCOR comparant en situation adjuvante gemcitabine (1 000 mg/m2 en 30 mn toutes les 3 sem. pendant Résumé Dans le domaine de l’oncologie digestive, l’année 2009 a vu se produire des avancées thérapeutiques très variées : ▸ Pour les tumeurs colorectales, les résultats des essais de phase III des inhibiteurs de l’EGFR sont maintenant disponibles, en première ligne, que ce soit pour le cétuximab ou pour le panitumumab. Les recherches dans le domaine des facteurs prédictifs de réponse se poursuivent, axés surtout autour de K-ras et B-raf. ▸ Il faut également mentionner la nouveauté dans le traitement des patients ayant un cancer de l’estomac métastatique : l’adjonction du trastuzumab à une chimiothérapie standard permet d’augmenter significativement la survie sans progression et la survie globale. ▸ Dans le domaine du traitement adjuvant des GIST, l’imatinib permet d’allonger la survie sans récidive. L’article reprend avec de plus amples détails les principales études qui ont retenu notre attention lors de cette année 2009. Mots-clés Cancer colorectal Cancer de l’estomac Cancer des voies biliaires Cancer du pancréas Tumeurs stromales gastro-intestinales Highlights Tableau I. Résultats d’efficacité. Tableau II. Les résultats ne révèlent aucune différence significative entre ces 3 modalités thérapeutiques (6). In gastrointestinal oncology, important advances emerged in 2009. ▸ For colorectal cancer, results of first-line phase III trials of EGFR inhibitors are now available, either with cetuximab or panitumumab. Research on biomarkers are still on the way, focused especially around K-ras and B-raf. ▸ In the treatment of patients with metastatic gastric cancer, the addition of trastuzumab to standard chemotherapy can significantly increase progression-free survival and overall survival. ▸ In the field of adjuvant treatment of GIST, imatinib can prolong recurrence-free survival. The article summarizes the major studies that have caught our attention during this year 2009. 832 patients Survie globale Survie Hazard-ratio (médiane, mois) à 1 an (%) Keywords Chimiothérapie (n = 45) Radiochimiothérapie (n = 45) Hazard-ratio (IC95) Survie globale (médiane, mois) 24,4 24,3 1,07 (0,62-1,85) Survie sans récidive (médiane, mois) 10,9 11,8 0,98 (0,61-1,57) Pourcentage de récidive locale à la 1re récidive 48,5 42,4 12 sem.) à une RT-CT avec de la gemcitabine à la dose de 300 mg/m2/sem. ont été rapportés par J.L. Van Laethem et al. (tableau I) [4]. L’objectif principal de cette étude étant sa faisabilité, il a été atteint ; 86,7 % des patients se sont vu administrer la totalité du traitement prévu dans le bras chimiothérapie et 73,3 %, celui prévu dans le bras RT-CT. La toxicité de grade IV était de 0 et 4,4 % respectivement. Ces résultats n’apportent cependant pas d’éléments en faveur de la supériorité de la RT-CT, avec notamment un taux de récidive locale comparable dans les 2 bras. En situation d’irrésécabilité pour les lésions métastatiques et/ou localement avancées L’essai CONKO-004 consacre l’énoxaparine comme un nouveau standard de soins de support. Cette étude allemande, de phase III et multicentrique, a randomisé 312 patients avec cancer du pancréas avancé (naïfs de chimiothérapie et n’ayant jamais présenté d’événements thrombo-emboliques veineux [ETV]) pour recevoir, en association avec une chimiothérapie à visée palliative (gemcitabine, 5-FU, AF et cisplatine [GFFC] ou gemcitabine), soit de l’énoxaparine 1 mg/kg/j (n = 160), soit un placebo (n = 152) pendant 3 mois, puis une dose de 40 mg/j dans le bras énoxaparine (5). Les résultats présentés montrent à 3 mois une réduction très significative du risque d’ETV dans le bras énoxaparine (1,3 % versus 9,9 % ; p < 0,01), avec une réduction significative en cas d’administration de GFFC. Concernant la tolérance, l’incidence des saignements majeurs n’a pas été significativement différente entre les 2 bras : 6,3 % dans le bras énoxaparine versus 9,9 % dans le bras contrôle (p = 0,6). Les résultats préliminaires après un suivi médian de 30,4 semaines ne montrent, en revanche, pas de différence entre les 2 bras en termes de SG (31 versus 29 semaines). Dans cette situation d’irrésécabilité, les études de phase III publiées en 2009 sont celles de E. Poplin et al. (6) et de D. Cunningham et al. (7). L’étude de E. Poplin et al. randomisait 832 patients avec adénocarcinome pancréatique soit localement avancé soit métastatique avec gemcitabine et oxaliplatine (GEMOX), gemcitabine 30 minutes et gemcitabine à débit constant (GEM FDR) [tableau II]. GEMOX 5,7 21 GEM 4,9 16 GEM FDR 6,2 21 0,88 p = 0,22 (/GEM) 0,83 p = 0,04 (/GEM) Colorectal cancer Gastric cancer Biliary duct cancer Pancreatic cancer Gastrointestinal stromal tumor GEM : gemcitabine ; GEM FDR : gemcitabine à débit constant ; GEMOX : gemcitabine et oxaliplatine. La deuxième étude, de D. Cunningham et al. et publiée dans le Journal of Clinical Oncology, apporte enfin les conclusions définitives sur l’association gemcitabine et capécitabine (7). Cette étude ouverte, randomisée, avait pour objectif principal la SG, mais, manquant de puissance, une méta-analyse a été associée (2 études complémentaires évaluant au total 935 patients), ce qui a permis de “démontrer” le bénéfice de l’association par rapport à la gemcitabine seule… et aux auteurs de conclure sur un nouveau standard possible en première ligne. Mais les résultats sur les 533 patients “réellement randomisés” La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 35 DOSSIER THÉMATIQUE Rétrospective 2009 Cancérologie digestive montrent, certes, une meilleure réponse objective (19,1 % versus 12,4 % ; p = 0,034) et une SSP plus longue (HR : 0 78 [IC95 : 0,66-0,93] ; p = 0,004) de façon significative, mais seulement une tendance bénéfique en termes de SG (HR : 0,86 ; IC95 : 0,721,02 ; p = 0,08). Enfin, une étude de phase III portant sur l’adjonction de bévacizumab versus placebo à l’association erlotinib et gemcitabine a inclus 301 patients (8). L’objectif principal, la SG, n’a pas été atteint (7,1 mois versus 6 mois), et il n’y a donc toujours pas de bénéfice statistiquement significatif, même si la SSP est significativement allongée par le bévacizumab, et que cette triple association reste bien tolérée. Parmi les autres études, les résultats de l’évérolimus (inhibiteur mTOR oral) chez les patients résistant à la gemcitabine ne révèlent pas de grandes avancées, même s’ils ouvrent la voie d’une phase III. Globalement bien toléré, en dehors de cas de thrombopénie et d’hyperglycémie, la phase II publiée dans le Journal of Clinical Oncology par B.M. Wolpin montre que cette monothérapie orale de prise quotidienne (10 mg/j) n’a permis de stabiliser que 21 % des patients, sans jamais obtenir de réponse objective, avec une SSP de seulement 1,8 mois et une SG de 4,5 mois (9). Tumeurs biliaires L’année 2009 n’a pas vu de publications majeures sur les néoplasies des voies biliaires. Les grands essais ont été présentés à l’ASCO et seront publiés dans les prochains mois. Gemcitabine Gemcitabine + cisplatine 1,00 GEM Survie 0,75 206 204 Décès (n, %) 141(68,5) 122 (59,8) Survie médiane (mois) 0,50 Log rank p value 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1 000 Suivi (jours) Nombre à risque GEM 206 137 GEM + CIS 204 156 87 99 50 64 34 45 18 27 9 16 2 12 2 7 11,7 0,70 (IC95 : 0,54-0,89) 0,25 0 8,3 0,002 Hazard-ratio 0,00 GEM + CIS Patients (n) 1 2 Figure 1. Étude UK ABC-02 : survie globale. 36 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 1 1 Démonstration de la supériorité de l’association gemcitabine et cisplatine sur la gemcitabine Les tumeurs des voies biliaires avancées (CBA) sont rares et rendent tout essai prospectif randomisé particulièrement difficile. Mais le défi a été relevé par les Britanniques avec un essai (ABC-02) comparant gemcitabine (GEM) en monothérapie à l’association gemcitabine et cisplatine (GEM-CIS). Ce grand essai randomisé de phase III montre, chez 410 patients (stratifiés notamment sur le stade, localement avancé [n = 25 %] ou métastatique [n = 75 %], et sur la localisation tumorale : voies biliaires 59 % ; vésicule 37 % ; ampoule de Vater 5 %), que l’association GEM (1 000 mg/m2)-CIS (25 mg/m2) à J1 et J8 (J1 = J21, 8 cycles au maximum), après un suivi médian de 6,1 mois, est supérieure à la GEM (1 000 mg/m2 à J1, J8 et J15 tous les 28 jours, 6 cycles au maximum) en traitement de première ligne des CBA, en termes de SG, critère de jugement principal (11,7 versus 8,3 mois ; HR : 0,70 ; IC95 : 0,54-0,89 ; p = 0,002) et de SSP (8,4 mois versus 6,5 mois ; HR : 0,72 ; IC95 : 0,57-0,90 ; p = 0,003), avec, somme toute, une toxicité de grade 3-4 comparable (environ 65 % dans les 2 bras). Cet essai, qui a en fait poolé les résultats de cette phase III (324 patients) et de la phase II préliminaire, permet de conclure à l’avantage significatif en survie sans augmentation de la toxicité d’une bithérapie GEM-sels de platine, érigeant cette association comme nouveau standard de première ligne des CBA (10) [figure 1]. Un essai randomisé de phase III monocentrique indien (le Nord de ce sous-continent est une zone de forte incidence de cancers de la vésicule) a comparé, chez 81 patients (sex-ratio hommes/femmes : 1/3,5 ; âge médian : 50 ans) avec cancer de la vésicule localement avancé ou métastatique et indice de performance (PS) 0-2, une chimiothérapie hebdomadaire par 5-FU et AF en bolus (30 semaines au maximum [n = 28]) ou toutes les 3 semaines par GEM (900 mg/m2 à J1 et J8) et oxaliplatine (80 mg/m2 à J1 et J8) [GEMOX – 6 cycles au maximum (n = 26)] aux meilleurs soins de support (n = 27). La SG, critère de jugement principal, évaluée par analyse de variance répétée au cours du temps – ce qui est méthodologiquement discutable – a été de 4,6, soit 9,5 et 4,5 mois, respectivement (p = 0,039). La SSP était également significativement supérieure dans le bras GEMOX (3,5, soit 8,5 et 2,8 mois, respectivement [p = 0,0001]). Voici donc le premier essai de phase III ayant inclus spécifiquement des patients avec cancer de la vésicule, ce qui est important compte tenu DOSSIER THÉMATIQUE des différences pronostiques, voire de réponse à la chimiothérapie, selon la localisation de la tumeur primitive sur l’arbre biliaire (11). Il faut enfin signaler les résultats de l’analyse intermédiaire de l’étude franco-allemande de phase II randomisée, multicentrique ayant concerné, à ce jour, 101 patients avec CBA, traités par une chimiothérapie bimensuelle par GEMOX (GEM 1 000 mg/m2 à 10 mg/m2/mn à J1, et oxaliplatine 100 mg/m2 à J2) seule ou en association avec du cétuximab (500 mg/m2). La randomisation était stratifiée sur le stade et sur la localisation tumorale (vésicule versus autre). La toxicité a été acceptable et correspondait à celle attendue dans les 2 groupes. Les résultats de l’analyse intermédiaire sur les 36 premiers patients inclus montrent un taux de SSP de 50 et 61 % respectivement, pour une médiane de SSP de 5 et 7 mois, respectivement. Les données de survie ne sont pas encore disponibles. Deux études sont prévues, l’une évaluant l’impact du statut Kras et l’autre celui d’une évaluation précoce par PET scan (12). de la chimiothérapie, notamment de type FOLFOX dans les AIG métastatiques et dans les AIG réséqués avec envahissement ganglionnaire. La participation à cette cohorte est accessible à tous les cliniciens prenant en charge un AIG diagnostiqué après février 2009 sur le site www.cohorte-nadege.com. La période d’inclusion devrait s’étendre sur au moins 2 ans. Votre première connexion vous permettra d’obtenir un code dans les 48 heures qui suivent et de bénéficier par la suite d’un accès libre pour colliger les données sur un site interactif, simple et pratique. Tableau III. Principaux résultats des dernières études de chimiothérapie dans le traitement des AIG métastatiques. Référence Zaanan et al. (15) Protocole Effectif Réponse Survie objective (%) globale (mois) FOLFOX LV5FU2 LV5FU2 + cisplatine FOLFIRI 48 10 19 16 34* 0 30 9 17,8 13,5 9,6 10,6 Tumeurs du grêle Overman et al. (13) 5-FU + cisplatine 5-FU sans platine 29 41 41 17 14,8 12,0 Signalons juste une étude portant sur les cancers de l’ampoule de Vater et les adénocarcinomes du grêle (AIG), publiée par M.J. Overman et al. (13). Cette étude prospective menée chez 30 patients a montré qu’une chimiothérapie associant la capécitabine à l’oxaliplatine permettait d’obtenir des résultats intéressants en termes de taux de réponse objective (52 %) et de survie médiane (20,3 mois). Une étude rétrospective monocentrique du MD Anderson Cancer Center, menée chez 80 patients, avait déjà suggéré que la chimiothérapie associant 5-FU et sels de platine était plus efficace que la chimiothérapie sans sels de platine (survie médiane de 17 mois versus 12,7 mois) [14]. Enfin, une étude rétrospective française multicentrique portant sur 93 patients traités par FOLFOX, LV5FU2, LV5FU2-cisplatine ou FOLFIRI a rapporté une SG de 15,1 mois, les patients traités selon l’association 5-FU-oxaliplatine (FOLFOX) en première ligne ayant la meilleure survie (17,8 mois) [15]. Néanmoins, cette dernière association n’a jamais été évaluée de manière prospective. Cette chimiothérapie validée dans les cancers du côlon pourrait devenir le traitement de référence des AIG (tableau III). Ces résultats sous-tendent donc l’étude de cohorte nationale, qui a débuté en France en début d’année 2009 afin de permettre un recueil le plus exhaustif possible pour une analyse prospective du pronostic des AIG et des résultats Overman et al. (14) Capécitabine + oxaliplatine 30 52 20,0 * Taux de réponse évaluable sur une partie de l’effectif. Carcinomes endocrines Deux articles de cette thématique doivent être soulignés : tout d’abord, celui permettant à l’octréotide d’acquérir ses lettres de noblesse comme traitement antitumoral avec les résultats de l’étude PROMID (16), puis celui de l’équipe de Beaujon (17) réévaluant l’intérêt d’une chimiothérapie complémentaire après résection R0 de localisations secondaires hépatiques. Les symptômes d’hypersécrétion hormonale (syndrome carcinoïde, etc.) des tumeurs endocrines fonctionnelles sont une indication approuvée des analogues de la somatostatine. En revanche, et bien que leur effet antitumoral ait été démontré in vitro et corroboré par plusieurs séries rétrospectives, leur utilisation (courante en première intention pour les tumeurs endocrines du tube digestif lentement évolutives, avec des taux de stabilité tumorale autour de 50 %) en tant que traitement anticancéreux véritable n’avait pas jusqu’à présent été validée par un essai randomisé de phase III. C’est désormais chose faite, avec les résultats de l’analyse inter- La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 37 DOSSIER THÉMATIQUE Rétrospective 2009 Cancérologie digestive médiaire planifiée de l’étude allemande PROMID, étude randomisée de phase III en double aveugle et multicentrique. Elle comparait, chez 85 patients non prétraités et atteints de tumeur endocrine digestive (midgut) bien différenciée (Ki-67 < 2 % dans 95 % des cas), localement avancée ou métastatique, un traitement par octréotide retard (Sandostatine® LP 30 mg/mois, au maximum 18 mois) à un placebo. Le délai médian jusqu’à progression (critère de jugement principal) était de 15,6 mois en cas de traitement par octréotide retard, versus 5,9 mois sous placebo (HR = 0,33 ; p = 0,000017). Compte tenu d’une mortalité faible, la survie médiane n’a pas pu être estimée. Deux limites à cette importante étude, attendue depuis longtemps, sont à souligner : le caractère progressif (ou non) initial n’était pas mentionné, et le bénéfice était surtout marqué en cas d’envahissement hépatique faible (< 10 %) et peu agressif (Ki-67 < 2 %) [significativité non atteinte chez les autres patients, sans doute – au moins en partie – par manque de puissance statistique]. L’étude de l’équipe de Beaujon a concerné l’impact en termes de SSP et de SG d’une association classique de 5-FU et streptozotocine au décours d’une résection complète de localisations hépatiques. Cette étude, monocentrique, rétrospective et non randomisée, concernait 52 patients traités entre 1996 et 2006, ayant des localisations secondaires hépatiques réséquées provenant d’un carcinome endocrine bien différencié d’origine pancréatique. Vingt-neuf patients ont reçu 4 cycles postopératoires de 5-FU (400 mg/m2) et streptozotocine (500 mg/m2), 5 jours de suite tous les 42 jours ; 23 patients contrôles étaient appariés et non traités. La médiane de suivi était de 47 mois. Le traitement a pu être fait en totalité pour tous les patients (excepté 1 seul) avec une bonne tolérance (seuls 2 patients avec une toxicité de grade 3-4, dont 1 décès par aplasie fébrile) [tableau IV]. Une analyse univariée retrouvait comme facteurs pronostiques de rechute le nombre de localisations secondaires au-delà de 10 et leur caractère synchrone. Mais l’ensemble des résultats ne montrent pas de différence Tableau IV. Tumeurs neuro-endocrines avec métastases réséquées : chimiothérapie adjuvante par 5-FU et streptozotocine (17). Survie sans progression (%) n Survie globale (%) Rechute (%) à 3 ans à 5 ans à 3 ans à 5 ans Observation 23 65 51 38 90 76 Chimiothérapie 29 43 40 20 96 96 38 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 significative en termes de SG (p = 0,058), ce qui ne justifie pas l’attitude thérapeutique postopératoire dans ces situations qui restent, néanmoins, les plus favorables (atteintes secondaires hépatiques pures d’un carcinome bien différencié). Tumeurs stromales digestives En termes de publications, 2009 a été une année moins florissante que 2008 sur cette pathologie “récente”. Néanmoins, on constate un intérêt grandissant à étudier les modalités d’interprétation de réponses inhérentes à l’utilisation de toutes ces nouvelles molécules antiangiogéniques et autres thérapies ciblées. En effet, l’ensemble des résultats publiés avec ces nouvelles thérapeutiques soulignent l’inadaptation des critères RECIST. Ainsi, A. Le Cesne et al., à partir des données de l’essai Intergroup EORTC-ISG-AGITG, ont rapporté dans un article que la survie des patients après 6 mois d’imatinib était la même, que leurs examens morphologiques rapportent une réponse objective ou une stabilité en termes d’évaluation RECIST, ce qui pose la question d’autres critères à utiliser dans leur évaluation thérapeutique (18). Une autre étude similaire, menée par J.O. Prior et al., a évalué la place du PET scan pour des patients traités en deuxième ligne par du sunitinib. Vingttrois patients ont donc été scintigraphiés avant, puis après 4 semaines de sunitinib. L’objectif principal de l’étude a été d’évaluer la réponse en variation des pourcentages de valeur maximale d’intensité de fixation (SUV), et de la comparer à la réponse classique selon les critères RECIST. En termes de résultats, la SSP était bien corrélée à la réponse métabolique (p < 0,0001). Un delta de ± 25 % de SUV par rapport à l’examen initial était rapporté, les patients étant classés comme répondeurs, stables ou “progressifs”. Aucun des patients avec une maladie progressive en PET scan ne répondait aux critères RECIST classiques. L’analyse multivariée a alors rapporté une courte SSP (16 semaines) chez les patients avec un haut niveau résiduel de SUV (≥ 8 g/ml), comparée à une survie de plus de 29 semaines pour un niveau résiduel de SUV < 8 g/ml (p < 0,0001), une résistance primaire à l’imatinib (p = 0,024) ou qu’il ne s’agissait pas d’une tumeur stromale digestive (GIST) [p = 0,002], par absence soit de la mutation classique de Kit, soit de celle de PDGFRα (19). Le PET scan est donc un excellent examen fonctionnel d’évaluation de cette thérapeutique dans cette indication de surveillance des GIST traitées (tableau V). DOSSIER THÉMATIQUE Tableau V. Survie sans progression en fonction de la réponse métabolique (19). Survie sans progression (mois) Réponse métabolique partielle Stabilité métabolique Progression métabolique 29 16 4 Enfin, il faut évoquer l’indication de prescription d’un traitement adjuvant par Glivec® (imatinib mésilate) dont la durée n’est pas encore définie (au moins 1 an, mais plus vraisemblablement 3 ans), en situation adjuvante après résection d’une GIST de risque intermédiaire ou élevé. C’est en effet la conclusion d’une étude multicentrique randomisée de phase III, en double aveugle, publiée dans The Lancet (20). Les patients devaient avoir bénéficié d’une résection R0 d’une GIST primitive d’au moins 3 cm de diamètre et présentant une positivité de c-Kit en immunohistochimie. Ils étaient randomisés entre 2 bras pour recevoir en prise unique orale et quotidienne, pendant l’année qui suivait la résection chirurgicale, soit de l’imatinib mésilate à la dose de 400 mg (n = 359), soit un placebo (n = 345). En cas de récidive, la levée du double aveugle permettait de proposer un crossover par imatinib aux patients du bras placebo. L’objectif principal était la SSR, et l’analyse était menée en intention de traiter. Le recrutement a été interrompu lors de l’analyse intermédiaire, l’un des bras de traitement ayant atteint la significativité pour l’objectif principal. Tous les patients randomisés ont été inclus dans l’analyse. Au terme d’un suivi médian de 19,7 mois (extrêmes : 0-56,4), 30 patients (8 %) du bras imatinib et 70 (20 %) du bras placebo présentaient une récidive ou étaient décédés. L’imatinib permettait donc d’augmenter significativement la SSR à 1 an (98 % ; IC95 : 96-100, versus 83 % ; IC95 : 78-88 ; HR = 0,35 ; IC95 : 0,220,53 ; p < 0,0001). La toxicité cutanée a été plus importante dans le bras imatinib (3 % versus 0 %), de même que les douleurs abdominales (3 % versus 1 %) et la diarrhée (2 % versus 1 %), à l’inverse de l’hyperglycémie, plus fréquente dans le bras placebo (2 % versus < 1 %). Au vu de ces résultats, l’imatinib confirme son pouvoir suspensif des rechutes, déjà connu via son activité antiproliférative en situation métastatique. Se pose alors la question de la durée optimale du traitement adjuvant, qui pourrait être bien supérieure à 1 an, et de la définition précise des critères pronostiques de récidive, qui pourrait guider son utilisation très prolongée. Pour les situations métastatiques, une actualisation de l’essai BFR14 a été présentée à l’ASCO 2009. Dans cet essai, les patients ayant une GIST contrôlée (au moins stable) sous imatinib ont été randomisés entre un groupe “poursuite de la molécule” et un groupe “interruption et reprise lors de la progression”. Les randomisations ont été effectuées après 1 an, 3 ans et 5 ans d’imatinib. Il est encore trop tôt pour avoir des données sur les patients qui ont été randomisés à 5 ans. Les enseignements principaux des analyses de SSP disponibles sont que les patients ont progressé rapidement après l’arrêt de l’imatinib alors même qu’ils avaient une maladie contrôlée (répondeurs complets, partiels ou stables). Cependant, la réintroduction de l’imatinib lors de la progression a permis un nouveau contrôle de la maladie chez 92 % des patients qui avaient arrêté le traitement à 1 an et chez 100 % de ceux qui l’avaient arrêté à 3 ans. Il est également intéressant de remarquer que la SSP des patients qui ont arrêté l’imatinib à 3 ans a été supérieure à celle des patients qui ont interrompu le traitement à 1 an, ce qui suggère que les résistances secondaires seraient moins fréquentes avec une plus longue durée d’exposition (21). Carcinomes hépatocellulaires Encore une fois, au vu des nouveautés de 2008, les publications de 2009 relatives à cette pathologie sont moins fournies. Seule l’étude de phase III CHOC (Carcinome Hépatocellulaire OCtréotide) doit retenir notre attention (22). Cet essai multicentrique randomisé en double aveugle a évalué l’octréotide-retard versus placebo. Le rationnel de cette étude reposait sur la mise en évidence d’une surexpression de récepteurs à la somatostatine dans un grand nombre de cas de carcinome hépatocellulaire (CHC), ainsi que sur les résultats positifs en termes de bénéfice en SG (triplement de la médiane de survie sous traitement) chez les patients traités d’un essai randomisé de 1998 qui avait comparé octréotide et absence de traitement spécifique chez des malades atteints de CHC évolué. Cet essai n’avait cependant inclus que 58 patients. Il semblait donc intéressant d’évaluer ce bénéfice de façon randomisée et multicentrique en incluant un nombre suffisant de patients. Deux cent soixante-douze patients atteints de CHC sans indication de traitement La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 39 DOSSIER THÉMATIQUE Rétrospective 2009 Cancérologie digestive antitumoral spécifique, ou récidivant après un tel traitement, ont été randomisés pour recevoir soit une injection i.m. mensuelle de 30 mg d’octréotide retard, soit un placebo, pendant une durée maximale de 2 ans. Les résultats concluent à une médiane de SG de 6,53 mois (IC95 : 4,8-8,3) chez les patients traités par octréotide et de 7,03 mois (IC95 : 5,43-8,53) chez les patients sous placebo (p = 0,34). La durée de SSP n’était pas non plus différente dans les 2 groupes (p = 0,26). Chez les patients recevant de l’octréotide, il n’a pas été constaté de réponse objective, mais 33 % d’entre eux ont bénéficié d’une stabilisation tumorale pendant une durée moyenne de 5,5 mois (IC 95 : 1,1-9,9). En revanche, une réponse objective chez 4 patients traités par placebo a été observée, tandis que la médiane du temps jusqu’à détérioration définitive de la qualité de vie (évaluée par le score QLQ-C30) a été de 2,3 mois (IC95 : 1,4-3,7) chez les patients traités, et de 4 mois (IC95 : 2,2-5,7) chez les patients sous placebo (p = 0,09). L’octréotide a été bien toléré, puisque seuls 7 patients ont présenté des EI graves possiblement dus à son administration ; il n’a pas été constaté de cas d’hématomes au point d’injection ou de cholécystite. Chez les patients atteints de CHC évolués, l’administration d’octréotide-retard entraîne donc peu d’EI, mais n’améliore pas la SG et pourrait même avoir un impact négatif sur la qualité de vie des patients. Par conséquent, l’octréotide n’est pas un traitement efficace du CHC évolué. Il faut par ailleurs rappeler que 2 autres essais randomisés avec une puissance suffisante (en plus de la présente étude) ont montré que ce médicament n’augmentait pas la durée de SG (23, 24). Néanmoins, les résultats d’un essai randomisé grec de petit effectif ont permis de suggérer un effet bénéfique sur la survie en cas d’octréoscan positif (25). S’il existe un moyen fiable et simple de détecter l’activation de certains récepteurs à la somatostatine dans les CHC, l’évaluation de l’octréotide chez des patients ainsi sélectionnés, éventuellement en association avec une thérapie ciblée, pourrait être une piste intéressante. Quelques résultats importants de phase II seront néanmoins à suivre. La phase II de X. Zhu et al. confirme l’innocuité et l’efficacité du sunitinib (37,5 mg, 4 sem./6), inhibiteur de récepteur de tyrosine kinase antiangiogénique dans la prise en charge du CHC avancé, cherchant par ailleurs à définir un biomarqueur de réponse (26). Cette étude a inclus 34 patients, pour un objectif principal d’évaluation de la SSP. L’évaluation reposait sur une 40 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 IRM fonctionnelle permettant d’évaluer la diffusion vasculaire au sein du CHC sous traitement. Les résultats rapportaient 2,9 % de réponse objective et 50 % de stabilisation tumorale. La médiane de SSP était de 3,9 mois (IC95 : 2,6-6,9) et la médiane de SG de 9,8 mois (IC95 : 7,4 mois-non atteinte). Les seules toxicités de grade 3-4 étaient hématologiques (leuco-neutropénie, thrombopénie), hépatique (cytolyse) et l’asthénie. La réduction de l’irrigation tumorale était rapidement obtenue par le sunitinib, avec un effet d’autant plus rapide que la maladie semblait lentement progressive. L’évaluation précoce autour de 3 cycles thérapeutiques révélait une inflammation d’autant plus forte (taux important d’IL-6, c-Kit soluble et Stromal-Derived Factor 1a) que le pronostic semblait sombre. Le sunitinib a donc un effet modeste, mais certain, avec une tolérance acceptable. L’inflammation semble être un critère de résistance au sunitinib. L’autre essai de phase II intéressant, portant sur la combinaison du bévacizumab avec l’erlotinib, est celui de M. Thomas et al. (27). L’objectif principal était la détermination du pourcentage de patients vivants et non progressifs à 16 semaines de traitement. Les objectifs secondaires incluaient le taux de réponse, la médiane de SSP, la survie et la toxicité. Quarante patients avec un CHC irrésécable et sans possibilité de traitement locorégional, de stade Child-Pugh A ou B, en bon état général (0 à 2 d’indice de performance), ont été inclus et traités. Ils recevaient 10 mg/kg de bévacizumab tous les 14 jours et 150 mg/j d’erlotinib. La SSP était fi nalement évaluée à 62,5 %. Dix patients ont eu une réponse partielle et 25 %, finalement, une réponse quelle qu’elle soit. La médiane de SSP était de 39 semaines (IC95 : 26-45 sem. ; 9 mois) et celle de SG de 68 semaines (IC95 : 48-78 sem. ; 15,65 mois). Les toxicités de grade 3-4 étaient la fatigue (20 %), l’HTA (15 %), la diarrhée (10 %), la cytolyse (10 %), l’hémorragie digestive (12,5 %), la surinfection (5 %) et la thrombopénie (2,5 %). Ces résultats préliminaires confirment l’intérêt de poursuivre l’évaluation de cette combinaison thérapeutique en phase III. Pour terminer, il faut souligner la présentation à l’ASCO d’une nouvelle modalité de chimio-embolisation (CE) sous la forme de deux communications. Cette CE se distingue de la CE traditionnelle par l’utilisation de billes chargées de chimiothérapie (Drug-Eluting Beads [DEB]), dont le but est d’améliorer le ciblage de la délivrance de la chimiothérapie sur le plan hépatique et de réduire son passage systémique et, donc, sa toxicité générale. La DOSSIER THÉMATIQUE première communication (28) rapporte une étude européenne de phase II, randomisée, comparant une CE lipiodolée (CEL) conventionnelle à une CE par billes chargées à la doxorubicine (DEB-doxo) chez 212 patients en bon état général (ECOG 0-1), ayant un CHC non accessible à un traitement curatif sur cirrhose de stade Child-Pugh A ou B. Le critère de jugement principal était le taux de réponse tumorale à 6 mois (selon les critères RECIST évalués par IRM en aveugle). La CE par DEB-doxo était associée à des taux de réponse complète, de réponse objective et de stabilisation plus importants qu’avec la CEL, mais de manière non significative (27 %, 52 %, 62 % versus 22 %, 44 %, 52 %). Les patients en moins bon état général (ECOG 1), de stade Child B, avec un CHC bilobaire ou avec une récidive de CHC après traitement curatif antérieur étaient ceux qui bénéficiaient le plus de la nouvelle modalité de traitement intrahépatique, puisque la CE par DEBdoxo permettait d’améliorer le taux de réponse à 6 mois par rapport à la CEL dans tous ces groupes (p = 0,0038). Par ailleurs, le bénéfice des billes chargées en termes de tolérance s’est confirmé dans cette étude, où la toxicité hépatique et les effets secondaires liés à la doxorubicine étaient significativement diminués. La deuxième communication (29) est une étude américaine rétrospective plus critiquable, ayant analysé 71 patients traités par CEL ou DEB-doxo pendant la période de 1998 à 2008. La SG était significativement plus longue dans le groupe traité par DEB-doxo (survie médiane de 403 jours versus 114 ; p = 0,016 et survie à 2 ans : 48 % versus 12 % ; p = 0,016). Une insuffisance hépatique postprocédure était notée chez 6,4 % et 7,7 % des patients traités par DEB-doxo et CEL respectivement, mais ils avaient tous une cirrhose de stade Child-Pugh C (n = 5/16). Au final, la CE avec des billes chargées à la doxorubicine semble être une modalité thérapeutique locale intéressante, efficace et probablement mieux tolérée que la CEL conventionnelle, mais dont le bénéfice en termes de survie reste à démontrer de façon formelle dans une étude randomisée. Cancer colorectal Cancer colique : traitement adjuvant ◆ Essai MOSAIC : résultats finaux toujours en faveur du FOLFOX Les premiers résultats publiés de l’essai MOSAIC montraient une amélioration de la SSR à 3 ans avec le FOLFOX-4, comparativement au LV5FU2, dans les cancers coliques opérés de stade II-III, le bénéfice étant nettement significatif pour les stades III, et beaucoup plus limité dans les stades II. Ces résultats ont fait du FOLFOX-4 le traitement adjuvant standard dans les cancers coliques de stade III. Les résultats finaux de cet essai, incluant la SG à 6 ans et la SSR à 5 ans, ont été publiés cette année (30). Un total de 2 246 patients avaient été randomisés dans cette étude, dont l’objectif principal était la SSR et les objectifs secondaires la SG et la tolérance. Ces résultats à plus long terme (suivi médian de 81,9 mois) confirment la supériorité du FOLFOX-4 sur le LV5FU2 dans les stades II et III réunis, puisque la SSR à 5 ans était respectivement de 73,3 % et de 67,4 % dans les bras FOLFOX-4 et LV5FU2 (HR = 0,80 ; IC95 : 0,68-0,93 ; p = 0,003) et la SG à 6 ans de 78,5 % et 76 % respectivement (HR = 0,84 ; IC95 : 0,711,00 ; p = 0,046). Là encore, la différence n’était significative que pour les stades III, que ce soit en termes de SSR à 5 ans (66,4 % versus 58,9 % ; HR = 0,80 ; IC95 : 0,65-0,93 ; p = 0,005) ou de SG à 6 ans (72,9 % versus 68,7 % ; HR = 0,80 ; IC 95 : 0,65-0,97 ; p = 0,029), et non pour les stades II, y compris ceux à “haut risque” de récidive. Concernant la tolérance du traitement, la neurotoxicité à l’oxaliplatine était, à 48 mois, de grade 1, 2 et 3 dans 11,9 %, 2,8 % et 0,7 % des cas, respectivement. Le taux de seconds cancers était similaire dans les 2 groupes : 5,5 % et 6,1 % dans les bras FOLFOX-4 et LV5FU2, respectivement. ◆ XELOX : une alternative au FOLFOX en situation adjuvante Au congrès de l’ESMO, à Berlin, ont été présentés les résultats de l’étude NO 16968/XELOXA, vaste étude de phase III randomisée ayant comparé chez 1 886 patients opérés d’un cancer colique de stade III une chimiothérapie adjuvante pendant 6 mois par XELOX (capécitabine 1 000 mg/m2 × 2/j de J1 à J14, oxaliplatine 130 mg/m2 à J1, J1 = J21) à une association de 5-FU/AF en bolus selon le schéma de la Mayo Clinic (n = 664) ou du Roswell Park Cancer Institute (n = 278), cette dernière étant le standard au moment de la mise en place de l’étude (31). Le critère de jugement principal était la SSM, les critères secondaires la SSR, la SG et la tolérance. Le bras 5-FU/AF était, comme prévu, associé à plus de cas de neutropénie de grade 3-4 (15,9 % versus 8,8 %), y compris fébrile (4,2 % versus 0,4 %), et de mucite de grade 3-4 (8,9 % versus 0,6 %), tandis que le XELOX donnait plus La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 41 DOSSIER THÉMATIQUE Rétrospective 2009 Cancérologie digestive de syndromes mains-pieds (5,4 % versus 0,6 %) et de neurotoxicité. La SSM, critère principal de l’étude, était significativement allongée dans le bras XELOX par rapport au bras 5-FU/AF, que ce soit à 3 ans (70,9 % versus 66,5 %), 4 ans (68,4 % versus 62,3 %) ou 5 ans (66 % versus 59,8 %) [HR = 0,80 ; IC95 : 0,69-0,93 ; p = 0,045], et ce quel que soit le nombre de ganglions positifs, la valeur initiale de l’ACE et le schéma de 5-FU bolus utilisé. La SSR, critère secondaire, était également significativement allongée dans le bras XELOX (HR = 0,78 ; IC95 : 0,67-0,92). Quant à la SG, bien que supérieure dans le bras XELOX, elle n’était pas significativement différente entre les 2 bras de traitement (77,6 % versus 74,2 % ; p = 0,14). Les résultats de cette étude, comparés à ceux des études MOSAIC et NSABP-C07, qui avaient, elles, inclus des cancers de stades II et III, font du XELOX une alternative thérapeutique au FOLFOX en situation adjuvante dans les stades III. ◆ Intérêt de l’oxaliplatine en adjuvant chez les sujets de plus de 70 ans À l’ASCO cette année, les résultats d’une analyse de la base de données ACCENT ont été présentés. Cette base regroupe plus de 12 000 patients inclus dans 6 essais randomisés de chimiothérapie adjuvante de cancer colique de stade II-III ayant comparé le 5-FU aux nouveaux traitements (2 essais d’association 5-FU/AF/oxaliplatine, 2 essais d’association 5-FU/AF/irinotécan versus 5-FU/AF, et 2 essais de non-infériorité d’une fluoropyrimidine orale versus 5-FU/AF), cherchant à déterminer si l’âge (inférieur ou supérieur à 70 ans) avait un effet sur le bénéfice des nouvelles chimiothérapies adjuvantes (32). La méta-analyse des 6 études montrait un avantage du bras expérimental sur le bras contrôle uniquement chez les patients de moins de 70 ans. Le détail de cette analyse a montré, en fait, que l’irinotécan n’avait aucun intérêt quel que soit l’âge et qu’il n’y avait pas de différence selon l’âge entre une fluoropyrimidine orale et une associa- Tableau VI. Survie en fonction de l’âge chez les patients recevant une chimiothérapie par 5-FU/AF/oxaliplatine versus 5-FU/AF. HR (IC95) Oxaliplatine versus contrôle (5-FU/AF) Âge Survie sans récidive Survie globale Temps jusqu’à récidive < 70 ans 0,77 (0,68-0,86) 0,81 (0,71-0,93) 0,76 (0,67-0,86) ≥ 70 ans 1,04 (0,81-1,35) 1,18 (0,90-1,57) 0,93 (0,70-1,24) 42 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 tion de 5-FU/AF i.v. En revanche, l’analyse poolée des essais MOSAIC et NSABP-C07 a révélé que le bénéfice d’une chimiothérapie adjuvante à base d’oxaliplatine était bien conservé chez les patients de moins de 70 ans, alors qu’il n’était pas observé chez les patients de plus de 70 ans, aussi bien en termes de SSR que de temps jusqu’à récidive et de SG (tableau VI). Ces résultats suggèrent donc que l’oxaliplatine en situation adjuvante pourrait ne pas être aussi bénéfique aux patients de plus de 70 ans qu’aux patients plus jeunes. Il faudra évidemment confirmer ces résultats avant d’émettre des recommandations, mais ils soulignent peut-être l’importance de sélectionner les patients chez qui une association de type FOLFOX devra être prescrite. Ils ne remettent pas en cause, quoi qu’il en soit, l’intérêt d’une chimiothérapie adjuvante par fluoropyrimidines dans ce type de population. ◆ Résultats de l’essai NSABP-C08 : absence d’intérêt du bévacizumab en adjuvant Cet essai de phase III a comparé, chez 2 672 patients ayant un cancer du côlon de stade II (25 %) ou III, une chimiothérapie bimensuelle par FOLFOX-6 modifié (oxaliplatine 85 mg/m²) pendant 6 mois (n = 1 338) à une chimiothérapie par FOLFOX-6 modifié + bévacizumab (5 mg/kg) pendant 6 mois puis bévacizumab bimensuel seul pendant encore 6 mois (n = 1 334) [33]. Le suivi médian a été de 35,6 mois. L’objectif principal était la SSM à 3 ans. Les résultats de toxicité ont montré une très bonne tolérance du bévacizumab dans cette situation adjuvante, puisque les EI graves (grade 3-4) imputables à l’antiangiogénique étaient ceux attendus (HTA : 12 % versus 1,8 % ; protéinurie : 2,7 % versus 0,8 %, et troubles de la cicatrisation : 1,7 % versus 0,3 %) et n’empêchaient pas de mener le traitement à son terme (durée médiane : 11,5 mois). Il n’existait aucune différence entre les 2 traitements concernant l’objectif principal, puisque la SSP à 3 ans était de 77,4 % et 75,5 % dans les bras FOLFOX + bévacizumab et FOLFOX, respectivement (HR : 0,89 ; p = 0,15). À 1 an, c’est-à-dire à la fin du traitement par bévacizumab, et à 1,5 an, la différence était significative en faveur du bras avec bévacizumab (à 1 an : HR = 0,60 ; p = 0,0004, et à 1,5 an : HR = 0,74 ; p = 0,004), mais cet effet bénéfique du bévacizumab ne se retrouvait plus ensuite de façon significative. Il faut donc considérer cette étude comme négative. L’absence d’efficacité du bévacizumab en situation adjuvante était observée, dans cette étude, quel que soit le stade (II ou III) de la tumeur. DOSSIER THÉMATIQUE Rétrospective 2009 Cancérologie digestive Cancer colorectal métastatique ◆ Intérêt du cétuximab en première ligne chez les patients KRAS sauvage En 2009, plusieurs études ont été publiées dont les résultats avaient été rapportés l’année précédente à l’ASCO. C’est le cas des 2 études randomisées de première ligne, CRYSTAL et OPUS, évaluant l’ajout du cétuximab à une chimiothérapie conventionnelle par FOLFIRI et FOLFOX, respectivement, en fonction du statut mutationnel du gène KRAS. L’étude de phase III randomisée CRYSTAL a inclus un total de 1 198 patients qui ont reçu soit du FOLFIRI, soit l’association FOLFIRI + cétuximab (599 dans chaque bras) [34]. L’objectif principal était la SSP. Les résultats globaux montraient un bénéfice du traitement combiné pour cet objectif (HR = 0,85 ; IC95 : 0,72-0,99 ; p = 0,048), sans différence significative de SG. Les résultats en fonction du statut KRAS (disponible alors pour 540 patients [45 %]) montraient que seuls les patients KRAS sauvage (65 % d’entre eux) bénéficiaient de l’ajout du cétuximab, en termes de SSP (9,9 mois versus 8,7 mois ; HR = 0,68 ; IC95 : 0,50-0,94 ; p = 0,002), mais également de taux de réponse objective (59 % versus 43 % ; OR = 1,91 ; IC 95 : 1,24-2,93), ce qui n’était pas le cas des patients avec mutation de KRAS. La SG des patients KRAS sauvage, même si elle était meilleure dans le groupe recevant FOLFIRI + cétuximab (24,9 mois versus 21 mois), n’était pas significativement différente de celle du groupe recevant le FOLFIRI seul. Concernant la tolérance, l’ajout du cétuximab était associé à KRAS muté KRAS sauvage p = 0,34 p < 0,0001 36 31 39 57 FOLFIRI FOLFIRI + cétuximab FOLFIRI FOLFIRI + cétuximab Étude CRYSTAL p = 0,029 52 Étude OPUS FOLFOX p = 0,0027 34 34 57 FOLFOX + cétuximab FOLFOX FOLFOX + cétuximab Figure 2. Études CRYSTAL et OPUS : taux de réponse actualisés. 44 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 des toxicités de grade 3-4 plus fréquentes sur le plan cutané (19,7 % versus 0,2 %), à des réactions d’hypersensibilité (2,5 % versus 0 %) et à de la diarrhée (15,7 % versus 10,5 %). L’étude de phase II randomisée OPUS a quant à elle inclus beaucoup moins de patients (335 au total). Ces derniers ont reçu soit du FOLFOX-4 soit l’association FOLFOX-4 + cétuximab (35). L’objectif principal était différent de celui de l’étude CRYSTAL, puisqu’il s’agissait du taux de réponse objective. Les résultats globaux sur l’ensemble des patients inclus ne montraient de bénéfice du cétuximab ni sur cet objectif principal (46 % versus 36 % ; p = 0,064), ni en termes de SSP. Les résultats en fonction du statut KRAS (disponible alors pour 233 patients [69 %]) montraient, en revanche, un taux de réponse (61 % versus 37 % ; p = 0,011) ainsi qu’une SSP (7,7 mois versus 7,2 mois ; HR = 0,57 ; IC95 : 0,35-0,90 ; p = 0,016) significativement supérieurs chez les patients KRAS sauvage (58% d’entre eux). Là encore, le bénéfice du cétuximab n’était pas retrouvé chez les patients KRAS muté, chez lesquels, au contraire, étaient observés un taux de réponse et une SSP inférieurs dans le groupe FOLFOX-4 + cétuximab par rapport au groupe FOLFOX-4 seul (33 % versus 49 % ; p = 0,10 et 5,5 mois versus 8,6 mois ; p = 0,019), suggérant un effet délétère des mutations de KRAS sur l’efficacité du cétuximab. Le profil de toxicité du cétuximab était tout à fait similaire à celui observé dans l’étude CRYSTAL. Des données actualisées et une méta-analyse de ces 2 études ont été rapportées au congrès de l’ESMO en 2009 (36, 37). Pour l’étude CRYSTAL, les données actualisées avec le statut KRAS disponible pour 88 % des patients retrouvaient le bénéfice en SSP (9,9 versus 8,4 mois ; p = 0,0012) et en réponse objective (figure 2) dans le bras FOLFIRI + cétuximab (36). La SG était, cette foisci, significativement allongée (23,5 versus 20 mois ; p = 0,0094). Pour l’étude OPUS, avec un statut KRAS disponible pour 93,5 % des patients, les résultats montraient que la SSP restait significativement supérieure dans le bras FOLFOX-4 + cétuximab (8,3 versus 7,2 mois ; p = 0,0064), de même que la réponse objective (figure 2) [37]. La SG, bien qu’allongée (22,8 versus 18,5 mois), n’était pas significativement meilleure (p = 0,38). Une méta-analyse a repris les données individuelles actualisées de l’ensemble des patients (n = 845) de ces 2 études (36) et met en évidence une différence significative sur les 3 paramètres : SG, SSP et réponse objective (figure 3). DOSSIER THÉMATIQUE Hazard-ratio (IC95) Étude Population Analyse poolé KRAS sauvage (n = 845) Stratification 0,81 (0,69-0,94) CRYSTAL KRAS sauvage (n = 666) 0,80 (0,67-0,95) OPUS KRAS sauvage (n = 179) 0,85 (0,60-1,22) 0,5 0,7 1,0 1,3 En faveur de cétuximab + chimiothérapie Objectifs 2,0 En faveur de la chimiothérapie seule HR*/odds-ratio* IC95 p Survie globale 0,81 0,69-0,94 0,0062 Survie sans progression 0,66 0,55-0,80 < 0,0001 Réponse objective 2,16 1,64-2,86 < 0,0001 Figure 3. Méta-analyse des études CRYSTAL et OPUS. 100 Patients sans événements (%) ◆ Intérêt du panitumumab en première et deuxième lignes chez les patients KRAS sauvage Le panitumumab a été, en fin d’année 2009, à l’honneur avec les résultats positifs de 2 grandes études de phase III randomisées multicentriques internationales présentées à l’ESMO. L’étude PRIME a inclus, en première ligne métastatique, 1 183 patients pour recevoir soit l’association FOLFOX-4 + panitumumab (panitumumab : 6 mg/kg toutes les 2 semaines) soit du FOLFOX-4, avec une évaluation prospective (centralisée et réalisée en aveugle) du statut KRAS (38). L’objectif principal était la SSP. Le statut KRAS a pu être déterminé chez 1 096 patients (93 %), dont 40 % étaient mutés. Chez les patients KRAS sauvage, l’objectif principal était atteint (figure 4), puisque la SSP était significativement améliorée dans le bras FOLFOX-4 + panitumumab par rapport au bras FOLFOX-4 (9,6 mois versus 8 mois ; HR = 0,80 ; IC95 : 0,66-0,97 ; p = 0,0234). La différence en termes de réponse objective (55 % versus 48 %) n’était pas significative (p = 0,068) et les résultats préliminaires de SG indiquaient que la médiane n’était toujours pas atteinte dans le groupe FOLFOX-4 + panitumumab, tandis qu’elle l’était dans le groupe FOLFOX (18,8 mois). Chez les patients KRAS muté, le panitumumab n’apportait aucun bénéfice et s’est même révélé délétère, puisque la SSP était significativement inférieure dans le bras FOLFOX-4 + panitumumab par rapport au bras FOLFOX (7,3 mois versus 8,8 mois ; p = 0,02). Le profil de tolérance était celui qui est habituellement observé avec les anticorps anti-EGFR, c’est-à-dire plus de cas de diarrhée, d’hypomagnésémie et de toxicité cutanée de grade 3-4 dans le bras contenant le panitumumab quel que soit le statut de KRAS. Cependant, la toxicité cutanée de grade 3-4 paraissait plus fréquente que celle observée dans les essais de première ligne avec le cétuximab (plus de 30 % dans cette étude contre 19,7 % et 18 % dans les études CRYSTAL et OPUS, respectivement). Comme on pouvait s’y attendre avec cet anticorps totalement humain, les réactions postinjections étaient exceptionnelles. La deuxième étude présentée à l’ESMO est l’étude 181, qui a comparé l’association FOLFIRI + panitumumab au FOLFIRI en deuxième ligne de traitement du cancer colorectal métastatique chez 1 186 patients (39). La maladie devait avoir progressé sous une première ligne de chimiothérapie à base de fluoropyrimidine, sans anticorps anti-EGFR ni irinotécan (68 % des patients avaient reçu de l’oxaliplatine et 20 % du bévacizumab en première ligne). Une évaluation prospective et centralisée 80 Événements Temps médian n (%) mois (IC95) Panitumumab 199 (61) 9,6 (9,2-11,1) + FOLFOX FOLFOX 215 (65) 8,0 (7,5-9,3) 60 HR = 0,80 (IC95 : 0,66-0,97) p = 0,02 40 20 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 Patients à risque (n) Mois Panitumumab + FOLFOX 325 313 294 284 254 243 204 187 156 145 111 94 73 57 39 28 22 14 10 4 1 FOLFOX seul 331 321 296 281 242 231 185 172 127 113 82 65 41 36 29 22 16 12 10 2 2 0 0 1 1 0 0 Figure 4. Panitumumab en première ligne, KRAS non muté (étude PRIME) : survie sans progression. du statut KRAS était effectuée, les données étant disponibles pour 91 % des patients inclus (mutation chez 44 % et 46 % des patients des bras panitumumab-FOLFIRI et FOLFIRI, respectivement). Les objectifs principaux étaient la SSP et la SG en fonction du statut KRAS. Chez les patients KRAS sauvage, la SSP (figure 5) était significativement supérieure dans le bras FOLFIRI + panitumumab (5,9 versus 3,9 mois ; p = 0,004), de même que le taux de La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 45 DOSSIER THÉMATIQUE Rétrospective 2009 Probabilité de patients sans progression 1,0 Cancérologie digestive deuxième ligne du cancer colorectal métastatique, et les mutations du gène KRAS viennent confirmer de manière indiscutable leur valeur prédictive de la résistance aux anticorps anti-EGFR. Événements Temps médian n (%) mois (IC95) Panitumumab 178 (59) 5,9 (5,5-6,7) + FOLFIRI FOLFIRI 203 (69) 3,9 (3,7-5,3) 0,8 0,6 HR = 0,73 (IC95 : 0,59-0,90) p = 0,004 0,4 0,2 0,0 0 Patients à risque (n) Panitumumab 303 + FOLFIRI FOLFIRI seul 294 2 4 6 8 10 Mois 12 14 16 18 20 210 143 89 52 25 9 2 1 0 0 193 109 66 40 23 7 2 2 0 0 Figure 5. Panitumumab en deuxième ligne, KRAS non muté (étude 181) : survie sans progression. Étude CAIRO2 RO (%) SSP (mois) SG (mois) XELOX + bévacizumab (n = 368) 50,0 10,7 20,3 52,7 9,4 19,4 p = 0,49 p = 0,018 p = 0,16 R XELOX + bévacizumab + cétuximab (n = 368) Étude PACCE R RO (%) FOLFOX ou FOLFIRI + bévacizumab (n = 525) SSP (mois) SG (mois) FOLFOX FOLFIRI FOLFOX FOLFIRI FOLFOX FOLFIRI FOLFOX ou FOLFIRI + bévacizumab + cétuximab (n = 528) 48 40 11,4 11,7 24,5 20,5 46 43 10,0 10,1 19,4 20,7 HR = 1,27 (IC95 : 1,06-1,52) HR = 1,43 (IC95 : 1,11-1,83) Figure 6. Association anti-EGFR + anti-VEGF dans le cancer colorectal métastatique. réponse objective (35 % versus 10 % ; p < 0,001). Il n’y avait pas de différence significative concernant la SG (14,5 versus 12,5 mois ; p = 0,12). Chez les patients avec mutation de KRAS, il n’y avait aucun bénéfice du panitumumab. Le profil de tolérance était exactement superposable à celui de l’étude PRIME, avec une toxicité cutanée supérieure à 30 % et d’exceptionnelles réactions postinjections. Avec les résultats de ces 2 études, le panitumumab devrait probablement prochainement rejoindre le cétuximab dans l’arsenal thérapeutique autorisé de première et 46 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 ◆ Association anticorps anti-EGFR et anticorps anti-VEGF : la déception Les résultats, rapportés en congrès quelques mois plus tôt, de 2 grandes études de phase III randomisées évaluant l’intérêt de l’association d’un anticorps anti-EGFR à un anticorps anti-VEGF en première ligne du cancer colorectal métastatique ont été publiés en 2009 (40, 41). La première étude, CAIRO2, a comparé chez 736 patients l’association XELOX + bévacizumab (capécitabine : 1 000 mg/m2 J1-J14, oxaliplatine : 130 mg/m2 J1, bévacizumab : 7,5 mg/kg à J1 ; J1 = J21) à l’association XELOX + bévacizumab + cétuximab (cétuximab : 250 mg/m2 puis 400 mg/m2/sem.) [40]. L’objectif principal de cette étude était la SSP, et une étude du statut de KRAS a été effectuée. Les résultats sont négatifs, puisque la SSP, mais aussi le taux de réponse et la SG, n’étaient pas améliorés dans le bras avec cétuximab (figure 6) ; l’ajout du cétuximab avait même un effet délétère sur la SSP, qui était significativement diminuée dans ce groupe par rapport au groupe recevant XELOX + bévacizumab (9,6 mois versus 10,7 mois ; p = 0,018). La toxicité était, par ailleurs, logiquement plus importante dans le groupe recevant du cétuximab (grade 3-4 : 81,7 % versus 73,2 % ; p = 0,006), cette différence étant surtout liée à la toxicité cutanée du cétuximab (rash acnéiforme de grade 3-4 : 25,4 % versus 0,5 % ; p < 0,001). La qualité de vie des patients recevant le cétuximab était également moins bonne : leurs scores de qualité de vie et de santé globale augmentaient significativement moins que ceux des patients du groupe XELOX + bévacizumab par rapport aux scores avant traitement (p = 0,007 et p = 0,03, respectivement). Chez les patients avec mutation de KRAS, la SSP dans le bras cétuximab était inférieure à celle des patients KRAS sauvage (8,1 mois versus 12,5 mois ; p = 0,003), ainsi qu’à celle des patients KRAS muté ne recevant pas le cétuximab (8,1 mois versus 10,5 mois ; p = 0,04). La deuxième étude est l’essai de phase III PACCE, qui a évalué l’ajout du panitumumab (6 mg/kg/2 sem.) à une association de chimiothérapie (à base d’oxaliplatine ou d’irinotécan) + bévacizumab en première ligne. Huit cent vingt-trois et 230 patients (total : 1 053 patients) ont été inclus dans les cohortes de chimiothérapie à base d’oxaliplatine (Ox-CT) et d’irinotécan (Iri-CT) respectivement (le choix DOSSIER THÉMATIQUE de la chimiothérapie étant laissé à l’appréciation de l’investigateur), sachant qu’une chimiothérapie à base de capécitabine n’était pas permise. L’objectif principal dans la cohorte Ox-CT était la SSP, alors que, dans la cohorte Iri-CT, il s’agissait de la tolérance du traitement. Là encore, les résultats ne sont pas en faveur de l’association d’un anticorps anti-EGFR et d’un anticorps anti-VEGF, puisque le panitumumab a dû être interrompu après une analyse intermédiaire planifiée de 812 patients dans la cohorte Ox-CT montrant de moins bons résultats dans ce bras. En effet, l’analyse finale a montré une SSP significativement inférieure dans le bras contenant du panitumumab par rapport au bras Ox-CT + bévacizumab (10 mois versus 11,4 mois ; HR = 1,27 ; IC95 : 1,06-1,52), de même qu’une SG moins bonne (19,4 mois versus 24,5 mois ; HR = 1,43 ; IC95 : 1,111,83) [figure 6]. La survie n’augmentait pas non plus en cas d’ajout du panitumumab dans la cohorte Iri-CT (figure 6). Dans les 2 cohortes, la toxicité de grade 3-4 était plus importante dans le bras contenant le panitumumab (90 % versus 77 % dans la cohorte Ox-CT et 90 % versus 63 % dans la cohorte Iri-CT) ; il s’agissait le plus souvent d’une toxicité cutanée (35 % et 38 % dans les cohortes Ox-CT et Iri-CT respectivement), mais aussi de diarrhée, d’hypomagnésémie et d’infections. L’analyse tenant compte du statut KRAS a montré que les survies n’étaient pas différentes dans le bras contenant le panitumumab, que les patients soient KRAS muté ou KRAS sauvage. Ces 2 études ne plaident donc pas en faveur de l’asso ciation d’un anticorps anti-EGFR et d’un anticorps anti-VEGF dans les cancers colorectaux métastatiques : non seulement il n’y a aucun bénéfice de l’ajout du cétuximab ou du panitumumab à une combinaison chimiothérapie + bévacizumab, mais surtout un effet délétère est observé avec cette association. ◆ Quoi de neuf du côté des facteurs prédictifs de réponse aux anticorps anti-EGFR ? Bien qu’étant reconnues de façon incontestable comme un puissant facteur prédictif de la résistance aux anticorps anti-EGFR, les mutations du gène KRAS restent insuffisantes pour expliquer toutes les résistances observées, puisque 50 % à 60 % des patients non mutés pour KRAS ne présentent aucune réponse objective à ces traitements, ce qui suggère l’existence d’autres facteurs de résistance au cétuximab et au panitumumab. Parmi les candidats potentiels, la mutation V600E du gène BRAF, présente dans 10 % des cancers colorectaux environ, est en bonne place depuis les résultats d’une première étude rétrospective qui avait montré, dans une série de 113 patients traités par cétuximab ou panitumumab, qu’il n’existait aucun répondeur parmi les patients KRAS sauvage et BRAF muté (42). Ces résultats étaient d’ailleurs confortés in vitro par des expériences de transfection de la mutation de BRAF dans la lignée cellulaire de cancer colorectal DiFi, conférant à cette lignée une résistance acquise au cétuximab et au panitumumab alors qu’elle est habituellement très sensible à ces traitements. Trois autres études rétrospectives publiées cette année sont venues conforter ces résultats en montrant, chez 92, 138 et 173 patients, respectivement, d’une part, qu’il n’existait aucun répondeur parmi les patients KRAS sauvage et BRAF muté, et, d’autre part, que ces patients avaient une SSP et une SG moins bonnes (tableau VII) [43-45]. Il est cependant à noter que, outre sa valeur prédictive négative, la mutation de BRAF est très probablement un facteur de mauvais pronostic, indépendamment de tout traitement, et pas seulement en cas de traitement anti-EGFR, comme en témoigne l’analyse de l’impact des mutations de KRAS (39 %) et de BRAF (8,7 %) sur la survie dans l’étude CAIRO2, publiée cet été (46). Le statut de KRAS et de BRAF a Tableau VII. Études rétrospectives ayant analysé le statut de BRAF comme facteur prédictif de réponse aux anticorps anti-EGFR. Référence n n KRAS sauvage n BRAF muté (%) Réponse objective* (%) Survie sans progression* Survie globale* Loupakis (44) 138 87 13 (10) 0 p = 0,016 2,6 versus 4,4 mois HR = 0,59 (0,24-1,07) p = 0,073 4,1 versus 13,9 mois HR = 0,51 (0,18-0,95) p = 0,037 Souglakos (43) 92 60 9 (10) 0 2,0 versus 3,9 mois HR = 3,6 (1,8-7,4) p < 0,0005 HR = 4,1 (2,1-8,0) p < 0,0001 Laurent-Puig (45) 173 116 5/171 (3) 0 p = 0,063 8 versus 31 semaines p = 0,0005 6,5 versus 14,8 mois p = 0,0004 * Réponse objective, survie sans progression et survie globale chez les patients BRAF muté (versus BRAF non muté) parmi les patients KRAS sauvage. La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 47 DOSSIER THÉMATIQUE Rétrospective 2009 Cancérologie digestive pu être déterminé chez 519 des 755 patients inclus dans cette étude. La présence d’une mutation de BRAF était associée à une SSP et à une SG significativement inférieures à celles des patients non mutés BRAF, aussi bien dans le bras sans cétuximab (SSP de 5,9 versus 12,2 mois, p = 0,003, et SG de 15,0 versus 24,6 mois, p = 0,002) que dans le bras avec cétuximab (SSP de 6,6 versus 10,4 mois ; p = 0,01, et SG de 15,2 versus 21,5 mois ; p = 0,001). Cette différence de survie était bien sûr retrouvée de manière significative quand les patients avec BRAF muté étaient comparés aux patients avec KRAS et BRAF sauvages (tableau VIII). Enfin, les patients avec BRAF muté avaient une survie nettement moins bonne que les patients avec KRAS muté, et, contrairement à ces derniers, leur pronostic était identique dans le bras avec cétuximab et dans le bras sans cétuximab (tableau VIII). Tableau VIII. Étude CAIRO2 : survie en fonction du statut KRAS et BRAF dans chaque bras. BRAF muté KRAS muté BRAF et KRAS sauvages HR (IC95) Bras cétuximab (n) Survie sans progression (mois) Survie globale (mois) Réponse objective (%) 28 6,6 15,2 55 97 8,1 17,1 45 134 11,4 22,9 64 2,1 (1,6-3,2)* 1,5 (1,1-2,0)** Bras sans cétuximab (n) Survie sans progression (mois) Survie globale (mois) Réponse objective (%) 17 5,9 15,0 38 106 12,6 24,8 55 137 11,7 24,6 52 2,2 (1,3-3,8)* 1,05 (0,8-1,4)** * BRAF muté versus BRAF et KRAS sauvages, ** KRAS muté versus BRAF et KRAS sauvages. Concernant les autres facteurs prédictifs potentiels de la réponse aux anticorps anti-EGFR, des données discordantes ont été rapportées concernant les mutations de PIK3CA et la perte d’expression de PTEN (45, 47-49). L’expression des deux ligands de l’EGFR, l’amphiréguline et l’épiréguline, reste toujours associée à une bonne réponse au cétuximab dans une nouvelle étude portant sur 220 tumeurs publiée cette année (50), dont les auteurs montrent néanmoins que déterminer un seul seuil pour l’expression des ligands qui serait applicable dans toutes les situations cliniques est actuellement impossible, ce qui rend ce facteur, comme les 2 précédents, inutilisable en pratique clinique à l’heure actuelle. L’augmentation du nombre de copies du gène EGFR (amplification ou polysomie), qui fut le premier à être rapporté comme facteur prédictif d’une bonne réponse aux anticorps anti-EGFR, a encore montré son intérêt indépendamment du statut KRAS dans une nouvelle étude portant sur 173 patients résis- 48 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 tants à l’irinotécan et traités par cétuximab : un taux de réponse avoisinant les 80 % a été observé chez les patients KRAS et BRAF sauvages et EGFR FISH+ (16 % de la cohorte), chez lesquels il existait par ailleurs une tendance à de meilleures SSP et SG (45). Bien que n’étant pas actuellement validé en pratique quotidienne en raison de problèmes de standardisation et de reproductibilité de la technique de FISH, ce facteur sera probablement utile, en association avec les statuts KRAS et BRAF, pour définir un sous-groupe de patients très répondeurs au traitement anti-EGFR et pouvant donc bénéficier de ce dernier, notamment dans une stratégie de résécabilité secondaire de métastases. Enfin, il faut mentionner les polymorphismes des récepteurs IIa et IIIa de la fraction Fc des immunoglobulines (FcgR), exprimés sur des cellules cytotoxiques (lymphocytes NK, macrophages), qui ont été rapportés par F. Bibeau comme 2 facteurs prédictifs de la réponse au cétuximab, indépendamment du statut de KRAS (51). Ces polymorphismes, qui ont la particularité, par rapport aux autres facteurs mentionnés plus haut, d’être des facteurs constitutionnels de l’hôte et non des facteurs somatiques, interviendraient dans la réponse au cétuximab en modulant son activité antitumorale liée à l’ADCC, ou cytotoxicité anticorps-dépendante, et non celle liée à l’inhibition de l’EGFR, ce qui est tout à fait original mais nécessite d’être évalué sur de plus larges effectifs. ◆ Pause thérapeutique complète : résultats de l’essai OPTIMOX2 Après les résultats très encourageants de l’essai OPTIMOX1, qui montrait qu’une stratégie de stop and go d’oxaliplatine avec traitement d’entretien par LV5FU2 donnait des résultats d’efficacité équivalents à ceux d’un traitement continu par FOLFOX, tout en permettant une réduction de la neurotoxicité, le GERCOR a voulu aller plus loin dans l’exploration de la pause thérapeutique en comparant, dans l’essai OPTIMOX2, la stratégie de stop and go à une stratégie de pause complète où l’ensemble du traitement (5-FU, AF et oxaliplatine) est interrompu (52). Cet essai a randomisé 202 patients ayant un cancer colorectal métastatique non résécable non prétraité en 2 groupes : ➤ FOLFOX-7 modifié (AF : 200 ou 400 mg/ m 2 et oxaliplatine : 100 mg/m 2 à J1 puis 5-FU : 3 000 mg/m2 pendant 46 heures) selon la stratégie OPTIMOX1, c’est-à-dire avec traitement d’entretien par LV5FU2 simplifié au bout de 6 cycles et reprise de l’oxaliplatine à progression ; DOSSIER THÉMATIQUE ➤ FOLFOX-7 modifié selon la statégie OPTIMOX2, c’est-à-dire avec pause complète au bout de 6 cycles et reprise du FOLFOX-7 à progression au même niveau qu’à l’inclusion (figure 7), et ce uniquement en cas de réponse ou de stabilisation tumorale après 3 mois de FOLFOX-7. L’objectif principal était la durée de contrôle de la maladie (DCM), ce qui correspond à la SSP ou, en cas de réintroduction de l’oxaliplatine, à la SSP initiale ajoutée à la SSP après réintroduction de l’oxaliplatine (figure 7). L’oxaliplatine a été réintroduit chez 81,8 % et 84,6 % des patients des bras OPTIMOX1 et 2 respectivement. Après un suivi médian de 40 mois, la DCM était significativement meilleure dans le bras OPTIMOX1 que dans le bras OPTIMOX2 (13,1 mois versus 9,2 mois ; p = 0,046), de même que la SSP (8,6 mois versus 6,6 mois ; p = 0,0017) et la SG (23,8 mois versus 19,5 mois ; p = 0,42). Le taux de réponse objective était similaire durant les 3 premiers mois de traitement dans les 2 bras (59,2 % versus 59,6 %), mais il était inférieur dans le bras OPTIMOX2 après réintroduction de l’oxaliplatine (20,4 % versus 30,3 %). Enfin, le taux de résection secondaire R0 de métastases était respectivement de 16,3 % et 12,2 % dans les bras OPTIMOX1 et 2. En conclusion, la stratégie de pause thérapeutique complète ne peut être recommandée en routine chez les patients ayant un cancer colorectal métastatique, compte tenu des mauvais résultats obtenus dans cette étude. Elle pourrait cependant s’avérer bénéfique chez des patients mieux sélectionnés. La stratégie d’entretien par LV5FU2 reste, en revanche, une attitude plus valide, mais qui ne peut, là encore, être proposée de manière systématique. ◆ Chimiothérapie adjuvante après résection de métastases hépatiques de cancer colorectal Depuis la publication des résultats de l’étude de l’EORTC, une chimiothérapie pré- et postopératoire par FOLFOX est une attitude validée chez les patients présentant des métastases hépatiques résécables. En revanche, l’intérêt d’une chimiothérapie adjuvante après résection de métastases hépatiques n’est pas complètement établi, puisque l’analyse poolée de 2 grands essais de phase III randomisés (essai FFCD et essai EORTC) comparant la chirurgie seule à une chimiothérapie adjuvante par 5-FU/AF, bien que rapportant une SSP meilleure dans le bras chimiothérapie, n’a pas montré de bénéfice significatif de cette dernière (53). Une nouvelle étude de phase III randomisée a été publiée récemment, comparant du FOLFIRI au FOLFOX-7 (x 6) – LV5FU2 simplifié (➙ jusqu’à progression) – FOLFOX-7 (x 6) n = 202 R FOLFOX-7 (x 6) – PAUSE (➙ jusqu’à progression) – FOLFOX-7 (x 6) Taille tumorale DCM = SSP 1 + SSP 2 (si pas de progression) SSP 1 SSP 2 temps FOLFOX FOLFOX Progression DCM = durée de contrôle de la maladie Progression au niveau de l’inclusion Progression après réintroduction Figure 7. Étude OPTIMOX2. LV5FU2 simplifié pendant 6 mois, dans cette même indication. Seuls 306 patients ont été inclus sur les 420 initialement prévus (essai interrompu en raison de la lenteur des inclusions). L’objectif principal était la SSM. Une stratification était prévue selon le centre, le nombre de métastases (1 versus 2 à 4 versus plus de 4), l’administration antérieure ou non d’une chimiothérapie (adjuvante ou non) et le délai entre la chirurgie de la tumeur primitive et le diagnostic de métastase(s) hépatique(s) (inférieur ou supérieur à 1 an). Les caractéristiques des patients étaient bien équilibrées entre les 2 bras : 64 % avaient 1 seule métastase, 33 % avaient 2 à 4 métastases, l’âge médian était de 62 ans et 37 % avaient reçu une chimiothérapie adjuvante antérieurement. La SSM médiane des patients traités par LV5FU2 était de 21,6 mois versus 24,7 mois pour le FOLFIRI, la différence n’étant pas significative (HR = 0,90 ; IC95 : 0,67-1,2 ; p = 0,44). La SG n’était également pas différente entre les 2 bras de traitement. Une tendance à l’amélioration de la SSM était observée chez les patients recevant du FOLFIRI dans les 42 jours suivant la chirurgie (HR = 0,75 ; IC 95 : 0,50-1,14 ; p = 0,17). Comme prévu, les toxicités de grade 3-4 étaient supérieures dans le bras FOLFIRI (47 % versus 30 %), avec plus de neutropénies sévères (23 % versus 7 %). Cette étude ne montre donc aucun bénéfice du FOLFIRI en adjuvant par rapport au LV5FU2, lui-même contesté, après résection complète de métastase(s) hépatique(s) de cancer colorectal. Aucun standard n’est donc retenu de manière consensuelle dans cette indication. La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 49 DOSSIER THÉMATIQUE Rétrospective 2009 Cancérologie digestive Cancer de l’estomac Cancer de l’estomac résécable : traitement adjuvant Pas de nouveauté en 2009 dans le domaine du traitement adjuvant des cancers gastriques résécables : la stratégie de chimiothérapie périopératoire de type MAGIC à base de sels de platine reste le standard. L’essai de phase III randomisé de l’EORTC, présenté à l’ASCO, n’a en effet montré aucun bénéfice d’une chimiothérapie néoadjuvante par 2 cycles de 5-FU, AF et cisplatine (5-FU : 2 000 mg/m²/24 h/sem., AF : 500 mg/m²/2 h/sem., cisplatine : 50 mg/m²/2 sem. ; J1 = J48) par rapport à la chirurgie seule dans des cancers de l’estomac ou du cardia T3-T4 Nx (54). Dans cet essai, clos prématurément en raison de la lenteur des inclusions (144 patients inclus au lieu des 360 initialement prévus), la SG, objectif principal de l’étude, n’était pas améliorée par la chimiothérapie néoadjuvante (p = 0,46), ni la SSP (p = 0,20). Seul le taux de résection R0 était augmenté dans le bras expérimental (81,9 % versus 66,7 % ; p = 0,036). ◆ Cancer de l’estomac métastatique Le vrai scoop concernant le traitement des cancers gastriques avancés en 2009 est indéniablement l’émergence du trastuzumab (Herceptin®), anticorps anti-HER2 utilisé depuis longtemps dans le traitement du cancer du sein, à la suite des résultats de l’étude ToGA, présentée à l’ASCO par E. Van Cutsem (55). Une surexpression du récepteur HER2 est retrouvée dans 6 à 35 % des adénocarcinomes gastriques. ToGA est une étude multicentrique internationale de phase III qui, pour la première fois, évalue, dans les cancers gastriques avancés, l’intérêt de l’adjonction du trastuzumab à une chimiothérapie conventionnelle à base de 5-FU ou capécitabine + cisplatine en première ligne. Dans cette étude, 3 807 adénocarcinomes gastriques avancés, métastatiques (96 %) ou localement évolués, ont été testés pour leur statut HER2 par immunohistochimie ou FISH. Plus de la moitié des patients inclus (55 %) étaient asiatiques. Une surexpression d’HER2 était observée dans 22 % des cas, avec une disparité d’expression significative en fonction du type histologique (32,0 % pour le type intestinal versus 6,1 % pour le type diffus, selon la classification de Lauren). Parmi les 810 tumeurs HER2+, 594 remplissaient les critères d’inclusion et ont été randomisées pour recevoir une chimiothérapie par 5-FU ou capécitabine + cisplatine (toutes les 3 semaines, 6 cycles au total) avec ou sans trastuzumab (8 mg/kg puis 50 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 6 mg/kg/3 sem.). La survie médiane était significativement supérieure dans le bras trastuzumab + chimiothérapie comparée à la chimiothérapie seule (13,8 versus 11,1 mois ; p = 0,0046), de même que la SSP (6,7 versus 5,5 mois ; p = 0,0002) et le taux de réponse objective (47,3 % versus 34,5 % ; p = 0,0017). Le profil de toxicité était similaire dans les 2 bras, sans majoration des EI liés à la chimiothérapie standard, ni insuffisance cardiaque congestive symptomatique. Seule une diminution de la FEVG asymptomatique était plus fréquemment constatée dans le bras trastuzumab (4,6 % versus 1,1 %). Ce vaste essai randomisé, non encore publié, ouvre la voie des thérapies ciblées dans le traitement du cancer gastrique avancé en apportant des arguments très forts en faveur de l’ajout du trastuzumab à une chimiothérapie en présence d’une surexpression du récepteur HER2, sans toxicité préjudiciable. Ce qui pourrait devenir un nouveau standard dans le cancer de l’estomac ne s’adresse cependant qu’à une faible proportion (environ 20 %) de tumeurs gastriques. L’autre molécule évaluée dans plusieurs essais randomisés cette année encore est le composé S1, prodrogue orale du 5-FU associée à un inhibiteur de sa principale enzyme catabolique. Ce composé, disponible uniquement en Asie, a montré son intérêt dans le cancer de l’estomac en situation adjuvante et est désormais évalué en situation métastatique. Deux grands essais randomisés de phase III sont à noter cette année. Le premier, présenté à l’ASCO et publié depuis dans le Lancet Oncology (56), est l’essai du Gastrointestinal Oncology Study Group of the Japan Clinical Oncology Group : il a évalué, chez 704 patients ayant un cancer gastrique non résécable, la supériorité de l’association irinotécan-cisplatine (irinotécan : 70 mg/m2 à J1 et J15 ; cisplatine : 80 mg/m2 à J1) et la non-infériorité du S1 (40 mg/m2 × 2/j, J1-J28 toutes les 6 semaines), comparativement au 5-FU en monothérapie (800 mg/m2/j, J1-J5 toutes les 4 semaines). La SG médiane, objectif principal de cette étude, était de 10,8 mois dans le bras 5-FU versus 12,3 mois dans le bras irinotécan-cisplatine (HR = 0,85 ; IC95 : 0,70-1,04 ; p = 0,055 pour la supériorité) et 11,4 mois dans le bras S1 (HR = 0,83 ; IC95 : 0,681,01 ; p = 0,0005 pour la non-inférorité). Le profil de toxicité était celui attendu avec chacune de ces molécules, c’est-à-dire toxicité similaire pour le 5-FU et le S1, hormis la diarrhée, plus importante avec le S1, et plus de toxicité hématologique, de nausées-vomissements et de diarrhée avec l’association irinotécan + cisplatine. Cette étude démontre donc la non-infériorité du S1 par rapport au 5-FU DOSSIER THÉMATIQUE dans une population japonaise mais l’absence de supériorité de l’association irinotécan + cisplatine par rapport au 5-FU. L’autre essai, FLAGS, a été présenté à l’ASCO (57). Cet essai de phase III multicentrique international a comparé chez 1 029 patients en bon état général (OMS : 0-1) et ayant un adénocarcinome gastrique de stade III-IV une association 5-FU + cisplatine (5-FU : 1 000 mg/m²/j J1-J5 ; cisplatine : 100 mg/m² J1-J4/sem.) à une association S1-cisplatine (S1 : 25 mg/m² × 2/j J1-J21 ; cisplatine : 75 mg/m² J1-J4/sem.). L’objectif principal était la SG. Les résultats de cet essai montrent, en bref, que l’association S1-cisplatine est non seulement non inférieure au 5-FU + cisplatine (SG : 8,6 mois versus 7,9 mois), mais également mieux tolérée. Le type histologique diffus semblait profiter le mieux de cette association puisque, dans ce sous-groupe, le S1-cisplatine était même supérieur en termes de SG au 5-FU + cisplatine (9 mois versus 7,1 mois ; HR = 0,83 ; IC95 : 0,70-0,99 ; p = 0,0413). Ces résultats sont intéressants, mais, le composé S1 n’étant pas commercialisé en France, ils demeurent non exploitables en pratique dans l’immédiat. La seule prodrogue du 5-FU dont nous disposons étant la capécitabine, les résultats d’un autre essai randomisé de phase III testant, en première ligne, la non-infériorité de l’association capécitabine + cisplatine par rapport à l’association 5-FU + cisplatine nous intéressent probablement plus (58). Cet essai en ouvert a randomisé 316 patients entre l’association capécitabine + cisplatine (XP) [capécitabine : 1 000 mg/m2 × 2/j J1-J14 ; cisplatine : 80 mg/m2 à J1) et l’association 5-FU + cisplatine (FP) [5-FU : 800 mg/m2/j J1-J5 ; cisplatine : 80 mg/m2 à J1]. L’objectif principal a été atteint, puisque la SSP était de 5,6 mois dans le bras XP et de 5 mois dans le bras FP (HR = 0,81 ; IC95 : 0,63-1,04 ; p < 0,001, avec une marge de non-infériorité à 1,25). La SG médiane était de 10,5 mois et 9,3 mois respectivement dans les bras XP et FP (HR = 0,85 ; IC95 : 0,64-1,13 ; p = 0,008, avec une marge de non-infériorité à 1,25). Le taux de réponse objective était, par ailleurs, supérieur dans le bras XP comparé au bras FP (46 % versus 32 % ; HR = 1,80 ; IC95 : 1,11-2,94 ; p = 0,02). Ces résultats confirment donc, comme l’avait également suggéré l’essai REAL-2 dans le cadre d’une association avec une anthracycline et du cisplatine, que la capécitabine peut désormais remplacer le 5-FU en situation métastatique, avec un profil de tolérance plus favorable dans cette étude en termes de toxicité de grade 3-4 concernant la neutropénie (16 % versus 19 %) et la mucite (2 % versus 6 %). ■ Références bibliographiques 1. Ueno H, Kosuge T, Doi R et al. A randomised phase III trial comparing gemcitabine with surgery-only in patients with resected pancreatic cancer: Japaneses study group of adjuvant therapy for pancreatic cancer. Br J Cancer 2009; 101(6):908-15. 2. Neoptolemos J, Büchler M, Bassi C et al. ESPAC-3(v2): a multicenter, international, open-label, randomized, controlled phase III trial of adjuvant 5-fluorouracil/folinic acid (5FU/FA) versus gemcitabine (GEM) in patients with resected pancreatic ductal adenocarinoma. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract LBA 4505. 3. Merchant N, Pinchot S, Nakeels A et al. Adjuvant chemoradiation therapy for pancreatic adenocarcinoma: who really benefits? J Am Coll Surg 2009;208(5):829-38. 4. Van Laethem JL, Mornex F, Azoria D et al. Adjuvant gemcitabine alone versus gemcitabine-based chemoradiation after curative resection for pancreatic cancer: updated results of a randomized EORTC/FFCD/GERCOR phase II study. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 4527. 5. Riess H, Pelzer O, Opitz B et al. A prospective, randomized trial of chemotherapy with or without the low molecular weight heparine (LMWH) enoxaparin in patients (pts) with advanced pancreatic cancer (APC): results of the CONKO 004 trial. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 4506. 6. Poplin E, Feng Y, Berlin J et al. Phase III, randomized study of gemcitabine and oxaliplatin versus gemcitabine (fixeddose rate infusion) compared with gemcitabine (30-minute infusion) in patients with pancreatic carcinoma E6201: a trial of the Eastern Cooperative Oncology Group. J Clin Oncol 2009;27(523):3778-85. 7. Cunningham D, Chau I, Stocken DD et al. Phase III randomized comparison of gemcitabine versus gemcitabine plus capecitabine in patients with advanced pancreatic cancer. J Clin Oncol 2009;27(33):5513-8. 8. Van Cutsem E, Vervenne Wl, Gill S et al. Phase III trial of bevacizumab in combination with gemcitabine and erlotinib in patients with metastatic pancreatic cancer. J Clin Oncol 2009;27(13):2231-7. 9. Wolpin BM, Hezel AF, Chan JA et al. Oral mTOR inhibitor everolimus in patients with gemcitabine-refractory metastatic pancreatic cancer. J Clin Oncol 2009;27(2):193-8. 10. Valleor JW, Wasen HS, Palmer DD et al. Gemcitabine with or without cisplatine in patients (pts) with advanced or metastatic biliary tract cancer (ABC): results of a multicenter, randomized phase III trial (The UK ABC-02 trial). J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 4503. 11. Dwary AD, Sharma A, Pal S et al. A randomized controlled trial (RCT) comparing best supportive care (BSC), 5-FU plus folinic acid (FUFA) and gemcitabine plus oxaliplatin (Gem-Ox) in management of unresectable gallbladder. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 4521. 12. Malka D, Fartoux L, Viret F et al. A multicenter, randomized phase II trial of gemcitabine and oxaliplatin (GEMOX) alone or in combination with biweekly cetuximab in the first-line treatment of advanced biliary cancer: interim analysis of the BINGO trial. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 4520. 13. Overman MJ, Adinin R, Eny C et al. Phase II study of capecitabine and oxaliplatin for advanced adenocarcinoma of the small bowel and ampulla of Vater. J Clin Oncol 2009;27(16):2598-603. 14. Overman MJ, Wen S, Ajani JA et al. Chemotherapy with 5-fluorouracil and a platinum compound improves outcomes in metastatic small bowel adenocarcinoma. Cancer 2008;113(8):2038-45. 15. Zaanan A, Costes L, Liegard M et al. Chimiothérapie des adénocarcinomes avancés de l’intestin grêle : résultats finaux de l’étude multicentrique AGEO. Gastroenterol Clin Biol 2009;33:A16. 16. Rinke A, Müller HH, Pape UF et al. Placebo- controlled, double-blind, prospective, randomized study on the effect of octreotide LAR in the control of tumor growth in patients with metastatic neuroendocrine midgut tumors: a report from the PROMID study group. J Clin Oncol 2009;27(28):4656-63. 17. Maire F, Hammel P, Louvet C et al. Is adjuvant therapy with streptozotocin and 5-fluorouracil useful after resection of liver metastases from digestive endocrine tumors? Surgery 2009;145(1):69-75. 18. Le Cesne A, Verweij J, Blay JY et et al. Absence of progression as assessed by response evaluation criteria in solid tumors predicts survival in advanced GI stromal tumors treated with imatinib mesylate: the intergroup EORTC-ISG-AGITG phase III trial. J Clin Oncol 2009; 27(24):3969-74. Retrouvez l’intégralité des références bibliographiques sur www.edimark.fr La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 51 DOSSIER THÉMATIQUE Rétrospective 2009 Cancérologie digestive Références bibliographiques (suite de la p. 51) 19. Prior JO, Luthi F, Stupp R et al. Early prediction of response to sunitinib after imatinib failure by 18F-fluorodeoxyglucose positron emission tomography in patients with gastrointestinal stromal tumor. J Clin Oncol 2009;27(3):439-45. 20. Dematteo RP, Ballman KV, Patel S et al. Adjuvant imatinib mesylate after resection of localised, primary gastrointestinal stromal tumour: a randomised, double-blind, placebo-controlled trial. Lancet 2009;373(9669):1097104. 21. Duffaud F, Adenis A, Rios M et al. Time to secondary resistance (TSR) after interruption of imatinib: updated results of the prospective French Sarcoma Group randomized phase III trial on long-term survival. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 10508. 22. Barbare JC, Bouché O, Dahan L et al. Treatment of advanced hepatocellular carcinoma with long-acting octreotide: a phase III multicentre, randomised, double blind placebo-controlled study. Eur J Cancer 2009;45:1788-97. 23. Yuen MF, Poon RT, Lai CL et al. A randomized placebo controlled study of long-acting octreotide for the treatment of advanced hepatocellular carcinoma. Hepatology 2002;36(3):687-91. 24. Becker G, Blum HE, Allgaier HP et al. for the HECTOR Study Group. Long-acting octreotide versus placebo for treatment of advanced HCC: a randomized controlled double-blind study. Hepatology 2007;45(1):9-15. 25. Dimitroulopoulos D, Xinopoulos D, Tsamakidis K et al. Long acting octreotide in the treatment of advanced hepatocellular cancer and overexpression of somatostatin receptors: randomized placebo-controlled trial. World J Gastroenterol 2007;13(23):3164-70. 26. Zhu AX, Sahani DV, Duda DG et al. Efficacy, safety, and potential biomarkers of sunitinib monotherapy in advanced hepatocellular carcinoma: a phase II study. J Clin Oncol 2009;27(18):3027-35. 27. Thomas MB, Morris JS, Kaur H et al. Phase II trial of the combination of bevacizumab and erlotinib in patients who have advanced hepatocellular carcinoma. J Clin Oncol 2009;27(6):843-50. 28. Lencioni R, Denys A, Lammer J et al. A randomized phase II trial of a drug eluting bead in the treatment of hepatocellular carcinoma by transcatheter arterial chemoembolization. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 4523. 29. Dhanasekaran R, Staley CA, Kooby DA et al. Drug eluting beads versus conventional TACE for unresectable hepatocellular carcinoma: survival benefits and safety. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 4524. 30. André T, Boni C, Navarro M et al. Improved overall survival with oxaliplatin, fluorouracil, and leucovorin as adjuvant treatment in stage II or III colon cancer in the MOSAIC Trial. J Clin Oncol 2009;27:3109-16. 31. Haller D, Tabernero J, Maroun J et al. First efficacy findings from a randomized phase III trial of capecitabine + oxaliplatin vs. bolus 5-FU/LV for stage III colon cancer (NO16968/XELOXA study). ESMO 2009. Eur J Cancer 2009;7(2, Suppl.): 5 LBA. 32. McCleary NAJ, Meyerhardt J, Green E et al. Impact of older age on the efficacy of newer adjuvant thera- pies in > 12,500 patients (pts) with stage II/III colon cancer: findings from the ACCENT Database. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 4010. 33. Wolmark N, Yothers G, O’Connell MJ et al. A phase III trial comparing mFOLFOX6 to mFOLFOX6 plus bevacizumab in stage II or III carcinoma of the colon: results of NSABP Protocol C-08. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract LBA 4. 34. Van Cutsem E, Köhne CH, Hitre E et al. Cetuximab and chemotherapy as initial treatment for metastatic colorectal cancer. N Engl J Med 2009;360:1408-17. 35. Bokemeyer C, Bondarenko I, Makhson A et al. Fluoro­ uracil, leucovorin, and oxaliplatin with and without cetuximab in the first-line treatment of metastatic colorectal cancer. J Clin Oncol 2009;27:663-71. 36. Van Cutsem E, Rougier P, Köhne C et al. A meta-analysis of the CRYSTAL and OPUS studies combining cetuximab with chemotherapy (CT) as 1st-line treatment for patients (pts) with metastatic colorectal cancer (mCRC): results according to KRAS and BRAF mutation status. ESMO 2009: abstract 6077. 37. Bokemeyer C, Bondarenko I, Hartmann JT et al. Overall survival of patients with KRAS wild-type tumors treated with FOLFOX4 ± cetuximab as 1st-line treatment for metastatic colorectal cancer: the OPUS study. ESMO 2009. Eur J Cancer 2009;7(2,Suppl.): abstract 6079. 38. Douillard JY, Siena S, Cassidy J et al. Randomized phase III study of panitumumab with FOLFOX compared to FOLFOX alone as 1st-line treatment (tx) for metastatic colorectal cancer (mCRC): the PRIME trial. ESMO 2009. Eur J Cancer 2009;7(2, Suppl.): 10LBA. 39. Peeters M, Price T, Hotleo Y et al. Randomized phase III study of panitumumab with FOLFIRI versus FOLFIRI alone as second-line treatment (tx) in patients (pts) with metastatic colorectal cancer (mCRC). ESMO 2009. Eur J Cancer 2009;7(2, Suppl.): 14LBA. 40. Tol J, Koopran M, Cats A et al. Chemotherapy, bevacizumab, and cetuximab in metastatic colorectal cancer. N Engl J Med 2009;360:563-72. 41. Hecht JR, Mitchell E, Chidiac T et al. A randomized phase IIIB trial of chemotherapy, bevacizumab, and panitumumab compared with chemotherapy and bevacizumab alone for metastatic colorectal cancer. J Clin Oncol 2009;27:672-80. 42. Di Nicolantonio F, Martini M, Molinari F et al. Wildtype BRAF is required for response to panitumumab or cetuximab in metastatic colorectal cancer. J Clin Oncol 2008;26:5705-12. 43. Souglakos J, Philips J, Wang R et al. Prognostic and predictive value of common mutations for treatment response and survival in patients with metastatic colorectal cancer. Br J Cancer 2009;101:465-72. 44. Loupakis F, Ruzzo A, Cremolini C et al. KRAS codon 61, 146 and BRAF mutations predict resistance to cetuximab plus irinotecan in KRAS codon 12 and 13 wild-type metastatic colorectal cancer. Br J Cancer 2009;101(4): 715-21. 45. Laurent-Puig P, Cayre A, Manceau G et al. Analysis of PTEN, BRAF, and EGFR status in determining benefit from 6 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 cetuximab therapy in wild-type KRAS metastatic colon cancer. J Clin Oncol 2009;27:5924-30. 46. Tol J, Nagtegaal ID, Punt CJ et al. BRAF mutation in metastatic colorectal cancer. N Engl J Med 2009;361:98-9. 47. Sartore-Bianchi A, Martini M, Molinari F et al. PIK3CA mutations in colorectal cancer are associated with clinical resistance to EGFR-targeted monoclonal antibodies. J Clin Oncol 2009;69:1851-7. 48. Prenen H, De Schutter J, Jacobs B et al. PIK3CA mutations are not a major determinant of resistance to the epidermal growth factor receptor inhibitor cetuximab in metastatic colorectal cancer. Clin Cancer Res 2009;15:3184-8. 49. Loupakis F, Pollina L, Stasi I et al. PTEN expression and KRAS mutations on primary tumors and metastases in the prediction of benefit from cetuximab plus irinotecan for patients with metastatic colorectal cancer. J Clin Oncol 2009;27:2622-9. 50. Jacobs B, DeRoock W, Plessevaux H et al. Amphiregulin and epiregulin mRNA expression in primary tumors predicts outcome in metastatic colorectal cancer treated with cetuximab. J Clin Oncol 2009;27:5068-74. 51. Bibeau F, Lopez-Crapez E, Di Fiore F et al. Impact of FcγRIIa-FcγRIIIa polymorphisms and KRAS mutations on the clinical outcome of patients with metastatic colorectal cancer treated with cetuximab plus irinotecan. J Clin Oncol 2009;27:1122-9. 52. Chibaudel B, Maindrault-Goebel F, Lledo G et al. Can chemotherapy be discontinued in unresectable metastatic colorectal cancer? The GERCOR OPTIMOX2 Study. J Clin Oncol 2009;27:5727-33. 53. Mitry E, Fields AL, Bleiberg H et al. Adjuvant chemotherapy after potentially curative resection of metastases from colorectal cancer: a pooled analysis of two randomized trials. J Clin Oncol 2008;26:4906-11. 54. Schuhmacher C, Schlag P, Lordick F et al. Neoadjuvant chemotherapy versus surgery alone for locally advanced adenocarcinoma of the stomach and cardia: randomized EORTC phase III trial #40954. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 4510. 55. Van Cutsem E, Kang Y, Chung H et al. , Efficacy results from the ToGA trial: a phase III study of trastuzumab added to standard chemotherapy (CT) in first-line human epidermal growth factor receptor 2 (HER2)-positive advanced gastric cancer (GC). J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract LBA 4509. 56. Boku N, Yamamoto S, Fukuda H et al. Fluorouracil versus combination of irinotecan plus cisplatin versus S-1 in metastatic gastric cancer: a randomised phase III study. Lancet Oncol 2009;10:1063-9. 57. Ajani JA, Rodriguez W, Bodoky G et al. Multicenter phase III comparison of cisplatin/S-1 (CS) with cisplatin/5-FU (CF) as first-line therapy in patients with advanced gastric cancer (FLAGS): secondary and subset analyses. J Clin Oncol 2009;27(Suppl. 15): abstract 4511. 58. Kang YK, Kang WK, Shin DB et al. Capecitabine/cisplatin versus 5-fluorouracil/cisplatin as first-line therapy in patients with advanced gastric cancer: a randomised phase III noninferiority trial. Ann Oncol 2009;20:666-73.