La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 35
Résumé
Dans le domaine de l’oncologie digestive, l’année 2009 a vu se produire des avancées thérapeutiques
très variées :
▸ Pour les tumeurs colorectales, les résultats des essais de phase III des inhibiteurs de l’EGFR sont mainte-
nant disponibles, en première ligne, que ce soit pour le cétuximab ou pour le panitumumab. Les recherches
dans le domaine des facteurs prédictifs de réponse se poursuivent, axés surtout autour de K-ras et B-raf.
▸
Il faut également mentionner la nouveauté dans le traitement des patients ayant un cancer de l’estomac
métastatique : l’adjonction du trastuzumab à une chimiothérapie standard permet d’augmenter significa-
tivement la survie sans progression et la survie globale.
▸ Dans le domaine du traitement adjuvant des GIST, l’imatinib permet d’allonger la survie sans récidive.
L’article reprend avec de plus amples détails les principales études qui ont retenu notre attention lors
de cette année 2009.
Mots-clés
Cancer colorectal
Cancer de l’estomac
Cancer des voies
biliaires
Cancer du pancréas
Tumeurs stromales
gastro-intestinales
Highlights
In gastrointestinal oncology,
important advances emerged
in 2009.
▸
For colorectal cancer, results
of fi rst-line phase III trials of
EGFR inhibitors are now avai-
lable, either with cetuximab
or panitumumab. Research on
biomarkers are still on the way,
focused especially around K-ras
and B-raf.
▸
In the treatment of patients
with metastatic gastric cancer,
the addition of trastuzumab to
standard chemotherapy can
signifi cantly increase progres-
sion-free survival and overall
survival.
▸
In the fi eld of adjuvant treat-
ment of GIST, imatinib can
prolong recurrence-free survival.
The article summarizes the
major studies that have caught
our attention during this year
2009.
Keywords
Colorectal cancer
Gastric cancer
Biliary duct cancer
Pancreatic cancer
Gastrointestinal stromal
tumor
12 sem.) à une RT-CT avec de la gemcitabine à la dose
de 300 mg/ m
2
/ sem. ont été rapportés par J.L. Van
Laethem et al. (tableau I) [4]. L’objectif principal
de cette étude étant sa faisabilité, il a été atteint ;
86,7 % des patients se sont vu administrer la totalité
du traitement prévu dans le bras chimiothérapie et
73,3 %, celui prévu dans le bras RT-CT. La toxicité de
grade IV était de 0 et 4,4 % respectivement.
Ces résultats n’apportent cependant pas d’éléments
en faveur de la supériorité de la RT-CT, avec notam-
ment un taux de récidive locale comparable dans
les 2 bras.
En situation d’irrésécabilité
pour les lésions métastatiques
et/ou localement avancées
L’essai CONKO-004 consacre l’énoxaparine comme
un nouveau standard de soins de support. Cette
étude allemande, de phase III et multicentrique,
a randomisé 312 patients avec cancer du pancréas
avancé (naïfs de chimiothérapie et n’ayant jamais
présenté d’événements thrombo-emboliques
veineux [ETV]) pour recevoir, en association avec
une chimiothérapie à visée palliative (gemcitabine,
5-FU, AF et cisplatine [GFFC] ou gemcitabine), soit
de l’énoxaparine 1 mg/kg/j (n = 160), soit un placebo
(n = 152) pendant 3 mois, puis une dose de 40 mg/j
dans le bras énoxaparine (5). Les résultats présentés
montrent à 3 mois une réduction très signifi cative du
risque d’ETV dans le bras énoxaparine (1,3 % versus
9,9 % ; p < 0,01), avec une réduction signifi cative en
cas d’administration de GFFC. Concernant la tolé-
rance, l’incidence des saignements majeurs n’a pas
été signifi cativement différente entre les 2 bras :
6,3 % dans le bras énoxaparine versus 9,9 % dans
le bras contrôle (p = 0,6). Les résultats préliminaires
après un suivi médian de 30,4 semaines ne montrent,
en revanche, pas de différence entre les 2 bras en
termes de SG (31 versus 29 semaines).
Dans cette situation d’irrésécabilité, les études de
phase III publiées en 2009 sont celles de E. Poplin
et al. (6) et de D. Cunningham et al. (7). L’étude de
E. Poplin et al. randomisait 832 patients avec adéno-
carcinome pancréatique soit localement avancé
soit métastatique avec gemcitabine et oxaliplatine
(GEMOX), gemcitabine 30 minutes et gemcitabine
à débit constant (GEM FDR) [tableau II].
La deuxième étude, de D. Cunningham et al. et
publiée dans le Journal of Clinical Oncology, apporte
enfi n les conclusions défi nitives sur l’association
gemcitabine et capécitabine (7). Cette étude ouverte,
randomisée, avait pour objectif principal la SG, mais,
manquant de puissance, une méta-analyse a été
associée (2 études complémentaires évaluant au
total 935 patients), ce qui a permis de “démontrer” le
bénéfi ce de l’association par rapport à la gemcitabine
seule… et aux auteurs de conclure sur un nouveau
standard possible en première ligne. Mais les résul-
tats sur les 533 patients “réellement randomisés”
Tableau I. Résultats d’effi cacité.
Chimiothérapie
(n = 45)
Radiochimiothérapie
(n = 45)
Hazard-ratio
(IC95)
Survie globale (médiane, mois) 24,4 24,3 1,07 (0,62-1,85)
Survie sans récidive (médiane, mois) 10,9 11,8 0,98 (0,61-1,57)
Pourcentage de récidive locale à la 1re récidive 48,5 42,4
Tableau II. Les résultats ne révèlent aucune différence signi-
fi cative entre ces 3 modalités thérapeutiques (6).
832 patients Survie globale
(médiane, mois)
Survie
à 1 an (%)
Hazard-ratio
GEMOX 5,7 21 0,88
p = 0,22 (/GEM)
GEM 4,9 16
GEM FDR 6,2 21 0,83
p = 0,04 (/GEM)
GEM : gemcitabine ; GEM FDR : gemcitabine à débit constant ; GEMOX :
gemcitabine et oxaliplatine.