AMNESTY INTERNATIONAL
BULLETIN D'INFORMATIONS 247/99
La version originale a été publiée par Amnesty International, Secretariat international, 1 Easton Street, Londres
WC1X 8DJ, Royaume-Uni. Seule la version anglaise fait foi. La version française a été traduite et diffusée par les
Éditions francophones d'Amnesty International - ÉFAI -
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IRAK/ÉTATS-UNIS/ROYAUME-UNI
Amnesty International lance un appel aux gouvernements américain et britannique pour
empêcher que des civils ne soient tués dans les bombardements en Irak
Index AI : MDE 14/06/98
Amnesty International a adressé aujour-d’hui (mercredi 16 décembre) des appels mondiaux
urgents aux gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni, afin de leur rappeler que la vie et
la sécurité des civils doivent être leur préoccupation primordiale dans le cadre de toute initiative
visant à résoudre la nouvelle crise irakienne.
« Les attaques militaires apparemment imminentes des forces américaines et britanniques
pourraient se solder par des massacres aveugles de civils. Les précédentes interventions
militaires ayant eu lieu dans le Golfe montrent que, beaucoup trop souvent, les pertes civiles
deviennent une conséquence acceptable des conflits armés. Or, il incombe à tous les
gouvernements de respecter et de protéger la vie des civils », a souligné Amnesty International.
En novembre 1998, l’Organisation a écrit aux autorités américaines et britanniques pour les
exhorter à accorder une importance primordiale à la vie et à la sécurité des civils dans le cadre de
toute initiative destinée à résoudre les conflits existants, ainsi qu’à garantir la protection de la
population civile conformément au droit international humanitaire. Amnesty International a
égale-ment adressé un courrier au gouvernement irakien, en l’appelant à prendre toutes les
mesures nécessaires à la protection des civils irakiens.
Pendant la guerre du Golfe, en 1991, des milliers d’entre eux avaient péri lorsque Bagdad ainsi que
d’autres villes avaient été bombardées par les forces aériennes américaines et alliées. Au cours
d’une de ces opérations, plus de 300 civils avaient été tués dans l’abri antiaérien d’Amariya, dans
la capitale.
Amnesty International craint que l’Irak ne soit incessamment attaqué pour deux raisons
essentielles : d’abord parce que le 15 décembre 1998, le responsable de la Commission spéciale
des Nations unies (UNSCOM) chargée du désarmement de l’Irak a présenté au Conseil de sécurité
un rapport faisant état de l’absence de coopération pleine et entière de l’Irak avec les
inspecteurs des Nations unies ; ensuite, parce que les représentants de l’ONU, y compris son
personnel humanitaire, ont été soudainement évacués du territoire irakien.
Le mois dernier, les forces américaines et britanniques ont annulé au dernier moment une
offensive militaire contre l’Irak, après que les autorités de ce pays eurent annoncé, le 14 novembre,
qu’elles allaient reprendre leur pleine coopération avec les inspecteurs de l’UNSCOM. Toutefois,
tant le gouvernement des États-Unis que celui du Royaume-Uni ont indiqué depuis de manière
répétée que des mesures militaires seraient immédiatement prises contre l’Irak, sans résolution du
Conseil de sécurité, en cas de nouvelle interruption de la coopération avec les experts en
désarmement des Nations unies. La menace d’un raid militaire contre l’Irak faisait suite à la
décision prise par les autorités de Bagdad, le 31 octobre, de mettre un terme définitif à leur
coopération avec l’UNSCOM.
Les craintes d’Amnesty International pour la sécurité de la population civile irakienne ont été
renforcées par les informations récemment publiées dans la presse américaine. Ainsi, le
16 novembre 1998, le Washington Post a indiqué que le président Bill Clinton avait été averti par le
Pentagone que le plan d’attaque initial se traduirait par l’opération militaire de loin la plus
meurtrière de sa présidence, susceptible de provoquer la mort de 10 000 Irakiens.
Le 17 novembre, on pouvait lire dans les colonnes d’un autre quotidien américain, le New York