AMNESTY INTERNATIONAL
Déclaration publique
Index AI : EUR 71/002/2011
AILRC-FR
16 mars 2011
République tchèque. La police ne protège pas les Roms de Nový Bydžov
Amnesty International constate avec consternation que la police n'a pas protégé trois membres de la
communauté rom des violentes attaques d'un groupe de militants d'extrême droite à la suite de la
manifestation du Parti ouvrier pour la justice sociale (extrême droite) le 12 mars à Nový Bydžov.
L'organisation est vivement préoccupée, d'autant plus que des témoignages indiquent que les policiers ont
eu recours à une force excessive à l'égard de contre-manifestants de l'initiative « Nový Bydžov n'est pas
seul ! » qui s'opposaient à ce rassemblement d'extrême droite.
Ces événements aggravent encore un climat d'intimidation des membres de la communauté rom de Nový
Bydžov, caractérisé par les déclarations discriminatoires des autorités locales et de certains groupes
tchèques d'extrême droite au cours des derniers mois.
Le 12 mars, environ 500 manifestants d'extrême droite ont défilé à travers la ville en scandant des slogans
anti-roms, portant des insignes et brandissant des symboles du Parti des travailleurs, qui a été dissous par
la Cour administrative suprême en février 2010 au motif que « son programme provoqu[ait] l'incitation à
l'intolérance nationale, raciale et ethnique » et « constitu[ait] une tentative visant à léser les libertés et
droits fondamentaux de certains groupes, en particulier des minorités ».
Selon les informations parues dans les médias, environ 200 contre-manifestants, dont des Roms résidant
sur place, se sont rassemblés dans la ville et ont tenté un blocus non violent pour empêcher les
manifestants d'extrême droite de parcourir la rue Na Šarlejích, qui est principalement habitée par des
Roms. Les unités de la police chargées de la prévention des conflits ont essayé de les convaincre de laisser
passer la manifestation du Parti ouvrier pour la justice sociale.
Après que les policiers ont sommé les contre-manifestants de se disperser, et à la suite de leur refus de
mettre fin au blocus, des membres du personnel d'Amnesty International présents sur les lieux ont vu des
agents de la police montée les charger avec leurs chevaux et leur asséner des coups de matraque. Trois
contre-manifestants auraient été soignés pour des blessures causées par les chevaux. Dans une interview
publiée par le site Internet Romea.cz le 13 mars, le porte-parole de la police régionale a justifié
l'intervention des policiers en indiquant que les contre-manifestants « avaient été avertis qu'ils
empêchaient le défilé d'un rassemblement annoncé en bonne et due forme ».
Les traités internationaux relatifs aux droits humains auxquels la République tchèque est partie exigent
que les autorités respectent et protègent les droits humains, notamment en veillant à ce que les forces de
l'ordre n'aient pas recours à une force injustifiée ou disproportionnée. L'article 3 du Code de conduite des
Nations unies pour les responsables de l'application des lois dispose que « les responsables de
l'application des lois peuvent recourir à la force seulement lorsque cela est strictement nécessaire et dans
la mesure exigée par l'accomplissement de leurs fonctions ». Amnesty International considère que
l'intervention face aux contre-manifestants est disproportionnée et injustifiée, et donc excessive.
D'après certains médias, une heure seulement après la fin du rassemblement d'extrême droite, un groupe
de 20 manifestants d'extrême droite resté sur place a agressé trois Roms. L'un d'eux aurait eu une
commotion cérébrale.