Le Comité international olympique a clairement dit, à plusieurs reprises, qu'il
espérait que le choix de Pékin contribuerait à améliorer la situation des droits
humains en Chine.
Il a affirmé compter sur les organisations internationales de défense de ces
droits, dont Amnesty International, pour surveiller la situation des droits
humains en Chine et lui en rendre compte, et il s'est engagé à écouter ces
organisations. Si rien n'est fait pour remédier aux graves violations des droits
humains dans le cadre des préparatifs des Jeux olympiques, le CIO devra donc
agir. En effet, en avril 2002, Jacques Rogge avait déclaré que le Comité
international olympique était « une organisation responsable, que ce soit dans le
domaine des droits humains ou dans le domaine de la simple logistique,
s'agissant de la fourniture des prestations nécessaires pour des Jeux réussis »,
ajoutant : « si des problèmes se posent dans le domaine des droits humains ou
toute autre question importante qui rendrait difficile ou impossible la
participation de jeunes athlètes aux Jeux, alors nous agirons ».
Les autorités chinoises disposent d'une occasion unique de tenir leur parole et
d'améliorer les droits humains, comme elles s'étaient engagées à le faire si elles
obtenaient les Jeux. Les engagements internationaux de la Chine en matière de
droits humains, ainsi que l'esprit de l'Olympisme, qui proclame que « la
pratique du sport est un droit de l'homme » et qu'il faut respecter les
« principes éthiques fondamentaux universels », sous-entendent que le respect
des droits humains est au cœur du mouvement olympique.
Certes, c'est aux autorités chinoises que revient la responsabilité première de
prendre les mesures nécessaires, mais le CIO a aussi des obligations aux termes
de la Déclaration universelle des droits de l'homme, selon laquelle tous les
individus et tous les organes de la société ont le devoir de promouvoir le respect
des droits humains.
Depuis 2001, lorsqu'ils évoquaient les effets positifs probables des Jeux
olympiques pour Pékin et la Chine, les autorités chinoises et le CIO ont mis en
avant l'amélioration de la situation économique, de l'environnement et de
l'image internationale du pays. En revanche, ils ont très peu insisté sur les
conséquences en matière de droits humains. La croissance sans précédent de
l'économie chinoise ces vingt dernières années a entraîné d'importantes
mutations sociales, mais il subsiste un décalage entre les progrès économiques
et ceux touchant aux libertés individuelles et aux droits fondamentaux. Ce gel
délibéré des avancées en matière de droits humains doit cesser, et il convient
d'accélérer la mise en œuvre des réformes nécessaires.
Le respect, la promotion et la réalisation des droits humains en Chine pourraient
figurer parmi les effets positifs des Jeux olympiques. Dans le cas contraire, les
Jeux de 2008 laisseront un mauvais souvenir, et la Chine conservera l'image
d'un pays répressif à l'égard de sa population.