suites et séries de fonctions
E,Fpeuvent désigner des espaces vectoriels normés de dimensions finies, mais en pratique, on aura souvent affaire à E=R
et F=Rou C. Les fonctions étudiées sont définies sur une partie Dde Eet à valeurs dans F.
I — Résultats généraux d’interversion des limites
Dans chaque cas, vérifier que lim
n→∞( lim
p→∞ an,p)6= lim
p→∞( lim
n→∞ an,p):
1. an,p =n
n+p+ 1
2. an,p =nep
3. an,p = (1 1/n)p
4. an,p = (1 + 1/n)p
Exercice 1 : Contre exemples :
Soient (an,p)EN2et (εn)RNtelles que
(1) : nN,an,p
p→∞ `n;
(2) : pN,an,p
n→∞ λp;
(3) : (n, p)N2,kan,p λpk6εnavec εn
n→∞ 0.
Alors (`n)nNet (λp)pNconvergent et ont même limite : lim
n→∞( lim
p→∞ an,p) = lim
p→∞( lim
n→∞ an,p).
Théorème de la double limite FINIE, cas discret : (1)
La condition (3) s’énonce : la convergence de an,p vers λpest uniforme par rapport au paramètre pfixé.
On remarque par ailleurs que (2) est une conséquence de (3) et qu’un résultat similaire est vérifié si la convergence de an,p
vers `nest uniforme par rapport au paramètre nfixé.
Soit f:[a, b]Econtinue.
1. Lorsque fest C1, à l’aide d’une intégration par parties, montrer que Zb
a
f(t) sin(pt) dt
p→∞ 0.
2. Soit fcontinue, et (Pn)une suite de fonctions polynomiales telle que kPnfk
n→∞ 0.
Posons an,p =Zb
a
Pn(t) sin(pt) dtet εn= (ba)kPnfk.
Montrer que Zb
a
f(t) sin(pt) dt
p→∞ 0en utilisant le théorème d’interversion des limites.
3. Justifier que sin(pt)
sin t= 2 (cos((p1)t) + cos((p3)t) + . . . )puis en intégrant deux fois par parties,
montrer que X
kimpair 6n
1
k2
n→∞
π2
8, et finalement ζ(2) = π2
6.
4. Avec la même fonction fet p= 2nvérifier qu’on obtient alors : 1
11
3+1
5− ··· +(1)n1
2n1
n→∞
π
4.
Exercice 2 : Application : lemme de Lebesgue et calcul de ζ(2) :
1
Soient DEnon vide, (fn)une suite de fonctions DF,fune fonction de Ddans Fet aD{±∞} tq :
(1) : nN,fn(x)
xa`n;
(2) : Il existe V, voisinage relatif de adans Det (εn)suite réelle de limite nulle tels que
xV,nN,kfn(x)f(x)k6εn(on dit que (fn)converge uniformément vers fsur le voisinage Vde a).
Alors il existe `Etel que `n
n→∞ `et f(x)
xa`: c’est à dire lim
n→∞( lim
xafn(x)) = lim
xa( lim
n→∞ fn(x))(= `).
Théorème de la double limite FINIE, cas continu : (2)
Les théorèmes de la double limite sont inapplicables si la limite double visée est infinie. Dans un tel cas, utiliser
par exemple le théorème des gendarmes pour conclure (par exemple une minoration par une fonction ou une
suite tendant vers +).
Remarque : (3)
En remarquant que ζ(x) =
X
n=1
1
nx>
N
X
n=1
1
nx, montrer que ζ(x)
x1++.
Exercice 3 : Exemple :
II — Fonction définie par une limite d’une suite de fonctions
1) Convergence d’une suite de fonctions
Soient DEnon vide, (fn)une suite de fonctions de Ddans Fet f:DF. On dit que la suite (fn)converge
vers la fonction f
(1) : uniformément s’il existe une suite (εn)de limite nulle telle que xD,kfn(x)f(x)k6εn;
(2) : uniformément sur tout compact si pour tout compact non vide KD, la restriction de fnàKconverge
uniformément vers la restriction de fàK. Lorsque Dest un intervalle de R, on peut se limiter aux cas où K
est un segment.
(3) : localement uniformément si pour tout x0D, il existe un voisinage relatif de x0,VDtel que la
restriction de fnàVconverge uniformément vers la restriction de fàV;
(4) : simplement si xD,fn(x)
n→∞ f(x);
Définitions : (4)
(1) (2) (4) et (1) (3) (4). Les implications réciproques sont fausses en général.
Lien entre ces notions : (5)
Qualifier les convergences des suites de fonctions suivantes sur le domaine indiqué :
1. x7→ xnsur [0,1], puis sur [0, a]avec a < 1, et enfin sur [0,1[.
2. x7→ x2+1
n2sur R+.
3. x7→ (1 + x
n)nsur R+.
Exercice 4 : Exemples
La suite (fn)converge uniformément vers la fonction fsur Dsi et seulement si à partir d’un certain rang,
chaque fonction fnfest bornée sur Det kfnfk
n→∞ 0.
Caractérisation de la convergence uniforme par la norme uniforme : (6)
2
2) Propriétés conservées par passage à la limite
Toute inégalité large et toute égalité faisant intervenir un nombre fixé (indépendant de n) de points est conservée
par limite simple. En particulier :
(1) : une limite simple de fonctions positives ou nulles est positive ou nulle.
(2) : une limite simple de fonctions croissantes est croissante.
(3) : une limite simple de fonctions convexes est convexe.
(4) : une limite simple de fonctions k-lipschitziennes est k-lipschitzienne (kconstant).
(5) : une limite simple de fonctions linéaires est linéaire.
Cas d’une limite simple : (7)
(1) : Une limite uniforme sur tout compact de fonctions continues est continue.
(2) : Si les fonctions fn:I(intervalle) Esont continues sur Iet convergent uniformément sur tout compact
vers la fonction falors pour tous a, b Ion a Rb
afn
n→∞ Rb
af. De plus, pour afixé, les fonctions Fa,n :x7→ Rx
afn
convergent uniformément sur tout compact vers la fonction Fa:x7→ Rx
af.
Cas d’une limite uniforme sur tout compact : (8)
(1) : Une limite localement uniforme de fonctions continues est continue.
(2) : Si les fonctions fnconvergent simplement vers la fonction fet si leurs dérivées f0
nconvergent localement
uniformément vers une fonction galors fest dérivable et f0=g.
Cas d’une limite localement uniforme : (9)
Soit kN. Supposons que les fonctions fnsoient de classe Cket que :
(1) : pour tout p[0, k 1], la suite (f(p)
n)nNconverge simplement ;
(2) : la suite (f(k)
n)nNconverge uniformément sur tout compact de I;
Montrer alors que la limite simple fde la suite (fn)nNest de classe Cket pour tout p[0, k]:
xI, f(p)(x) = lim
n+f(p)
n(x).
Exercice 5 : Généralisation :
Toutes les propriétés de limite simple, de limite uniforme locale ou sur tout compact, c’est à dire :
(1) : Une limite uniforme de fonctions positives ou nulles est positive ou nulle.
(2) : Une limite uniforme de fonctions croissantes est croissante.
(3) : Une limite uniforme de fonctions convexes est convexe.
(4) : Une limite uniforme de fonctions k-lipschitziennes est k-lipschitzienne (kconstant).
(5) : Une limite uniforme de fonctions bornées est bornée.
(6) : Une limite uniforme de fonctions continues est continue.
(7) : Si les fonctions fn:I(intervalle) Esont continues sur Iet convergent uniformément vers la fonction f
alors pour tous a, b Ion a Zb
a
fn
n→∞ Zb
a
f. De plus, pour afixé, les fonctions Fa,n :x7→ Zx
a
fnconvergent
uniformément sur tout compact vers la fonction Fa:x7→ Zx
a
f.
(8) : Si les fonctions fnconvergent simplement vers la fonction fet si leurs dérivées f0
nconvergent uniformément
vers une fonction galors fest dérivable et f0=g.
Cas d’une limite uniforme : (10)
(1) : Ce dernier résultat de passage à la limite sous le signe intégral sur tout compact ne permet pas de passer
à la limite sous une intégrale généralisée, même en cas de convergence uniforme sur I; dans un tel cas utiliser
le théorème de convergence dominée
(2) : La limite uniforme d’une suite de fonctions de classe C1n’est pas forcément de classe C1.
Remarque : (11)
3
III — Fonction définie par une série de fonctions
1) Convergence d’une série de fonctions
Soient DEnon vide, (fn)une suite de fonctions de Ddans Fet f:DF. On dit que la série Pfn
converge vers la fonction f
(1) : normalement s’il y a convergence simple et s’il existe une suite (an)réelle positive telle que xD,
nN,kfn(x)k6anet Pnan<+;
(2) : localement normalement, normalement sur tout compact si la propriété précédente est vraie au voisinage
relatif de tout point de Dou sur tout compact inclus dans D(la suite (an)peut dépendre du voisinage ou du
compact considéré).
(3) : uniformément si la suite (Pn
k=0 fk)converge uniformément vers f;
(4) : localement uniformément, uniformément sur tout compact si la suite (Pn
k=0 fk)converge de cette manière
vers f;
(5) : simplement si xD,Pnfn(x) = f(x);
Définitions : (12)
(1) (3) (4) (5) et (1) (2) (4) (5) .
Les convergences uniformes impliquent la convergence uniforme de même type pour les suites de fonctions (fn)
et (P
k=n+1 fk)vers la fonction nulle.
Lien entre ces notions : (13)
Qualifier les convergences des séries de fonctions suivantes :
(1) : x7→ Pnxnsur [0,1], sur [0, a]avec a < 1, sur [0,1[.
(2) : la série exponentielle réelle.
Exercice 6 : Exemples
La série Pfnconverge normalement si et seulement si chaque fonction fnest bornée et Pnkfnk<+.
Caractérisation de la convergence normale d’une série de fonctions : (14)
2) Propriétés héritées par la somme d’une série
Les mêmes que pour la limite d’une suite de fonctions à l’exception du caractère lispchitzien.
Cas de la convergence simple : (15)
(1) : La somme d’une série localement uniformément convergente de fonctions continues est continue.
(2) : Si la série Pfnconverge simplement vers la fonction fet si la série des dérivées Pf0
nconverge localement
uniformément vers une fonction galors fest dérivable et f0=g=Pnf0
n(règle de dérivation terme à terme).
Cas de la convergence localement uniforme : (16)
(1) : La somme d’une série de fonctions continues convergeant uniformément uniformément sur tout compact
est continue.
(2) : Si les fonctions fn:I(intervalle) Esont continues sur Iet Pfnconverge uniformément sur tout
compact vers la fonction falors pour tous a, b Ion a PnZb
a
fn=Zb
a
f(deuxième théorème d’intégration
terme à terme). De plus, pour afixé, la série de fonctions x7→ PnZx
a
fnconverge uniformément sur tout
compact vers la fonction x7→ Zx
a
f.
Cas de la convergence uniforme sur tout compact : (17)
4
Ce théorème ne permet pas d’intégrer terme à terme sous une intégrale généralisée ; dans un tel cas utiliser le
théorème d’intégration terme à terme de Beppo Levi ou bien le théorème de convergence dominée.
Remarque : (18)
Les mêmes que pour la limite d’une suite de fonctions à l’exception du caractère lispchitzien.
Cas de la convergence uniforme : (19)
Les mêmes que pour la convergence uniforme de même type.
Cas de la convergence normale (localement normale, normale sur tout compact) : (20)
Pour x]0,+[, on pose f(x) =
X
k=0
(1)k
x+k. Montrer que fest de classe Csur ]0,+[.
En regroupant les termes 2 à 2, justifier : f(x) = Z1
0
tx1
1 + tdt.
Exercice 7 :
IV — Fonction définie par une intégrale à paramètre
1) Position du problème
Soient I, J deux intervalles de Rnon triviaux et f:I×J3(x, t)f(x, t)E. On pose pour xI, sous réserve
d’existence : F(x) = ZtJ
f(x, t) dt.
On dit que fest continue (resp. continue par morceaux) par rapport à tsi pour tout xI, la fonction t7→ f(x, t)
est continue sur J(resp. continue par morceaux, le découpage en morceaux pouvant dépendre de x). On définit
de même la continuité et la continuité par morceaux par rapport à x.
Continuité partielle : (21)
On dit que fest localement dominée en xsi pour tout x0I, il existe un voisinage relatif V= [x0α, x0+α]I
et une fonction ϕ:JRcontinue par morceaux, intégrable sur Jtelle que : (x, t)V×J,kf(x, t)k6ϕ(t).
Domination locale : (22)
On ne traite pas ici les intégrales de la forme Zb(x)
a(x)
f(x, t) dt. En présence d’une telle intégrale, effectuer un
changement de variable ou une transformation simple permettant soit de revenir à des bornes constantes, soit
d’éliminer xde l’intégrande. Par exemple :
Zx
0
f(x, t) dt=Z1
0
xf(x, ux) du.
Zx2
x
etf(xt) dt=Zxx2
0
exuf(u) du=exZxx2
0
euf(u) du.
Remarque : (23)
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