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La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 55
Résumé
L’actualisation et les données de survie des principales études de phase III du sunitinib, du sorafénib et
du bévacizumab dans le cancer du rein métastatique ont été publiées cette année.
Les
crossover
à la progression ont diminué la possibilité de détecter une différence significative en survie
globale (SG). Cependant, la comparaison avec les contrôles historiques montre que ces traitements ciblés
ont permis de prolonger la vie des patients. Le développement clinique d’autres inhibiteurs de VEGF et
de mTOR, comme le pazopanib, l’axitinib et l’évérolimus, se termine et ils devraient donc faire bientôt
partie de l’arsenal thérapeutique. Des traitements séquentiels ont montré leur intérêt clinique. Jusqu’à
maintenant, les combinaisons restent du domaine de l’investigation.
Mots-clés
Cancer du rein
Inhibiteurs de VEGF
Inhibiteurs de mTOR
Inhibiteurs d’Akt
Highlights
Overall survival and updated
results have been published
this year for sunitinib,
sorafenib, and bevacizumab
phase 3 studies in metastatic
renal cell carcinoma. Cross-
over at progression under-
powered the trials’ ability to
detect a signifi cant difference
in overall survival. Neverthe-
less, comparison with historical
controls support that targeted
treatment has extended the
lives of patients. Other agents
which target VEGF and mTOR
pathways, such as pazopanib,
axitinib and everolimus, have
entered the last-stage clinical
testing and likely will join the
therapeutic armamentarium.
Sequencial treatments have
emerged as clinically relevant.
To date, combinations of
targeted therapy remain inves-
tigational.
Keywords
Renal cell carcinoma
VEGF inhibitors
mTOR inhibitors
Akt inhibitors
est faible, étant en effet comprise entre 1 % et 5 %.
La taille, le stade T, la multifocalité, la localisation au
pôle supérieur, la thrombose veineuse représentent
des facteurs de risque. La morbidité de la surrénalec-
tomie est minimale, sauf dans le cas des atteintes
bilatérales. Les survies globales et spécifi ques, avec
ou sans surrénalectomies, sont identiques. Il existe
un bénéfi ce en survie chez les patients présentant
une métastase surrénalienne isolée (même si ce cas
ne représente pas plus de 2 % des tumeurs rénales).
➤
Les indications en cas de néphrectomie partielle
ne sont pas clairement défi nies. L’étude de l’équipe
de Cleveland (6) menée sur 2 065 néphrectomies
partielles a révélé qu’une surrénalectomie conco-
mitante n’avait été réalisée que dans 48 cas (2,3 %).
L’analyse histologique n’avait montré que du tissu
bénin dans 42 cas (87 %). Dans un cas, un envahis-
sement par le carcinome rénal avait été retrouvé,
dans 2 cas, des métastases de ce cancer, et dans
3 cas, une autre histologie…
Données à long terme de la chirurgie
partielle pour les carcinomes
de plus de 4 cm
Une étude rétrospective française (7) de 61 patients
traités entre 1980 et 2005 et faisant l’objet d’un
suivi médian de 70,7 mois a montré que les taux
de survie spécifi que à 5 et 10 ans étaient de 81 % et
78 %. En analyse univariée, apparaissaient comme
facteurs pronostiques signifi catifs de survie la taille
supérieure à 7 cm (p = 0,002), le stade pathologique
(p = 0,001) et le grade de Fuhrman (p = 0,004). En
analyse multivariée, seuls le stade et le grade étaient
signifi catifs (p < 0,0001 et 0,007 respectivement).
Les facteurs pronostiques
L’atteinte de la graisse sinusale
dans les tumeurs à cellules claires pT3
Selon la classification 2002 de l’American Joint
Committee (AJC), les tumeurs avec envahissement
de la graisse périrénale ou du sinus du rein sont
classées pT3. Une étude rétrospective italienne (8)
de 115 tumeurs pT3a a montré que l’atteinte de la
graisse sinusale réduisait signifi cativement la survie
spécifi que chez les patients sans atteinte ganglion-
naire ou métastatique.
L’âge est-il un facteur de risque
indépendant dans les tumeurs
localisées ?
L’analyse à partir des données SEER (Surveillance,
Epidemiology, and End Results) sur un ensemble de
8 578 patients traités chirurgicalement pour une
tumeur localisée n’a pas montré que l’âge repré-
sentait un facteur prédictif de survie, que ce soit
pour les tumeurs inférieures à 4 cm ou pour celles
supérieures à 7 cm (9). Seule était retrouvée, pour les
tumeurs de taille intermédiaire, une tendance à une
diminution de la survie avec l’augmentation de l’âge.
Survie globale des patients
métastatiques traités par anti-
angiogéniques
L’analyse d’une large étude multicentrique améri-
caine et canadienne (10) à partir des données de
645 patients traités par sunitinib (n = 396), sorafénib
(n = 200) ou bévacizumab (n = 49) a confi rmé que
4 des 5 facteurs du MSKCC pour les formes méta-
statiques étaient des facteurs de mauvais pronostic :
un taux d’hémoglobine anormal (p < 0,0001), un
IK < 80 % (p < 0,0001), une calcémie corrigée supé-
rieure à la normale (p = 0,0006) et un intervalle de
temps par rapport au diagnostic initial de moins
de un an (p = 0,01). Une élévation au-dessus de la
normale des leucocytes (p < 0,001) et des plaquettes
(p = 0,01) était aussi un paramètre pronostique indé-
pendant. Pour le groupe favorable (aucun facteur de
mauvais pronostic, n = 133), la médiane de survie
n’était pas atteinte et le taux de survie à 2 ans était
de 75 %. Pour le groupe intermédiaire (1 à 2 facteurs,
n = 301), la médiane de survie était de 27 mois et
le taux de survivants à 2 ans de 53 %, alors que,
dans le groupe mauvais pronostic (3 à 6 facteurs,
n = 152), la médiane de SG était de 8,8 mois et le
taux de survivants à 2 ans de 7 %.