Correspondances en médecine - n° 2, vol. IV - avril/mai/juin 2003
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des enfants hypotrophes de moins de 5 ans,
opérés pour amygdales obstructives générant
des pauses respiratoires nocturnes, vont rattra-
per le poids de leurs pairs dans l’année qui suit
l’intervention (cela ne marche pas chez les
enfants qui ne font pas de pauses respiratoires,
l’amygdalectomie n’est pas un moyen pour eux
de grossir).
◆ L’alimentation
C’est, après la douleur, le point central des
suites d’amygdalectomie et la raison de la
majorité des coups de fil ou des visites chez le
médecin traitant. En fait, les deux problèmes
sont liés car c’est à cause de la douleur que le
patient a du mal à s’alimenter (et qu’il peut
perdre provisoirement du poids).
Il faut donc faciliter les prises alimentaires en
proposant :
– d’abord et avant tout des aliments que le
patient aime (ce n’est pas le moment d’essayer
les choux de Bruxelles ou les épinards, même si
ces légumes sont faciles à avaler) ;
– une alimentation qui ne pique pas : pas de
vinaigre, pas de jus de fruits acides, pas de
boisson gazeuse, pas de biscuits salés ;
– une alimentation qui ne gratte pas : les bis-
cottes seront trempées et les corn flakes aussi,
la purée de pommes de terre gratte moins si on
ajoute un peu de navet ou de chou fleur ;
– il faut éviter ce qui est trop froid (attendre si
on sort la glace du congélateur) et ce qui est
trop chaud (soupe tiède et non brûlante) ;
– varier l’alimentation, faire un effort de pré-
sentation, proposer un plat spécial pour l’opéré
(les enfants sont sensibles à ce “truc” démago-
gique) ;
– et surtout veiller à ce que le patient boive suf-
fisamment.
C
EQUI N
’
ESTPAS NORMAL
◆ La fièvre
Une température supérieure à 38,5° C n’est pas
normale au-delà des 24 premières heures. Un
examen médical est alors conseillé pour vérifier
l’absence d’infection intercurrente telle qu’otite,
pneumopathie, infection urinaire. Ce n’est que
par élimination des autres diagnostics que la
fièvre pourra être imputée à l’amygdalectomie. Il
est habituel alors de prescrire, outre des antipy-
rétiques, une association amoxicilline-acide cla-
vulanique pendant une semaine.
◆ La douleur
Des douleurs intenses doivent faire vérifier la
compliance au traitement antalgique et la poso-
logie de celui-ci. Si les douleurs sont trop
intenses, une hospitalisation doit être envisa-
gée pour antalgie parentérale et perfusions de
réhydratation.
◆ L’alimentation
La mauvaise prise alimentaire pose exactement
les même questions : le traitement antalgique
est-il prescrit à une dose suffisante et surtout
est-il pris ? Moins le patient boit et plus il a mal.
Pour rompre ce cercle vicieux il faut parfois
envisager une réhospitalisation de 24 à
48 heures pour perfusion et antalgiques IV.
◆ Les saignements
L’extériorisation de sang rouge par la bouche
après le retour au domicile est tout à fait anor-
male et impose le retour à la clinique ou à l’hô-
pital.
Les patients sont avertis au moment de prendre
le rendez-vous opératoire qu’ils ne doivent pas
s’éloigner de l’endroit où ils vont être opérés
pendant les 15 premiers jours postopératoires :
imaginez les conséquences d’une hémorragie
brutale survenant en avion au-dessus de
l’Atlantique ou dans les embouteillages des
retours de week-end ou de départ en vacances !
De même les patients sont avertis du risque
hémorragique prolongé que fait courir l’aspi-
rine : pas d’aspirine dans les 8 jours qui précè-
dent ou qui suivent une amygdalectomie.
L’ORL vérifiera que le saignement vient des
loges amygdaliennes. En effet le principal dia-
gnostic différentiel chez l’enfant est l’épistaxis.
Suivant l’aspect des loges, l’importance du sai-
gnement, l’ORL choisira d’hospitaliser le
patient pour surveillance ou de le réendormir
au bloc opératoire pour une hémostase réglée.