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La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale - n° 311 - octobre-décembre 2007
L’amygdalectomie par dissection provient des travaux d’ana-
tomie réalisés sur la capsule amygdalienne et menés à la fi n
du XIXe siècle. Le principe est d’inciser le pilier antérieur de
l’amygdale, de mettre en évidence le plan de décollement entre
la capsule et la loge et de dégager progressivement l’amygdale
de celle-ci. Il existe plusieurs variantes : dissection aux ciseaux,
au peigne, à la curette, etc. L’hémostase se fait au bistouri élec-
trique bipolaire (il faut éviter la monopolaire), mais certains
font des points appuyés, ou des ligatures de piliers.
J. Abitbol a présenté la technique d’amygdalectomie au laser
CO
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. Il s’agit en fait d’une réduction de 30 à 40 % du volume
des amygdales palatines, emportant au moins toute la zone
des cryptes amygdaliennes. Cette technique se pratique
sous anesthésie générale, avec intubation nasale. Le tissu
amygdalien est vaporisé de proche en proche au laser CO2,
sous microscope. S’il apparaît des lumières vasculaires supé-
rieures à 1,6 mm de diamètre, le vaisseau est coagulé à la
pince bipolaire. L’intervention peut se pratiquer à partir
de 4 ans. L’indication principale en est les angines récidivantes.
Les parents choisissent cette technique par opposition à une
autre plus classique soit par peur de la douleur postopératoire
(cette technique est en eff et moins douloureuse), soit parce
qu’ils ont connaissance dans leur entourage de complications
postamygdalectomie. La technique est effi cace dans 85 %
des cas. Dans 15 % des cas, il y a soit un échec immédiat et
l’auteur propose une amygdalectomie par dissection, soit un
échec tardif, après 10 mois, et il propose soit une deuxième
séance laser, soit une amygdalectomie par dissection. Point
non négligeable : comme il est impossible de coter deux
amygdalectomies chez le même patient, l’auteur ne prend
pas d’honoraires pour le deuxième geste chirurgical.
G. Roger a présenté deux techniques plus récentes : la
coblation et le microdébrideur. L’utilisation du microdé-
brideur permet de réduire de 80 à 90 % le volume de tissu
amygdalien. Il s’agit d’une exérèse intracapsulaire, avec un
risque d’hémorragie postopératoire très réduit et moins de
douleur, puisque les muscles de la loge ne sont pas étirés
ni mis à nu.
La coblation combine l’eff et d’une radiofréquence à une solution
saline conductrice. Il y a transfert d’énergie sans échauff ement.
Cette technique permet de faire une exérèse extracapsulaire ou
simplement une réduction amygdalienne. Elle est, d’après les
études publiées (petites séries), moins douloureuse et moins
hémorragique que la technique par dissection.
Le frein pour l’utilisation des deux dernières techniques est
le coût de l’équipement et du consommable.
HÉMORRAGIES PER ET POSTOPÉRATOIRES
(Table ronde modérée par Eréa-Noël Garabédian [hôpital
Trousseau] Esther Harboun-Cohen [Boulogne-Billancourt],
François Legent, Richard Nicollas [hôpital de la Timone,
Marseille] et Sébastien Pierrot [hôpital Necker])
Un à trois pour cent des amygdalectomies se compliquent
d’hémorragies postopératoires. Ces hémorragies surviennent
dans 80 % des cas avant la sixième heure. Une hémorragie
peut survenir jusqu’à 20 jours après l’intervention. Les parents
doivent être informés de ce risque, disposer d’un numéro
de téléphone à appeler quels que soient l’heure et le jour
et doivent rester disponibles pendant toute cette période.
Cependant, trois quarts des hémorragies ne nécessitent pas
de reprise chirurgicale.
S. Pierrot a présenté une étude rétrospective menée sur
100 cas consécutifs d’enfants ayant consulté au service d’ur-
gence ORL de l’hôpital Necker-Enfants Malades pour une
hémorragie postamygdalectomie. Il y a un pic de fréquence à
J10 et l’hémorragie la plus tardive est survenue à J16. Dans la
plupart des cas, l’enfant est vu dès les premiers saignements,
mais dans 6 cas il n’est venu que le lendemain, et dans un
cas l’enfant saignait de manière répétée depuis 7 jours ! Au
total, un tiers des enfants ont eu une reprise chirurgicale
pour hémostase. Les arguments pour décider d’une reprise
chirurgicale sont le terrain (cardiopathie), l’abondance ou la
durée de l’hémorragie, l’aspect des loges (saignement actif
ou caillot) et le taux d’hémoglobine. Celle-ci a été faite à
la coagulation bipolaire dans deux tiers des cas, 21 % des
enfants ont eu un ou plusieurs points d’hémostase au fi l
résorbable et 11 %, une ligature de piliers. Près de la moitié
des enfants ont été mis sous antibiotiques et 21 % sous corti-
coïdes. Une supplémentation martiale a été prescrite à un
quart des enfants. Le bilan d’hémostase est peu contributif
pour donner une explication à cette complication.
F. Legent a ensuite parlé des formes graves d’hémorragie per- et
postopératoires. Les décès par hémorragie postamygdalectomie
sont secondaires à des lésions des gros vaisseaux de la région :
palatine ascendante, pharyngienne ascendante, linguale, faciale,
sans oublier les carotides interne et externe qui peuvent avoir
des trajets aberrants. Il a particulièrement insisté sur la ligature
de la carotide externe, technique que la plupart des médecins
ORL possèdent et qui ne nécessite pas de matériel sophis-
tiqué ni de praticiens hyperspécialisés comme la radiologie
interventionnelle. Windfuhr a publié en 2002 25 ligatures de
la carotide externe sur 5 000 amygdalectomies.
PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR
(Table ronde modérée par Rémi Marianowski,
avec Marie-Paule Morisseau-Durand [Boulogne-
Billancourt], Anne-Laure Mansbach [Bruxelles]
et Natacha Teissier [hôpital Robert-Debré, Paris])
L’expression de la douleur dépend de l’âge de l’enfant, de son
apprentissage de la douleur, de sa personnalité, de son milieu