La Lettre du Cardiologue - n° 390 - décembre 2005
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ABSTRACTS
Résumés de la littérature
Pressions pulmonaires et mismatch après remplacement de valve mitrale
L’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) est une
complication sévère des valvulopathies mitrales, et sa
persistance représente un facteur de mauvais pronostic pour le
devenir après remplacement valvulaire mitral.
Les auteurs ont évalué rétrospectivement, après remplace-
ment valvulaire mitral, l’impact d’un mismatch sur l’évo-
lution des pressions pulmonaires postopératoires. La pres-
sion artérielle pulmonaire systolique (PAPS) a été estimée par
doppler cardiaque chez 56 patients porteurs de valves prothé-
tiques mitrales de fonctionnement correct avec un suivi post-
opératoire moyen de 43 mois. La surface mitrale a été calcu-
lée par l’équation de continuité et rapportée à la surface
corporelle. Dans 43 % des cas, les patients avaient été opérés
pour une fuite mitrale, dans 41 % des cas pour une sténose
mitrale, et dans 16 % des cas pour une maladie mitrale. Une
PAPS préopératoire supérieure à 40 mmHg était présente pour
67 % des patients. Une prothèse mécanique avait été implan-
tée chez 84 % des patients ; dans les autres cas, il s’agissait
d’une bioprothèse. La proportion des valves de “petit calibre”
(27mm) était de 52 %.
Trente patients (54 %) avaient une HTAP postopératoire
définie par une PAPS supérieure à 40 mmHg, et 40 patients
(71 %) avaient un mismatch mitral défini par une surface
mitrale inférieure ou égale à 1,2 cm
2
/m
2
. La prothèse valvu-
laire avait un calibre inférieur ou égal à 27 mm pour 66 % des
patients avec mismatch,contre 19% de ceux sans. Il y a une
corrélation significative (r = 0,64) entre la PAPS et la surface
mitrale indexée. Pour les patients indemnes de mismatch ainsi
défini, la PAPS était en moyenne à 34 ± 8 mmHg et la préva-
lence de l’HTAP de 19% ; pour ceux ayant un mismatch,les
chiffres respectifs étaient de 46 ± 8 mmHg et 68% (p < 0,001).
En analyse multivariée, la surface mitrale indexée repré-
sente le facteur prédictif le plus puissant du niveau de
PAPS. Une surface mitrale indexée inférieure ou égale à 1,2
cm
2
/m
2
a une sensibilité de 68 % et une spécificité de 81 %
pour prédire une HTAP.
Conclusion. À l’issue de cette étude rétrospective, un mis-
match sur prothèse mitrale (surface mitrale indexée 1,2
cm
2
/m
2
) représente un puissant facteur de risque pour la
persistance d’une HTAP postopératoire : la prévalence de
l’HTAP décroît de 69 à 19 % après l’intervention pour ceux
indemnes de mismatch ; à l’inverse, elle reste inchangée
pour les patients avec mismatch (66 % avant l’interven-
tion, 68 % après). L’éventualité d’un mismatch est fréquente
ici puisqu’elle concerne 71 % des patients étudiés : ceci peut
être expliqué par une proportion importante de valves prothé-
tiques de petit calibre (52 % 27 mm) et par une définition
relativement large du mismatch (une surface corporelle à 1,70
m
2
s’accompagne d’un mismatch dès lors que la surface de la
valve est 2 cm
2
). Il faut aussi noter que le diagnostic de l’H-
TAP repose sur une valeur seuil modeste de PAPS (> 40
mmHg), et que l’étude n’aborde pas le retentissement clinique
du mismatch ainsi défini sur le statut fonctionnel ou la survie
des patients concernés.
Une stratégie préventive visant à mieux adapter le calibre de
la valve au patient doit orienter le choix de la prothèse pour
autoriser les suites opératoires les plus performantes. L’objec-
tif proposé est l’obtention d’une surface supérieure à 1,2
cm
2
/m
2
,en recourant aux valves de dernières générations, ou,
mieux, en privilégiant les interventions conservatrices de plas-
ties mitrales quand elles sont possibles.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
Impact of valve prosthesis-patient mismatch on pulmonary
arterial pressure after mitral valve replacement.
Li M, Dumesnil JG, Mathieu P, Pibarot P
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J Am Coll Cardiol
2005;45:1034-40.