- la PolyAdénomatose Familiale doit être éliminée;
- les tumeurs doivent avoir un diagnostic histologique.
Quatre régions du génome sont actuellement identifiés
comme étant le siège de gènes responsables des prédis-
positions au cancer colorectal du syndrome HNPCC
[14]. Ils sont situés sur le chromosome 2 (3 locus), le 3
et le 7. Plusieurs gènes ont été impliqués (hMSH2,
hMLH1, hMSH6, PMS1 et PMS2) mais 2 sont particu-
lièrement fréquents: hMSH2 est retrouvé dans 31% des
patients HNPCC et hMLH1 dans 33% des cas. Ces
gènes sont impliqués dans la réparation des mésappa-
riements de l’ADN et leur altération conduit à une
instabilité du génome dans les cellules tumorales, par-
ticulièrement visible au niveau de locus de type micro-
satellites (séquences répétitives difficiles à retranscrire
et donc sources d'erreurs en cas d'anomalie des
enzymes de la réplication) [4, 8]. Il faut cependant sou-
ligner que 30% des patients présentant les critères
d’Amsterdam ne présentent pas d’anomalie au niveau
de ces gènes [14]. Peut être existe-t-il d'autres gènes
impliqués mais pas encore découverts. Dans notre labo-
ratoire, lorsqu'un patient présente tous les critères
d'Amsterdam, seules les mutations de hMLH1 et
hMSH2 sont recherchées. Il existe actuellement une
étude sur l'intérêt de la recherche systématique de
mutations de hMSH6 [2]. Concernant PMS1 et PMS2,
la littérature ne rapporte que trop peu de cas de muta-
tion dans le syndrome HNPCC répondant aux critères
d'Amsterdam pour que la recherche soit systématique
dans notre institution [2]. Le test RER (Replicative
Error), recherchant des anomalies au niveau des
séquences répétitives, n'est réalisé que si le patient ne
présente pas tous les critères d'Amsterdam dans notre
laboratoire.
Le risque cumulé de développer un cancer colo-rectal
et de l’endomètre chez les patients porteurs des gènes
mutés est estimée à 50% et 30% respectivement [11,
16]. Ce risque est aussi augmenté pour les cancers
hépato-biliaires, de l’estomac, du grêle, de l’uretère, du
bassinet, des ovaires et du cerveau [13, 14, 15]: les
études de Vasen [14] suggèrent que les porteurs de la
mutation hMSH2 ont un risque relatif accru de déve-
lopper un cancer des voies excrétrices supérieures
(Risque Relatif 75.3), de l’estomac (Risque Relatif
19.3) et des ovaires (Risque Relatif 7.57). Enfin
Sijmons et al [12] confirment l’augmentation de façon
significative du risque relatif des tumeurs urothéliales
de l’uretère et du bassinet (risque relatif 14.04 / risque
cumulé de 2,6%) mais pas du risque de tumeur vésica-
le ou rénale.
Pour l’urologue diagnostiquant ou ayant à traiter des
tumeurs urothéliales de la voie excrétrice supérieure, 2
études soulignent la fréquence d’une association avec
les tumeurs colo-rectales: BA
T
ATA rapporte 2 cas de
tumeurs coliques ou rectales sur 41 patients atteints
d’une tumeur de la voie excrétrice supérieurs [1].
KIRKAH montre que le suivi à 10 ans de patients atteints
d’une tumeur de l’uretère ou du bassinet, permet le
diagnostic d’une seconde tumeur extra-urinaire dans
11% des cas et que dans 75% de ces cas, il s’agit d’un
cancer colo-rectal [6]. Le risque d’avoir un cancer
colo-rectal pour un patient atteint d’une tumeur de la
voie excrétrice supérieure est multiplié par 4 [6]. Deux
études avaient proposé en 1989 [6] et en 1998 [12] des
études prospectives sur l'intérêt du dépistage des
lésions urothéliales chez les HNPCC ou du dépistage
des lésions coliques chez des patients atteints de
tumeur de la voie excrétrice. Aucune publication ne
rapporte de recommandation à ce jour.
CONCLUSION
Il n’existe pas actuellement de recommandation d’un
dépistage systématique du cancer colo-rectal des
patients suivi pour tumeur de la voie excrétrice supé-
rieure ni de dépistage systématique de tumeur urothé-
liale chez les patients (ou leur famille) atteints d’un
syndrome de HNPCC. Il est cependant licite de suggé-
rer, après analyse de la littérature, chez les patients pré-
sentant des antécédents familiaux de cancer entrant
dans le cadre du syndrome HNPCC (critères modifiés
d'Amsterdam), un interrogatoire orienté sur la sphère
digestive et qu’en cas d’anomalie, une coloscopie et/ou
un lavement baryté soient proposés.
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