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La Lettre du Gynécologue - n° 294 - septembre 2004
Cependant, seuls 50 % des patientes dont l’épaisseur endomé-
triale était supérieure au seuil présentaient réellement une patho-
logie.
Deux études de dépistage ont été publiées chez des femmes pré-
disposées. Dans la première, 222 femmes ont bénéficié d’au
moins une échographie à partir de l’âge de 40 ou 45 ans ( 1 1 ).
Cet examen devait être répété tous les ans. Cinq cent vingt-deux
échographies ont ainsi été effectuées, au cours de 825 années de
risque. Aucun cancer endométrial n’a été dépisté et deux can-
cers d’intervalle ont été diagnostiqués chez des patientes qui
présentaient des métrorragies. Bien que présentant des limites
méthodologiques évidentes (réalisation des échographies non
standardisées, faible nombre de cancers observés/cancers atten-
dus, étude rétrospective), ce travail ne montrait pas de bénéfice
indiscutable du dépistage échographique.
Dans la deuxième étude, 41 femmes présentant une mutation ou
les critères d’Amsterdam ont été suivies en moyenne pendant 5
ans (197 années de risque) ( 1 2 ). Un prélèvement endométrial
était effectué en cas d’endomètre anormalement épais. Dix-sept
échographies sur 179 examens ont motivé un prélèvement. Trois
hyperplasies complexes avec atypies ont été diagnostiquées. Il
faut noter qu’un cancer d’intervalle a été révélé par des métror-
ragies ( 1 2 ) . Cette deuxième étude amène des résultats plus inté-
ressants que ceux de Dove Edwin, puisque montrant que l’on
peut diagnostiquer des lésions précancéreuses. Cependant, la
vitesse de transition entre un endomètre jugé normal en échogra-
phie et l’apparition d’un cancer symptomatique limite peut être
l’utilité réelle de ce dépistage.
La place de l’hystéroscopie ou de l’hystérosonographie n’a pas
été évaluée à ce jour. Ces deux examens pourraient être propo-
sés à l’avenir.
Surtout, il faut éduquer ces femmes, en insistant sur la nécessité
de consulter rapidement en présence de saignements anormaux,
avant comme après la ménopause. Il faut également éduquer les
gynécologues pour qu’ils explorent rapidement ces métrorragies
afin d’obtenir un diagnostic précoce.
En conclusion, il n’existe actuellement pas de preuve formelle
de l’utilité d’un dépistage du cancer de l’endomètre dans cette
population. Cependant, les recommandations internationales
préconisent la réalisation d’un examen gynécologique et d’une
échographie pelvienne annuelle ou biennale à partir de l’âge de
30 ou 35 ans. En l’absence d’évaluation plus poussée, cette pro-
position paraît admissible.
Prévention, prophylaxie
La prévention pourrait utiliser la contraception orale ou le traite-
ment hormonal substitutif, dont on sait qu’ils réduisent le risque
de survenue d’un cancer endométrial dans la population géné-
rale (13, 14). À défaut, on peut considérer qu’il n’y a pas de rai-
son connue de contre-indiquer ces traitements chez ces
patientes.
Diverses molécules ont montré, in vitro, une action antiprolifé-
rative sur les cellules endométriales en culture. Cependant, il n’y
a pas, à ce jour d’essai thérapeutique ayant démontré un effet
préventif chez la femme.
Il est possible d’envisager la réalisation d’une hystérectomie
prophylactique chez certaines patientes. Elle paraît envisageable
chez des patientes présentant une mutation prouvée, à l’occasion
du traitement d’un cancer colique, ou motivée par des troubles
gynécologiques associés. Cependant, le groupe d’experts réuni
par la DGS ne préconise pas cette intervention en première
intention ( 2 ).
LE CANCER DE L’OVAIRE
P r é s e n t a t i o n
La présentation des tumeurs ovariennes dans le syndrome
HNPCC se distingue de celle observée dans la population géné-
rale par son incidence accrue et un âge au diagnostic plus jeune
(moyenne : 42 ans) ( 5 ). Elle se distingue également de ce qui est
observé en cas de mutation BRCA, sur le plan de l’histologie.
En effet, si les tumeurs épithéliales restent les plus fréquentes, la
fréquence des variétés endométrioïdes et mucineuses est aug-
mentée par rapport à celle des formes séreuses.
Des tumeurs frontières sont également rencontrées, ce qui dis-
tingue les tumeurs du syndrome HNPCC de celles des prédispo-
sitions BRCA.
Enfin, de nombreux cas sont diagnostiqués à un stade précoce
( 8 0 % de stades I et II), ce qui tranche singulièrement d’avec les
cas sporadiques ou des prédispositions sein-ovaire. Il se peut
qu’un certain nombre de ces tumeurs ovariennes, ne soient que
des métastases de cancers endométriaux diagnostiqués concomi-
tamment dans 20% des cas.
D é p i s t a g e
De nombreux essais de dépistage du cancer de l’ovaire, en
population générale ou en population “prédisposée”, n’ont
jamais donné de résultats positifs. Les principales techniques
reposent sur des associations variables d’échographie et de
dosage du CA 125. Toutes se sont heurtées au manque de sensi-
bilité et de spécificité de l’échographie et du CA 125.
Ainsi Jacobs avait comparé une cohorte de 10 977 femmes
témoins et de 10 958 chez qui un dosage annuel du CA 125 était
effectué ( 1 5 ) . Une échographie était réalisée en cas de dosage
anormal. Si les stades au diagnostic étaient plus faibles dans le
groupe dépisté, en revanche, le nombre de cancers découverts
n’était pas significativement différent entre les groupes, ainsi
que le nombre de décès après quelques années de recul ( 1 5 ) .
Dans l’essai de Van Nagell, 14 469 femmes ont bénéficié d’une
échographie annuelle. Dix-sept cancers ont été dépistés, mais
quatre sont survenus entre deux tests de dépistage et quatre
autres, moins de deux ans après un dépistage négatif ( 1 6 ) .
La seule donnée disponible pour le syndrome HNPCC est issue
du travail de Rijcken. Aucune anomalie clinique ni échogra-
phique n’a été découverte chez 41 femmes suivies pendant 5 ans.
T o us les dosages du CA 125 se sont révélés normaux. Aucun
cancer n’est survenu ( 1 2 ).
Au total, le dépistage dus tumeurs ovariennes dans le syndrome
HNPCC doit encore être validé.
Prévention, prophylaxie
La contraception estroprogestative réduit le risque de survenue
d’un cancer ovarien dans la population générale (RR : 0,4).
Cette protection est obtenue quelle que soit la posologie et per-
siste plusieurs années après l’arrêt de la contraception ( 1 3 ).
Il n’y a aucune donnée contre-indiquant la contraception estro-
progestative dans cette population.
Il est logique d’associer une annexectomie prophylactique à une
D
O S S I E R