CANCÉROLOGIE 27 Cancer digestif Évaluation du risque héréditaire L’intérêt des consultations d’oncogénétique est de répondre aux demandes de famille à risque de cancer digestif et de leur médecin, en confirmant ou en infirmant un syndrome de prédisposition héréditaire. Avec comme objectif de proposer une prise en charge adaptée au niveau de chaque individu de la famille. Le syndrome HNPCC Il est actuellement établi que le dépistage du syndrome HNPCC permet de réduire la morbidité et la mortalité. Ce syndrome est lié à une mutation constitutionnelle délétère d’un des gènes de la famille MMR, et prédispose non seulement au cancer colorectal, mais aussi au cancer de l’endomètre, et à une moindre mesure à d’autres types de cancer (grêle, voies urinaires, ovaires, voies biliaires, cerveau). Sa reconnaissance n’est pas toujours aisée, même s’il existe des caractéristiques cliniques évocatrices. Si on se limite aux seuls critères d’Amsterdam II (atteinte de 3 membres de la même famille d’un cancer associé à ce syndrome) pour poser le diagnostic de HNPCC, on ignore en fait une grande proportion des cas : 15 % des malades atteints de cancer colorectal avant l’âge de 40 ans, voire 5 ans, sans autre caractéristique sont porteurs d’un syndrome HNPCC, prouvé par l’existence d’une mutation des gènes de la famille MMR. Ainsi, le diagnostic de syndrome HNPCC dans une famille peut être affirmé par la présence des critères d’Amsterdam II (seul cas où le diagnostic de syndrome HNPCC est cliniquement affirmé) et/ou l’identification d’une mutation constitutionnelle délétère. Le dépistage spécifique est alors proposé à tous membres de la famille dont le risque est authentifié (porteur de la mutation familiale) ou dont la probabilité d’avoir hérité de la prédisposition HNPCC est élevée (> 20 %). Dans les autres cas (où les critères d’Amsterdam ne sont pas réunis et une mutation n’est pas identifiée), le diagnostic peut être considéré comme probable devant la conjonction de critères cliniques, familiaux et biologiques (test d’instabilité microsatellitaire, immunohistochimie). La polypose adénomateuse La polypose adénomateuse familiale (PAF) est liée à une mutation constitutionnelle délétère du gène APC. Dans sa forme typique elle prédispose au cancer colorectal avant l’âge de 40 ans en l’absence de prophylaxie chirurgicale, mais aussi à d’autres types de cancers dont le cancer duodénal, la tumeur desmoïde et la tumeur cérébrale. Il existe des formes atténuées avec un âge tardif d’apparition des polypes et une densité inférieure de polypes. L’objectif des consultations Pour R. Guimbaud (Toulouse), les indications d’une consultation d’oncogénétique sont claires : « toute personne présentant une polypose quelle qu’en soit son intensité ou appartenant à une famille concernée par ce syndrome ». La consultation d’oncogénétique permet d’identifier avec certitude les sujets prédisposés (porteurs d’une mutation) et aussi d’éviter des coloscopies de dépistage inutiles aux sujets non porteurs. Cependant, chez 10 % des familles concernées par une PAF classique, aucune mutation ne peut être mise en évidence et le dépistage spécifique doit alors concerner l’ensemble des apparentés (dont le risque théorique d’avoir hérité du terrain génétique de la polypose adénomateuse familiale est de 50 % pour chacun des apparentés au premier degré). En cas de polypose adénomateuse typique sans contexte familial, correspondant aux cas de “néomutation”, le test génétique permet d’exclure du dépistage l’ensemble des apparentés et de limiter la population concernée aux seuls descendants du patient. Reste à poursuive l’évaluation de l’efficacité des mesures de dépistage et/ou de prévention préconisées ainsi que du retentissement psychologique de l’enquête oncogénétique. LC >> DOSSIER L es consultations d’oncogénétique se sont développées à partir de 1991 dans le cadre du Groupe génétique et cancer, grâce à l’identification de la plupart des gènes qui sont responsables des syndromes de prédisposition héréditaire. Ces consultations permettent d’identifier un syndrome de prédisposition jusque-là ignoré et donc faire bénéficier la famille d’un dépistage et d’une prise en charge préventive, diagnostique et éventuellement thérapeutique adaptée. À l’inverse, elle permet d’infirmer la suspicion et donc d’extraire la famille d’une prise en charge inadaptée à leur niveau de risque. En pathologie digestive les deux principaux syndromes de prédisposition héréditaire au cancer sont le syndrome HNPCC (Hereditary Non Polyposis Colorectal Cancer) qui est reconnu comme étant responsable d’environ 3 % de l’ensemble des cancers colorectaux et la polypose adénomateuse familiale (1 %). Bien que ces syndromes représentent un faible pourcentage des cancers colorectaux, ils concernent les affections autosomiques dominantes (risque de transmission de 50 %) les plus fréquentes et plusieurs milliers de familles en France. 14e Séminaire de la SNFGE (Société nationale française de gastroentérologie) Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005