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L’EXPLORATION ET LE TRAITEMENT DE LA RÉGION AXILLAIRE DES TUMEURS INFILTRANTES DU SEIN
traitement de l'aisselle [12]. Cependant, l’auteur nuance lui-même ses
résultats en précisant que ces 6 essais comportaient peu de patientes
avec des tumeurs T1a-b, constituant la majorité des cancers du sein
diagnostiqués actuellement, et que la prise en charge globale ne
correspondait plus à nos pratiques actuelles puisqu’aucune patiente
n’avait eu de prescription d’hormonothérapie et qu’une minime
proportion de patientes avait reçu une chimiothérapie (seulement
3,3 % des patientes de l’étude de Curie uniquement), concluant que ces
résultats ne seraient très certainement plus significatifs en cas de
prescription de traitement adjuvant (hormonothérapie ou chimio -
thérapie). D’ailleurs, Sanghani et al. [13] ont publié en 2009 une méta-
analyse incluant 2 essais randomisés publiés entre 2000 et 2007
comparant le CA versus abstention axillaire avec un recul médian
variant de 5 à 6,6 ans et incluant 692 patientes dont 56 et 93 % de T1,
23 et 28 % de N+, 80 et 88 % de traitement complémentaire par
hormonothérapie. Le taux de RA était plus important en l’absence de
CA (1,5 % versus 3 % ; odds ratio [OR] 0,27 ; 95 % intervalle de
confiance [IC], 0,10-0,78, p = 0,02) par rapport au CA mais sans impact
significatif sur la SG (OR 1,20 ; 95 % IC, 0,64-2,27), la survie sans
métastase (OR 0,97 ; 95 % IC, 0,69-1,38) et sur les récidives locales
mammaires (OR 1,12 ; 95 % IC, 0,68-1,86). Les auteurs concluent que
le CA n’apporte pas de bénéfice en survie malgré un taux de RA plus
élevé par rapport à l’abstention chirurgicale axillaire pour les patientes
avec un cancer du sein précoce N0 bénéficiant d’un traitement par
hormonothérapie et radiothérapie du sein.
Plus récemment encore, un essai randomisé publié en 2012 a
confirmé l’absence de bénéfice du CA en comparant ce dernier avec à
nouveau l’abstention, associé à une radiothérapie du sein (et non de
l’aisselle) et suivi de 5 ans de tamoxifène [14]. Cette étude a montré
chez 238 patientes âgées de plus de 65 ans ayant un cancer du sein
< T1-N0, après un suivi de 15 ans, des taux de SG et de survie sans
métastase équivalents dans les deux groupes dont les effectifs étaient
cependant insuffisants pour mettre en évidence une équivalence ou une
non-infériorité.
Ces résultats récents ne suggèrent pas de bénéfice thérapeutique
du CA par rapport à l’abstention en cas de tumeur du sein N0. Ceci
peut s’expliquer par la taille plus petite des tumeurs diagnostiquées
actuellement et la prescription de traitement adjuvants (chimiothérapie
et/ou hormonothérapie).
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