©Laurent Garcin MPSI Lycée Jean-Baptiste Corot
DÉRIVABILITÉ
1 Dérivabilité en un point, fonction dérivée
1.1 Définitions et premières propriétés
Définition 1.1 Dérivabilité en un point
Soient f:IRune application et aI. On dit que fest dérivable en asi le taux d’accroissement de f
en aI\ {a}R
x7−f(x)−f(a)
xa
admet une limite finie en a. Dans ce cas, cette limite s’appelle le nombre dérivé de fen aest se note f0(a),
Df(a)ou encore df
dx (a)si la variable de la fonction fest notée x.
Remarque. Cette définition peut aussi se formuler en termes de développement limité. Se reporter à ce
chapitre.
Une fonction dérivable en aadmet une tangente en aet le nombre dérivé en aest la pente de cette tangente.
Interprétation géométrique
Si f(t)désigne l’abscisse d’un point mobile sur un axe en fonction du temps t,f0(t)est la vitesse instantanée
du point à l’instant t.
Interprétation cinématique
Proposition 1.1 Dérivabilité implique continuité
Soit f:IRune fonction dérivable en aI. Alors fest continue en a.
Attention ! La réciproque est totalement fausse comme le montre l’exemple classique de la fonction valeur
absolue : fonction continue en 0mais non dérivable en 0. Mais il y a pire : il existe des fonctions continues sur
Rmais dérivables nulle part.
Définition 1.2 Dérivabilité à gauche, à droite
Soient f:IRune application et aI.
IOn dit que fest dérivable à gauche en asi le taux d’accroissement de fen aadmet une limite finie
à gauche en a. Dans ce cas, cette limite s’appelle le nombre dérivé à gauche de fen aest se note
f0
g(a).
IOn dit que fest dérivable à droite en asi le taux d’accroissement de fen aadmet une limite finie à
droite en a. Dans ce cas, cette limite s’appelle le nombre dérivé à droite de fen aest se note f0
d(a).
Une fonction fdérivable à gauche (resp. à droite) en aadmet une demi-tangente à gauche (resp. à droite) en
aet f0
g(a)(resp. f0
d(a)) est la pente de cette demi-tangente.
Interprétation géométrique
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Proposition 1.2
Soient f:IRune application et a
o
I. Alors fest dérivable en asi et seulement si fest dérivable à
gauche et à droite en aavec f0
g(a) = f0
d(a).
Dans ce cas f0(a) = f0
g(a) = f0
d(a).
Exemple 1.1
La fonction valeur absolue n’est pas dérivable en 0.
La fonction f:
RR
x7−ln(1+x)si x>0
sin xsi x<0
est dérivable en 0et f0(0) = 1.
Proposition 1.3 Dérivabilité sur un intervalle
Soit f:IRune application. On dit que fest dérivable sur Isi fest dérivable en tout point de I.
L’application x7f0(x)notée f0est appelée fonction dérivée de fou plus simplement dérivée de f.
On note D(I, R)l’ensemble des fonctions dérivables sur I.
1.2 Opérations sur la dérivabilité
Proposition 1.4 Opérations algébriques et dérivée en un point
Soient f:IRet g:IR. Soit aI. On suppose fet gdérivables en a.
Somme f+gest dérivable en aet (f+g)0(a) = f0(a) + g0(a).
Produit fg est dérivable en aet (fg)0(a) = f0(a)g(a) + f(a)g0(a).
Inverse Si f(a)6=0,1
fest dérivable en aet 1
f0(a)=−f0(a)
f(a)2.
Quotient Si g(a)6=0,f
gest dérivable en aet Äf
gä0(a) = f0(a)g(a)−f(a)g0(a)
g(a)2.
Proposition 1.5 Opérations algébriques et dérivée sur un intervalle
Soient f:IRet g:IR. On suppose fet gdérivables sur I.
Somme f+gest dérivable sur Iet (f+g)0=f0+g0.
Produit fg est dérivable sur Iet (fg)0=f0g+fg0.
Inverse Si fne s’annule pas sur I,1
fest dérivable sur Iet 1
f0= f0
f2.
Quotient Si gne s’annule pas sur I,f
gest dérivable sur Iet Äf
gä0=f0gfg0
g2.
Remarque. On en déduit que D(I, R)est un R-espace vectoriel.
Proposition 1.6 Dérivabilité et composition
Soit f:IRet g:JRdeux applications. Soit aI. On suppose f(I)J.
Dérivabilité en un point Si fest dérivable en aet gest dérivable en f(a), alors gfest dérivable en aet
(gf)0(a) = f0(a)(g0(f(a)).
Dérivabilité sur un intervalle Si fest dérivable sur Iet gest dérivable sur J, alors gfest dérivable sur I
et (gf)0= (g0f)f0.
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Exemple 1.2
La fonction x7xarcsin xest dérivable sur ] − 1, 1[\{0}. En effet,
arcsin est dérivable sur ] − 1, 1[ainsi que x7xdonc, par produit, x7xarcsin xest dérivable sur
] − 1, 1[;
x7xarcsin xest positive ou nulle sur ] − 1, 1[et ne s’y annule qu’en 0, donc x7xarcsin xest dérivable
sur ] − 1, 1[\{0}à valeurs dans R
+;
x7xest dérivable sur R
+donc, par composition, x7xarcsin xest dérivable sur ] − 1, 1[\{0}.
Proposition 1.7 Dérivabilité et application réciproque
Soit f:IJune application bijective dérivable en aI. Alors f1est dérivable en b=f(a)si et seulement
si f0(a)6=0et, dans ce cas :
(f1)0(b) = 1
f0(a)=1
f0(f1(b))
Proposition 1.8 Dérivabilité et application réciproque
Soit f:IJune application bijective dérivable sur I. Si f0ne s’annule pas sur I, alors f1est dérivable sur J
et :
(f1)0=1
f0f1
Remarque. On retrouve facilement cette formule en dérivant la relation ff1=IdJ.
2 Etude globale des fonctions dérivables
2.1 Extrémum local et théorème de Rolle
Définition 2.1 Extremum local
Soit f:IRet a
o
I.
IOn dit que fadmet un maximum local en asi fest majorée par f(a)au voisinage de a.
IOn dit que fadmet un minimum local en asi fest minorée par f(a)au voisinage de a.
On dit que fadmet un extremum local en asi fadmet un maximum ou un minimum local en a.
Le théorème suivant est d’une importance capitale puisque tous les résultats de ce paragraphe vont en découler.
Théorème 2.1 Extremum local et dérivée
Soit f:IRet a
o
I. Si fest dérivable en aet admet un extremum local en a, alors f0(a) = 0.
Attention ! La réciproque est fausse : considérer la fonction x7x3en 0.
Il est essentiel que ane soit pas une borne de I.
Théorème 2.2 Théorème de Rolle
Soit fune fonction continue sur [a, b]et dérivable sur ]a, b[telle que f(a) = f(b). Alors il existe c]a, b[tel
que f0(c) = 0.
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Le théorème de Rolle provient du fait qu’une telle fonction fadmet forcément au moins un extremum local
sur [a, b]donc une tangente horizontale, ce qui se conçoit aisément à l’aide d’un dessin.
Interprétation graphique
Attention !
abababab
Il n’y a pas unicité de cLa dérivabilité sur tout
l’intervalle est essentielle
La continuité même au
bord également
Et bien évidemment la
condition f(a) = f(b)
On suppose que f(t)désigne l’abscisse d’un point mobile sur un axe en fonction du temps t. L’hypothèse
f(a) = f(b)veut juste dire que le point mobile par d’un point donné au temps t=aet revient à ce point
au temps t=b. Le théorème de Rolle nous dit que la vitesse de ce point mobile s’annule à un instant t=c
compris entre t=aet t=b(il fait demi-tour pour revenir à son point de départ).
Interprétation cinématique
Exercice 2.1 OBricole Rolle
Soit f: [0, [Rdérivable admettant f(0)comme limite en +. Prouver l’existence d’un nombre réel ctel
que f0(c) = 0.
2.2 Accroissements finis
Un corollaire du théorème de Rolle est le théorème suivant.
Théorème 2.3 Egalité des accroissements finis
Soit fune fonction continue sur [a, b]et dérivable sur ]a, b[. Alors il existe c]a, b[tel que f0(c) = f(b) − f(a)
ba.
Remarque. Le théorème de l’égalité (et de l’inégalité) des accroissements finis nous dit que, si on a un
renseignement sur la dérivée, on peut en déduire un renseignement sur la fonction.
f(b) − f(a)
baest la pente de la corde reliant les points d’abscisses aet bi.e. le taux d’accroissement de fentre
aet b. L’égalité des accroissements finis dit simplement qu’il existe un point de [a, b]en lequel la tangente a
même pente que la corde.
Interprétation graphique
Remarque. L’égalité des accroissements finis est juste une généralisation du théorème de Rolle comme le
montre le schéma suivant.
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abab
Situation du théorème de Rolle Situation de l’égalité des accroissements finis
Enfin les remarques faites sur la nécessité de la dérivabilité sur tout l’intervalle et sur la continuité aux bords
pour le théorème de Rolle sont encore d’actualité pour l’égalité des accroissements finis.
Théorème 2.4 Inégalité des accroissements finis
Soit fune fonction continue sur [a, b]et dérivable sur ]a, b[.
ISi f0est minorée par msur ]a, b[, alors m(ba)6f(b) − f(a).
ISi f0est majorée par Msur ]a, b[, alors f(b) − f(a)6M(ba).
ISi |f0|est majorée par KR+sur ]a, b[, alors |f(b) − f(a)|6K|ba|.
Attention ! Les versions sans valeurs absolues ne sont valables que pour a6b. La version avec valeur
absolue est vraie pour a6beb6a.
L’inégalité des accroissements finis nous dit juste qu’un point mobile dont la vitesse instantanée est toujours
comprise entre vmin et vmax entre deux instants t0et t1parcourt entre ces deux instants une distance comprise
entre vmin(t1t0)et vmax(t1t0).
Interprétation cinématique
Exercice 2.2 Applications du TAF
En utilisant le théorème des accroissement finis, montrer les inégalités suivantes :
1. xR,|sin(x)|6|x|;
2. x>0, 0 6ln(1+x)6x.
Exercice 2.3
Soit fune fonction continue sur un intervalle Iadmettant une primitive Fsur I. Soit aI.
Si f(x) =
xa
o((xa)n)alors F(x) =
xa
F(a) + o((xa)n+1).
Corollaire 2.1 Dérivation et fonctions lipschitziennes
Soit f:IRune application. Si |f0|est majorée par KR+sur I, alors fest K-lipschitzienne sur I.
Exercice 2.4 OCas typique lipschitzien
Soit f: [a, b]Rde classe C1. Prouver que fest lipschitzienne.
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