Fractures de l’enfant: Généralités Sébastien TOMES Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique CHU Dijon • 1ère cause de décès chez l’enfant • garçons > filles (60% contre 40%) • Fracture du poignet 20 à 35 % des fractures • Fracture du coude : fréquence de fracture du traitement chirurgical PARTICULARITE CHEZ L’ENFANT • OS: – – – Plus chargé en eau Mécaniquement moins résistant se fracture plus facilement Moins résistant que la capsule articulaire • PERIOSTE: – Plus épais, plus résistant – Guide la réduction ou stabilisation positionnelle d’un foyer de fracture – Production et remodelage du cal fracturaire • CARTILAGE DE CROISSANCE: – Mécaniquement faible – Peu résistant aux forces de traction axiale et torsion CARTILAGE DE CROISSANCE • Extrémité des os longs (entre diaphyse et épiphyse) • Noyau épiphysaire cartilagineux • Ossification progressive (14-15 ans filles) (16-17 ans garçons) FRACTURES DE L’ENFANT • • • Fracture en bois vert Fracture en motte de beurre Déformation plastique -bonne réduction et consolidation -Insuffisance de réduction et cal vicieux FRACTURES EPIPHYSAIRES • Fréquentes chez l'enfant de 10 à 15 ans • . (20 % des traumatismes). Le cartilage conjugaison: - richement vascularisée - activité cellulaire intense (multiplication et transformation des cellules cartilagineuses en cellules osseuses) - Plus la lésion traumatique est proche de l'épiphyse, plus elle est dangereuse pour la croissance. CLASSIFICATION DE SALTER ET HARRIS • Elle comprend 5 types de fractures-décollements, figurés ici sur une épiphyse fémorale inférieure Type 1 Type 2 Type 3 Type 4 Type 5 SALTER 1: Décollement épiphysaire pure Bon pronostic SALTER 2: Le trait de fracture traverse le cartilage de croissance sauf à une extrémité où il remonte en zone métaphysaire. Pronostic habituellement bon. SALTER 3: Le trait de fracture traverse le cartilage de croissance sauf à une extrémité où il devient épiphysaire. Pronostic relativement bon sauf pour les défauts de réduction, même parfois mineurs. SALTER 4: Le trait de fracture sépare un fragment épiphyso-métaphysaire. Pronostic souvent mauvais, même si la réduction parait satisfaisante SALTER 5: Ecrasement du cartilage de croissance par compression. Diagnostic à posteriori, identifiable que par sa complication: l’épiphysiodèse Type 1 SALTER ET HARRIS Type 2 de SALTER et HARRIS • Lésion de type 2 sur une phalange et sur une cheville avec interposition d'un lambeau de périoste • • Lésion de type 2 fixée par une seule vis au genou et une broche au 1er métacarpien Quand cela est possible, sans risquer de léser la plaque de croissance, il est préférable de placer 2 vis Type 3 de SALTER et HARRIS Type 4 de SALTER et HARRIS Type 5 de SALTER et HARRIS • Traitement: immobilisation simple • Risque d'épiphysiodèse majeur TRAITEMENT DES FRACTURES ARTICULAIRES • Réduction parfaite, immobiliser par un plâtre et contrôler l'absence de déplacement secondaire. • Plus rarement, il peut être indiqué de stabiliser la réduction par des broches. Les broches doivent être peu traumatisantes pour éviter l’ épiphysiodèse. Elles seront enlevées avant 6 semaines. • Toutes les manoeuvres de réduction, orthopédiques ou chirurgicales doivent être atraumatiques pour ne pas ajouter des lésions vasculaires aux lésions liées au traumatisme lui même. EPIPHYSIODESE • Les épiphysiodèses peuvent survenir avec tous les types de lésions du cartilage conjugal, mais c'est le type 5 qui est le plus dangereux et ensuite les types 3 et 4. • La croissance peut être arrêtée totalement ou seulement en partie. EPIPHYSIODESES PARTIELLES • Elles entraînent des déviations angulaires en freinant une partie de la plaque conjugale alors que la partie opposée poursuit sa croissance. EPIPHYSIODESE COMPLETE • Une épiphysiodèse complète entraînera une inégalité de longueur des membres par arrêt de la croissance. • l'inégalité dépend de l'âge du sujet au moment du traumatisme et de la localisation anatomique. Les cartilages fertiles sont situés près du genou (qui est donc l'articulation la plus sensible) et loin du coude • Potentiel de croissance de chaque métaphyse « DESEPIPHYSIODESE » - Repérage et résection de la zone d'épiphysiodèse (pont osseux), entre épiphyse et métaphyse, qui empêche le cartilage conjugal restant de proliférer normalement. - Remplacement par du tissu étranger (plastique mou, ciment acrylique, etc..) dans le but d'empêcher l'os de se développer à nouveau et de reconstituer le pont. Autre exemple d’une désépiphysiodèse distale du fémur Tomographie Salter II Extrémité inf. fémur à l’âge de 6 mois Epiphysiodèse centrale A 12 mois et en l’absence de TT la prévision d’inégalité à maturation est de 20 cm M +6 Oct.82 Oct.82 Tomographies Tomographies Désépiphysiodèse : ablation du pont d’épiphysiodèse puis interposition de ciment - 2cm Reprise de la croissance Le ciment s’éloigne du C de C L’inégalité n’est que de 2,5 cm alors que la prévision était de 20 cm en l’absence de traitement 3 ans 8 ans 18 ans + 13 mois 10 ans Ostéosynthèse percutanée Désépiphysiodèse ? Agrafage Allongement du fémur Les corrections angulaires par ostéotomies • résultats temporaires si la croissance n'est pas • terminée attendre la fin de la croissance Recurvatum tibial lié à une agrafe malencontreusement placée Genu valgum par épiphysiodèse asymétrique Après la fin de la croissance, il n’y a pas d’autre solution que de faire des ostéotomies correctrices Ostéotomie fémorale de varisation en fin de croissance La patiente est vue en fin de croissance, le recurvatum est de 30° 30° Radio per op avant ostéosynthèse Une seule possibilité possibilité : une osté ostéotomie d’ d’ouverture anté antérieure avec une greffe Correction d’un recurvatum par ostéotomie d’ouverture antérieure Limb Limb Lengthening Lengthening by by callus callus distraction distraction (callotasis) (callotasis) DE DE BASTIANI BASTIANI Giovanni Giovanni and and al. al. Journal Journal of of Pediatric Pediatric Orthopedics Orthopedics 1987:7:129-134 1987:7:129-134 Callotasis = Callo-taxis Consolidation des fractures • Mécanisme : - cal périphérique produit par le périoste • Délais - de 6 à 8 semaines pour une fracture diaphysaire - 4 à 5 semaines pour une fracture métaphysaire - 3 semaines pour un décollement épiphysaire • Le remodelage du cal et la croissance épiphysaire vont corriger les cals vicieux en angulation, chevauchements mais pas ceux en rotation. • Les séquelles les plus fréquentes après fracture chez l’ enfant sont des inégalités de longueur Particularités de l’enfant • Pas de complications thromboemboliques • Peu de raideurs d'immobilisation • Les séquelles sont souvent de révélation tardive Généralités thérapeutiques • la meilleure réduction et la meilleure contention avec le minimum d'agression chirurgicale. • Méthodes orthopédiques: L’utilisation du plâtre classique est souvent préférable aux résines synthétiques sur une fracture fraîche. TECHNIQUES CHIRURGICALES • l’ embrochage • le vissage percutané par vis creuse montant sur des broches • l’ embrochage centro-médullaire élastique stable (E.C.M.E.S.) • Les fixateurs externes en cas de fracture ouverte ou de fractures multiples pour éviter un télescopage • la plaque vissé est à éviter • l’ enclouage simple ou verrouillé est contre-indiqué chez l’enfant car il doit traverser des cartilages de croissance. Il peut être discuté chez l’ adolescent COMPLICATIONS • syndrome de loges et sa forme séquellaire • • • • • • (syndrome de Volkmann) Les cals vicieux L’ infection sur matériel d’ ostéosynthèse (rare et de bon pronostic) Le syndrome algo-dystrophique (exceptionnel) Les nécroses surtout la tête fémorale (après fracture du col), la tête radiale et le condyle externe du coude. Les raccourcissements et les désaxation par atteinte du cartilage de croissance. Les raideurs articulaires TRAUMATISMES DU MEMBRE SUPÉRIEUR Fracture de la clavicule • Elle est très fréquente. Le traitement en est régulièrement orthopédique par de simples anneaux. Complications si traitement chirurgical. Fracture du col chirurgical de l’ humérus • Proche d’un cartilage de croissance très fertile. Sont de traitement orthopédique ou chirurgical par embrochage centro-médullaire élastique stable. Fracture de la diaphyse humérale • Le traitement orthopédique où un embrochage centromédullaire élastique stable se justifie. FRACTURES DU COUDE • Elles sont fréquentes. Le traitement est souvent chirurgical • Types: 1. F. supra-condylienne 2. F. du condyle externe 3. F. de l’ épitrochlée Fractures de l'epitrochlée (épicondyle médial) • équivalent d’une entorse grave du coude pour l’ • • • adulte. mouvement de valgus forcé du coude Degrés: 1- peu ou pas déplacée 2- déplacée 3- incarcéracion dans l’articulation 4- associée à une luxation Traitement chirurgical avec ostéosynthèse de l’ apophyse pour ne pas laisser une instabilité du coude. Fractures du condyle externe (condyle latéral) • C’est une fracture Salter 4 (avec • • • risque d’ épiphysiodèse), Articulaire, avec risque de nécrose et de pseudarthrose par interposition des muscles épicondyliens. Le traitement est chirurgical avec fixation par deux broches après réduction. 6 semaines de plâtre. Pas de rééducation. Degrés: 1- Non déplacée 2- Moyennement déplacéé 3- très déplacée Fractures supracondyliennes • types :en extension (95%) et en flexion, selon le mécanisme (hyperextension forcée ou hyperflexion forcée). • très fréquentes. • Stades: 1- sans déplacement 2- déplacement modéré 3- en contacte 4- sans contacte • Traitement: - Orthopédique: dispositif de Blount. - Chirurgical: réduction et embrochage • Complications: paralysie radiale, du médian ou de plusieurs nerfs. Aussi des lésions de l’ artère humérale. Autres fractures du membre supérieur • Fracture de l’olécrane • Fracture du col radial qui lorsqu’elle est déplacée justifie • • • un embrochage Fracture de Monteggia qui associe une fracture de l’ulna à une luxation de la tête radiale (ou une fracture du col). Fractures diaphysaires des deux os de l’ avant-bas - La diaphyse des deux os de l’ avant-bras est mal vascularisée et sa consolidation nécessite deux mois en moyenne. - Le traitement est habituellement orthopédique ou par embrochage centro-médullaire Fractures du quart inférieur de l’ avant-bras -la plus fréquente de la traumatologie infantile. - bon pronostic. - réduction avec une immobilisation plâtrée de 4 semaines Fractures du poignet TRAUMATISMES DU MEMBRE INFÉRIEUR Fractures du bassin et de la hanche (traumatismes violents avec souvent polytraumatisme). • fractures du cotyles: rares, empruntent le cartilage de croissance en Y du cotyle. Le traitement est chirurgical • fracture du bassin n’intéressant pas le cotyle: il s’agit surtout de fracture du cadre obturateur, de décollement épiphysaire de la symphyse pubienne. Le traitement est orthopédique avec un bon pronostic et peu de complications. • les luxations traumatiques de hanche sont très rares chez l’enfant. Fort pourcentage de nécrose de la tête fémorale. • les fractures du col fémoral sont exceptionnelles chez l’enfant (50% de nécrose de la tête fémorale). Classification en quatre stades I Décollement épiphysaire stade 1. 52% necrose II : fracture au milieu du col.43% necrose III : fracture basi-cervicale. 27% necrose IV : Fracture pertrochantérienne.14% necrose Traitement: Chirurgical avec ostéosynthèse. Ponction articulaire évacuatrice puis une immobilisation plâtrée 6 semaines Fractures de la diaphyse fémorale • Traumatismes violents. • Le traitement est orthopédique pour l’ enfant de moins de 6 ans ou enbrochage centro-médullaire pour l’enfant de plus de 6 ans • Les séquelles: inégalités de longueur Fractures du genou • fracture-décollement épiphysaire fémoral inférieur: risque d’épiphysiodèse posttraumatique. De traitement chirurgical pour minimiser le risque d’épiphysiodèse et pour reconstituer une anatomie normale. • l’arrachement du massif des épines tibiales est un équivalent chez l’enfant d’une rupture du pivot central chez l’adulte (rupture des croisés) • l’arrachement de la tubérosité tibiale antérieure correspond à un arrachement apophysaire du quadriceps. • les fractures ostéochondrales de la rotule ou des condyles fémoraux souvent après un épisode de luxation de la rotule. Fracture de jambe • La fracture de jambe • traitement orthopédique (plâtre cruro-pédieux) Les indications d’un embrochage centro-médullaire sont exceptionnelles. Fractures de cheville. • fractures-décollement :- traitement orthopédique par réduction suivie de plâtre - fractures plus complexes (fracture de Tillaux, fracture triplane, fracture de Mac Farland) nécessite une ostéosynthèse Mac Farland Tillaux Triplane 13 ans Droite Gauche La meilleure prévention de l’épiphysiodèse est d’obtenir une réduction anatomique en étant le moins traumatisant possible Droite Gauche