S ÉMINAIRE N. B OURBAKI J EAN -P IERRE S ERRE Représentations linéaires et espaces homogènes kählériens des groupes de Lie compacts Séminaire N. Bourbaki, 1951-1954, exp. no 100, p. 447-454 <http://www.numdam.org/item?id=SB_1951-1954__2__447_0> © Association des collaborateurs de Nicolas Bourbaki, 1951-1954, tous droits réservés. L’accès aux archives du séminaire Bourbaki (http://www.bourbaki. ens.fr/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/ Séminaire BOURBAKI (Mai 1954) REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES ET ESPACES HOMOGÈNES KÄHLÉRIENS DES GROUPES DE LIE COMPACTS par Jean-Pierre SERRE. Les résultats vont être qui exposés sont dûs à (non publiés) Armand BOREL et André WEIL Espaces homogènes symplectiques. Une variété compacte connexe X est dite symplectique si sa dimension est un nombre pair, soit 2n , et s’il existe x E tel que 0 (dans ce numéro, les groupes de cohomologie sont pris à coefficients réels). Toute variété kählérienne est symplectique. 1. THÉORÈME 1. - Soient G un groupe de Lie compact, connexe, semi-simple, G/U est symplectique, il existe un tore soit égal au commutant C(S) de S dans G (autrement dit, s.x pour tout se S). particulier (HOPF)~ U est un groupe connexe de même rang que G. un sous-groupe tel que fermé de G . Si et U S cG U = En (Un cas particulier ce théorème se trouve dans une Note de LICHNEROWICZ [1] ; également [2] ). voir DÉMONSTRATION. S soit (resp. a de (resp. Soit composante connexe de l’élément neutre de U , la composante connexe de l’élément neutre du centre de U o du centre de Uo la et soit V = C(S) le commutant de S dans G. On donc les inclusions : Considérons le diagramme commutatif suivant : où 03C4 désigne la le sous-groupe de par U/U~ . transgression, H~(U~) (resp, et où de (resp. H~(G/U~) ) 447 H2(G/Uo)U/Uo) désigne formé des éléments invariants semi-simple, Hl(G) = 0 , d’où il résulte tout de suite que C est une bijection (noter que V est connexe, d’après un résultat bien connu, dû à HOPF). D’autre part, la définition même de V montre que « est surjectif, et un théorème élémentaire sur les revêtements finis montre que est bijectif. Donc Y est surjectif. G Puisque est = S’il existe Ii-(G/u) dim dim V ~ U , d’où V = = dim GlU), il existe alors aussi qui entraîne évidemment dim G/V ~ 2n , d’où puisque V est connexe, et l’on a bien U C(S). 0, avec (2n 0 avec ce U = C.Q.F.D. REMARQUES. - Réciproquement, si U = C(S) , on peut construire sur .G/U une métrique kählérienne telle que G/U soit une variété de Hodge. Cela peut se voir par une méthode ~infinitésimale". Mais nous obtiendrons au n° 3 un résultat plus précis, exhibant en On notera que, un plongement . Structure complexe Soit T (resp. G). û on tel , homothétie W notera ("chambre Le ai(x) désignera G, est par une e forme la de l’élément de est a1,...,ar partie de t définie 9 ’ pour tout un par (x,y) désignerons par h où a défini par b nales à de trouvent en parti- E:;t, c sous a la forme est une complexifiée de Lie (ea T Lie de est défini à de racines de g , de une on ai(t) )~ 0 ~ l’opposé en particulier, des racines ~ 0 Killing les ai do g peuvent g c engendré par C’est une de 9 . ~C c . élément de soit b 9 le sous-espace vectoriel de sous-algèbre W , l’ensemble des racines ~ 0 orthogog c engendré par b et les e -a, L b de 9 c (en effet, L b est engendrée par un une de la forme de . est est t le sous-espace vectoriel de parcourt l’ensemble e , sous-algèbre résoluble Si algèbre système simple les inégalités permet d’identifier t et t c à leurs duals ; être considérés comme des éléments de t . et les se Weyl"). produit scalaire Nous C(S), linéaire réelle sur t . Si = Si type projectif. (resp. 9 ) l’algèbre de 9 (relativement’ à t ) t que [t,e a ] 2 n i.a(t).ea près). du espace G/U. sur Nous écrirons les racines de où racine, U un G . tore maximal de un dans les sous-groupes parmi culier les tores maximaux de 2. G/U de Pb t et les t L= ~ ~ si bE W ). Si où e en désignant par C (b) un tore de T, dense, d’où un ~b - 9 c . On voit b = 0 1 on l’ensemble des b ( t automorphisme intérieur, un Nous supposerons à clair que cela simplement fermée gèbres partir connexe soient trer que Lb il G cela résulte Tc’ C(b) ; et T = (BOREL C(b) également G/C(b) = que 9c, Gc/Lb ’ et outre, effectuant en connexe ; il est simplement contient le groupe Gc G comme complexe sous-groupe les sous-groupes de cela résulte de et de même pour et WEIL utilisent comme on a vu est paramètre partout H). De ce plus, raisonnement un théorème 1 et de la construction du n° du S 0 . Si d’al- Gc sont des sous-groupes fermés de L~ pour 9c, est C(b) , ce en Soit alors qui H, C (b) ; pour G généralité. = b E W . supposer que de Lie propre normalisateur dans son peut de (c’est évident sous-groupe à 1 de maintenant que d’algèbre on sait ? comme on intérieur à W , [x,b] = tels que E9 un est tout de suite que que £ (b) = J~(S) ; tel restreint pas la ne S trouver dans peut élément x b que tout C(S) est égal est peut mondirect, mais on 3), à L. que Gc On en déduit C(b~ ~ un on obtient finalement : THEOREME 2. - Les espaces G) homogènes G/U ~ où U = C(S) (S était un tore de sont des En espaces homogènes complexes. particulier, G/T Gc/H est un espace homogène complexe, = observé BOREL dans (On notera toutefois que la structure complexe du système simple de racines choisi). 3. Plongement associé à Soit x ~ vectoriel dite un Q,t(e) n’est Q,x une complexe représentation linéaire complexe de 9c E de inversement, est dant à un ainsi obtenue G . poids pour poids dominant ; unique et l’élément si E G/U de aucune un de représentation irréductible une dimension finie. Une forme linéaire poids do la représentation, s’il ~ 21i.b(t).e pour tout t et ; un l’avait comme thèse. sa si la e valeur de i représentation correspondant existe un poids b un tel que est dit dominant si toute espace t est sur e~0,e~E, (1 i ~ r) ; est dans dépend b + a représentation possède irréductible, ce poids dominant est déterminé (à une homothétie près) ; est bien engendré par les transformés d’un élément e poids dominant, la représentation est irréductible. Enfin, correspon- les poids représentations dominants des diverses de sont 9c caractérisés par les for- mules : A tout poids dominant b, (c’est licite, l’espace homogène n~ 2 au peut faire correspondre l’algèbre on Gc/Lb dit associé à cette dit strictement associé à la sera irréductible de poids dominant b; représentation. d’écrire) ; représentation les formules que l’on vient d’après car comme tout espace G/U - où b’ On observera que, si I~, C Lb est un sera élément quel- toujours un poids dominant b tel que Lb = Lb, : il suffit de prendre b orthogonal aux mêmes ai que b’ ~ ce qui est.évidemment tout Donc du étudié espace G/U plus haut est strictement associé possible. type conque de à W ~ il existe de G . représentation irréductible c une Soit alors x > E , et prolongeons-la est un élément ~ 0 une p,X en une E de représentation de g C représentation analytique correspondant si inversement, propre de dans telle au Si de poids dominant b ~ est tel que x ~ Gc espace vectoriel un admette Ax est e e un e vecteur pour vecteur xE Lb (on vérifie d’abord, par la théorie infinitésimale, que, si il en résulte évidemment que, si est vecteur propre de ~, X ~ on a x ~ propre, on a L; e est vecteur propre de e revient donc à prouver A , que Lb BOREL et WEIL démontrent par Gantmacher ; un tout est contenu dans le normalisateur de x est son propre normalisateur dans raisonnement direct, utilisant un Gc f ce que résultat de mais cela résulte aussi du théorème 1 et des résultats établis ci- dessous). l’espace projectif complexe quotient de E d’équivalence définie par les homothéties, et soit K P Soit de E -- ~ 0 P. A tout sur on obtient ainsi x tante une ferons 0~ la par la relation projection canonique correspondre ;1 1 élément application consC N sur les classes qui Précède, N est de Gc), x E. G c nous - ~Qb mod donc est biunivoque. On vérifie par partout d’après qui définit de rang maximum (il ce raisonnement infinitésimal un , , , suffit de le voir â l’élément neutre donc : THÉORÈME 3. - définit un Toute représentation irréductible plongement b de = G/U comme poids dominant b , sous-variété analytique sans de de singularités (donc algébrique; d’après CHOW) associé à l’espace de la représentation. Si G/U de sous-espace de P , éléments tation G/U dans P ~ d’où l’irréductibilité de A . une classe de cohomo- part, le d(G/U,Z) , donc b et vu poids b peut être identifié à un élément de par transgression. On peut montrer que les coïncident (au signe près, dépendant des conventions d’oriend’autre logie h obtient par compo- sur système linéaire précédent définissent Les diviseurs du 4. de diviseurs projectif Hl(U,Z) , on G/U : 1.’image réciproque des sections hyperNous verrons au n° 4 que ce système est complet ; notons qu’en tout cas l’image de G/U dans P n’est contenue dans aucun dès maintenant de variétés algébriques. une système linéaire planes sont des l’espace projectif complexe associé à la représentation Ax 1 simplement -b-~. P application analytique de est sition : un G/U les variétés En particulier, de choisies). Représentation irréductible associée à une classe de diviseurs sur G/U. homogène du type étudié ci-dessus. Considérons une classe d de diviseurs sur G/U contenant au moins un diviseur D > 0 (rappelons que deux diviseurs sont dans la même classe, ou sont linéairement équivalents, si leur différence est égale au diviseur d’une fonction méromorphe). Soit ~D~ l’ensemble des diviseurs )0 équivalents à D ~ et L(D) l’ensemble des fonctions méromorphes f telles que (f) ~ ~D ; l’application f-~(f)+D définit P~ associé à L(D) sur l’enune application biunivoque de l’espace projectif G/U Soit = Gc/L ~D~ (qui semble un se espace trouve ainsi muni d’une structure projective, d’ailleurs ».D est un diviseur indépendante du diviseur D choisi dans d). Si x de G/U , évidemment .?- 0 , et qui est linéairement équivalent à D ( en effet, G/U est kählérien, puisque algébrique, et de plus simplement connexe, puisque U a même rang que à phe puisque un G ; donc le groupe des classes de diviseurs de sous-groupe de Gc est Soit connexe). une d’un espace sur On base de a lequel G ne c G/U est isomor- peut qu’opérer trivialement, donc L(D). Si l’on fait correspondre à tout xEG/U on projectif P de coordonnées homogènes a priori "méromorphe" , de application G/U dans P ; en fait cette application est partout nolomorphe : cela résulte de ce que la série linéaire complète IDI n’a pas de "points de base" (autrement dit, pour tout point obtient une Fo(x)~ " ,~ r(x) ~ le il existe DI E ~D) tel que à xfD’ IDI de l’invariance de cause par translation). L’espace projectif P peut être considéré comme "dual" de l’espace P associé à L(D)~ ~ les éléments de ~Di sont les images réciproques des sections hyperplanes de n’est contenu dans P. De par dans aucune Nous allons maintenant montrer que l’on morphisme P de associer à tout peut o-(G/U) même, P . E Gc. x auto- un tel que : xl.D Puisque construction sa sous-variété projective de et que l’on considérée connue fonction de homothétie près, telle que : a évidemment étant (Fi(x.y) existe définie à fonction une une r où A..(x) est une automorphisme x matrice inversible attachée à x 9 et qui définit donc un vérifiant évidemment la condition (*) (~} détermine uniquement X ~ puisque outre, contenu dans aucune sous-variété projective de P ; la même raison montre que x dépend analytiquement de x ~ donc définit une représentation projective de G . de la condition En E Soit alors l’espace associé n’est autre que trouver une par passage à écrite plus haut. o-(G/Uj n’est P un quotient. ment neutre de tel que représentation b (.) E contient d’après Nous avons E , et que ainsi E de x projectif simplement connexe, on p~ut G dans E qui donne c un un Soit irréductible, yo l’image dans G/U E élément ,~ dans de l’éléP soit vecteur propre de L donc correspond à un poids doe donc de transformés de l’image associée et est dont 0 montre alors que Les tel que dans E’ = Gc x-A Lb:) L . x--~.AX), x ~ Gc , engendrent que est espace dont le Montrons maintenant que La formule la minant P ; linéaire et soit e E E G~ à égale (dans b dominant poids du fait que représentation au L(D) , vectoriel dual de e sous-espace vectoriel est un par les opérations A ~ E’ dont l’image dans P égale à P , ce qui montre irréductible d’après ce qui a été rappelé au n° 3. la formule est (~), complètement reconstitué donc est la situation du n° 3. Résumons les résultats obtenust THEOREME 4. - Un élément de seulement si c’est le Le système poids linéaire complet H~(G/U~Z) dominant d’une |D| est dual d’un diviseur représentation l’espace est alors dual de de G de la si et associée à GlU. représentation ; il est ample si et seulement si la représentation est strictement associée à linéaire de diviseurs est dit ample s’il n’a pas de composante fixe, et si l’application de la variété dans un espace projectif qu’il définit est un isomorphisme analytique). (Rappelons qu’un système exemple, si U = T , tous les poids dominants b L ki.bi (les bi étant les poids fondamentaux) correspondent à des diviseurs ~ 0 de G/T ; pour que le système linéaire complet contenant ce diviseur soit ample, il faut et il Par = suffit que tous les Une soient ~ 0 . ki conséquence intéressante de ce qui précède sentation irréductible de D associé à b rème de Riemann-Roch justement 5. poids dominant b est égale à la dimension de plus haut, dimension qui peut être calculée grâce comme moyen de la classe de au repréL(D) , est que la dimension de la cohomologie do au théo- D J c’est-à-dire b , On retrouve ainsi la formule classique d’H. WEYL. de Compléments. D’après GOTO, les variétés G/U sont des variétés rationnelles. Il probable (et peut-être démontré) qu’elles admettent des décompositions laires" dit, complexes, analogues il existerait une à celles des grassmanniennes complexes J famille de sous-variétés de est même "cellu.- autrement G/U emboîtées, telles que algébriquement isomorphe la différence entre deux sous-variétés consécutives soit à un espace affine. C’est siques, et ce que WEIL a en tout cas ce que l’on vérifie pour les groupes clas- pu démontrer pour G = E6 ’ et U convenable. résulterait notamment que les espaces G/U (et en particulier G/T) n’ont pas de torsion, conformément à une conjecture émise par BOREL dans sa thèse (et et pour au qu’il avait pu vérifier pour les groupes classiques, pour Il en Gz moyen des fibrations de ces groupes). F4’ BIBLIOGRAPHIE [1] LICHNEROWICZ (André). - Sur les espaces Paris, t. 237, 1953, p. 695-697. homogènes kählériens, C.R. Acad. Sc. [2] Colloque de Géométrie différentielle, Strasbourg 1953. - Paris, Centre National de la Recherche scientifique, 1953 (Colloques internationaux du C.N.R.S. n° 52). ADDITIF Les questions mentionnées ci-dessus ont été résolues par BOREL, BOTT, CHEVALLEY, GOTO, TITS. On en trouvera une bibliographie dans : BOREL (Armand). - Topology of Lie groups and characteristic classes, Bull. Amer. math. Soc., t. 61, 1955, p. 397-432. TITS (Jacques). - Sur certaines classes d’espaces homogènes de groupes de Lie, Mém. Acad. roy. Belg., t. 29, 1955, p. 168. [Avril 1957] 454