Isabelle Morel-TS-cours complexes forme alg´ebrique 1
Les nombres complexes : forme
alg´ebrique
1 Introduction
1.1 Le probl`eme
L’histoire des nombres complexes commence en pleine Renaissance italienne avec les
alg´ebristes italiens, `a propos de la r´esolution des ´equations de degr´e 3. Citons, entre
autres, Cardan (1501-1576) et Tartaglia (1500-1557).
En 1547, Cardan publie dans Ars Magna le r´esultat suivant : Une solution de l’´equation
x3=px +qest 3
sq
2+rq2
4−p3
27 +3
sq
2−rq2
4−p3
27.
Cette formule fonctionne parfaitement pour l’´equation x3= 36x+91 par exemple : une
solution est 7. En factorisant alors, on obtient : x3−36x−91 = (x−7)(x2+ 7x+ 13).
Le discriminant de x2+ 7x+ 13 ´etant n´egatif, on en conclut que l’´equation
x3= 36x+ 91 a une unique solution r´eelle : 7.
Consid´erons `a pr´esent l’´equation : x3= 15x+ 14. Si on applique la formule
pr´ec´edente, q2
4−p3
27 =−76, ce qui pose un probl`eme puisque l’on doit en prendre la
racine. Pourtant, cette ´equation a trois solutions r´eelles, dont −1qui est une solution
´evidente.
Afin de contourner ce probl`eme, Bombelli a l’id´ee, en utilisant les r`egles de calcul
usuelles, d’introduire des nombres pouvant avoir un carr´e n´egatif : c’est l’introduction
des nombres complexes.
Il a cependant fallu attendre deux si`ecles pour avoir une construction correcte
de l’ensemble des nombres comples C, faite pas Euler.
Il a encore fallu attendre pour une interpr´etation g´eom´etrique des nombres complexes
(Gauss et Argand au d´ebut du 19i`eme si`ecle), interpr´etation qui jouera un rˆole
pr´epond´erant dans notre ´etude des nombres complexes.
1.2 Un petit peu de g´eom´etrie
La droite des r´eels est en bijection avec l’ensemble des r´eels : `a tout nombre r´eel x,
on peut associer un unique point de la droite (O;−→
i): le point Md’abscisse x; et
r´eciproquement, `a tout point Mde la droite des r´eels (O;−→
i), on peut associer un
nombre : l’abscisse xde M.
Nous avons cependant l’habitude de travailler dans le plan (en dimension 2) et non pas
sur une droite (en dimension 1). On convient alors que tout point du plan repr´esente
un nombre, que l’on appellera nombre complexe :
•Les nombres iet j´etant des nombres complexes particuliers, on notera O;−→
u , −→
v
et non pas O;−→
i , −→
jle rep`ere du plan.
•L’axe des abscisses reste l’axe des r´eels. Tout point de cet axe rerp´esente donc un
nombre r´eel.
•Le point J(0; 1) repr´esente le nombre complexe not´e i.
Le point N(0; y)repr´esente le nombre complexe y×i.
•Placer alors les points N1(3 ×i),N2(0 ×i),N3(−2×i).
Quels nombres complexes les nombres suivants repr´esentent-ils : N4(0; 3);
N5(0; −5)?
•Le point M(a;b)repr´esente le nombre complexe a+ib, puisque −−→
OM =a−→
OI +b−→
OJ.
Quels sont les nombres complexes repr´esent´es par les points M1(1; 1);M2(−2; 4);
M3(3; −2)?
D´eterminer les coordonn´ees des points Mdu plan repr´esentant les nombres com-
plexes z1= 2 + 3i,z2=−1 + 2iet z3= 4 + (−3)i.
Tout point M(a;b)repr´esente donc le nombre complexe a+ib.
Tout nombre complexe a+ib est repr´esent´e par le point M(a;b).
1
2
3
−1
12345−1
(a+ib)
b
~u
(iy)
J(i)
~v
a
M
N
On peut remarquer que pour passer du point A1(1) au point A2(i), on effectue une
rotation de centre Oet d’angle π
2. Par cons´equent, on peut conjecturer que pour passer
du point A2(i)au point A3(i2=i×i)on effectue encore une rotation de centre Oet
d’angle π
2. Il semblerait donc que i2=−1.