STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 1 Emeric Lambert Stratégies du désir une manière de susciter l’effet voulu EPFL Mémoire STS dirigé par Pascal Amphoux STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 3 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 5 S o m m a i re introduction marketing préambule fondements analyse de marché produit distribution publicité & communication réflexions 12 14 18 26 32 42 54 architecture & urbanisme commercial préambule 66 installation urbaine 80 nouvel hangar décoré 96 réflexions 106 efficacité & efficience marketing architecture 196 200 5 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 7 Introduction Le paysage artificiel qui nous environne aujourd’hui est de plus en plus dessiné selon une raison du profit, de l’économie de marché. Il reflète en partie la société qui le forge. Le Prince a disparu, vive le client roi ! Le citoyen exige d’être rassasié, pour le satisfaire plus que de besoin, il faut lui susciter du désir. Plus on produit, plus il faut vendre et plus on suscite, plus il faut satisfaire. Le marketing, né avec la société de consommation, a pour tâche d’alimenter ce cycle perpétuel et vicieux.Pour atteindre les objectifs de vente, il faut mettre au point une stratégie marketing, voilà le mot d’ordre de la consommation de masse. Le commerçant dicte ainsi par ses discours de camelot la culture de la globalisation. Comment le marketing, en tant que pratique de l’efficacité, façonne-t-il notre environnement ? Dans ce mémoire, je chercherai, dans un premier temps, à aborder des quelques notions élémentaires de la pratique du marketing, une discipline béliqueuse qui utilise des méthodes proches de celles des sciences sociales pour s’instituer comme technique efficace. La compréhension, de certains principes élémentaires des techniques de séduction et de création, permettra de rapprocher la pratique marketing de celle de l’architecture. Ensuite, je m’attacherai à comprendre comment cette pensée se met en oeuvre dans l’architecture et l’urbanisme commercial. On s'intéressera alors au modèle de l’hypermarché/centre commercial qui a envahit les périphéries des villes au plus grand bonheur des masses. Enfin, dans une digression, j’essaierai de commenter la pensée de l’efficacité en lui opposant celle de l’efficience. 7 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 9 Marketing STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 11 p r é a m bu l e fondements démarche stratégie marketing a n a l y s e d e m a rc h é études de marché conduite d’une étude de marché les sources d’information p roduit une offre complexe la présentation du produit d i s t r i bu t i o n les grandes surfaces le merchandising p u bl i c i t é e t c o m mu n i c at i o n publicité communication r é f l ex i o n s 11 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 13 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 15 dre puis modéliser la demande : qui, quoi, où, quand, comment, combien, pourquoi ? La réponse à ces questions, par le biais des études de clientèle ou des études consommateurs, permet de définir le produit optimal. L’entreprise doit être fidèle à elle-même Toute entreprise se doit d’acquérir une légitimité pour ses clients qui correspond à son savoir-faire prouvé, mais aussi à la vocation et aux missions qui lui sont attribuées. Cette légitimité est liée à une conduite à tenir face au marché, la vocation de l’entreprise permet de rester en cohérence avec le long terme et d’agir en respectant la stratégie de développement. La santé de l’échange conditionne le marché Le marketing existe quand les individus ou les entreprises décident de satisfaire leur désir par une transaction que l’on appelle “processus d’échange” qui se fait dans un environnement : le marché. Il est constitué d’un ensemble d’acheteurs actuels et potentiels et d’un produit. Ainsi, l’offre doit s’adapter qualitativement et quantitativement pour que le marché se développe de manière optimale. Stratégie marketing Pratique belliqueuse, le marketing affronte le marché. Etudier le terrain et cerner la cible (le client), se positionner enfin agir pour remporter la vente. Modéliser le client ou en faire une “cible” La première étape de la stratégie marketing consiste à étudier le marché, sa structure, ses comportements et ses attitudes pour le segmenter. On définit des segments de clientèle en faisant des groupes homogènes dont on cherche à 15 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 17 Stratégie économique Le marketing influence et oriente l’ensemble de la politique et de la stratégie d’entreprise. Il enseigne comment analyser et évaluer les potentiels économique d’une entreprise ainsi que son environnement concurrentiel. Il aide à définir des objectifs, à s’attaquer au marché en segmentant la clientèle et en imposant une stratégie de marque par un plan d’action. Il assure avec des prévisions d’objectifs et de budget le bon déroulement du plan. Enfin, il gère la coordination des partenaires et le compte d’exploitation du produit. L’ensemble de ces actions permettent d’atteindre le but premier du marketing, stimuler les ventes. 17 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 19 de commodité lié au gain de temps et à la baisse des prix des fours à micro-ondes entraîne un accroissement du parc des fours et celui de la consommation des surgelés. Les systèmes d’aide à la décision Les études descriptives, explicatives et prédictives sur les facteurs qui régissent l’évolution du marché, permettent de simuler l’impact de la modification d’une ou de plusieurs variables. Les modèles opératoires qui, à l’entrée de données d’interrogation proposent une réponse de réaction du modèle, s’appellent “systèmes d’aide à la décision”. Ce sont des méthodes d'ingénierie de plus en plus usitées en management. Conduite d’une étude de marché Principe : 1) définir l’objectif et envisager les différentes approches, 2) assurer et contrôler le recueil des informations, 3) les exploiter et en tirer les conclusions qui orienteront l’action. Problème et méthode Toute étude est liée à un problème de décision : le point de départ d’une étude est la recherche d’informations préalables à l’action. Ainsi comme tout chercheur, le professionnel du marketing commence par formuler la problématique : lancer une campagne de publicité, réévaluer le prix du produit... Il s’agit d’explorer, d’ expliquer, de prédire... Dès lors intervient la technique pour recueillir les informations désirées. On choisit une approche qualitative ou quantitative. On définit les sources d’informations : consommateurs, distributeurs, prescripteurs ou autres. On établit un mode de recueil : sur le terrain, par voie postale, par téléphone ou sources documentaires. Ces étapes préliminaires permettent 19 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 21 prise. En effet, en utilisant ses propres informations de manière à faire émerger des analyses intéressantes, on peut définir avec précision sa propre clientèle ou l’état du marché. On peut ainsi composer un profil des clients. On recherchera prioritairement les derniers achats effectués, leurs fréquences, leurs montants. Toujours dans le but d’étudier le comportement du client et ce qui le motive dans ses choix ; on pourra s'intéresser au mode de paiement, à la ponctualité des règlements, à la réaction aux actions marketing... On peut ainsi se focaliser sur les meilleurs d’entre eux (en chiffre d’affaire ou en marge). On “trait la clientèle active” en se basant sur la règle du “20/80” (20% des clients = 80% du chiffre d’affaire) pour exploiter à fond “une clientèle captive”. A l’opposé, on cherche à comprendre le retrait de la clientèle passive. Cette ségrégation des clients se fait aisément à l’aide du “scoring”, qui consiste à attribuer à chaque client un score qui le caractérise au sein de l’échantillon. Le marketing segmente finement les populations, définit des budgets optimum et des actions performantes, calcul le retour sur investissement, compare des résultats avec des données externes. Le marketing constitue la matière grise de l’entreprise. Il existe également ne nombreuses sources externes à exploiter. Elles sont extrêmement variées et souvent proposées par des organismes publics. Des instituts comme l’INSEE (institut national (français) de la statistique et des études économiques) publie un ensemble d’informations couvrant des secteurs très divers : démographie, emploi, consommation, prix, activités agricoles, industrielles et commerciales entre autres. On peut aussi citer : les ministères, la banques de France, l’onu, le FMI ou L’EU. Des banques de données privés vendent, elles, leurs informations. Les entretiens 21 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 23 Le marketing est à la recherche du désir insatisfait. A.-H. Maslow, montre qu’il existe cinq grandes catégories de besoins chez l’individu : des plus primaires, qui résultent de l’instinct de survie, aux plus complexes, qui traduisent la nécessité de se réaliser, le besoin de s’accomplir totalement. En considérant ce modèle, on observe deux conséquences en marketing en considérant ce modèle. Avec l’augmentation du pouvoir d’achat des consommateurs, les deux premiers niveaux du classement se saturent rapidement, à la différence des trois suivants qui ne connaissent pas de limites. Ainsi les besoins primaires (1&2) sont approchés par les études “quantitatives” tandis que les niveaux supérieurs (3,4&5) nécessitent des études “qualitatives”. Les entretiens de groupe sont une variante des entretiens individuels. Ils sont généralement effectués par un animateur avec un échantillon de 8 à 12 personnes. Ils permettent d’obtenir rapidement des résultats : tester une publicité, un concept de produit, un questionnaire... L’entretien de groupe permet de stimuler la conversation et ainsi d’obtenir des avis justifiés, des opinions ou des idées qui surviennent par “effet de groupe”. Les sondages Les sondages, auxquels nous avons tous répondu au moins une fois, sont basés sur le triptyque : questionnaire, échantillon et mode de recueil. Le questionnaire doit être savamment constitué, la formulation des questions, leur clarté, l’ordre selon lequel elles sont posées vont influer sur les résultats. On peut ainsi poser des questions fermées, à réponse de type oui/non ou A/B/C/D/E, pour lequel le choix est prédéterminé, ou questions ouvertes du type : “Quelles marques de jouets pouvez-vous citer?” La définition de l’échantillon dépend évidemment de la cible et de la précision que l’on veut obtenir de manière statistique. 23 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 25 Etude de marché. STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 27 réglementations et les normes contraignent fortement la conception et la réalisation du produit et conduisent à une uniformisation et une normalisation généralisée qui font disparaître les originalités, comme certains fromages... On classe les caractéristiques des produits en cinq niveaux : la fonctionnalité, le service, l’accessibilité, l’image et le prix. Le marketing cherche à entretenir une relation quasi affective entre le consommateur et son produit, il doit donc maîtriser les significations que véhicule l’objet et son image. Il joue ainsi de l’éthique et de des différentes législations comme la protection de l'environnement, par exemple. La marque Elle est un des éléments clés de la stratégie marketing. Elle permet d'identifier un produit et de le personnaliser, c’est ce qui concrétisera sa différence. Les attributs qui lui seront donnés définiront son positionnement et sa perception par le consommateur. Si l’identité de la marque relève de caractéristiques objectives et réelles, l’image de marque est, elle, plus subtile à définir et nécessite de la communication. Il s’agit d’assurer une proximité forte et valorisante entre identité et image. Plusieurs stratégies sont alors envisageable en fonction du positionnement et des moyens que l’on peut apporter à leur soutien : “la marque-produit” (ex : Hollywood chewing-gum ) associe un produit à une marque et un positionnement; “la marque-ligne” (ex : Blédina) considère une ligne de produits comme un ensemble complémentaire, “la marque-gamme” (ex : Nike) s’attribue un territoire de compétence, souvent lié à un métier, “la marque-ombrelle” (ex : Sony) regroupe un ensemble de produits ayant un support identitaire commun, “la marque caution” (ex : Nestlé) donne une rassurance à un ensemble de marques-produit. 27 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 29 L’habillage L’emballage doit immédiatement communiquer la marque, le produit qu’il contient, sa référence et les créateurs. On considère cinq critères pour l’évaluation d’un emballage. Il doit être maniable, facilement préhensible par le consommateur, tant pour l’achat que pour son utilisation et doit faciliter son stockage. La protection du contenu est primordiale et fait l’objet de nombreux tests et réglementations. L’attractivité du contenant constitue l’essentiel de la séduction du contenu. Les informations légales et commerciales doivent obligatoirement être présentes sur l’emballage. L’image, c’est à dire, la qualité, l’expression de l’identité de la marque et de la politique d’entreprise doivent être véhiculées par l’emballage. On notera que l’emballage doit respecter certaines normes, tant sur le plan technique que sur les plans environnemental et légal. Le design Il est la forme de communication directe du produit. Il conditionne une grande part de l’image que va se faire le client de la marque. Le design différencie le produit de la concurrence, il lui donne une spécificité. Par exemple, la twingo est un produit design, mais c’est aussi une voiture innovante, un “concept” total de mini-monospace; c’est donc son allure plutôt que ses innovations techniques qui fait parler d’elle. On identifie cinq phases dans le processus créatif. La première est l’imprégnation. Elle consiste à absorber toutes les informations sur le produit, son positionnement, la concurrence, la cible, les processus techniques de fabrication. La seconde phase est une approche créative, avec deux ou trois axes possibles. La phase 3 est la création elle-même, avec la réalisation de maquettes. La phase 4 consiste à contrôler, sous forme de tests auprès de consommateurs, la ou les 29 STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 31 Récolte spéciale. STS1.qxd 04/09/02 10:18 Page 33 Leclerc, directement importés des Etats-Unis. Arrive, dans les années 60, les hypermarchés de Carrefour avec des surfaces de ventes allant jusqu’à 25000m². Les enseignes françaises sont aujourd’hui parmi les plus importantes au monde. Le concept choix-prix-service associé au libre-service est la riposte des spécialistes. Peu à peu, des grandes surfaces apparaissent dans tous les secteurs spécialisés nécessitant choix et conseils : électroménager (Darty), culturel (Fnac), ameublement (Ikea), bricolage (Castorama), habillement (H&M), jouets (Toys ‘R’ us); ils concurrencent fortement les hypermarchés. Enfin, inspirés de la distribution allemande et développés en France dans les années 90, apparaissent les maxidiscounts (Aldi, Leader Price). Ce sont des petites surfaces (moins de 1000m²), dont l’assortiment est limité. Leur stratégie est le prix le plus bas possible, une clientèle de proximité, des produits basiques. Le service et le choix sont ramenés au minimum. Le merchandising Il consiste à séduire l’acheteur sur le point de vente. C’est l’ensemble des méthodes, supports et actions ayant pour but, dans une situation de libre-service, d’optimiser les ventes et d’apporter un maximum de satisfaction à la clientèle dans la recherche et dans l’achat des produits. Son rôle est de définir une nouvelle organisation de l’espace de vente. Il faut assurer dans les espaces de vente, la mise en place et la gestion des quantités nécessaires et suffisantes du bon produit, au bon endroit, au bon moment et au bon prix. Il s’agit d’optimiser un espace limité de manière à mettre en vue et en valeur le produit. Les rayons vont agir sur les flux de circulation : de façon à irriguer l’espace de vente ainsi les produit d’achat fréquent sont généralement placés en fond de 33 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 35 Les produits distributeurs se glissent entre le leader et l’outsider. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 37 Vins de producteur. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 39 Mise en valeur de produits du terroir. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 41 Produit bon marché, étagère bon marché. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 43 gne RATP touche 95% des Parisiens en deux semaines. L’affichage sur mobilier urbain, crée en France par J.C. Decaux, est installé sur quelques 25 OOO abris bus de plus de 600 villes. La stratégie de création De la valeur de la création publicitaire dépend en grande partie la réussite d’une campagne. La proposition publicitaire s’appuie sur une promesse : performance, nouveauté, avantage prix et appartenance à l’élite. Cette promesse doit être pertinente et justifiée par une preuve explicite : démonstration de la durée de vie d’une pile électrique, ou implicite : mise en situation d’une boisson dans une ambiance prestigieuse. Un message publicitaire doit avoir du caractère. Il s’exprime par le “ton”. Il peut être informatif, humoristique, démonstratif, dramatique, anticonformiste, impertinent... L’important est qu’il soit positif et signifiant sans lassant. La qualité d’exécution du “concept” publicitaire est primordiale. Le message doit posséder des qualités intrinsèques. Il doit avoir une capacité “d’accroche” forte, il faut toucher au premier regard. La clarté doit être totale : la promesse doit être aisément perçue et facile à mémoriser. L’argumentation doit être fondée, pertinente et crédible. L’attribution du message à la marque doit se faire sans ambiguïté. L’originalité contribue à donner un caractère distinctif, si possible unique, qui peut faciliter l’accroche et l’attribution. PLV (publicité sur le lieu de vente) Les PLV créent une relation directe de communication entre le produit et l’acheteur, ce sont des facteurs dynamisant pour les ventes. Elles sont utilisées pour inciter au premier achat, pour faire connaître la gamme. Actions publicitaire sur le lieu de vente, les PLV s’expriment 43 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 45 Ensuite, une méthode plus pernicieuse, consiste à envoyer des visiteurs-mystère ; ils viennent contrôler que les produits sont bien mis en valeur. On récompensera les bons distributeurs par des cadeaux. Enfin, on peut citer un grand nombre d’autres pratiques de communication comme : le marketing direct, le sponsoring, le mécénat, les foires et les salons, les opérations portes ouvertes... 45 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 47 Subliminal. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 49 Dégustation. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 51 Bar à jus. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 53 PLV. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 55 statistiques, de la psychologie. Agissant comme un ingénieur de l’échange commercial, il analyse et crée des modèles, souvent de type biologique. Cependant ces modèles semblent réducteurs puisqu’ils se bornent à caractériser une puissance d’achat et non un comportement plus complexe. Dans quelle mesure, la vision à court terme du marketing est-elle, plus rentable que la vision globale des sciences sociales? Le travail sur le produit est l’occasion d’allier technique et signification. Les produits meurent s’ils ne sont pas sans cesse renouvelés par des cures de jouvence communicationnelles. Les produits doivent s’adapter en permanence pour satisfaire des besoins et désirs que nous ignorons nousmême. Pourquoi nombre des projets novateurs en architecture sont-ils des échecs alors qu’il cherche justement à proposer plus que l’utilisateur n’en demande? L’espace de vente est le lieu où sont exacerbées les stratégies et autres tactiques de séduction. Il faut inciter le client à croire à la promesse du vendeur. Pour ce faire, on allie toujours le pratique à l’agréable, on se place sur les flux de passage et on décore le chemin d’abondance et de mythes. Le merchandising doit faire céder le client aux tentations paradisiaques par l’achat. Pensons aux mignonnes maquettes subtilement peintes des promoteurs de villas. Le coup de coeur pour une maison de poupée est-il lié à leur vulgarité ? Enfin, on abuse de communication envers la société dont tous les membres sont des consommateurs potentiels. C’est dans la publicité que le travail de discours devient plus précis et plus subtil, voir subliminal. La communication et la publicité remplissent et pervertissent l’univers du discours à coup de fables et autres phrases chocs. On apprend à lire et à réfléchir avec les textes publicitaires, on découvre aussi le ridicule : “Auchan, la vie, la vraie.” Le marketing cherche à maîtriser l’échange commercial. Cette finalité est double. D’une part elle consiste à entre55 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 57 Le marketing permet par l’abondance qu’il engendre, de diversifier les produits comme jamais nous ne l’avons vu dans notre histoire. Le marketing exploite la culture du : “j’exprime qui je suis, par ce que j’achète”. Ainsi, le style surfeur est montée de toutes pièces par les inventeurs de “concepts-marketing”, en jouant sur l’identité de ce groupe, liberté et rébellion s’incarnent dans des marques. Ce genre de coup marketing marche, au plus grand bonheur des consommateurs “captifs” qui alimentent ainsi financièrement ce sport pour sponsoriser de plus en plus de “riders” et faire de plus en plus de vidéo et vendre de plus en plus de marques. Les possibilités offertes par ce développement incessant de produits, de services ou autres, nous permettent finalement de faire ce que l’on veut. Just do it ! Le marketing doit aujourd’hui faire face, dans notre société d’abondance, à la diminution des désirs liés aux besoins primaires. Inventant toujours de nouveaux “concepts”, le marketing se retourne maintenant sur luimême : les campagnes de communication parlent ellesmêmes de marketing. Les nouveaux types d’hypermarchés basent leurs publicités sur l’explication même de leurs nouveaux concepts marketing. Carrefour lance le 28 Août 2002 son nouvel hyper à Carré Sénart : “Carré Sénart On l’a fait ensemble / On veut retrouver le plaisir de faire ses courses !”. Auchan exprime à ces clients comment se décline leur concept du “mieux vivre”. Le marketing est depuis bien longtemps devenu une pratique incontournable. Etant l’organe pensant de l’industrie, il est devenu la pensée unique du commerce à grande échelle. Il semble aujourd’hui impossible de vendre un bon produit sur ses simples qualités, même s’il se vend mieux qu’un mauvais. Aujourd’hui, la doxa veut que tout réponde à une demande. C’est là tout, le problème de l’art qui est par 57 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 59 rapport au client réel qu’est la cible. Enfin dans ce jeu d’échange des rôles, le client n’est pas le créateur. Ainsi, l’architecte et l’homme de marketing doivent en fait satisfaire les désirs des deux acteurs extrêmes de la chaîne. Le “producteur” veut satisfaire sa cible pour faire une opération rentable ; le consommateur cherche un produit qui répondent à un maximum de ses besoins par rapport à son pouvoir d’achat. Le créatif cherchera lui à être reconnue pour son travail. Le marketing enseigne qu’il faut d’abord comprendre et même déconstruire le client pour pouvoir travailler ses désirs et les satisfaire. Et cela doit se faire dans une démarche économique viable. C’est à partir de ces éléments que se déterminent les stratégies d’entreprise et les concepts de produit. Il en va de même pour l’architecture. Si l’on choisit de faire une opération économique viable il faut cherche à satisfaire la cible et le client de la manière la plus conventionnelle; si l’on choisi de faire un travail intéressant aux yeux de sa profession on suit généralement une stratégie économique médiocre. Cette option économique est ridicule puisque le rapport entre les risques et les gains est absolument disproportionné. Bien choisir son “coeur de cible” et la part de marché escomptée, permet peut-être de réduire les risques. Le bâtiment n’est pas un produit comme les autres. On ne l'achète pas facilement, on doit vivre avec tous les jours et on ne peut pas le jeter quand on en a assez. L’architecte-créateur rêve de concevoir des produits innovants et de les vendre en omettant le pragmatisme de l’étude de marché. Il conçoit souvent sa “cible” comme une figure qui lui ressemble ou un modèle correspondant ses idées. Or, un produit se vend bien car quelque part il répond à une véritable demande. L’homme de marketing, contrairement à l’architecte, ne prend pas le risque de vendre un produit qui n’est pas désiré ; même s’il est persuadé que c’est le meilleur. L’architecte-créateur se concentre souvent trop sur le 59 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 61 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 63 Architecture & urbanisme commercial STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 65 p r é a m bu l e installation urbaine géo-marketing & réseaux urbanisme & dispositif n o u ve l h a n g a r d é c o r é le signe & bigness les dispositifs & le spectacle r é f l ex i o n s 65 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 67 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 69 Mise en place du décor. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 71 Immeuble de prestige. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 73 Echantillon. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 75 La ville classique. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 77 Haussman. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 79 Perspective pavée. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 81 de la science de la vente. Les spécialistes ont ainsi analysé et partitionné le territoire français en 700 zones économiques qu’ils considères comme 700 pays différents. Un pays, c’est là où j’habite, là où je fais mes courses, là où j’envoie mes enfants à l’école, là où je sors au restaurant... Auchan s’installe donc donc en Seine-et-Marne tout près d’EuroDisney. Après un an d’exploitation, l’hyper annonce que : 37,3% des clients fidèles viennent du “coeur de zone”, 26,6% viennent d’une zone proche de manière occasionnelle et 6,3% sont des visiteurs du parc Disney. La zone de chalandise est estimée à environ 180 000 personnes. 50 000 personnes par jour en moyenne jour fréquentent le centre commercial, soit l’équivalent d’une ville moyenne. Le complexe est desservi par la route, l’autoroute, les transports en commun et il est proche de la gare TGV de Disneyland Paris. Il se situe à un noeud du réseau de mobilité dont les pavillons et immeubles de bureaux qui l’entourent sont des terminaux. Le centre commercial est un des fragments majeurs de la ville périphérique, territoire, étale ou émergente dont Guy Debord annonçait déjà l’avènement en 67. “ 174 - Le moment présent est déjà celui de l’autodestruction du milieu urbain. L’éclatement des villes sur les campagnes recouvertes de “masses informes de résidus urbains” (Lewis Mumford) est, d’une façon immédiate, présidé par les impératifs de la consommation. La dictature de l’automobile, produit-pilote de la première phase d’abondance marchande, s’est inscrite dans le terrain avec la domination de l’autoroute, qui disloque les centres anciens et commande une dispersion toujours plus poussée. En même temps, les moments de réorganisation inachevée du tissu urbain se polarisent passagèrement autour des “usines de distribution” que sont les supermarkets géants édifiés en terrain nu, sur un socle de parking; et ces temples de la consommation précipitée sont euxmêmes en fuite dans le mouvement centrifuge, qui les repousse à mesure qu’ils deviennent à leur tour des centres secondaires surchargés, parce qu’ils ont amené une recomposition partielle de l’agglomération. Mais l’organisation technique de la consommation n’est qu’au premier plan de la dissolution génémême.” rale qui a conduit ainsi la ville à se consommer elle-m 81 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 83 d’un représentant des consommateurs. Les décideurs politiques sont demandeurs de complexes commerciaux. Ils semblent considérer que les centres apportent l’urbanité qu’ils n’arrivent plus ou pas à instituer. De plus les commerces créent des emplois, des revenus fiscaux et valorisent également les hectares pavillonnaires alentours. Comme le dit Carrefour pour son nouveau centre, Le Carré Sénart : “ce n’est pas un centre commercial mais un lieu multiple associant fonctions marchandes, loisirs, plaisirs, mais aussi un rôle citoyen”. C’est effectivement un centre ville, climatisation en plus. Ces nouveaux malls peuvent être conçus comme des installations urbaines. Ils sont mis en place par les institutions que représentent les multinationales de la grande consommation. Il ne sont en fait que des appareils, pas vraiment ce que l’on appelle des bâtiments, mais des constructions informes et légères qui n’ont pas de rapports avec leur environnement mises à part les connexions nécessaires au fonctionnement quotidien. Ce sont des machines monofonctionnelles complexes : il faut, quand même, créer tout un centre ville de placoplâtre pour assurer une seule fonction, la vente massive. Ces gigantesques objets urbains semblent éphémères comme une fête foraine, on a l’impression que tout peut disparaître à la moindre baisse d’activité. Leur instabilité, leur transformabilité est structurelle pour faire peau neuve à toutes les occasions promotionnelles et “renaître tous les lundis matin”. Tout le sens de l’édifice ne réside que dans sa fonction, tout son symbolisme y est lié, il ne représente rien d’autre que la vacuité d’une société prise dans le cycle infernal de la consommation sans fin, ni finalité. Se dressant comme de grandes boîtes minimales décorées à la manière pop, les hyper prennent toutes leur ampleur dans le grand vide qui les entourent. Comme les oeuvres d’art contemporain dans les salles vides des musées ? 83 STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 85 Schéma de l’univers Val d’europe. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 87 Desserte. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 89 Collage. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 91 Silhouettes. STS1.qxd 04/09/02 10:19 Page 93 Gare. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 95 Seuil. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 97 jardin de l’abondance : “aux champs”. Il s’agit de parler de la marchandise comme d’une hallucination merveilleuse et enivrante, contrairement à Carrefour qui tient un discours plus rationnel sur le rapport qualité/prix. Chez Auchan on vit pour de vrai, on goûte les produits. Chez Carrefour, le protestant, on analyse les offres et on positive. Ainsi les publicités d’Auchan sont toujours festives, pleines de couleur et de vie. La couverture du plan du centre présente un font vert sur lequel est dessiné en traits fins, blancs et naïfs un couple supposé nu. Bébé, dans bras de maman, a les bras ouverts devant l’arbre d’abondance, papa en décroche, parmi les étoiles et les nuages, un croissant de lune. Est écrit en bas du prospectus : “A l’origine de tout, il y a vous”. On est ici en plein rêve des origines. Le A de la marque se transforme en oiseau et les murs de l’hypermarché se tapissent de tulipes rouges géantes. Le nouveau concept d’Auchan propose de “mieux vivre”, c’est un contrat qui est proposé, la marque se veut être à l’origine de votre plaisir. Le concept du Carrefour est lui plus solennel, plus froid, la marque se propose de passer une épreuve qualifiante dont le consommateur est juge : Carré Sénart On l’a fait ensemble. L’architecture est donc là pour soutenir la signification que vend le distributeur. Auchan se pare de verdure et de fleurs, Carrefour nous confronte à l’univers en suspendant des planètes dans le grand hall de sa galerie marchande. L’architecture communicante matérialise quelque chose de virtuel. Une métaphore explicite en architecture devient un décor de carton aussi léger qu’un rêve. Toute la réalité Auchan doit être fausse pour nous entraîner dans les plaisirs et le vertige de l’abondance des marchandises. L’architecture est écartelée entre un ensemble de fonctionnalités et un système de signes destinés à les indiquer, l’objet bâti tend là encore à s’effacer devant tout ce qui le détermine, logiques de circulation et stratégies publicitaires, 97 STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 99 Le mall est-il une sorte de gratte-ciel étalé ? Rem Koolhaas propose, Bigness : 1) Au delà d’une certaine dimension, le bâtiment devient un grand bâtiment incontrôlable par un unique geste, mais ses parties autonomes restent tout de même soumises à une figure d’ensemble. 2) L'ascenseur annihile toutes les articulations entre les parties du bâtiment et les notions d’échelles. Dans le centre commercial, la colonne vertébrale des circulations que représente la galerie couverte est au contraire magnifiée comme une perspective baroque et ponctuée par des rotules giratoires exacerbées par des atriums et autres escaliers monumentaux. 3) Les distances entre le coeur du bâtiment et la périphérie interdisent tout rapport entre eux, l’enveloppe devient un projet à part entière. L’intérieur gère au mieux une instabilité programmatique, l’extérieur donne l’apparente stabilité d’un objet. S’installe ainsi, un décalage entre ce que l’on voit et ce que l’on a, dans un rapport inverse de celui du produit et de son emballage qui propose plus que ce l’on a. 4) Au delà d’une certaine taille le bâtiment se situe au delà du bien et du mal, du beau et du laid, il s’impose de manière gigantesque. 5) Ayant fait fi de tous les principes canoniques de l’architecture, le grand bâtiment n’appartient plus à aucun tissu urbain. Il existe, au mieux il coexiste. Il “nique” le contexte. les dispositifs & le spectacle L’hypermarché/centre commercial est une installation urbaine qui nie son environnement pour mieux servir ses clients de proximité, les plus fidèles et les plus rentables. Comment fonctionne donc cette installation de la vente, optimisée par tout le savoir des sciences du marketing ? 99 STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 101 “mieux”. La phase de sécurisation, permet de justifier et de faire passer inaperçue celle de la désorientation. On perd toutes relations à l’extérieur sauf avec le vrai ciel qui nous garde derrière les vitrages “sécurit”. Tout brille, tandis que se créent des jeux de reflets entre les carrelages polis et les vitrines de la galerie. L’espace fait perdre la notion de profondeur au profit d’une impression d’abondance. Certains centre commerciaux sont organisés autour d’une galerie courbe, ce dispositif permet de donner une impression d’infinité, on ne voit jamais le bout du tunnel. Le plan avec toutes ses couleurs et ses renvois par numéros est incompréhensible. Ce n’est pas grave, on se repérera à l’oeil, aux enseignes. Sur le plan, l’informité des succursales alignées sur la galerie s’explique par l’optimisation du rapport façade/surface de vente. En effet il faut disposer de suffisamment de façade pour être vu sans pour autant payer un loyer trop élever et casser le rythme d’enchaînement des devantures. Ainsi certains magasins ont une petite devanture par rapport à leur surface de vente, se sont généralement les moyennes surfaces de grandes enseignes, alors que les bijouteries inversent le rapport pour séduire le client. La désorientation nous plonge dans un rêve où les enchaînements sont d’une cohérence douteuse, voulant aller au bout de la galerie où l’on place toujours une moyenne surface attractrice, je me laisse envoûter par les univers accolés des boutiques devant lesquelles je flâne. Je suis maintenant dans un état second, je me laisse entraîner par mes désirs, je me réveillerai en repassant les portes automatiques. Conditionné, la phase décisive peut commencer : faire céder à la tentation de l’achat. Tous les produits qui se présentent à moi, sont entourés d’une aura de communication que ce soit par les publicités qui se sont glissées au milieu des films, les emballages ou les PLV. Ici tout est métaphore et fantasmagorie depuis que j’ai passé “la porte de la Volga”, 101 STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 103 STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 105 Le jardin d’eden. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 107 chercher l’événement. Dans l’hyper du “mieux vivre” on prend du plaisir à discuter avec le vendeur déguisé en concept. On interroge avec un sourire le sommelier pour avoir un conseil sur la bonne bouteille à acheter. On a envie de questionner le glacier pour savoir ce qu’il est en train de préparer. Les concepts du service, de la sympathie et des ambiances, créent l’illusion d’être comme chez un commerçant classique. Cela fonctionne au bonheur de tous. Certains vont cependant jusqu’à considérer le centre comme un lieu de vacances... On trouve dans le dictionnaire : Vacance du pouvoir : période pendant laquelle l’autorité l’Etat n’est plus en mesure de s’exercer. Viendrait-on dans cette ville privée pour combler un manque existentiel avec de l’abondance et du spectacle ? Estce que tout temps libre doit être rempli par une excitation dont seule la consommation est à même de fournir l’intensité? Les centres commerciaux se remplissent de manière de plus en plus continue et avec de plus en plus de citoyens. Certains les condamnent à la non existence au nom de l’identité communautaire, de l’histoire et du “relationnel” . Cependant ces espaces “jetables”, ces espaces “poubelles” et en même temps ces espaces qui rendent dépendant ceux qui y goûtent, ces “junkspaces”, existent. Et ça marche ! Il faut faire avec, ou mieux. 107 STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 109 Absence de composition. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 111 Travelator. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 113 Domotisation. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 115 Plan pour caddies. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 117 Mondes alimentaires. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 119 L’homme “ville”. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 121 Conseils de professionnel. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 123 Ambiance. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 125 Internet. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 127 A emporter. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 129 Savoir-faire. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 131 Transparenece. STS1.qxd 04/09/02 10:20 Page 133 Bonbons volants. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 135 Cépages. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 137 Transition. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 139 Stand. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 141 Rue des prix. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 143 Euphorie. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 145 Lidre écoute. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 147 Faire le ménage avec plaisir. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 149 Vrais poissons. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 151 Une petite soif. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 153 Prix réels. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 155 Détail. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 157 Spots. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 159 Suspentes. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 161 Voyeurisme. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 163 Décor amovible sur vérins. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 165 Entretien. STS1.qxd 04/09/02 10:21 Page 167 STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 169 Parcours unique à faire dans les deux sens. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 171 Terrasse. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 173 Le salon de musique. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 175 Colimaçon. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 177 Kiosque d’intérieur. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 179 Entrée du parking. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 181 Trompe l’oeil. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 183 Centre commercial. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 185 Rond point. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 187 Paysage contemporain. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 189 Espace public. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 191 Grand boulevard. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 193 Rêve. STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 195 Efficacité & efficience STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 197 décisive. L’acte d’achat découle de la situation, il ne demande pas d’action imputable au commerçant. Le vide conceptuel de ce qui rend efficace, permet à tous vendeur de rappeler que c’est le client qui décide. La manipulation qui appartient à la pensée de l’efficience, n’est pas reconnue comme un élément premier du marketing, même si cela lui est souvent reproché. Le marketing se veut être une science de la vente. La manipulation est insidieuse, ce n’est pas un fait clair, une forme idéale. A manipule B pour faire telle action est un fait difficile à prouver, il est exclu par défaut de nos conceptions, car on ne peut pas le démontrer comme une loi de la physique. Ainsi le marketing se défend de toute accusation en rétorquant qu’il ne fait que répondre à des besoins, alors qu’en fait il les suscite. La communication permet de préparer la situation dans laquelle se trouvera l’acheteur potentiel devant le produit. Le produit en promotion placé en tête de gondole transforme la situation de manière à en rendre l’issu certaine, l’acheteur cède de lui-même. La pensée de l’efficience, ne fait pas appel à la théorie ou à la science, c’est une pensée naturelle. Elle part du principe que tout fait partie d’une évolution permanente et que ce sont les processus qui engendrent les conséquences et non les plans qui produisent des buts. On éprouve toujours beaucoup de difficulté à atteindre un but car il faut plier le réel à des idées parfaites. Une démarche efficiente consiste ainsi à transformer une situation de manière à ce que la suite soit inéluctable. On pourrait par exemple imaginer faire une campagne de communication, sans avoir de produit à vendre, pour faire naître le désir, et lorsque la clientèle devient demandeuse alors mettre en vente le produit. De nombreuses firmes asiatiques procèdent ainsi et réussissent à vendre leurs produits avant de les avoirs mis sur le marché. De cette manière on est 197 STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 199 STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 201 évitant les frictions. Il ne faut pas convaincre avec de l’idéalisme, mais faire concourir les autres à sa position. Cette démarche est anti-héroïque, elle paraît même sournoise aux yeux de notre morale. Mais c’est bien par l’exploitation des potentiels de la situation que se met en place un processus puissant. Le projet devient une conséquence produite par un processus savamment maîtrisé plutôt que par l’imposition d’une fin par les moyens nécessaires. Ainsi, il n’y a plus d’action au sens héroïque, mais il y a des faits sans rien faire d’apparent. Il s’agit de se laisser porter par le processus pour que le projet découle inéluctablement de la situation. Ce processus permet de travailler avec le temps. Il faut attendre les fissures et s’y engouffrer pour appliquer cette pratique. L’imposition d’un plan au réel est souvent laborieuse pour n’avoir que peut d’effet. Le marketing cherche à produire, à grandes peines, des dispositifs dont l’effet ne se tarit pas, pour cela il reste pragmatique et réactif. Un bon centre commercial, doit produire un effet maximum, ainsi l’activité y est maintenue intense. Le marketing et le centre commercial recèlent donc de qualités d'efficience dont on peut s’inspirer. Pour la pensée chinoise, le vide représente un fonds d’effet inépuisable. Dans cette pensée de l’équilibre, un vide doit toujours se remplir. Le vide doit cependant être à même d’appeler à se remplir. Ce vide conceptuel est un ouvert total, ce n’est pas un vide total et métaphysique. Ce n’est pas le vide d’un cimetière, mais celui d’une place, c’est un vide fonctionnel qui appelle en permanence l’effet. Le vide permet le passage de l’effet, c’est le principe du vase, “c’est la où il n’y a rien que s’exerce la fonction du vase”. Le vide permet de conclure une vente Après un discours vantant le produit on laisse au client au petit temps de réflexion pour qu’il cède de lui-même. On peut faire croire à la disparition imminente du produit pour crée un manque irrésistible. 201 STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 203 STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 205 b i bl i o g ra p h i e Augé M. - Non-lieux - Editions du deuil - 1995 Chalas Y. - L’invention de la ville - Economica - 2000 Debord G. - La société du spectacle - Gallimard 1992 Jullien F. - Traité de l’efficacité - Grasset & Fasquelle - 1996 Koolhaas R. - New York délire - Chêne - 1978 Koolhaas R. - S,M,L,XL - The Monacelli Press - 1995 Koolhaas R., Boeri S. - Mutations - Actar - 2001 Venturi R., Scott Brown D., Izenour S. - L’enseignement de Las Vegas - Mardaga - 1977 Architecture et Urbanisme commercial - actes du colloque organisé à Lille le 15 mai 1998 - Ecole d’architecture de Lille 1998 Précis de marketing - Nathan - 1998 Les nouveaux temples marchands - Libération - 28 Août 2002 205 STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 207 Vide ? STS1.qxd 04/09/02 10:22 Page 209